Une colonie inutile : Obock (1862-1888) - article ; n°29 ; vol.8, pg 32-47
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Description

Cahiers d'études africaines - Année 1968 - Volume 8 - Numéro 29 - Pages 32-47
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 116
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Henri Brunschwig
Une colonie inutile : Obock (1862-1888)
In: Cahiers d'études africaines. Vol. 8 N°29. 1968. pp. 32-47.
Citer ce document / Cite this document :
Brunschwig Henri. Une colonie inutile : Obock (1862-1888). In: Cahiers d'études africaines. Vol. 8 N°29. 1968. pp. 32-47.
doi : 10.3406/cea.1968.3123
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cea_0008-0055_1968_num_8_29_3123AFRICAINE HISTOIRE
HENRI BRUNSCHWIG
Une colonie inutile Obock
1862-1888
ACQUISITION DE LA COLONIE
est le traité du mars 1862 signé Paris par le ministre des
Affaires étrangères Thouvenel et le représentant des tribus danakyl
intéressées le sultan de Raïeta Diny Ahmet Abou-Bekr qui donne
le territoire Obock la France moyennant ooo thalaris soit
55 ooo francs payables en deux versements la ratification par les
chefs danakyl puis trois mois après la prise de possession
Le texte du traité ainsi que examen des négociations qui le précè
dent ne laissent cependant pas de surprendre Le texte en effet ne
limite pas arrière-pays de la côte cédée la France entre les caps
Ras Ali au sud et Ras Doumeirah au nord Et un article additionnel
prévoit que si Obock ne convient pas la France pourra occuper
plus au sud les ports rade et mouillage de Gubbet-Kharab ou tous
autres avec le territoire qui en dépend autre part la France
au moment où elle signe ce traité en possède dans ses archives un
autre il ne tiendrait elle de ratifier le traité Russel du
29 décembre 1859 par lequel le roi du Tigré Négoussié lui cède la
baie Adulis avec Zulla et île de Disse Ce site était beaucoup plus
intéressant que le désert Obock la rade meilleure et avenir plus
prometteur au débouché de la route Adoua La ratification en
été ajournée en 1860 par Thouvenel qui craignait au moment où la
France était engagée dans la guerre Italie de mécontenter Angle
terre par la prise de possession une escale aussi importante
Mais le capitaine de vaisseau Fleuriot de Langle qui négocié la
cession Obock au cours une mission en 1861 repris le traité
Russel dans un projet de janvier 1862 qui aurait donné la France
le contrôle de toute la côte depuis la baie Adulis au cap
Jaboutil sur la rive sud de la baie de Tadjoura eût été placer la UNE COLONIE INUTILE OBOCK 33
CARTE
Croquis après Russel 1860 Arch nat. SOM carton i9104 Nous avons
ajouté les îles Suba Obock Ras Ali Sagallo Gubbet-Kharab que ce document
ne mentionne pas.
France sur la côte africaine du détroit de Bab el-Mandeb dont Angle
terre contrôlait la côte arabe par Aden et Perim Rien aurait empêché
la réalisation de ce projet sauf le mécontentement des Anglais qui
auraient pu invoquer des droits acquis sur les îlots inoccupés de
Musha et de Bab On voit donc reparaître constamment la préoccupa
tion de ne pas inquiéter les Anglais et cela seul explique la limitation
par le ministre des Affaires étrangères des ambitions de son collègue
de la Marine Enfin on étonne du rapport du lieutenant de vais
seau Rousseau commandant Le Curieux lorsque trois mois après la HENRI BR NSCHWIG 34
prise de possession 12 mai) il paye la deuxième tranche de la
somme convenue Les chefs écrit-il le 12 août 1862 redoutent
surtout que la prise de possession de la France ne soit pas suivie
effets
De fait entre 1862 et 1881 aucun résident fran ais aucun parti
culier ne installe Obock La présence fran aise se limite aux appa
ritions irrégulières rares et éphémères de bâtiments de la division
navale de Océan Indien basée la Réunion telle par exemple celle
du Bruat commandé par le lieutenant de vaisseau Alquier Ce dernier
relâche trois jours Obock au cours une mission dans le golfe
Aden et note le 30 janvier 1870
Je suis resté trois jours dans notre possession Je ai vu pendant ce temps
une douzaine individus disséminés avec leurs troupeaux entre Ras el-Bir
et Obock Ils ont paru très pacinques et ont dit que le pays était très
tranquille Ils avaient nullement entendu dire il fût question de nous
contester notre territoire Les chefs se trouvaient alors de autre côté des
montagnes ainsi que toute la population Le terrain qui nous appartient est
ailleurs fréquenté que par des pasteurs en petit nombre la végétation et
eau étant rares..
Le matin de mon départ on volé le pavillon qui était hissé terre ...
Il avait été pris par une femme qui séduite par les couleurs avait voulu en
faire une robe Déjà on avait commencé le découdre mais il était cependant
pas trop abîmé..
Autant que je puisse me prononcer après un séjour aussi court je crois
un établissement formé Obock coûterait beaucoup argent et aurait bien
peu de chances de prospérité
Dans ces conditions on est amené se demander pourquoi la France
est intéressée ce pays déshérité et pourquoi ayant acquis elle
attendit vingt ans avant de installer
II POURQUOI OBOCK
intérêt témoigné par des Fran ais aux côtes de Abyssinie et
de la Mer Rouge remonte au règne de Louis-Philippe et les initiatives
partent de île Bourbon Nous ne pouvons ici retracer cette histoire
en détail indiquons seulement elle un aspect politique et un
aspect économique
Au point de vue politique le Gouverneur fran ais de île Bourbon
qui est un officier de marine élabore depuis 1837 des projets expan
sion destinés compenser la perte de île de France Maurice) cédée
Angleterre en 1815 et une fa on générale montrer le pavillon
fran ais partout où flotte anglais occupation de Nossy-Bé en 1841
celle de Mayotte en 1843 ont pas fourni escadre fran aise de
la mer des Indes la base modèle espérée Mais les marins sont toujours UNE COLONIE INUTILE OBOCK 35
favorables tous les projets expansion et presque toujours soutenus
Paris par le ministère de la Marine et des Colonies
Les Anglais ont occupé Aden en 1839 et Pe en 1857 Ils ont
acquis en 1840 des droits sur les îlots Musha Bab Eïvat sans
installer Leur politique dominée par la Compagnie des Indes expli
que par la décision prise en 1829 de créer une ligne de navigation
vapeur entre Angleterre et Inde par la Mer Rouge une route cara-
vanière puis une voie ferrée reliant Suez Alexandrie Mais comme
le souligne juste titre Marston la politique britannique sur la
route des Indes est un impérialisme passif Angleterre est tournée
vers la mer Elle contrôle la route crée les dépôts de charbon néces
saires mais évite soigneusement intervenir dans les arrière-pays
Elle ne veut pas se laisser entraîner dans les querelles entre tribus
musulmanes plus ou moins indépendantes de empire turc Ce dernier
en effet est théoriquement maître de toutes les côtes il est pratique
ment représenté par ses valis et ses pachas en Arabie et sur la côte
africaine Massaouah et Zeyiah Il empêche en 1840 la ratification
de la cession faite au lieutenant de vaisseau Théodore Lefèbvre de
la baie Anfila puis abandonne le contrôle de la côte africaine
Egypte partir de 1866
Les marins fran ais auraient borné leur action aux Mascareignes
et Madagascar si le facteur économique était pas intervenu Ce
dernier est représenté par le problème de la main-d uvre sur les
plantations avant et après abolition de esclavage en 1848 idée
de recruter des engagés sur les côtes de la Mer Rouge et en Abys-
sinie apparaît dès 1840 et les marins encouragent les missions explo
ration de Abyssinie dont les principales celles de Rochet Héricourt
des frères Abbadie de Théodore Lefèbvre et sur les côtes Afrique
et Arabie du capitaine de frégate Guillain se poursuivent entre 1841
et 1849 Les efforts de recrutement de Lefèbvre en particulier entre
1847 et 1849 échouent bien que le Conseil général de la Réunion ait
voté une subvention de 40 ooo francs pour introduction de 200 Abys
sins dans île Ces échecs en dernière analyse ne sont pas dus hosti
lité locale Rochet Héricourt signe en 1842 un traité politique et
commercial avec Haïlé-Salassié roi du Choa et les demandes de protec
torat se répètent sous le Second Empire mais la prudence du
Quai Orsay systématiquement hostile toute entreprise coloniale
susceptible de provoquer des complications diplomatiques
Reste aspect local extrêmement compliqué De petits potentats
contrôlent le commerce des caravanes avec le Choa au sud le Tigr

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