Un manuscrit interpolé de la Chronique scandaleuse [troisième article]. - article ; n°1 ; vol.17, pg 242-267
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1856 - Volume 17 - Numéro 1 - Pages 242-267
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1856
Nombre de lectures 11
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jules Quicherat
Un manuscrit interpolé de la Chronique scandaleuse [troisième
article].
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1856, tome 17. pp. 242-267.
Citer ce document / Cite this document :
Quicherat Jules. Un manuscrit interpolé de la Chronique scandaleuse [troisième article]. In: Bibliothèque de l'école des chartes.
1856, tome 17. pp. 242-267.
doi : 10.3406/bec.1856.445392
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1856_num_17_1_445392UN MANUSCRIT INTERPOLÉ
DE LÀ
CHRONIQUE SCANDALEUSE
Course du duc de Bourgogne dans la haute Normandie.
Et le mercredi, vingt-neuviesme jour de juillet œil quatre cent so
ixante-douze, monseigneur le contestable, monseigneur le grant mais-
tre et autres capitaines qui estoient dedans Beauvais, acompaignez de
huit cens lances, se partirent dudit lieu pour eulx tyrer au pays de
Caulx vers Arques et Montivillier, pour estre audevant desditz Bour
guignons qu'ilz supposoient qu'ilz y dévoient aller mettre et asseoir
leur parc.
Ce que firent lesditz Bourguignons; et allèrent mettre et asseoir
ledit parc entre la place d'Eu et Dieppe, en ung viliaige nomme Fer-
rières; etillec depuis séjournèrent bien grant espasse sans riens con
quérir, sinon le Neufchastel de Nycourt où il ne trouvèrent aucun
qui les contresdist, et y furent par l'espace de trois jours; puis s'en
allèrent, et au partir boutèrent le feu et brûlèrent la ville et le
chastel2.
Et pendant qu'ilz estoient en leur dit parc au moys d'aoust, mons
eigneur le connestable escripvit unes Iettrez à monseigneur le grant
maistre, donc la teneur s'ensuit :
« Monseigneur le grand maistre, je me recommande à vous. J'ay
veu vos Iettrez que m'avez envoyées de ce soir, contenantz que, se les
Bourguignons marchent plus avant que là où ilz sont, votre oppinion
est que doys aller à Rouen ; et s'il n'est ainsi que lesditz Bourguignons
marchent plus avant, que vous face sçavoir se auray point mué la
conclusion qui a esté prinse ce jourduy et qui sera à faire.
« Monseigneur le grant maistre, à ce soir a esté prins ung Bour
guignon à Dieppe, qui a dit que monseigneur de Bourgoigne doit en
voyer demain courir devant Arques et laditte ville de Dieppe, et les
1. Voyez le tome I de la 4e série, pages 231 et 412.
2. Tout ce paragraphe est dans la Chronique scandaleuse, à quelques légères dif-
férencÉS près. 243
faire sommer, après s'en retourner : pour quoy me semble qu'il vaul-
droit mieulx attendre ledit jour de demain jusques après boire, dedans
laquelle heure aucuns de mes gens que j'ay sur les champs pourraient
estre retournez devers moy, et vous feray sçavoir ce qu'ilz m'auront
rapporté et ce qu'il sera à faire.
« Monseigneur le grant maistre, Nostre Seigneur soit garde de vous.
Escript à Longueville, ce vingtièsme jour du moys d'aoust. »
Et ledit duc de Bourgoigne estant audit pays, fist brûler la ville
d'Arqués, et après fist brûler et bouter le feu à Longueville, au Fay
et à autres plusieurs lieux, villaiges et places dudit pays de Gaulx.
Duquel lieu du Fay estoient partiz monseigneur le connestable et le
conte de Dampmartin, grant maistre de France, pour ce qu'ils furent
advertiz- par aucuns Bourguignons prins cedit jour par Robert de
Balsac, seneschal d'Agenoys, nepveu dudit grand maistre, que le duc
avoit fait partir ce jour de son ost huyt cens hommes d'armes et dix
mil hommes à pié avec soixante pièces d'artillerie , comme disoient
lesditz prisonniers. Pour lesquelles nouvelles lesditz connestable et
grant maistre se misrent en armes et se gettèrent aux champs pour
recueillir lesditz Bourguignons, lesquelz s'estoient arrestez audit Long
ueville, pour le brûler et prandre le chasteau; ce qu'ilz ne peurent
faire. Eten mettant lesditz feux, ledit grant maistre estoit armé de
de toutes pièces, monté sur ung coursier baiart moucheté de blanc,
nommé Nerbonne, pour ce que le seigneur de Nerbonne luy avoit
donné, comme on disoit1. Et à ceste mesme heure list sortir dudit
Fay, où icely grant maistre avait prins son logis pour la nuyt, ung
nommé messire Guérin le Grouin, son lieutenant, qui depuis fut bailly
de Saint-Pierre-le-Moustier (et estoit bien digne d'avoir mfeufx'),
accompaigné de quinze hommes d'armes des siens sans plus, pour veoir
quel nombre d'ennemys estoient audit Longueville et pour sçavoir de
leur intencion. Mais pour ce qu'il tardoit ung peu à venir, ledit grant
maistre se getta hors de la bataille où estoit ledit connestable, et
monta sur ung tartre qui estoit entre la bataille et celle desditz Bour
guignons, afin de cungnoistre leur couvyne; lesquelz ennemys i! veoit:
cièrement départir et mettre en deux bandes, c'est assavoir l'une
pour les venir enclore, et l'autre pour venir droit àeulx. Puis se retira
tout le bas, à la bataille où estoit ledit connestable, n'ayant sur soy
autre chose sinon que son harnois tout creu. Et alors ledit Guérin le
Groing,qui estoit allé chevaulchier lesditz ennemys fut rembarré
1. Jean de Foix, vicomte de Narbonne.
1G. 244
avec lesditz quinze hommes d'armes et trente archiérs qu'il avoit
menez, par deffaulte de puissance et non pas de cueur qui fust failli
en luy, mais pour ce qu'il estoit chargé de quatre enseignes^ accom-
paigné de cent ou six vingtz hommes d'armes, lesquelz les ramenoient
bien rudement en criant sur ledit Guérin le Grouing : à Tousse! à
l'ousse* ! Et estoit ledit leGroing sur ung cheval d'Espaigne, couvert
donne housseure bleue découppée, et par dessus icelle housseure avoit
une grand croix blanche, et tenoit en sa main une courte javeline qui
avoit la hampe de plain poing.
Et bien apparut au départir qu'il s'estoit trouvé là où les coups se
donnoient, comme il pouvoit apparoir à sa ditte javeline aux ensei
gnes qu'elle portoit. Et devés sçavoir qu'il fut très fort pressé desditz
Bourguignons, et mesmement par ung nommé le seigneur de Varem-
bon : de quoy il despleut audit Guérin le Groing, et se tourna sur luy
et lui bailla une telle saignée soubz le bras au dessoubz du croissant,
que trois jours après il n'eust sceu raconter les nouvelles de ce monde.
Et à la ditte chasse furent abatus et rués par terre trois des hommes
d'armes dudit grant maistre, donc il en fut tué les deux, l'un nommé
Rampont, et l'autre Fremon de Losz2, natif de Limosin, qui estoit très
bon et hardi homme d'armes, et le tiers nommé Regnault Guillaume,
qui fut fort navré sans mourir, lequel ledit grant maistre fist lever
du champ et porter à Rouen, où il le fist penser et guérir. Et n'eust
esté que ledit grant maistre se trouva ou chemin par où lesditz enne-
mys ramenoient ledit Guérin le Groing et ses ditz hommes d'armes,
ils eussent eu beaucoup à besoingner. Mais il fist retourner si peu de
gens qu'il avoit si vertueusement l'espée au poing sur lesditz ennemys,
que iceulx ennemys se arrestoient sur le cul, et y en eut jusques au
nombre de dix ou douze hommes d'armes Bourguignons occis et tuez,
et plusieurs autres blessés, portés et menez en leur camp, excepté ung
cranequinier que son cheval emporta jusques à la bataille; ne sçay se
ce fut de son bon vouloir ou non, mais illec fina ses jours.
Et adonc le dit grant maistre qui avoit de coustume mener la ba
taille pour ce qu'il estoit lieutenant du roy en l'absence du connestable,
fors et réservé quand ledit connestable y estoit, vint [vers] icelluy
connestable et l'advertist du nombre de gens qu'estoient lesditz enne
mys, ainsi que le dit prisonnier l'avoit raporté, et aussi de ce qu'il
avoit veuà l'œul, en l'advertissant qu'il les avoit veu mettre en deux
1. C'est-à-dire à la housse.
2. Peut-être Lonzac. 245
bandes, et que avant qu'ilz se fussent rassemblez, il estoit temps de
donner dessus eulx; qui avoit vouloir de les deffaire. A quoy luy fut
respondu par ledit connestable que, veu le rapport des dit/ prisonniers
qui disoient lesditz Bourguignons estre en nombre huit cens hommes
d^armes et dix mil hommes de pied et cinquante pièces d'artillerie,
que c'estoit trop pour eulx, et que ce seroit une viande qui leur seroit
forte à digérer, attendu le petit nombre de gens d'armes qu'ilz estoient;
car il avoit envoyé le jour de devant deux cens hommes d'armes
dedans la ville de Dieppe, pour ce qu'il estoit nouvelles que le duc de
Bourgogne les vouloit assiéger, lequel logé à une lieue près.

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