Un statut pour les oiseaux de cage ? - article ; n°1 ; vol.76, pg 127-145
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Description

Communications - Année 2004 - Volume 76 - Numéro 1 - Pages 127-145
Ni de compagnie ni de rapport, l'oiseau détenu, puis élevé, est fabriqué, « cultivé » suivant des normes et des « modes » qui évoluent au fil des ans en fonction des standards établis. Loin d'être sauvage, l'oiseau « de cage » est originaire de la cage (comme on est originaire d'un pays). Après s'en être éloignés, les standards actuels tendent à se rapprocher de l'oiseau vivant en état de liberté naturelle. Seraient-ce les prémices « très tendance » d'une nouvelle évolution de l'activité vers un « re-bricolage de la nature » ?
The bird which lives in a cage is neither a pet nor an animal of production, he is educated, made, cultivated according to norms that evolue constantly. Not wild, the caged bird comes from the cage (as we are from somewhere). For years, the caged bird did not look like the bird living in wilderness. Actually, this is changing; that is the reason why standards (of caged birds) look much more like the profile of bird out of cage. Is this new trend the beginning of a new evolution of this activity to re-create nature ?
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 65
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mme Eliane Del Col
Un statut pour les oiseaux de cage ?
In: Communications, 76, 2004. pp. 127-145.
Résumé
Ni de compagnie ni de rapport, l'oiseau détenu, puis élevé, est fabriqué, « cultivé » suivant des normes et des « modes » qui
évoluent au fil des ans en fonction des standards établis. Loin d'être sauvage, l'oiseau « de cage » est originaire de la cage
(comme on est originaire d'un pays). Après s'en être éloignés, les standards actuels tendent à se rapprocher de l'oiseau vivant
en état de liberté naturelle. Seraient-ce les prémices « très tendance » d'une nouvelle évolution de l'activité vers un « re-bricolage
de la nature » ?
Abstract
The bird which lives in a cage is neither a pet nor an animal of production, he is educated, made, cultivated according to norms
that evolue constantly. Not wild, the caged bird comes from the cage (as we are from somewhere). For years, the caged bird did
not look like the bird living in wilderness. Actually, this is changing; that is the reason why standards (of caged birds) look much
more like the profile of bird out of cage. Is this new trend the beginning of a new evolution of this activity to re-create nature ?
Citer ce document / Cite this document :
Del Col Eliane. Un statut pour les oiseaux de cage ?. In: Communications, 76, 2004. pp. 127-145.
doi : 10.3406/comm.2004.2162
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_2004_num_76_1_2162Éliane Del Col
« Un animal à façon » :
un statut pour les oiseaux de cage 1 ?
oiseau N'oublions qui construit pas le Goofus son nid Bird, à l'envers
et qui vole en arrière, -
car il ne se soucie pas de savoir
où il va, mais d'où il vient:
Jorge Luis Borges 2
La mise en cage d'un oiseau pris dans la nature, pratique ancienne et
courante, devient aujourd'hui l'occasion d'interroger nos rapports à la
nature. Tel qu'il est pratiqué actuellement par des éleveurs amateurs,
l'élevage d'oiseaux de cage n'entre ni dans la sphère des éleveurs mar
chands, dont l'activité commerciale vise à approvisionner le marché en
oiseaux de compagnie, ni dans la sphère des détenteurs d'oiseaux en cage,
soucieux de se trouver un animal « de compagnie » ou d'agrément comme
celui que l'on voyait, il y a encore quelques années; dans les loges des
gardiennes d'immeuble?. L'oiseau de cage est < le produit d'une passion:
un objet vivant élevé à gré; « travaillé »; adapté par des savoir-faire empir
iques. Cet oiseau ne répond à aucun critère habituellement employé pour
qualifier un animal pris en. charge par l'homme. Au terme « élevé », qui,
dans le domaine animalier, correspond davantage à la qualification d'une
production; les éleveurs- préfèrent celui de «cultivé », qui rend mieux
compte de la singularité de cette activité qui implique un « re-bricolage de
la nature4 >v soit la sélection; et la fixation des mutations nouvelles et
enfin, depuis ces vingt dernières. années, la conservation des souches
mères et des espèces en voie de disparition. Mais comment qualifier ces
oiseaux,- classés « espèces non domestiques » par l'administration,- dont
certains bénéficient d'un statut d'espèces protégées? Comment sont-ils
perçus par les adeptes de cette pratique d'élevage d'oiseaux. de cage, en
attente de qualification ?.
127 Éliane Del Col
L'élevage des oiseaux: construction d'un passe-temps.
Aristocratique, puis bourgeoise, mais toujours féminine jusqu'au milieu
du XIXe siècle, la détention d'oiseaux (essentiellement des espèces exo
tiques rapportées à l'occasion de voyages) devient progressivement une
activité masculine. Élevé dans les couches populaires de la société,
notamment dans le nord de la France, en Belgique comme en Allemagne,
le canari est utilisé par les mineurs pour détecter les coups de grisou tan
dis que les tisserands l'installent dans leurs ateliers pour que son chant
couvre le bruit des métiers à tisser.
Dès la fin du XIXe siècle, avec l'introduction de ces oiseaux « venus
d'ailleurs », les premières sociétés d'éleveurs amateurs voient le jour. Le
serin-canari inaugure le passage de la détention précaire à la reproduction
contrôlée. Son implantation massive fait souche dans les milieux popul
aires (qui l'élèvent pour son chant, sa forme, sa couleur, ou encore sa pos
ture). Les classes moyennes et supérieures (agents de maîtrise, cadres et
professions libérales) lui préfèrent l'oiseau exotique, réputé difficile à éle
ver. À partir des années 1950, l'importation des oiseaux exotiques (comme
les roselins du Mexique, les tarins des aulnes, les diamants de Papouasie
ou encore les verdiers de l'Himalaya) et la vulgarisation des savoirs sur
les lois élémentaires de- la génétique de Mèndel ouvrent un nouveau
champ d'expérimentation pour les éleveurs.
Le dénichage 5 est à l'origine de la détention des oiseaux (on capturait
des oiseaux indigènes pour les mettre dans une cage), notamment pour les
éleveurs de plus de cinquante ans, pour qui les. premiers oiseaux élevés
furent des oiseaux indigènes, capturés : le père, ou plutôt le grand-père,
apprenait à l'enfant non seulement à dénicher les oiseaux mais aussi à
les reconnaître dans la nature et- à les faire couver, artificiellement pour
les garder dans une volière ou une cage. Le contexte est différent à partir
des années 1950 : les oiseaux de cage les plus courants (canaris et per
ruches) et les oiseaux exotiques sont largement commercialisés, mais l'in
itiation se fait toujours dans le contexte familial. Depuis les années 1990,
la législation française (et européenne) n'autorise plus la capture ni la
détention des oiseaux indigènes, en particulier lorsqu'il s'agit d'espèces
protégées (comme le chardonneret ou le bouvreuil, par exemple).
La fin de la Seconde Guerre mondiale voit la création de structures
nationales qui fédèrent des associations locales (1955) et la multiplication
des structures associatives, permettant ainsi aux éleveurs de partager leur
pratique et de comparer les produits de leur élevage en organisant des
concours. L'Union ornithologique. de France 6-Confédération ornitholo-
gique mondiale (UOF-COM) est aujourd'hui la plus importante des quatre
128 Un statut pour les oiseaux de cage ?
fédérations nationales existantes, et l'unique représentante pour la France
auprès de la Confédération ornithologique mondiale, qui regroupe des
pays majoritairement européens et latino-américains.- Cette fédération
organise les concours (nationaux et internationaux), participe à la défini
tion de leurs règles de fonctionnement, à la formation des juges et à l'ét
ablissement des standards (nous y reviendrons) autour desquels s'organi
sent les élevages.
Un contexte aux contours flous.
La pratique d'élevage amateur d'oiseaux de cage ne relève d'aucune
tutelle administrative. Depuis la fin des années 1980, la Direction de la pro
tection de la nature (DPN) du ministère de l'Environnement s'y intéresse de
près car plusieurs oiseaux inscrits sur la liste des espèces protégées sont
élevés par des amateurs ; en revanche, les espèces non protégées n'entrent
pas dans ses préoccupations. La loi française relative à la protection de la
nature (n° 76/629) et les textes réglementaires qui suivirent (1977, 1979,
1981) prévoient des mesures de protection des espèces (une liste d'oi
seaux d'espèces protégées sur l'ensemble du territoire, complétée par une
liste d'oiseaux spécifique pour la Martinique et la Guadeloupe) et des
mesures de réglementation des établissements hébergeant des animaux
non domestiques. En 1989, le Code rural (articles L211-1 et L211-2) ment
ionne la possibilité d'interdire « la mutilation, la capture, la naturalisat
ion, le transport (vivantes ou mortes), la vente et l'achat des espèces pro
tégées, la destruction et l'enlèvement des œufs et des nids ». À la suite
d'une modification des textes, en janvier 1995, la détention s'ajoute aux
activités susceptibles d

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