Romme vu à travers ses livres - article ; n°1 ; vol.304, pg 195-205
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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1996 - Volume 304 - Numéro 1 - Pages 195-205
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 23
Langue Français

Extrait

Jean Ehrard
Romme vu à travers ses livres
In: Annales historiques de la Révolution française. N°304, 1996. pp. 195-205.
Citer ce document / Cite this document :
Ehrard Jean. Romme vu à travers ses livres. In: Annales historiques de la Révolution française. N°304, 1996. pp. 195-205.
doi : 10.3406/ahrf.1996.1968
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1996_num_304_1_1968ROMME VU A TRAVERS SES LIVRES
Les recherches menées récemment au fonds ancien de la Bibliothèque
municipale de Riom par une Riomoise érudite, Mme M.-J. Richard, ma
collègue clermontoise L. Perol et moi-même nous ont réservé une intéres
sante surprise. Nous cherchions des livres des maisons oratoriennes de Riom
et d'Effiat, et cette quête n'a pas été vaine. Mais nous avons également
rencontré d'assez nombreux ouvrages portant Vex-libris de personnalités
riomoises de la fin du XVIIIe siècle. Parmi ceux-là, des livres de deux amis
de Gilbert Romme, Boirat et Dubreul, un du procureur Charles Romme,
d'autres — le plus souvent — de Gilbert. L'étude du premier groupe apport
erait d'utiles lumières sur le milieu intellectuel qui fut celui de Romme
au sortir du collège. Il n'est pas indifférent de noter que dans une biblio
thèque qui semble avoir été essentiellement professionnelle — quarante-
trois ouvrages de médecine, chimie médicinale ou chirurgie, sur les
cinq répertoriés — le médecin Boirat possédait aussi un livre de Mably,
De la législation ou principe des lois (1776) et un du physiocrate Le Trosne,
De l'ordre social (1777) : indices certains d'attention aux débats écono
miques et politiques du temps. Chez « Dubreul de la poste » on constate
surtout une très forte dominante historiographique : quarante-neuf titres
sur soixante-trois, dont quarante ouvrages d'histoire moderne (Gilbert
connaissait bien les goûts de son ami : le 18 juillet 1789 il mentionne dans
son cahier de comptes une « histoire de France avant Clovis » achetée six
livres « pour Dubreul ») ; à cette présence massive de l'histoire s'ajoutent
quelques titres relevant de la politique, du droit, de la critique littéraire
et surtout de la géographie et de la littérature de voyages ; aucun ouvrage
de religion, aucun de science, aucune œuvre proprement littéraire non plus,
mais Y Essai philosophique sur l'entendement humain de Locke, dans la
traduction de P. Coste, 5e édition, 1755. Boirat, Dubreul : deux biblio
thèques bien différentes, diversement personnalisées, qui nous offrent
ensemble une vue du micro-climat culturel de la petite société du Salon.
Ajoutons prudemment que cette vue est peut-être très partielle : nous
Annales Historiques de la Révolution Française — 1996 — N° 2 196 JEAN EHRARD
ignorons combien de livres de Boirat et de Dubreul ont pu être perdus
ou dispersés en deux siècles et cette réserve s'impose encore plus à propos
du grand liseur qu'était Gilbert Romme.
Il n'est nullement impossible que de nouvelles recherches enrichissent
notablement dans l'avenir les premiers enseignements apportés sur celui-ci
par le fonds municipal de Riom. D'abord parce que ce fonds lui-même,
accessible depuis peu d'années et pas encore sérieusement inventorié, peut
réserver encore bien des surprises, en particulier dans sa riche composante
J.-B. et P.C. Tailhand où l'accumulation d'ex-libris successifs mériterait
un examen plus approfondi que celui auquel nous avons pu nous livrer.
Ensuite parce que des livres ayant appartenu à Romme sont vraisembla
blement dispersés dans d'autres bibliothèques publiques ou privées, en
Auvergne ou ailleurs : que sont devenues les Œuvres de Jean- Jacques
Rousseau que le prisonnier, en route pour le château du Taureau, demande
à sa femme le 4 prairial an III, ou 23 mai 1795 (1)? Les livres que nous
avons recensés à Riom — cent trente-cinq titres, plus de deux cents
volumes — ne sont heureusement pas notre seule source d'information sur
ses lectures : leur apport doit être complété de celui d'autres documents,
et tout particulièrement des indications d'achat portées au cahier de comptes
des années 1786-1791 (M.R.M., 36) pour une cinquantaine d'ouvrages.
Commençons cependant par analyser l'ensemble riomois.
Le fonds G. Romme
DE LA BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE RlOM (2)
1) Grandes catégories
Sciences exactes et naturelles Lettres et Sciences humaines
Mathématiques 7 9 Géographie, Voyages
7 Astronomie Histoire 3
Physique 23 7 Langues, littératures
Géologie 5 Droit 2
Chimie 8 Politique 5
Médecine 40 Économie 1
Histoire naturelle et divers 7 Métaphysique, Morale 8
Religion 3
Total 97 Total 38
(1) Fonds Romme du Museo del Risorgimento (Milan), 28. Les références à ce fonds seront désormais
données dans le texte même de cette étude à l'aide du sigle M.R.M. suivi du numéro du dossier. La
lettre du 4 prairial est reproduite dans A. Galante Garrone, Gilbert Romme. Histoire d'un révolution
naire (1959), Paris, 1971, pp. 445-446 : ouvrage désormais désigné par G. G.
(2) Par commodité, nous incluons ici dans le fonds municipal un volume d'une bibliothèque privée
— autrefois de la famille Tailhand — obligeamment prêté par son propriétaire, M. Paul Bador : le tome
second des Voyages métallurgiques de Jars, 1780. ROMME VU À TRAVERS SES LIVRES 197
On voit immédiatement qu'il s'agit d'une bibliothèque profane : elle
l'est à 98 % ; le sacré, le religieux y sont réduits à presque rien. C'est
d'autre part une bibliothèque scientifique : à 72 °/o et même à 78 °/o si l'on
compte comme scientifiques les livres de géographie et de voyages. On
ne s'étonnera pas, étant donné les études qui ont justifié le départ de
Riom pour Paris, qu'elle soit d'abord médicale, mais toutes les branches
du savoir du temps y sont représentées. La part des belles-lettres, celle
de la philosophie y sont en revanche très modestes. Le détenteur de ces
livres apparaît à travers eux, en première approche, comme un homme
« éclairé », détaché des croyances traditionnelles, mais peu idéologue, peu
porté vers la philosophie militante, encore moins vers la littérature de diver
tissement. Par ailleurs esprit moderne, si l'on en juge par l'âge de ses
livres.
2) Périodes de publication
• xvie siècle 1
• XVIIe siècle 10
• xvme 124, soit par décennies :
1700-1709 2
1710-1719 3
1720-1729 5
1730-1739 4
1740-1749 5
1750-1759 24
1760-1769 15
1770-1779 37
1780-1789 28
1790-1795 1
A 92 %, ces ouvrages ont été imprimés au xvme siècle — pour les
deux tiers dans sa seconde moitié, pour près du quart après 1780 : six
seulement de ces publications modernes sont des rééditions d'ouvrages anté
rieurs à 1700. En les ajoutant aux éditions plus anciennes, du reste presque
toutes du siècle précédent, on ne dépasse pas le petit total de dix-sept titres :
visiblement Romme n'est ni un érudit à la mode d'autrefois, ni un biblio
phile d'aujourd'hui. A ses yeux, l'ancienneté n'est pas une valeur; c'est
au savoir vivant qu'il s'intéresse. Il faut certainement compter comme encore
vivants pour un futur médecin de son temps Hippocrate, Galien ou Sennert
— de même que tel traité de chirurgie ou tel ouvrage de botanique du
XVIIe siècle. Et que dire de ce que représentent pour un homme du
xvme siècle les Principia de Newton (réédition d'Amsterdam, 1723),
symbole de la modernité! 198 JEAN EHRARD
3) Dates d'acquisition
L'âge d'une bibliothèque ne se définit pas seulement par celui des
livres dont elle est composée, mais aussi par leurs dates d'acquisition. Pour
le fonds riomois, nous ne disposons malheureusement que des indications
portées sur neuf volumes et de deux autres fournies par le cahier de comptes.
La plus ancienne concerne précisément les Principia : « Car. G. Romme
junioris, emptus anno 1774, 7 livres 10 ». Un achat — d'occasion — dont
on ne sait s'il est intervenu à Riom ou à Paris, mais qui en dit long sur
la véritable vocation du jeune homme au moment où il entreprend sa
médecine... Il ne se serait certainement pas ruiné de même pour une Philo
sophie des grâces, traduite de l'alle

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