Une ville franche des comtes de Savoie au Moyen Age : Thonon. - article ; n°1 ; vol.131, pg 105-149
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Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1973 - Volume 131 - Numéro 1 - Pages 105-149
Monique CONSTANT Une ville franche es comtes de Savoie au Moyen Age Thonon Bibliothèque de Ecole des chartes CXXXI 1973) 105-149 Thonon est situé sur la rive gauche du Léman la ville était au Moyen Age reliée Genève par deux routes dont une longeait le lac tandis que autre passait plus au sud En 1266 le comte Pierre II de Savoie acquit du prieuré de Thonon les droits que celui-ci possédait dans la ville dont les origines demeurent incertaines Son frère Philippe accorda deux ans après des franchises Thonon Après la fin des guerres de la première moitié du xive siècle épouse du comte Amédée VI Bonne de Bourbon se fit construire quelques kilomètres de Thonon le manoir de Ripaille Au début du xve siècle lorsque celui-ci devint insuffisant pour la cour Amédée VIII le château de Thonon fut reconstruit et agrandi La présence de la cour de Savoie donna Thonon une certaine importance autant plus Amédée VIII fit construire Ripaille un ermitage où il se retira en 1435 Par la suite le château de Thonon fut un peu délaissé par les ducs de Savoie mais il continua être entretenu invasion bernoise de 1536 Thonon ville franche dotée un embryon organisation avait un marché et une foire tenait annuellement Le comte de Savoie possédait des moulins et des fours banaux ainsi que la halle du mar ché Il percevait les droits provenant du contrôle des mesures du foragium vini et du banvin La ville devint au xive siècle le chef-lieu de la châtellenie Allinges-Thonon Malgré sa superficie réduite Thonon avait un caractère urbain certain il faisait un certain trafic commercial Un couvent de moines mendiants des frères Au gustins établit au xve siècle
45 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 125
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Monique Constant
Une ville franche des comtes de Savoie au Moyen Age :
Thonon.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1973, tome 131, livraison 1. pp. 105-149.
Résumé
Monique Constant, Une ville franche des comtes de Savoie au Moyen Age : Thonon. — Bibliothèque de l'École des chartes, t.
CXXXI (1973), p. 105-149.
Thonon est situé sur la rive gauche du Léman ; la ville était, au Moyen Age, reliée à Genève par deux routes, dont une longeait le
lac, tandis que l'autre passait plus au sud.
En 1266, le comte Pierre II de Savoie acquit du prieuré de Thonon les droits que celui-ci possédait dans la ville, dont les origines
demeurent incertaines. Son frère Philippe accorda deux ans après des franchises à Thonon.
Après la fin des guerres de la première moitié du XIVe siècle, l'épouse du comte Amédée VI, Bonne de Bourbon, se fit construire
à quelques kilomètres de Thonon le manoir de Ripaille. Au début du XVe siècle, lorsque celui-ci devint insuffisant pour la cour
d'Amédée VIII, le château de Thonon fut reconstruit et agrandi. La présence de la cour de Savoie donna à Thonon une certaine
importance, d'autant plus qu'Amédée VIII fit construire à Ripaille un ermitage où il se retira en 1435. Par la suite, le château de
Thonon fut un peu délaissé par les ducs de Savoie, mais il continua d'être entretenu jusqu'à l'invasion bernoise de 1536.
Thonon, ville franche dotée d'un embryon d'organisation, avait un marché, et une foire s'y tenait annuellement. Le comte de
Savoie y possédait des moulins et des fours banaux ainsi que la halle du marché. Il y percevait les droits provenant du contrôle
des mesures, du foragium vini et du banvin. La ville devint au XIVe siècle le chef-lieu de la châtellenie d'Allinges-Thonon. Malgré
sa superficie réduite, Thonon avait un caractère urbain certain ; il s'y faisait un certain trafic commercial. Un couvent de moines
mendiants, des frères Augustins, s'y établit au XVe siècle.
Citer ce document / Cite this document :
Constant Monique. Une ville franche des comtes de Savoie au Moyen Age : Thonon. In: Bibliothèque de l'école des chartes.
1973, tome 131, livraison 1. pp. 105-149.
doi : 10.3406/bec.1973.449947
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1973_num_131_1_449947UNE VILLE FRANCHE
DES COMTES DE SAVOIE AU MOYEN AGE
THONON
par
Monique CONSTANT
Thonon, sis sur la rive gauche du Léman, à quelques
kilomètres à l'ouest de l'embouchure de la Dranse, fut à
partir de la fin du хше siècle l'un des chefs-lieux de la
châtellenie savoyarde d'Allinges-Thonon, et le seul dès
1355 1. Cette bourgade avait à l'époque un rôle commercial
secondaire certes, mais non pas négligeable. Elle assurait
la liaison entre les hautes vallées chablaisiennes et Genève,
et en outre il semble qu'elle ait été, à plusieurs reprises,
un des points de passage du trafic d'Italie en France. De
plus, son rôle administratif présente un certain intérêt.
Enfin, sous le règne d'Amédée VIII, elle fut un des sé
jours favoris de la cour de Savoie. Toutes ces raisons nous
ont amenée à étudier l'histoire de Thonon et, en parti
culier, à déterminer comment un simple village fortifié
a pu devenir une petite ville. Nous avons surtout utilisé
pour ce travail les comptes de la châtellenie d'Allinges-
Thonon, qui couvrent une période de deux siècles et demi,
de la fin du xine au début du xvie siècle2. En effet, les
archives de la ville ne remontent pas au-delà de 1568 3.
C'est pourquoi cette étude ne sera pas tant l'histoire des
structures urbaines de Thonon que de la façon dont les
1. Cf. Monique Constant, L'établissement de la maison de Savoie au sud du
Léman : la châtellenie ď Allinges-Thonon (XIIй siècle-1536), dans École natio
nale des chartes. Positions des thèses... de 1971, Paris, 1971, p. 57-63.
2. Arch. dép. de la Savoie, Inv. 63, fol. 9, 38 mazzi (1272-1535).
3.de la Haute-Savoie. Les archives de l'Académie chablai- ■
106 MONIQUE CONSTANT
comtes de Savoie ont profité des circonstances pour faire
de Thonon une ville qui fût l'un des points d'appui de
leur souveraineté, dans le cadre d'une politique générale
d'urbanisation de la Savoie.
Thonon est situé au bord d'une falaise rocheuse domi
nant le lac Léman, dans une région vinicole : les vignes
de Tully, Concise, La Chapelle donnaient au Moyen Age
un vin rouge, de qualité d'ailleurs médiocre, mais qui
pouvait être exporté vers Genève1. Plus au sud, ce sont
les vignobles de Douvaine, qui existent encore actuell
ement. Au-delà de cette bordure lémanique s'étendait le
piedmont des Dranses ; la rivière qui y prenait naissance,
la Bezière, alimentait autrefois en eau les moulins de Tho
non.
Dès l'époque romaine, il existait une agglomération dont
les restes se trouvent sous l'actuelle église Saint-Hippo-
lyte. Elle servait d'étape au vingt-deuxième mille de la
voie romaine longeant le Léman de Genève à Meillerie,
et peut-être de carrefour avec les chemins descendant des
vallées haut-chablaisiennes 2. Une autre voie romaine me
nait d'Annemasse à Thonon par le pied des Voirons et
traversait les actuelles paroisses de Bons, Perrignier — au
lieu dit L'Ëtraz, — Margencel, Allinges. Peut-être était-ce
la voie d'origine, plus ou moins délaissée à l'époque r
omaine et réutilisée au Moyen Age, où elle eut une impor
tance stratégique3. Quant à la route des bords du lac,
sienne, malheureusement inaccessibles, contiennent sans doute des documents
relatifs à Thonon au Moyen Age.
1. Jean -François Bergier, Genève et l'économie européenne de la Renais
sance, Paris, 1963, in-8°, p. 115 et n. 5 [École pratique des hautes études,
VIe section. Centre de recherches historiques. Affaires et gens d'affaires, 29).
2. Pierre Broise, Le Chablais antique dans le cadre du décanat des Allinges,
dans Genava, nouv. série, t. IX, p. 48. Sur le tracé de la voie romaine dans
la châtellenie d'Allinges-Thonon, cf. Charles Marteaux, Étude sur les villas
gallo-romaines du Chablais, IV, dans Revue savoisienne, 1921, p. 113-127,
un peu trop systématique, mais fondé sur des éléments sérieux.
3. Charles Marteaux et Marc Leroux, Boutae ou les Fins d'Annecy, Annecy,
1913, in-8°, p. 394. Pierre Broise, op. cit., p. 49. Illustration non autorisée à la diffusion
О M 108 MONIQUE CONSTANT
si elle gardait au Moyen Age un grand rôle, dont font foi
les nombreux châteaux qui la jalonnaient, elle subissait
la concurrence du Léman. En effet, on allait en bateau,
non seulement dans le pays de Vaud et en Valais, mais
aussi à Genève, voire à Ëvian lorsque la Dranse en crue
avait emporté le pont, ou bien pour des transports par
ticuliers, par exemple pour faire voyager un prisonnier
que l'on craignait de voir s'échapper1.
* * *
Nous ignorons tout de l'histoire de Thonon pendant le
haut Moyen Age. Un acte du 18 avril 930, par lequel les
religieux de Saint-Maurice et leur prévôt Herluynus font
diverses concessions en précaire à un nommé Turumbert
et à son épouse Ëmine, fait mention d'une villa Donona
dans laquelle on a voulu voir Thonon2. Mais cette hypo
thèse ne paraît pas devoir être retenue : outre que la pre
mière forme certaine du nom de la ville, Thonuns3, ne
semble pas correspondre à Donona, deux raisons nous font
douter de cette identification : la première, c'est que l'église
de Donona est placée sous le vocable de saint Innocent,
alors que celle de Thonon est, encore aujourd'hui, dédiée
à saint Hippolyte ; c'est la moins convaincante, car le
vocable aurait pu changer, par exemple lors de la fonda
tion du prieuré, dont nous ignorons la date, qui peut être
postérieure à 930. La seconde raison, plus solide, est four
nie par l'indication in pago caput lacense, qui situe la
cilla Donona; ce terme, à l'époque, désignait le Valais
ou Vieux-Chablais. Or, selon un autre acte émané de Saint-
Maurice, non daté, mais que l'on peut attribuer à la fin
du premier quart du xie siècle, soit un siècle plus tard,
1. En 1414, quatre « navatiers » allèrent chercher Perrin le Tapissier, pri
sonnier à Évian, et le menèrent &

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