Stagnation, Régression, Reconversion : Les « Villes en déclin » de l espace allemand, 1600-1800 - article ; n°1 ; vol.8, pg 61-73
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Stagnation, Régression, Reconversion : Les « Villes en déclin » de l'espace allemand, 1600-1800 - article ; n°1 ; vol.8, pg 61-73

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Description

Histoire, économie et société - Année 1989 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 61-73
Abstract In the urban history of modern Germany decline is no rare development concerning more than half of the cities of more than 10 000 inhabitants in 1600. Nevertheless, the demographic decline corresponds with different realities as shown by opposing the demographic indicator and a panel of quantified indicators of cultural vitality. Analysing three particular cases (Durlach, Aachen, Augsburg) then allows the opposition of two types of cities : these paying for the maintenance of their niveau of population by accelerated economic and social decline with those who take the chances offered by the demographic decline for an economic restructuring while increasing quality.
Résumé Dans l'histoire urbaine de l'Allemagne moderne, le déclin n'est pas rare puisqu'il concerne près de la moitié des villes comptant au moins 10 000 habitants en 1600. Le déclin démographique correspond néanmoins à des réalités différentes, ainsi que le montre la confrontation de l'indicateur démographique à un ensemble d'indicateurs quantifiés de vitalité culturelle. L'analyse de trois cas particuliers (Durlach, Aix-la-Chapelle et Augsbourg) permet enfin d'opposer les villes payant le maintien de leur niveau de population d'un déclin économique et social accéléré, aux villes pour qui le déclin démographique est l'occasion d'une reconversion qualitative réussie.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 23
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Etienne François
Stagnation, Régression, Reconversion : Les « Villes en déclin »
de l'espace allemand, 1600-1800
In: Histoire, économie et société. 1989, 8e année, n°1. pp. 61-73.
Résumé Dans l'histoire urbaine de l'Allemagne moderne, le déclin n'est pas rare puisqu'il concerne près de la moitié des villes
comptant au moins 10 000 habitants en 1600. Le déclin démographique correspond néanmoins à des réalités différentes, ainsi
que le montre la confrontation de l'indicateur démographique à un ensemble d'indicateurs quantifiés de vitalité culturelle.
L'analyse de trois cas particuliers (Durlach, Aix-la-Chapelle et Augsbourg) permet enfin d'opposer les villes payant le maintien de
leur niveau de population d'un déclin économique et social accéléré, aux villes pour qui le déclin démographique est l'occasion
d'une reconversion qualitative réussie.
Abstract In the urban history of modern Germany decline is no rare development concerning more than half of the cities of more
than 10 000 inhabitants in 1600. Nevertheless, the demographic decline corresponds with different realities as shown by
opposing the demographic indicator and a panel of quantified indicators of cultural vitality. Analysing three particular cases
(Durlach, Aachen, Augsburg) then allows the opposition of two types of cities : these paying for the maintenance of their niveau of
population by accelerated economic and social decline with those who take the chances offered by the demographic decline for
an economic restructuring while increasing quality.
Citer ce document / Cite this document :
François Etienne. Stagnation, Régression, Reconversion : Les « Villes en déclin » de l'espace allemand, 1600-1800. In:
Histoire, économie et société. 1989, 8e année, n°1. pp. 61-73.
doi : 10.3406/hes.1989.1546
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1989_num_8_1_1546REGRESSION, RECONVERSION STAGNATION,
LES « VILLES EN DECLIN » DE L'ESPACE
ALLEMAND, 1600-1800*
par Etienne FRANÇOIS
Résumé
Dans l'histoire urbaine de l'Allemagne moderne, le déclin n'est pas rare puisqu'il concerne près de la
moitié des villes comptant au moins 10 000 habitants en 1600. Le déclin démographique correspond néan
moins à des réalités différentes, ainsi que le montre la confrontation de l'indicateur démographique à un en
semble d'indicateurs quantifiés de vitalité culturelle. L'analyse de trois cas particuliers (Durlach, Aix-la-Chap
elle et Augsbourg) permet enfin d'opposer les villes payant le maintien de leur niveau de population d'un
déclin économique et social accéléré, aux villes pour qui le déclin démographique est l'occasion d'une r
econversion qualitative réussie.
Abstract
In the urban history of modern Germany decline is no rare development concerning more than half of
the cities of more than 10 000 inhabitants in 1600. Nevertheless, the demographic decline corresponds
with different realities as shown by opposing the demographic indicator and a panel of quantified indicators
of cultural vitality. Analysing three particular cases (Durlach, Aachen, Augsburg) then allows the opposit
ion of two types of cities : these paying for the maintenance of their niveau of population by accelerated
economic and social decline with those who take the chances offered by the demographic decline for an eco
nomic restructuring while increasing quality.
Entre les deux grandes périodes de vitalité urbaine que furent d'un côté le Moyen
Age et de l'autre l'époque industrielle, l'époque moderne - si l'on en juge par les
comptages de H. Stoob sur les créations urbaines dans l'espace germanique1 - fait à
première vue figure de période d'atonie, et cette impression n'est assurément pas
étrangère au long désintérêt des historiens allemands pour une époque souvent
considérée comme une simple parenthèse de l'histoire urbaine de leur pays2. Mais si
les créations urbaines à l'époque moderne ont été peu nombreuses, le réseau urbain
1 Heinz Stoob, Forschungen zum Stâdtewesen in Europa, 1. 1, Râume, Formen und Schichten der mitteleuro-
pâischen Stâdte, Cologne/Vienne, 1970.
2 Voir à ce sujet, par exemple, les pertinentes observations de Franklin Kopitzsch, « Stadt und Burgertum in
Deutschland zwischen Reformation und Achtundvierziger Revolution : Bemerkungen zu einer gesellschafts-
chtlichen Forschungsaufgabe », in, ID., Grundzuge einer Sozialgeschichte der Aufklàrung in Hamburg und
Altona, Hambourg, 1982, pp. 33-56. HISTOIRE ECONOMIE ET SOCIETE 62
allemand n'en a pas moins subi plusieurs transformations notables : augmentation
sensible de la population urbaine et croissance de la taille des villes, transfert du centre
de gravité urbain de l'Empire en direction du Nord-Est, et surtout, dans une vision
volontairement simplifiée des choses, relève des «républiques marchandes» par les
«capitales politiques», soit un chassé-croisé entre deux types opposés de ville mod
ifiant la hiérarchie et les réseaux urbains allemands et affectant aussi bien les
structures démographiques et économiques, que les dimensions sociales et culturelles,
architecturales et urbanistiques de la réalité urbaine allemande3.
Les historiens sensibles à ces transformations internes des structures urbaines a
llemandes ont été en général plus attentifs aux manifestations de nouveauté et de crois
sance qu'aux faits de stagnation ou de déclin qui en sont l'inévitable contrepartie, se
contentant trop souvent à cet égard de jugements à l'emporte-pièce ou de condamnat
ions sommaires sur la « sclérose », Г « archaïsme » ou la « décadence » des villes
abandonnées par le mouvement de l'histoire4, ces « Kuhschnappel » tournées en ridi
cule par l'écrivain Jean-Paul (1763-1825) ou « folklorisées » par le peintre Spitzweg
(1805-1885), mais dans lesquelles l'historien américain Mack Walker voit, non sans
raisons, le type même de la « German Home Town »5. Quelle est l'importance numér
ique des villes ayant décliné ou régressé entre 1600 et 1800 ? Quelles sont leurs ca
ractéristiques communes et leurs différences internes ? A quoi correspond leur déclin
et quelles en ont été les conséquences ? Telles sont les questions auxquelles cet essai
voudrait apporter quelques éléments de réponse.
I - DANS UNE PESEE GLOBALE A BASE DEMOGRAPHIQUE : LE DECLIN COMME REALITE STRUCTU
RELLE ESSENTIELLE DE L'HISTOIRE URBAINE ALLEMANDE MODERNE
Deux séries statistiques reconstituées par Jan de Vries en annexe de son « European
Urbanization » serviront de point de départ à cette pesée globale6. Ces séries portent
sur les villes allemandes d'au moins dix mille habitants situées entre la frontière de
l'Empire dans son tracé de 1789 à l'Ouest, et une ligne allant de Kônigsberg à Trieste
en passant par Varsovie, à l'Est7. Complétées par mes soins pour les quelques don-
•* Je me permets de renvoyer sur ce point à mon article, « Des républiques marchandes aux capitales poli
tiques : remarques sur la hiérarchie urbaine du Saint-Empire à l'époque moderne », in : Revue d'Histoire
Moderne et Contemporaine 1978 (XXV), pp. 587-603.
Voir à titre de réaction contre le côté excessif de ces jugements globaux l'utile mise au point de Otto Borst,
« Die Kulturbedeutung der oberdeutschen Reischsstadt am Ende des alten Reiches », in Blatter fur deutsche
Landes geschichte 1964 (100), pp. 159-246.
5 Mack Walker, German Home Towns. Community, State and General Estate, 1648-1871, Ithaca, 1971.
" Han de Vries, European Urbanization 1500-1800, Londres 1984 ; spécialement « Appendix 1, The Data
Base », pp. 269-287. Malgré les réserves que l'on peut formuler sur tel ou tel chiffre proposé par J. de Vries
(mais qui pourra jamais garantir une parfaite fiabilité des chiffres de population urbaine pour l'Ancien Ré
gime !), sa base de données est de loin la meilleure actuellement disponible, et constitue de ce fait une réfé
rence indispensable.
' Ce qui explique en particulier l'absence des villes alsaciennes dans la liste des villes envisagées. « VILLES EN DECLIN » DE L'ESPACE ALLEMAND, 1600-1800 63 LES
nées manquantes8, ces séries permettent, par comparaison entre elles des données de
1600 et de 1800, de repérer les villes d'au moins dix mille habitants en 1600 aya

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