Deux petites populations peu connues de l Afrique Occidentale française. Les Ouara ou Guala et les Natioro - article ; n°2 ; vol.9, pg 159-196
39 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Deux petites populations peu connues de l'Afrique Occidentale française. Les Ouara ou Guala et les Natioro - article ; n°2 ; vol.9, pg 159-196

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
39 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1939 - Volume 9 - Numéro 2 - Pages 159-196
38 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1939
Nombre de lectures 181
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Extrait

Louis Tauxier
Deux petites populations peu connues de l'Afrique Occidentale
française. Les Ouara ou Guala et les Natioro
In: Journal de la Société des Africanistes. 1939, tome 9 fascicule 2. pp. 159-196.
Citer ce document / Cite this document :
Tauxier Louis. Deux petites populations peu connues de l'Afrique Occidentale française. Les Ouara ou Guala et les Natioro. In:
Journal de la Société des Africanistes. 1939, tome 9 fascicule 2. pp. 159-196.
doi : 10.3406/jafr.1939.2475
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1939_num_9_2_2475DEUX PETITES POPULATIONS PEU CONNUES
DE L'AFRIQUE OCCIDENTALE FRANÇAISE :
LES OUARA OU GUALA, ET LES NATIORO,
PAR
Louis TAUXIER.
Les Ouara ou Guala sont une race énigmatique qui habite l'extrémité
sud-ouest de la petite falaise dite de Banfora ou de Bobo-Dioulasso. Cette
falaise, du côté occidental, se dirige vers le Sud-Ouest et est d'abord
habitée par les Tourouka. A son extrémité ouest, elle l'est par les Ouara
qui y forment cinq villages ; Néguéni, le plus gros, qui est en quelque
sorte la capitale du pays (973 habitants), Faraniara (116), Niansogoni
(502); Outourou (417) et Sourani (118). Cela fait une population totale
pour les Ouara de 2.126 habitants, population inférieure en réalité aux
3.079 habitants donnés par la Monographie de Bobo-Dioulasso de 1907,
et aux 7.000 par la de de 1909.
Delafosse, dans son Haut-Sênégal-Niger (publié en 1912 mais avec des
renseignements statistiques de 1909) donne ce chiffre de 7.000 Ouara, qui
est bien au-dessus de la réalité, et classe les Ouara parmi les Mandé, en
disant toutefois que ce rattachement est incertain1. I
La Monographie de Bobo-Dioulasso de 1907 en fait des Proto-Mandé,
celle de 1909 des Mandé, celle de 1920 des Proto-Mandé de nouveau.
En fait, la question de leur origine est un petit problème à résoudre et
nous allons tâcher de le faire, en mettant de nombreux documents nou
veaux sous les yeux des chercheurs.
La Monographie de Banfora de 1920, du lieutenant Paoli, établie, du
reste, sur des documents antérieurs, dit, au sujet de la race qui nous
occupe :
« D'origine Sierra Léonaise et race conquérante, les Ouara, animés
par l'esprit de conquête, arrivèrent jusque sur le sommet de la montagne2.
L'armée Ouara était très affaiblie. Chemin faisant ils avaient conquis
1. Delafosse, Haut Sénégal-Niger, tome I, p. 171 : « Les tribus diverses de famille
Mandé (groupe du Sad) de rattachement d'ailleurs incertain, sont celles des Bléi
1.035, des Natioro,.2.745, des Ouara, 7.000, et des Sembla, 8.000. »
2. Il s'agit de la falaise de Banfora. SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 160
beaucoup de pays, mais, après leur passage, ceux-ci venaient de se
révolter contre leur autorité. Elle ne pouvait donc plus retourner sur ses
pas ; elle se décida à s'installer sur la montagne qui lui servirait de pro
tectrice naturelle. .. Cette population, débris de l'armée conquérante,
se multiplia et fonda S villages perchés sur la montagne du même nom
(chaîne du Ouara) * ».
De son côté, une note inédite de M. Ferréol (Résident de Banfora en
1921) dit :
« Les Ouara viennent de Toukoro, disent les indigènes. Ils sont frères
d'un peuple qu'on appelle les Bagagala ou Ouagala. On ne sait pas au
juste où se trouve ce peuple.
« Toukoro en Dyoula veut dire « sous-forêt2». On désigne ainsi ord
inairement la Côte d'Ivoire, mais la forêt ainsùdésignée peut être au Sud
de la Guinée Française. Justement, dans le secteur Kissien, il y a des
Ouagala. Toujours est-il que les Ouara arrivèrent dans le pays par l'Ouest
ou le Sud-Ouest. Ils étaient guerriers et même, disent quelques-uns,
musulmans. Ils conquirent le pays et le traversèrent jusqu'au Kenedou-
dou3. Arrivés jusqu'à la falaise, ils voulurent retourner sur leurs pas,,
mais c'était trop tard. LesSamoro, qu'ils avaient soumis, se soulevèrent
et, aidés des Sénoufo, attaquèrent les Ouara et détruisirent leur armée.
Les Ouara durent faire la paix etilleur fut défendu de traverser le pays
des révoltés pour rentrer dans leur pays d'origine. Ils s'installèrent donc
dans la montagne où ils sont encore, qu'on appelle de leur nom Ouara-
kourou (chaîne du Ouara). Le gros de la population s'installa à Néguéni.
C'est la ville royale Ouara. Quant aux quatre autres villages Ouara qui
sont: Sourani, Ouatourou, Guazogoni et Faragnara, ils sont situés sur les
côtés de la chaîne et servent de sentinelles, pour ainsi dire, au village
principal.
« Le chef Ouara fit un discours à ses compatriotes et leur dit: « Nous
sommes forcés de rester là, restons-y. Le jour où les dieux nous ouvri
ront la route de notre pays; nous y retournerons. En attendant, vendons
nos habits aux populations voisines pour nous procurer de la nourri
ture ». Ainsi fut dit et fait. »
J'ajouterai à ces renseignements de M. Ferréol que les Ouara, que j'ai
interrogés moi-même, m'ont dit que leurs ancêtres venaient du Bagala,
pays dont ils ne savent plus exactement la situation. Cependant, quand
on leur demande d'indiquer, avec la main, d'où ils sont venus, ils
1. Je passe un certain nombre de détails très discutables destinés à expliquer
pourquoi les femmes Ouara ne portent comme vêtements que des bouquets de
feuilles.
2. ou : auprès de la forêt : de lou = forêt en Mandé et кого = près, auprès.
3. Pays de Sikasso. ,
LES OUARA OU GUALA ET LES NATIORO 161
montrent sans hésitation l'Ouest (oà l'Ouest-Sud-Ouest). Ce pays était
plus boisé que leur pays actuel et est très éloigné. Les Ouara sont venus
ici en conquérants, battant les .Sénoufo et les Samo. Mais, quand ils
voulurent retourner chez eux, la route était barrée, les gens révoltés. Ils
CARTE DES GUALA (OU OUARAÎETDES NATIORO
Koutiala
Sénoufo
inianka
Sikasso О
Siéna
ou Sénoufo
Ouan
o fei.gréla ou Guala
Siena
ou Sénoufo
Korhogo
Siéna ouSénoufo
oKonj,
Fig. 41.
ne purent pas briser la barrière et durent s'installer dans leur habitat
actuel.
Quel est le vrai nom des Ouara ? La Monographie de Banfora les
désigne toujours sous ce dernier nom, mais celle de Bobo-Dioulasso les
appelle « Guala » ou « Gouala ». Elle donne, de plus, divers détails
inédits sur eux. Elle note, par exemple que Daoula, le premier grand
chef de la région de Sikasso, le prédécesseur de Tiéba et de Babemba, se
rendit auprès de son parent, le chef de Kangouéra (Sinndou). Il engage
une longue lutte avec les Sénoufo de Cisségué (Koulélé du village, de
Sisségué, dans le Loumana). Il les vainc, mais avec l'appui des Gouala 162 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
de la falaise dirigés par une femme renommée sous le nom de Gouala
Mousso1. Plus loin, elle note encore que Babemba, lors d'une expédition
dans le Tierla, est battupar les Guala.
Les Ouara ou Gouala auraient donc gardé leurs aptitudes guerrières
jusqu'au cours du xixe siècle. Cependant, les Ouara actuels reconnaissent
qu'ils subirent la domination des chefs de Sikasso et c'est comme leurs
sujets qu'ils combattirent leurs voisins.
Au point de vue de leurs origines, la désignation Gouala ou Guala2
est précieuse. Nous connaissons, en effet, par le Hollandais Dapper, qui
écrivait en 1668, et qui fut traduit en français en 1686, l'existence d'une
race Guala à l'intérieur des terres du golfe de Guinée 'occidental (c'est-
à-dire au-dessus du. Libéria actuel approximativement).- Dapper donne
même des détails curieux et dont aucun écrivain récent na encore fait
état à ma connaissance, sur l'histoire de cette région mêlée à l'histoire de
l'empire de Mali qui était un peu plus au Nord. Il dit d'abord que les
Veï ou Vaï que- nous connaissons bien, parents des Huela, des Ligbi3,
furent envahis par les Garouet les Folgia, leurs voisins, puis il parle des
Galavey (p. 253) race mixte où nous retrouvons évidemment un mélange
de Gala et de Veï. C'est du reste, ce que dit Dapper, en propres termes :
« Ils s'appellent Galavey parce qu'ils sont issus de Gala et qu'ayant été
chassés de leur pays par les peuples de Hondo, ils vinrent habiter sur
les t

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents