Le Gabon précolonial : étude sociale et économique. - article ; n°66 ; vol.17, pg 331-344
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1977 - Volume 17 - Numéro 66 - Pages 331-344
E. M'Bokolo—~~A Social and Economie Study of Pre-Colonial Gabon.~~ Oral sources on the pre-colonial situation in the Gabon estuary before 1850 are scarce and unreliable but an interpretation of contemporary written sources gives a rather precise and detailed picture of the social organisation of the local people. The coastal Mpongwe were more deeply involved with the European traders, their sole economie activity—and a very rewarding one—being to act as middlemen between them and the inland peoples. They had lost the centralised political organisation which prevailed in the 18th century and were hard-struck by the economic changes which followed the French settlement in 1843 and the suppression of the slave trade. The Orungu and Nkomi, less directly involved in the coastal trade, and less dependent upon it, had kept a more centralised organisation and sufiered less of the change.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 564
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Elikia M'Bokolo
Le Gabon précolonial : étude sociale et économique.
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 17 N°66-67. 1977. pp. 331-344.
Abstract
E. M'Bokolo—A Social and Economie Study of Pre-Colonial Gabon. Oral sources on the pre-colonial situation in the Gabon
estuary before 1850 are scarce and unreliable but an interpretation of contemporary written sources gives a rather precise and
detailed picture of the social organisation of the local people. The coastal Mpongwe were more deeply involved with the
European traders, their sole economie activity—and a very rewarding one—being to act as middlemen between them and the
inland peoples. They had lost the centralised political organisation which prevailed in the 18th century and were hard-struck by
the economic changes which followed the French settlement in 1843 and the suppression of the slave trade. The Orungu and
Nkomi, less directly involved in the coastal trade, and less dependent upon it, had kept a more centralised organisation and
sufiered less of the change.
Citer ce document / Cite this document :
M'Bokolo Elikia. Le Gabon précolonial : étude sociale et économique. In: Cahiers d'études africaines. Vol. 17 N°66-67. 1977. pp.
331-344.
doi : 10.3406/cea.1977.2457
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1977_num_17_66_2457ELIKIA BOKOLO
Le Gabon pfécolonial étude sociale et économique*
Les populations myènè du Gabon maritime les Mpongwè de
Estuaire les Orungu du Cap Lopez et les Nkomi de Fern Vaz furent
affectées après 1850 et avant implantation du pouvoir colonial la fin
du xixe siècle par de profonds changements Le mode de vie et la civili
sation elles avaient progressivement élaborés grâce leurs relations
commerciales privilégiées avec les Européens étiolèrent de fa on
irrésistible extinction du trafic négrier les priva de biens auxquels elles
étaient habituées accorder une grande valeur établissement du poste
fran ais en 1843 ne suscita chez elles comme chez les Fran ais que
désillusions enfin arrivée des Fang sur la côte bouleversa tout équi
libre ethnique de la région
Ce déclin est pas seulement dû irruption et action corrosive
de nouveaux facteurs externes mais aussi aux faiblesses et aux blocages
inhérents organisation sociale et économique antérieure ce propos
les recherches consacrées Afrique atlantique1 ont posé une question
ordre général dans quelle mesure et quels niveaux la participation
des sociétés côtières au commerce maritime les a-t-elle transformées Quelle
était dans leur organisation la part respective des héritages africains des
apports européens des nécessaires adaptations aux mécanismes écono
miques et aux valeurs liés ce commerce Comment enfin agen aient-
elles ces différents éléments
La réponse ces questions se heurte dans le cas du Gabon une
difficulté particulière relative aux sources En effet les traditions
orales sont une grande pauvreté2 Certes la situation est plus ou moins
grave selon les groupes considérés très maigres chez les Mpongwè par
Ce texte est extrait avec de légères modifications du chapitre introductif
de notre thèse de 3e cycle La France et les Fran ais en Afrique equatoriale le comp
toir du Gabon <)- 79 Paris EHESS 1975 où le caractère allusif de certains
passages développés dans les chapitres ultérieurs de ce travail
Les plus fécondes restent DIKE Trade and Politics in the Niger Delta
1830-1881 Oxford 2e éd 1959 JONES The Trading States of Oil Rivers
Londres 1963 Pour analyse des mécanismes idéologiques souvent ignorés par les
historiens AUGE Théorie des pouvoirs et idéologie Paris 1975
Recueillies principalement par GAUTHIER tude historique sur les
Pongwés et tribus avoisinantes Brazzaville 1950 Mémoires de Institut Etudes
centrafricaines RAPONDA;WALKER Notes histoire du Gabon Brazzaville
1960 Mémoire de Institut tudes centrafricaines Voir aussi DES-
CHAMPS Traditions orales et archives au Gabon Paris 1962 et AVARO Le
Bas-Ogooué au XIXe siècle thèse de 3e cycle Paris 1969
Cahiers tudes africaines 66-67 XVII pp 331-344 ELIKIA BOKOLO 332
suite de la disparition de nombreux clans de ancienneté de accultu
ration de la faible profondeur de la mémoire lignagère et clanique des
progrès de instruction ces traditions prennent quelque consistance chez
les Orungu et les Nkomi sans doute cause de leurs structures poli
tiques plus centralisées de leur plus grande stabilité et de leur accultu
ration tardive Cependant quel que soit le groupe étudié les infor
mations recueillies ne renseignent guère que sur les routes approximatives
des migrations les généalogies des clans ou lignages royaux la succession
des principaux chefs en revanche les données sont beaucoup plus
endettées et plus fragiles sur les conditions et les formes des contacts
avec les Européens les anciennes structures sociales organisation et
évolution de économie
Il faut donc interroger de fa on intensive les sources écrites Les
plus importantes sont les récits des missionnaires qui ont résidé dans la
région en particulier de Leighton Wilson3 des explorateurs et
des géographes amateurs comme Paul Du Chaillu4 des médecins
de la marine fran aise des traitants. Ces documents constituent une
véritable ethnographie certes spontanée mais très riche en informations
relatives aux structures économiques et sociales la démographie et
au peuplement aux croyances aux idéologies et aux mentalités Nous
avons essayé de lire interpréter et enrichir ces sources en nous ser
vant des analyses et de certains concepts de anthropologie actuelle
Dès le xvie siècle introduction et le développement de la culture
de la canne sucre Tomé suscitèrent un commerce très actif entre
cette île et la côte La contribution des populations locales longtemps
diversifiée elles fournissaient aussi bien des esclaves que du bois de
ivoire de la cire des peaux se spécialisa plus nettement dans le
trane négrier entre le dernier tiers du xvine siècle et la première moitié
du xixe Le commerce des hommes ne fut toutefois pas exclusif il eut
toujours un volume plus ou moins important de produits complémentaires
tels que le bois de teinture rouge le santal très demandé par les Anglais
pendant les guerres napoléoniennes ou ivoire recherché par les capi
taines européens Si du point de vue européen et échelle de la côte
atlantique le Gabon resta une zone de traite mineure où les bâtiments
ne venaient le plus souvent que pour compléter leur cargaison pour
les populations locales en revanche le commerce eut une influence déter
minante sur les structures économiques et sociales
Il établit entre les tribus maritimes et celles de intérieur des
rapports complexes de complémentarité et opposition les Mpongwè
WILSON Western Africa Londres 1856
Du CHAILLU Voyages et aventures dans Afrique equatoriale Paris
1863 iré éd Londres 1861) LE GABON PRECOLONIAL 333
les Orungu et les Nkomi durent sortir de leur territoire tribal pour
constituer progressivement un domaine commercial On sait grâce
aux Anglais Robertson et Bowdich ce dernier visita Estuaire en 1815
et pour tuer ennui interrogea longuement les esclaves et les courtiers
du village de George embouchure du Remboué) que ce domaine
commercial étendait aux Adyumba clan Mpongwè refoulé par les
Orungu sur le lac Azingo aux Galoa dont le royaume plus considé
rable ... avait trois journées de marche de longueur aux Enenga
qui habitaient un pays très peuplé divisé en plusieurs gouvernements
aux Eshira vingt journées des frontières des Enenga et dix
journées au-delà aux Okande6 Si le territoire tribal restait le plus
important aux yeux des populations côtières il assurait leur subsis
tance et circonscrivait le cadre des compétitions politiques le domaine
commercial quant lui reposait sur trois facteurs de cohésion la
circulation des marchandises les stratégies matrimoniales image et
les représentations que les différents groupes avaient eux-mêmes et de
leurs rapports
Les groupes immédiatement voisins des tribus courtières les ravi
taillaient en produits forestiers les Séké et les Akélé par exemple
fournissaient aux Mpongwè les bois ivoire la cire alors que les
populations beaucoup plus éloignées parfois totalement inconnues sur
la côte les approvisionnaient en esclaves Ainsi les tribus maritimes
étaient économiquement improductives et se contentaient de jouer le
r

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