Le commerce de la maison d Ilîgh d après le registre comptable de Husayn b. Hachem (Tazerwalt, 1850-1875) - article ; n°3 ; vol.35, pg 700-729
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Le commerce de la maison d'Ilîgh d'après le registre comptable de Husayn b. Hachem (Tazerwalt, 1850-1875) - article ; n°3 ; vol.35, pg 700-729

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Annales. Histoire, Sciences Sociales - Année 1980 - Volume 35 - Numéro 3 - Pages 700-729
The commerce of the House of High according to the account records of Husayn b. Hachem, Tazerwalt, 1850- 1875 P. Pascon By the middle of the 19th century, only a small portion of the trans-Saharan trade destined for Europe still passed through the port of Es-Saouira (Mogador). At Tazerwalt, the family of High continued to assure the protection of the annual moussem festival as well as the protection of one of the principal markets in South -Western Morocco, where products coming from Black Africa were exchanged with those from Europe. It was the cherifs, descendants of Sidi Ahmed b. Moussa el-Semlali, who, with the exception of some brief interruptions, guaranteed the security of these exchanges for almost two and a half centuries. In order to do so, they were obliged to organize a police force, procedures of protection, banking practices, a penal system, etc., all of which was outside the structure of the central makhzen. For the years 1850-1875, the daily details of these operations are known to us thanks to a register of accounts containing more than one thousand documents which was kept by the scribes of Husayn b. Hachem al-llighi. Thus, for the first time in Morocco, we are able to penetrate the my stico- religious exterior and discover the commercial and financial practices of the heirs of one of the greatest saints of the Sous.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 290
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Paul Pascon
Le commerce de la maison d'Ilîgh d'après le registre comptable
de Husayn b. Hachem (Tazerwalt, 1850-1875)
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 35e année, N. 3-4, 1980. pp. 700-729.
Abstract
The commerce of the House of High according to the account records of Husayn b. Hachem, Tazerwalt, 1850- 1875P. Pascon By
the middle of the 19th century, only a small portion of the trans-Saharan trade destined for Europe still passed through the port of
Es-Saouira (Mogador). At Tazerwalt, the family of High continued to assure the protection of the annual moussem festival as well
as the protection of one of the principal markets in South -Western Morocco, where products coming from Black Africa were
exchanged with those from Europe. It was the cherifs, descendants of Sidi Ahmed b. Moussa el-Semlali, who, with the exception
of some brief interruptions, guaranteed the security of these exchanges for almost two and a half centuries. In order to do so,
they were obliged to organize a police force, procedures of protection, banking practices, a penal system, etc., all of which was
outside the structure of the central makhzen. For the years 1850-1875, the daily details of these operations are known to us
thanks to a register of accounts containing more than one thousand documents which was kept by the scribes of Husayn b.
Hachem al-llighi. Thus, for the first time in Morocco, we are able to penetrate the my stico- religious exterior and discover the
commercial and financial practices of the heirs of one of the greatest saints of the Sous.
Citer ce document / Cite this document :
Pascon Paul. Le commerce de la maison d'Ilîgh d'après le registre comptable de Husayn b. Hachem (Tazerwalt, 1850-1875). In:
Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 35e année, N. 3-4, 1980. pp. 700-729.
doi : 10.3406/ahess.1980.282664
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1980_num_35_3_282664COMMERCE DE LA MAISON D'/L/GH LE
d'après le registre comptable de Husayn b. Hachem
(Tazerwalt, 1850-1875)*
L'antériorité de la formation du capital symbolique sur l'accumulation du
capital matériel n'est pas une découverte récente. L'idée est déjà chez Ibn
Khaldoun, ce qui lui donne beaucoup d'autorité, mais ne constitue pas en soi un
argument recevable. Il dit à peu près ceci : « Le pouvoir est un des moyens de se
procurer les richesses ; celui qui est dépourvu de ce prestige que donne un haut
rang ne peut devenir très riche !. »
En des termes différents, la réflexion néo-marxiste pose une question
semblable, celle de l'autonomie relative d'instances identifiées de la formation
sociale et de la manière dont elles peuvent s'articuler, se précéder l'une l'autre et
se relayer. Au Maroc le jâh et l'entretien du charisme sont à l'œuvre dans
l'histoire de toutes les grandes zaouïas, où se combinent le rôle mystico-religieux
du chérifisme d'une part, et de l'autre, l'accumulation de la puissance matérielle.
L'extension du phénomène est avérée sur toute l'étendue du territoire et au moins
tout au long des trois derniers siècles. J'en ai étudié personnellement trois cas :
celui de la montée de la zaouïa de Tamesloht à la fin du xvine siècle 2, celui de la
zaouïa Wazzaniya dans le Rif central, et celui de la zaouïa de Sidi Ahmad b.
Moussa, dans le Sous. L'exemple choisi ici est celui des dynastes du Tazerwalt et
plus particulièrement de deux épisodes de la réussite sociale de la Maison d'Ilîgh,
séparés par un siècle et demi d'éclipsé sur la scène économique du Sud-Ouest du
Maroc.
Le schéma déclaré à chaque fois est le même. Il a été évoqué par Gellner pour
un cas mal placé et qui n'a pas eu de suites matérielles dominantes 3. Au départ,
l'ancêtre est un mystique qui mène une vie ascétique totalement détachée des
biens de ce monde. Il s'adonne à l'adoration divine et à l'approfondissement de sa
foi. Il est probablement d'origine chérifienne, le plus souvent idrissite, mais cela
n'est révélé que bien plus tard, après sa réussite socio-politique : on pourrait
presque dire comme récompense de cette même. Anachorète, il est au-
dessus du commun, au-delà, à part de la vie tribale du lieu. Il cultive une sorte
* Nous avons simplifié la transcription de Musà en Moussa, Hašem en Hachem ; Abdallah,
Abd-ar-Rahman? Ali ne sont pas précédés de '.
700 P. PASCON LA MAISON D'ILÎGH
d'inversion dans sa personne. Autant son physique est chétif, pitoyable, autant sa
pensée est forte. Son mépris pour les biens matériels, la nourriture, les offrandes,
se mesure à sa générosité : il donne tout ce qu'il reçoit ; il ne tarde pas à être le lieu
de la redistribution généralisée. Les hagiographes ne manquent pas de décrire les
repas pantagruéliques qui se tiennent sous son égide alors qu'il est notoire qu'il ne
possède rien 4. On parle de miracles. Plus prosaïquement, le saint joue une
fonction de répartition, et peu à peu assure un équilibre frumentaire, réduisant les
effets excessifs des inégalités sociales, des inégalités régionales et des fluctuations
interannuelles. Il est indiscutable que dans cette économie de l'offrande reçue et
du don distribué, la compensation se trouve dans la circulation du charisme. Il y a
deux mécanismes tournant en sens inverse, équilibrés par une comptabilité en
partie double de la baraka d'une part, et de la sadaqa d'autre part. Le fait attesté
qu'en définitive le saint ne s'enrichit pas — un saint meurt pauvre ! — prouve
qu'il n'accumule que du prestige.
Les choses changent après la mort du saint. Ses héritiers vont gérer le capital
symbolique. Ils ne peuvent prétendre se tenir sur les sommets mystiques du
fondateur : l'air y est trop raréfié ; une telle capacité d'ascèse ne se répète jamais
dans une même dynastie. Les rôles socio-politiques assurés par l'ancêtre peuvent
l'être encore un temps au simple rappel de sa mémoire, mais le relais de la
puissance matérielle ne tarde pas à être nécessaire. L'arbitrage cède la place à
l'organisation d'une police, la parole bénie à l'ordre, l'espoir d'une cité de Dieu à
la gestion triviale des hommes. La justice a besoin d'un bras séculier, celui-ci
coûte : il doit être entretenu par le produit d'une richesse stable.
Que les héritiers immédiats soient les principaux bénéficiaires de la
constitution d'un trésor assurant les fonctions d'un État, rien n'est plus évident. Ils
ne peuvent s'enrichir qu'en constituant cet État ; et, inversement, ils ne peuvent
consolider leur pouvoir qu'à partir de l'accumulation d'une base matérielle. Mais
le plus remarquable est que le germe de la concentration des terres et des eaux
entre les mains des héritiers du saint se trouve dans les donations pieuses.
Nous avons de ceci des preuves irréfutables et d'époque. Il s'agit d'un
polyptique, du Diwan d'Ali Abu Damï'a petit-fils de Sidi Ahmad b. Moussa du
Tazerwalt. Dans ce registre foncier sont indiquées par région, séguia et village, les
propriétés des immeubles fonciers, hydrauliques et arboricoles du descendant du
saint vers 1 040 de l'Hégire ( 1 630- 1631) alors qu'il avait été élevé à la souveraineté
depuis une vingtaine d'années. Un peu plus de trois mille titres de propriété sont
décrits dans cet ouvrage constituant un domaine de près d'un millier d'hectares
irrigués, répartis sur la moitié occidentale de l'Anti-Atlas. L'esprit scientifique le
plus critique ne peut mettre en doute l'authenticité de ce Diwan. Certes, il s'agit
d'une copie effectuée vers 1047/1637, mais la présentation, les précautions
canoniques et le protocole d'exposition ne peuvent être altérés par quelques
grimoires subrepticement rajoutés dans les pages blanches à des époques plus
basses. Ce registre permet de connaître, année par année, l'accumulation foncière
de la dynastie, la valeur des terres ainsi acquises (en onces d'or ou en mitqal
monnayés), leurs surfaces, les lieux et les limites. Une visite sur place, en
septembre 1979, a permis de reconnaître la permanence des lieux-dits, la
contenance des parcelles et la perpétuation

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