Un nouveau document linguistique du Gévaudan.  - article ; n°1 ; vol.118, pg 37-50
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1960 - Volume 118 - Numéro 1 - Pages 37-50
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Clovis Brunel
Un nouveau document linguistique du Gévaudan.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1960, tome 118. pp. 37-50.
Citer ce document / Cite this document :
Brunel Clovis. Un nouveau document linguistique du Gévaudan. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1960, tome 118. pp. 37-
50.
doi : 10.3406/bec.1960.449595
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1960_num_118_1_449595•' т-- °о?г
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UN NOUVEAU DOCUMENT LINGUISTIQUE
DU GÉVAUDAN
CENSIER DE SEIGNEURS DE PEYRE AU XIIe SIÈCLE
Sous la cote J 304, n° 112, des Archives nationales est
transmis un cahier de quatre doubles feuillets de parchemin
autrefois cousus. C'est un morceau de livre dépecé qui mes
urait dix-neuf centimètres de hauteur et treize de largeur.
Bien formée, l'écriture pourrait remonter à la première moit
ié du хие siècle. Les initiales des chapitres ont été tracées
au pinceau, en grandes lettres noires qui n'ont pas toutes
été ajoutées dans l'espace réservé à leur emploi. Il est à
croire que nous sommes devant un élément de cartulaire.
Sont conservées deux pièces appelées brève, un censier suivi
d'un mandement. Elles ne portent aucune date.
Par suite, admettra-t-on volontiers, de l'origine du fonds
d'archives qui le contenait, notre fragment fut au xvne siècle
rangé par Pierre Dupuy dans la layette Toulouse II du Tré
sor des chartes. L'attribution consacrée conduisit Alexandre
Teulet1 à reconnaître un évêque de Toulouse du xne siècle
dans l'évêque Raimundus cité au cours de la seconde pièce.
Il est question en réalité d'un évêque de Mende qui vécut
un siècle plus tôt. A l'occasion de l'étude consacrée ici même
au mandement2 a été annoncée l'édition éventuelle du cens
ier. La voici.
On lit une liste des rentes attribuées à Girbertus et son
frère par le partage des biens de leur aïeul Ricardus. Les
lieux cités se groupent au centre et à l'ouest du pays de
Gévaudan, sur le versant oriental du massif de l'Aubrac,
1. Layettes du Trésor des chartes, t. I (Paris, 1863), p. 92, n° 201.
2. C. Brunei, Les juges de la paix en Gévaudan au milieu du XIe s., dans
Bibl. de l'Éc. des chartes, t. CIX (1951), p. 3-12. CLOVIS BRUNEL 38
entre les rivières du Lot et de la Truyère, dans le départe
ment de la Lozère et la sous-préfecture de Marvejols. Là
s'étendait la baronnie de Peyre, dont perpétue notamment
le souvenir le nom de la commune de Saint- Sauveur- de-
Peyre, siège d'ancien château1.
Les noms de Richart et de Girbert apparaissent, d'autre
part, dans la lignée des seigneurs du хие siècle intitulés de
Petra. Ne sont pas rencontrés pour autant les personnages
dont la mention vient d'être découverte. Les rapports de
parenté ne sont pas, en effet, ceux qui sont exigés. De mêmes
noms ont été portés par divers membres d'une même famille
dont les filiations ne sont pas connues à date si lointaine2.
Nous laisserons aux historiens le soin de tirer un plein
parti des faits économiques et sociaux indiqués par un censier
de seigneurie laïque, témoignage assez rare au xne siècle3.
Voyons, sans plus, comment ils sont présentés.
Neuf parties apparaissent, consacrées à six divisions do
maniales (menesteirs), deux fiefs (onors) et une viguerie (ve-
garia).
Le ministerium de Bernart (I) comprend cinquante-six
mas dont un capmas. Le révenu est de quarante-deux porcs,
trente-deux moutons et quatorze mesures d'annone. Les r
edevances en céréale proviennent spécialement de dix-sept
mas qui sont des tavernes, une pour trois mas. Ce rapport
surprend, mais il peut s'expliquer. La seigneurie entoure, en
effet, le village de Javols, ancienne capitale de la civitas Ga-
balorum. Elle est traversée entre le Puy et Rodez par la
voie romaine, via Agrippa, qui mène de Lyon à Toulouse4.
On imagine que les voyageurs devaient pouvoir trouver fac
ilement des lieux de gîte et de réfection. On n'imagine pas
moins qu'il y ait eu profit pour le seigneur à multiplier ces
stations.
1 . Cf. Dr B. P[runières], L'ancienne baronnie de Peyre, dans Bulletin de la
Société d'agriculture... de la Lozère, t. XVIII2 (1866), p. 159-361.
2. Cf. C. Brunei, ouvr. cité, p. 6, n. 1.
3. Disons simplement le profit à retirer de censiers appartenant à des régions
voisines de la nôtre. Cf. G. Fournier, La seigneurie en Basse- Auvergne aux
XIe et XIIй s., dans Mélanges d'histoire du Moyen Age Louis Halphen (Paris,
1951), p. 239-245.
4. Voir notamment J. Bouret, Dictionnaire géographique de la Lozère (Mende,
1852), p. 21. DOCUMENT LINGUISTIQUE DU GÉVAUDAN 39
Le menesteir de Lambert (II) comprend quatre-vingt-onze
mas dont six capmas, un demi-mas, quatre apendaries1 et
la commande d'une vila.
Le menesteir de Gitbert de Saint-Germain (III) comprend
quatre-vingt-quatorze mas dont trois capmas, et deux apend
aries. Le revenu est de quarante porcs et cinquante-sept
moutons. On compte trente-et-une tavernes, une pour trois
mas.
Le menesteir d'Odo Buscha(IV) comprend cent vingt-deux
mas dont six capmas. Revenu : quatre-vingt-deux porcs et
cent trente-huit moutons. Tavernes au nombre de huit, une
pour dix-sept mas.
Recensés l'un après l'autre dans un même chapitre, le
menesteir et la viguerie, tous deux confiés solidairement à
Ermengau et à Esteve (V), réunissent cent douze mas. Re
venu : quatre-vingts porcs, quarante-sept moutons, dix-sept
mesures et demie de grain pour taverne, deux sous quatre
deniers de « sommage » et seize deniers de provenance i
ndéterminée.
Uonor de Vong et Gaitnac acquis du vicomte Raimon (VI)
comprend cinquante-neuf mas.
Uonor d'Alquier de Mellanch (VII) comprend dix mas,
huit vilas, deux castels, deux églises, une vigne et cinq alleux.
Le menesteir de Ricardus Arlan (VIII) comporte trente-
sept lieux de rentes constituées en porcs, ovins (oves, agni,
molto2, prim)3, céréale (civada*, ordi), pièces de viande (os~
sum5, spatula), pain, vin, hébergement, repas et monnaie
(poges).
1 . Sur le mot apendaria, voir en dernier lieu M. Pfister, Beitrâge zur altpro-
çenzalischen Lexikologie, I, dans Vox romanica, t. XVIII (1960), p. 268.
2. La forme ordinaire du censier est molto, molton, mais on lit avec sûreté
mouton IX11. Cf. Du Cange multo (« certe Picardi montons dicunt ») et italien
montone. Même traitement français de la consonne l relevé dans P. Gardette,
Atlas linguistique et ethnographique du Lyonnais (Paris, 1952), au mot mouton,
et par G. Straka, Contribution à l'étude du vocabulaire du parler franco-pro
vençal de Saint-Êtienne (Loire), dans Zeitschrift fur romanische Philologie,
t. LXXIV (1958), p. 132.
3. Sans doute « mouton de première tonte ».
4. Le mot cioada est, dans notre texte, opposé à avena aussi bien qu'à ordi.
Le sens ne peut se déterminer avec précision.
5. Le sens est celui de « jambon ». Cf. C. Brunei, Les plus anciennes chartes
en langue provençale. Supplément (Paris, 1952), Glossaire. •
CLOVIS BRUNEL 40
La viguerie de Guirbert de Saint-Germain (IX), agent déjà
cité comme ministerialist comprend quarante-neuf mas dont
un capmas, deux tavernes, un moulin. Revenu : porcs, ovins
(molto, prim, captai1), céréale (froment, seigle, avoine, ci-
çada), poule, pièces de viande, pain, vin et deniers pour
vacatgue.
Est à remarquer que le montant de la redevance n'est pas
toujours relevé à côté de son assiette. Sont mises bout à
bout, semble-t-il, des déclarations fourmes par les représen
tants de la seigneurie, les régisseurs ou les gérants, dirions-
nous, qui n'ont pas répondu avec égale aisance à l'enquête
instituée. Notons encore que des lieux de même nom figurent
dans diverses attributions d'offices. Il peut certes être ques
tion de lieux différents, car les appellations sont assez ba
nales, mais il reste loisible d'admettre que des mas formant
un seul groupe aient été donnés en charge à des ministeriales
différents.
C'est avant tout à cause de la langue vulgaire dont il use
que le fragment identifié au Trésor des chartes retient au
jourd'hui une nouvelle attention. Connu plus tôt, il aurait
pris place entre nos

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