L Anthropologie « de terrain » : reconnaissance et interprétation des gestes funéraires - article ; n°3 ; vol.2, pg 29-49
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L'Anthropologie « de terrain » : reconnaissance et interprétation des gestes funéraires - article ; n°3 ; vol.2, pg 29-49

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Description

Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1990 - Volume 2 - Numéro 3 - Pages 29-49
« FIELD ANTHROPOLOGY » : IDENTIFICATION AND INTERPRETATION OF MORTUARY PRACTICES The understanding of mortuary practices requires a methodology which recognizes the importance of both the position of the skeletal remains and the taphonomy of the cadaver. The chronology of articulations dislocated during the decomposition of the body serves as a basis for demonstrating the nature and evolution of burials. It is the aim of field anthropology to recontruct the original position of the body, the arrangement of any pieces clothing, ornament or other furnishings. Furthermore, it is the field anthropologist who must define the architecture of the tomb and the precise nature and circumstances of decomposition. This requires the reconstruction of the burial itself in terms of the conditions surrounding the body, e.g. if it was directly covered by soil or surrounded by effective space, in order to identify effects these contribute to the position of skeletal remains. In addition, we discuss the criteria for the identification of secondary burials, consecutives burials and re-burials in the same tomb and specific methods for the analysis of multiple and collective burials.
Résumé. — La reconnaissance des gestes funéraires impose une méthodologie qui accorde une place privilégiée aux restes osseux et à la taphonomie du cadavre. L'ordre des dislocations articulaires durant la décomposition du cadavre constitue l'une des bases fondamentales de la discussion : les articulations labiles, plus précocement rompues, apportent les meilleurs arguments pour démontrer le caractère primaire d'une sépulture et discuter son évolution. L'anthropologie de terrain vise à restituer l'attitude originelle du corps, l'agencement des pièces d'habillement, des éléments de parure et du mobilier ; elle contribue aussi à définir l'architecture de la tombe en précisant le milieu de décomposition (espace vide ou colmaté) et en montrant les effets du contenant sur la position des ossements. Sont également discutés dans cet article les critères d'identification de dépôts secondaires, les réinterventions consécutives à la réouverture de la tombe, et les méthodes spécifiques d'analyse des sépultures multiples et collectives.
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 285
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Henri Duday
Patrice Courtaud
Éric Crubezy
Pascal Sellier
Anne-Marie Tillier
L'Anthropologie « de terrain » : reconnaissance et interprétation
des gestes funéraires
In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, Nouvelle Série, tome 2 fascicule 3-4, 1990. pp. 29-
49.
Citer ce document / Cite this document :
Duday Henri, Courtaud Patrice, Crubezy Éric, Sellier Pascal, Tillier Anne-Marie. L'Anthropologie « de terrain » : reconnaissance
et interprétation des gestes funéraires. In: Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, Nouvelle Série, tome 2
fascicule 3-4, 1990. pp. 29-49.
doi : 10.3406/bmsap.1990.1740
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0037-8984_1990_num_2_3_1740Abstract
« FIELD ANTHROPOLOGY » : IDENTIFICATION AND INTERPRETATION OF MORTUARY
PRACTICES The understanding of mortuary practices requires a methodology which recognizes the
importance of both the position of the skeletal remains and the taphonomy of the cadaver. The
chronology of articulations dislocated during the decomposition of the body serves as a basis for
demonstrating the nature and evolution of burials. It is the aim of field anthropology to recontruct the
original position of the body, the arrangement of any pieces clothing, ornament or other furnishings.
Furthermore, it is the field anthropologist who must define the architecture of the tomb and the precise
nature and circumstances of decomposition. This requires the reconstruction of the burial itself in terms
of the conditions surrounding the body, e.g. if it was directly covered by soil or surrounded by effective
space, in order to identify effects these contribute to the position of skeletal remains. In addition, we
discuss the criteria for the identification of secondary burials, consecutives burials and re-burials in the
same tomb and specific methods for the analysis of multiple and collective burials.
Résumé
Résumé. — La reconnaissance des gestes funéraires impose une méthodologie qui accorde une place
privilégiée aux restes osseux et à la taphonomie du cadavre. L'ordre des dislocations articulaires durant
la décomposition du cadavre constitue l'une des bases fondamentales de la discussion : les
articulations labiles, plus précocement rompues, apportent les meilleurs arguments pour démontrer le
caractère primaire d'une sépulture et discuter son évolution. L'anthropologie de terrain vise à restituer
l'attitude originelle du corps, l'agencement des pièces d'habillement, des éléments de parure et du
mobilier ; elle contribue aussi à définir l'architecture de la tombe en précisant le milieu de décomposition
(espace vide ou colmaté) et en montrant les effets du contenant sur la position des ossements. Sont
également discutés dans cet article les critères d'identification de dépôts secondaires, les
réinterventions consécutives à la réouverture de la tombe, et les méthodes spécifiques d'analyse des
sépultures multiples et collectives.et Mém. de la Soc. d'Anthrop. de Paris, n.s., t. 2, n° 3-4, 1990, pp. 29-50 Bull,
L'ANTHROPOLOGIE « DE TERRAIN » :
RECONNAISSANCE ET INTERPRÉTATION
DES GESTES FUNÉRAIRES
Henri Duday*, Patrice Courtaud**, Eric Crubezy*,
Pascal Sellier* et Anne-Marie Tillier*
Résumé. — La reconnaissance des gestes funéraires impose une méthodologie qui accorde
une place privilégiée aux restes osseux et à la taphonomie du cadavre. L'ordre des disloca
tions articulaires durant la décomposition du cadavre constitue l'une des bases fondament
ales de la discussion : les articulations labiles, plus précocement rompues, apportent les
meilleurs arguments pour démontrer le caractère primaire d'une sépulture et discuter son
évolution. L'anthropologie de terrain vise à restituer l'attitude originelle du corps, l'agen
cement des pièces d'habillement, des éléments de parure et du mobilier ; elle contribue aussi
à définir l'architecture de la tombe en précisant le milieu de décomposition (espace vide
ou colmaté) et en montrant les effets du contenant sur la position des ossements. Sont éga
lement discutés dans cet article les critères d'identification de dépôts secondaires, les réin
terventions consécutives à la réouverture de la tombe, et les méthodes spécifiques d'analyse
des sépultures multiples et collectives.
« FIELD ANTHROPOLOGY » :
IDENTIFICATION AND INTERPRETATION OF MORTUARY PRACTICES
The understanding of mortuary practices requires a methodology which recognizes the
importance of both the position of the skeletal remains and the taphonomy of the cadaver.
The chronology of articulations dislocated during the decomposition of the body serves
as a basis for demonstrating the nature and evolution of burials. It is the aim of field anth
ropology to recontruct the original position of the body, the arrangement of any pieces
clothing, ornament or other furnishings. Furthermore, it is the field anthropologist who
must define the architecture of the tomb and the precise nature and circumstances of decomp
osition. This requires the reconstruction of the burial itself in terms of the conditions sur
rounding the body, e.g. if it was directly covered by soil or surrounded by effective space,
in order to identify effects these contribute to the position of skeletal remains. In addition,
we discuss the criteria for the identification of secondary burials, consécutives burials and
re-burials in the same tomb and specific methods for the analysis of multiple and collective
burials.
I. — INTRODUCTION
L'étude des sépultures apporte des informations tout à fait spécifiques sur les
sociétés anciennes puisque les restes humains sont les seuls vestiges qui soient en
* URA 376 et GDR 742 du CNRS, Laboratoire d'Anthropologie, Université de Bordeaux I, ave
nue des Facultés, 33405 Talence.
** Service Régional de l'Archéologie d'Aquitaine et Laboratoire d'Anthropologie de l'Université
de Bordeaux I. " SOCIÉTÉ D'ANTHROPOLOGIE DE PARIS 30
relation directe avec la biologie. Ces derniers et les autres témoins archéologiques
ouvrent en fait à un double discours (Binford, 1972 ; Gnoli et Vernant, 1982 ;
Masset et Sellier, 1990) :
— sur la mort, d'une part, en relation avec les représentations collectives ; en
l'absence de sources écrites, les sépultures sont souvent les seuls témoins de cette
idéologie funéraire qui constitue l'objectif fondamental de toute archéologie de
la mort ;
— sur les morts, d'autre part, et à travers eux sur la société des vivants et
sa structure socio-économique.
Pourtant, les fouilles ont longtemps privilégié l'architecture ou le matériel funé
raire au détriment des restes humains, souvent considérés comme d'intérêt secon
daire — sinon même gênants — , alors que l'immense variabilité des pratiques
entraîne des différences fondamentales dans les conditions de décomposition des
corps (Thomas, 1980) : il importait donc de remettre au premier plan le cadavre,
élément central autour duquel se sont ordonnés les gestes mortuaires.
Pour l'anthropologue comme pour l'archéologue, l'étude des sépultures com
mence donc au niveau même du terrain : le soin apporté au décapage des osse
ments et à l'enregistrement des données conditionne les potentialités et la validité
des études ultérieures. Cette anthropologie « de terrain » doit permettre l'identif
ication précise de chaque pièce du squelette, le repérage de sa position exacte et
de ses rapports avec tous les éléments de la tombe. Elle permet aussi de recueillir
les mesures et observations nécessaires à une première détermination du sexe et
de l'âge au décès qui devra, si la conservation des os l'autorise, être contrôlée ult
érieurement. Cette pratique d'analyse fine est seule susceptible de mener à une inte
rprétation globale des pratiques funéraires (Duday, 1978, 1981, 1987a et b ; Mass
et, 1987). Il est généralement impossible de retrouver ces informations a poster
iori lorsqu'elles n'ont pas été recueillies sur le terrain et la compréhension géné
rale des sépultures reste alors limitée.
L'intentionnalité du dépôt des restes humains, évidemment nécessaire à l'affi
rmation de son caractère sépulcral, est souvent difficile à démontrer, ce qui a par
fois donné lieu à des affirmations excessives (« rituels » imaginaire

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