The Changeling, aboutissement de la thématique middletonienne - article ; n°1 ; vol.15, pg 69-85
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XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles - Année 1982 - Volume 15 - Numéro 1 - Pages 69-85
17 pages

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Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 27
Langue Français
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Extrait

Nadia J. Rigaud
The Changeling, aboutissement de la thématique
middletonienne
In: XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°15, 1982. pp. 69-85.
Citer ce document / Cite this document :
Rigaud Nadia J. The Changeling, aboutissement de la thématique middletonienne. In: XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études
anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°15, 1982. pp. 69-85.
doi : 10.3406/xvii.1982.2062
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xvii_0291-3798_1982_num_15_1_2062- - 69
THE CHANGELING,
ABOUTISSEMENT DE LA THEMATIQUE MIDDLETONIENNE
Avec son habituelle pénétration U. Ellis-Fermor avait remarqué que,
dans The Changeling, la tragédie naît de la destruction d'une noble nature.
"C'est la promesse d'une belle floraison qui est détruite" chez Béatrice
Par contre la critique récente a plus volontiers insisté sur l'aspect irres
ponsable et égoïste de la jeune fille, emboîtant ainsi le pas à une autre re-
marque de Ellis-Fermor où elle parlait de la vie d'enfant gâtée de Béatrice (2)
Mon intention est d'abord de montrer que le caractère "positif" de
telle qu'elle nous est présentée au début de la pièce entre dans une thémati
que middletonienne antérieure aux tragédies. J'exposerai ensuite comment le
choix catastrophique de la jeune fille et la dégradation qui s'ensuit sont des
notions qui intéressaient Middleton depuis longtemps. Je m'appuierai sur les
oeuvres composées par Middleton au milieu de sa carrière : les tragi-comédies
et les comédies qu'on peut appeler "romanesques" pour les distinguer des "City
Comedies" du début de sa vie d'auteur. Cette période, qui se situe approxima
tivement entre 1612 et 1620 est d'ordinaire assez négligée, injustement me
semble-t-il car, si les pièces écrites à cette époque sont moins parfaites
que les premières comédies et les tragédies ultimes, elles font preuve d'une
richesse d'invention et d'une profondeur de pensée attachantes. De toute façon
elles précèdent directement les tragédies et les cheminements de l'auteur s'y
révèlent.
Il est certes hasardeux d'appliquer à des tragédies des conclusions
fondées sur l'étude de comédies. Tragédies et comédies ont des fonctions dif
férentes qui rendent difficile la comparaison entre elles. C'est une des raisons - - 70
pour lesquelles j'ai évité d'appuyer cette étude sur les "City Comedies". La
Tragi-Comédie offre moins de difficulté. Toutefois j'ai fait usage de deux co
médies : More Dissemblers Besides Women et No Wit, No Help Like a Woman's. Le
choix de la première se justifie par le milieu aristocratique où l'intrigue se
déroule et la gravité du sujet ; la seconde, bien que mettant en scène des
gens de la "City", pose le problème sérieux de la transformation progressive
d'un individu. Du reste, Middleton, au lieu d'écrire simultanément tragédies
et comédies, n'est venu qu'à la fin de sa carrière à la Tragédie. Refuser la
comparaison avec ce qui n'est pas Tragédie reviendrait à ignorer délibérément
toute l'oeuvre antérieure, ce qui serait absurde. En fait il m'est apparu que
Middleton a graduellement rendu plus explicite la gravité des thèmes traités
dans ses premières pièces, sans en changer fondamentalement.
Au début de The Chancre ling, le point crucial est celui de la v e r s a-
tilité amoureuse de Béatrice. Fiancée depuis quelques jours à
Piracquo, la voilà qui s'éprend éperdument d'Alsemero. Il est vrai que, appa
remment, un renversement aussi soudain ne plaide pas en sa faveur. On peut la
traiter, et on n'y a pas manqué - de capricieuse dépourvue de maturité, d'é
goïste impulsive qui cède à ses attractions du moment . Pourtant, si nous
nous référons à plusieurs oeuvres antérieures de Middleton, nous nous aper
cevons que le dramaturge s'est gardé de condamner de tels revirements amoureux.
Même Aurélia, dans More Dissemblers Besides Women (c. 1615) (4) n'est pas trai
tée avec sévérité. Et cependant elle l'eût mérité. Cette jeune fille de bonne
noblesse, après avoir connu un amour partagé avec l'estimable Andruggio, "gé
néral de Milan", s'empresse de l'oublier au profit de Lactantio, pâle bellâtre
coureur de jupons. Elle accepte pourtant l'aide audacieuse d'Andruggio pour
échapper à un mariage odieux imposé par son père, et lui laisse croire qu'elle
l'aime toujours. C'est seulement lorsque Lactantio la rejette qu'elle se reprend
et s'offre à Andruggio ; et lui se hâte de l'épouser, sans être présenté comme
un niais ou un homme submergé par une passion aveuglante. La façon dont la
jeune fille s'adresse à Andruggio est remarquable. Elle lui dit calmement qu"'il
y a plus à espérer d'elle que d'une jeune fille qui n'a jamais commis de fau
te" ; et elle s'engage à être une épouse fidèle. En somme, loin de se repen
tir, elle considère ses errements comme une expérience utile qui lui a appris
à vivre. C'est d'ailleurs là une vision qui remonte aux premières pièces du - - 71
dramaturge. Il suffit de se rappeler comment les courtisanes de A Trick to
Catch the Old One et de A Mad World , My Masters deviennent des épouses fidèles,
sans attendre un âge propice au repentir, et en évitant les sanglots de The
Honest Whore. L'héroïne de A Trick. . . tient un langage qui annonce celui d'Au-
relia. Tout cela est sans doute très loin de Béatrice mais demeure symptomati-
que d'un certain état d'esprit : la reconnaissance du droit à l'erreur et donc
au changement. Mais enfin ces jeunes filles n'en sont pas moins dans l'erreur.
(G) Par contre avec No Wit, No Help... (1613 ?) l'inconstance amou
reuse acquiert une valeur pleinement positive. Lady Goldenfleece, veuve richis
sime d'un homme d'affaires plus ou moins usurier avec lequel elle a étroitement
collaboré, est prête à épouser un de ses soupirants qui lui semble sérieux et
qui l'a longtemps courtisée. Mais elle s'éprend d'un jeune homme dont le charme
la touche. Il se trouve que ce jeune homme est en réalité une jeune femme dé
guisée, et c'est finalement le frère de celle-ci, voyageur savant et peu fortuné,
avec qui elle se marie. Avec lui elle découvre un amour authentique qui l'ouvre
à la générosité sous toutes ses formes. La progression est claire. Lady Golden
fleece s'est d'abord mariée suivant la volonté parentale ; après son veuvage
elle est de nouveau disposée à considérer le mariage comme une obligation so
ciale qui ne demande pas d'élans du coeur ni du corps. Avec la jeune femme dé
guisée elle connaît un émoi sensuel, elle éprouve le choc brutal de la beauté
qui lui permet de dépasser ce premier stade de convenances financières. Enfin
elle monte, avec le jeune intellectuel au plan supérieur de l'accord des es
prits. On retrouve là un thème proprement platonicien. Chacun de ces passages
s'accomplit brusquement, sous le coup d'un engagement de l'être qui se hausse
soudain à un niveau supérieur. Middleton était sans doute très conscient, comme
le sera Pascal, qu'il y a solution de continuité entre les différents "ordres"
d'existence et que le bond de l'un à l'autre ne se peut opérer que sous le coup
d'une illumination qui prend des allures d'évidence.
Middleton propose un autre exemple analogue dans More Dissemblers...
avec la Duchesse de Milan. Il est probable que No Wit, No Help... précède More
Dissemblers. . . . Malheureusement il est très difficile de dater avec précision
- relativement ou absolument - les oeuvres du dramaturge. Si donc, dans More . . , Aurélia présente une inconstance que l'auteur refuse de condam
ner, la Duchesse est, elle, valorisée positivement. Veuve depuis sept ans après
avoir juré à son mari qu'elle ne se remarierait pas, elle vit recluse dans son
palais. Le Cardinal, dont elle est le "triomphe religieux", la pousse à sortir - - 72
de sa retraite pour éprouver sa force. Las !, à peine a-t-elle vu le beau gé

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