Une lettre sur plomb de Berezan  : colonisation et modes de contact dans le Pont - article ; n°1 ; vol.1, pg 111-187
78 pages
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Une lettre sur plomb de Berezan' : colonisation et modes de contact dans le Pont - article ; n°1 ; vol.1, pg 111-187

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Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1974 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 111-187
77 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Monsieur Benedetto Bravo
Une lettre sur plomb de Berezan' : colonisation et modes de
contact dans le Pont
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 1, 1974. pp. 111-187.
Citer ce document / Cite this document :
Bravo Benedetto. Une lettre sur plomb de Berezan' : colonisation et modes de contact dans le Pont. In: Dialogues d'histoire
ancienne. Vol. 1, 1974. pp. 111-187.
doi : 10.3406/dha.1974.1370
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1974_num_1_1_1370LETTRE SUR PLOMB DE BEREZAN' : COLONISATION ET MODES UNE
DE CONTACT DANS LE PONT
Dans le Vestnik Drevnej Istorii, 1971, fasc. 4 (118), p. 74-100, sous le
titre «Drevnejsee greceskoe pis'mo s ostrova Berezan'» («La plus ancienne
lettre grecque provenant de l'île de Berezan'»), Jurij GermanoviČ Vinogradov
a publié un texte extrêmement intéressant, découvert par lui-même en 1970.
Il s'agit d'une lettre privée en ionien, écrite sur une lamelle de plomb, entièr
ement conservée. Selon l'éditeur ^ elle serait datable de la seconde moitié du Vie
siècle, ou, au plus tard, de la fin du Vie siècle ante Christum. Comme on le ver
ra, les arguments sur lesquels il fonde cette datation ne sont pas solides. Il se
peut que la lettre soit un peu plus récente. En tout cas, cependant, il est im
probable qu'elle soit postérieure au milieu du Ve siècle a. C. Elle est donc la
plus ancienne lettre grecque conservée dans l'original.
L'île de Berezan \ où le texte a été trouvé - une très petite île (1) située
à 1500 mètres de la côte ukrainienne, à une dizaine de kilomètres à l'ouest de
l'embouchure du «liman» du Dniepr et du Boug - fut le siège du plus ancien
établissement grec d'une certaine importance dans le Pont-Euxin septentrion
al. Fondé au milieu ou dans le dernier tiers du Vile siècle, cet établissement
atteignit son développement économique maximal au Ve et peut-être dans la
première moitié du We siècle, sans jamais dépasser un niveau assez modeste ;
plus tard, il commença à déchoir, et entre la fin du Ille et le début du Ile siècle
il s'éteignit tout à fait (2). Dans un article que je compte publier ailleurs, je
soutiendrai - contre la «communis opinio» - que l'établissement en question a
été à l'origine le centre d'une polis indépendante (3), et je tenterai de reconst
ituer hypothétiquement les rapports entre celle-ci et la ville de la rive droite
du Boug. c'çst-à-dire Borysthenès ou Olbia. Je résume ici, en les simplifiant,
mes hypothèses : lorsque la ville de la rive droite du Boug (la ville de Borys
thenès) s'est formée (d'après ce qu'A. W§sowicz m'a communiqué de ses résul
tats, cette ville n'est saisissable en tant que ville que dans la seconde moitié
du Vie siècle), elle a pu faire partie du territoire de la cité ayant son centre
dans la petite ville de l'île de Berezan ', ou bien être une cité indépendante.
Dans le premier cas, il y a eu, au cours de la seconde moitié du Vie siècle, un
transfert du centre politique de la ville de l'île à celle de la rive droite du
Boug. Dans le second cas, la cité ayant son centre dans l'île de Berezan' a été
absorbée par Borysthenès à la suite d'un synoikismos (précédé ou non par
une période de rapports de sympoliteia) . '0Xj3ir? nóXic; ou 'OXj3t7? (plus tard
'OX(3ia noXiç , 'OXfiia ,'OXpioiroXiç) n'est pas proprement le nom de la ville
de la rive droite du Boug conçue comme une entité géographique ; celle-ci s'est
toujours appelée Bopvod-èvriq . Le nom ď 'ОХ/Зи? iróXiq et ď 'ОХ/ЗютгоХТтш,
est né au moment où cette ville est devenue le centre politique d'un Etat au DIALOGUES D'HISTOIRE ANCIENNE 112
territoire assez étendu, comprenant entre autres la petite ville de l'île de Bere-
zan' ; et il ne s'appliquait à la ville de la rive droite du Boug que dans la mes
ure où elle était conçue comme une entité politique (4). Je soutiens en outre
que la ville de l'île de Berezan' portait, outre son nom originel et officiel qui
ne nous est pas connu, aussi deux noms non officiels, Borysthénis et Borysthé-
nion (ce dernier nom nous a été transmis par un manuscrit de la traduction
de la Chronique d'Eusèbe faite par saint Jérôme : boristenium cibitas (5) ),
c'est-à-dire «Petit Borysthénès» . Nous verrons ci-dessous qu'il se peut que son
nom originel et officiel soit contenu dans la lettre que nous allons examiner.
Il convienne rappeler ici que l'île de Berezan' telle qu'elle est ajour-
d'hui est certainement fort différente de ce qu'elle était aux VIIe-Ve siècles
a. C. En effet, depuis le Ve siècle a. C, la côte septentrionale de la mer Noire
s'abaisse, sujette à un processus de transgression ; en outre, l'île de Berezan'
est sujette non seulement à ce processus de transgression, mais aussi à un pro
cessus d'abrasion qui est aujourd'hui très intense. Si on creuse des puits dans
l'île, on ne trouve que de l'eau saumâtre : autrefois, il n'en était pas ainsi.
Une partie de la nécropole ancienne a disparu sous l'eau (6) . Selon V. V.
Lapin, la surface qu'occupent aujourd'hui les restes de l'établissement ancien
(environ 10 hectares) représente probablement à peu près la moitié de la sur
face que cet établissement occupait.
En 1970, au cours d'une campagne de fouilles dans l'île de Berezan' me
née par une équipe du Musée de l'Ermitage de Leningrad sous la direction de
Ksenija Sergeevna Gorbunova, Jurij Germanovič Vinogradov, un jeune memb
re de l'équipe, trouva par hasard, hors du terrain des fouilles, une lamelle de
plomb enroulée, gisant au fond d'une fosse de la forme d'un minuscule vallon,
sur le bord escarpé de l'île, du côté sud-est. Après la découverte, l'équipe de
chercheurs a fouillé le lieu où elle avait été faite, sur la lisière de l'ancien éta
blissement grec (de la ville ancienne, comme je crois pouvoir l'affirmer) ; quoi
que Vinogradov ne le déclare pas, il me semble certain - à la lumière de ce
qu'on sait des changements géographiques de cette île au cours des siècles -
que dans l'Antiquité la lisière de la ville ne coïncidait pas avec le bord de l'f-
le. Dans les environs de la dépression où se trouvait le rouleau de plomb, il
y a une «couche culturelle» d'environ 50 cm d'épaisseur, contenant de petits
fragments, non datables, d'amphores ; un peu plus loin, cette couche dispar
aît. Dans la fosse elle-même il n'y a pas de «couche culturelle» ; on n'y a trou
vé qu'un tesson qui - selon Vinogradov - est un fragment du col d'une amphore
rhodienne décorée par un dessin à tresse et datable du Vie siècle. A quelques
mètres de distance au nord de la dépression où gisaient le rouleau de plomb et
le fragment d'amphore rhodienne, on a remarqué les profils nettement visibles
de deux fosses de forme trapézoïdale qui, comme tant d'autres fosses analogues
découvertes dans l'île, ont dû être d'abord des dépôts de céréales et ensuite des
trous à ordures. Vinogradov suppose que la dépression était à l'origine une BRAVO 1 1 3 В.
fosse du même genre que les fosses voisines, et qu'elle a été ensuite défoncée
par l'abrasion et vidée de son contenu par les pluies. Le rouleau de plomb et
le fragment d'amphore rhodienne seraient donc les restes du contenu d'un
trou à ordures.
Le rouleau de plomb a été transporté au Musée de l'Ermitage. (C'est là
qu'il se trouve actuellement, dans l'Otdel AntiČnogo Mira). Développé et res
tauré avec compétence par O. V. Vasil'eva, il a révélé le texte complet d'une
lettre privée en dialecte et alphabet ioniens : sur la surface intérieure, 13 l
ignes ; sur la surface extérieure, une brève inscription gravée en sens perpend
iculaire aux lignes de la surface intérieure et indiquant les noms de l'expé
diteur et de deux destinataires. Dimensions de la lamelle : largeur 153 mm ;
hauteur 65 mm ; épaisseur 1 mm. ■.
Ce n'est pas la première fois qu'on trouve une lettre grecque gravée sur
une lamelle de plomb. Mais les trouvailles d

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