Les dialogues entre agriculteurs (Etude comparative dans deux villages français, Bretagne et Lauragais) - article ; n°1 ; vol.33, pg 43-64
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Langage et société - Année 1985 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 43-64
Darré Jean-Pierre, Dialogs between farmer (a comparative study between two French villages, Brittany and Lauragais)
Standard communication analysis, both linear and symetric, is inadequate for the description of verbal exchanges between farmers and rural development technicians. A comparative study of the two villages, by the networks method and refering to the notions of norm and of social construction of meaning, enables one to take into account the complexity of verbal interaction and to understand the different approaches to verbal exchanges in the two cases. These differences are due to place, economical, sociological situation of the two communnities ; but also the verbal organization of the communities and the interrelation of its members - not to mention the friction between their know-how and development technicians' knowledge.
Les schémas de communication classiques, linéaires et symétriques, sont inadaptés pour traiter des échanges verbaux entre agriculteurs et techniciens du développement agricole. L'étude comparative de deux villages à l'aide des modèles de réseaux et des notions de norme et de construction sociale du sens met en évidence la complexité des échanges verbaux et leurs fonctionnements très contrastés. Les différences tiennent aux caractéristiques topographiques, économiques, sociologiques des deux communautés, mais aussi à l'organisation verbale des réseaux qui les constituent, aux relations entre leurs membres, aux rapports qu'ils entretiennent avec leur propre savoir-faire et avec les connaissances dispensées par les techniciens du développement.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jean-Pierre Darré
Les dialogues entre agriculteurs (Etude comparative dans deux
villages français, Bretagne et Lauragais)
In: Langage et société, n°33, 1985. pp. 43-64.
Abstract
Darré Jean-Pierre, "Dialogs between farmer (a comparative study between two French villages, Brittany and Lauragais)"
Standard communication analysis, both linear and symetric, is inadequate for the description of verbal exchanges between
farmers and rural development technicians. A comparative study of the two villages, by the networks method and refering to the
notions of norm and of social construction of meaning, enables one to take into account the complexity of verbal interaction and
to understand the different approaches to verbal exchanges in the two cases. These differences are due to place, economical,
sociological situation of the two communnities ; but also the verbal organization of the communities and the interrelation of its
members - not to mention the friction between their know-how and development technicians' knowledge.
Résumé
Les schémas de communication classiques, linéaires et symétriques, sont inadaptés pour traiter des échanges verbaux entre
agriculteurs et techniciens du développement agricole. L'étude comparative de deux villages à l'aide des modèles de réseaux et
des notions de norme et de construction sociale du sens met en évidence la complexité des échanges verbaux et leurs
fonctionnements très contrastés. Les différences tiennent aux caractéristiques topographiques, économiques, sociologiques des
deux communautés, mais aussi à l'organisation verbale des réseaux qui les constituent, aux relations entre leurs membres, aux
rapports qu'ils entretiennent avec leur propre savoir-faire et avec les connaissances dispensées par les techniciens du
développement.
Citer ce document / Cite this document :
Darré Jean-Pierre. Les dialogues entre agriculteurs (Etude comparative dans deux villages français, Bretagne et Lauragais). In:
Langage et société, n°33, 1985. pp. 43-64.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1985_num_33_1_2030LES DIALOGUES ENTRE AGRICULTEURS
Etude comparative dans deux villages
français (Bretagne et Lauragais)
Jean-Pierre DARRE
Groupe d'Expérimentation
et de Recherche sur le
Développement Agricole Local
(GERDAL)
Les observations que je vais présenter dans ces pages sont
issues d'un ensemble de recherches sur le développement agricole,
conduites presque toutes en France.
Le "développement agricole" est le terme qui a remplacé en
France, il y a une vingtaine d'années, celui de "vulgarisation".
On voit bien l'intention qui a pu présider à un tel changement:
développer l'agriculture, ou les agriculteurs, ce n'est pas seu
lement vulgariser la technique ou, comme on le dit autrement,
"diffuser les innovations" .
Cependant, le modèle classique de l'enseignement -il existe
un savoir, il faut le transmettre- qui est à l'origine, histori
quement et id éo logiquement, des pratiques de vulgarisation, a la
vie dure, de telle sorte que le terme de développement n'est a
bien des égards qu'un euphémisme. Devant les difficultés rencon
trées, les agents de terrain, et surtout cadres et responsa
bles des organisations, les chercheurs, les responsables des
organismes publics ou professionnels s'interrogent: "Comment
faire passer le message" .
C'est que ce modèle particulier de "dif fusionisme" est, tout
naturellement, associé à un schéma banal de la commumication,
avec son émetteur, son récepteur, auxquels on ajoute éventuelle
ment, en s ' inspirant des théories de la communication de SHANNON
et WEAVER, le bruit ou le feed-back. Dans les années 50 et 60, la
Langage & société no 33 septembre 1985 - - 44
recherche sur le changement et le développement s'inscrivait pour
la plus grande part dans le champ défini par cette question, en
essayant de décrire comment un message était reçu, de qualifier
les situations favorables à la réception du message, et sa trans
formation en actes.
Le milieu social auquel appartient le récepteur n'est pas,
ou pas toujours, absent de ces analyses. Mais il n'est reconnu
et étudié que sous sa qualité de récepteur. En quelque sorte, les
individus qui le composent sont vus par l'observateur comme
organisés par et pour la réception du message. De là, outre
l'inévitable "leader", les hiérarchies directement issues de
l'entendement professoral, du "novateur" au "traînard" en passant
par 1' "adoptant précoce", le "suiveur retardataire", etc.. (E.
ROGERS 1983 en a établi une qui a servi de modèle aux variantes
diffusées dans les organisations de développement en France).
Le dépassement de cette problématique implique donc une
double critique, celle du "modèle linéaire" de la communication
(un émetteur, un canal, un récepteur), et celle du présupposé
selon lequel les agriculteurs, ou tout autre milieu social, n'ont
rien d'autre à faire que de recevoir des messages émis par des
gens dont c'est le métier, et qui sont pourvus de règles d'orga
nisation et de fonctionnement répondant principalement aux exi
gences de cette occupation.
Everett ROGERS( 1) , l'auteur déjà cité du classement hiérar
chique des agriculteurs, insiste plutôt aujourd'hui sur les
limites du "modèle linéaire", qu'il explore en particulier dans
un ouvrage paru en 1981, Communication Networks. Faisant l'histo
rique de ce modèle, il note que s'il a reçu plusieurs améliora
tions au cours des ans, il reste néanmoins fondé sur "une
séquence linéaire de l'acte de communication (...) impliquant une
source active cherchant à produire un effet sur un récepteur
passif" (1981:62). A partir de là, E. ROGERS constate qu'il
existe dans tout milieu social -des villages par exemple- une
organisation, et en particulier des réseaux de communication, en
quelque sorte préalables à la réception de messages d'origine
extérieure au milieu, et qui invitent à considérer le sort fait à
ces messages en relation avec les formes d'organisation de ce
milieu, et non comme une addition de phénomènes de réception
individuels .
Cependant, si l'on admet que le récepteur, individuel ou
collectif, n'est pas "passif", il reste à s'interroger sur la
nature, les conditions et les formes de son activité. Or, arrivé
à ce point, E.ROGERS continue de respecter les limites de l'ana
lyse imposées par le point de vue de l'émetteur: que devient le
message, comment est-il traité dans le groupe, quels effets
différenciés cela produit, selon la morphologie des réseaux, ou
selon la position des individus dans les réseaux. C'est à dire
que l'analyse des phénomènes de communication dans le réseau
( 1) Ne pas confondre avec le psychotérapeute Karl ROGERS, beaucoup plus connu
en France qu' Everett s comme inventeur de la "non-directivité" . - - 45
(i.e. dans le village décrit en termes de réseau de communi
cation) reste limitée à la circulation du message et aux influ
ences à son sujet, et qu'on en revient à une problématique d'ana
lyse de communication dans des villages supposés organisés pour
assurer, plus ou moins bien selon leurs disposition, la "diffu
sion des innovations" .
Cette difficulté à abandonner le "point de vue de l'émet
teur", pour se consacrer, sans présupposés sur sa nature, à
l'activité des sujets, est d'autant plus surpenante que ROGERS
déclare d'autre part fonder sa recherche sur ce qu'il désigne
sous le terme de "convergence", qui porte justement à considérer des sujets indépendemment des "messages" et de leur
traitement.
La convergence -que ROGERS associe au courant interaction-
niste et en particulier aux propositions de G. H. MEAD (1934) et
H. BLUMER (1969), selon lesquelles 1) les individus puisent le
sens dans les interactions avec d'autres et 2) ce sens est à la
base de toute action humaine- est une action collective entre
plusieurs personnes pour maintenir un niveau d'entente sur le
sens des mots suffisant pour pouvoir mener toute autre action
collective, "le procès de convergence implique qu'un but pré
existe à l'événement de communication. Quel

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