Vulcain chez Kebayan: la sidérurgie d Etat en Indonésie - article ; n°1 ; vol.48, pg 33-48
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Vulcain chez Kebayan: la sidérurgie d'Etat en Indonésie - article ; n°1 ; vol.48, pg 33-48

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Description

Archipel - Année 1994 - Volume 48 - Numéro 1 - Pages 33-48
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jérôme Samuel
Vulcain chez Kebayan: la sidérurgie d'Etat en Indonésie
In: Archipel. Volume 48, 1994. pp. 33-48.
Citer ce document / Cite this document :
Samuel Jérôme. Vulcain chez Kebayan: la sidérurgie d'Etat en Indonésie. In: Archipel. Volume 48, 1994. pp. 33-48.
doi : 10.3406/arch.1994.2998
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1994_num_48_1_2998Jérôme SAMUEL
Vulcain chez Kebayan:
La sidérurgie d'Etat en Indonésie <*>
La grande sidérurgie indonésienne ne pouvait-elle s'épanouir qu'à l'ombre
du Krakatau? Si l'on met à part la sidérurgie privée, présente dans une grande
partie de l'Archipel (2\ il faut reconnaître que les premiers jalons de la sidé
rurgie d'Etat ne nous entraînent pas bien loin de l'ouest de Java et que les
choix des sites d'implantation font preuve d'une grande régularité. La plupart
des projets sérieux ne sortent pas de deux régions qui, par bien des aspects,
appartiennent à un même ensemble, Java Ouest et Lampung, à la pointe Sud
de Sumatra. De l'époque coloniale à l'ère Suharto, les grands changements
d'orientation en matière de politique sidérurgique ne portent que sur les sec
teurs concernés (privé, puis public) et sur l'origine du support technologique
(puissance coloniale, URSS, puis pays occidentaux).
Le projet Trikora Steel et l'aide soviétique
La sidérurgie en Indonésie est une affaire récente qui ne remonte pas au-
delà de la Première Guerre Mondiale. En 1920, la Eerste Nederlands-Indische
Hooghoven Maastschappij produit 288 tonnes de fonte à Teluk Betung (Lamp
ung). Mais les coûts élevés et les prix peu compétitifs sur le marché mondial,
contraignent cette société à stopper rapidement ses activités. Voilà tout le leg
colonial dans ce domaine (3\
A la fin des années cinquante, on reparle de sidérurgie. En vérité, il eût été
surprenant que l'Indonésie indépendante ne se laisse tenter par l'aventure
sidérurgique. Il est vrai que cette industrie, à la base de nombreuses autres
industries, qu'il s'agisse de la transformation de produits métalliques ou du
bâtiment, et si souvent érigée en symbole d'indépendance nationale, avait de
quoi enflammer l'imagination de plus d'un dirigeant. Pourtant, il ne semble
pas que ceux-ci aient fait preuve d'une «conscience sidérurgique» avant l'él
aboration d'une véritable politique industrielle. Tel est l'objectif du premier
plan quinquennal (1956-1960), mis au point par l'Ingénieur Djuanda à l'Office 34 Jérôme Samuel
National du Plan, et qui établit un partage des tâches entre le secteur public et
le secteur privé: au premier la charge de développer les industries de base, au
second l'industrie légère et de transformation ainsi que les services. La sidé
rurgie est au nombre des grands projets industriels dont l'Etat a la responsabil
ité. Le plan de huit ans (1960-1968), quoique dans un esprit totalement diffé
rent puisqu'il cherche à promouvoir un «socialisme à l'indonésienne», réaffi
rme l'importance des industries lourdes, dont la sidérurgie, sur laquelle
l'accent devra être porté dans les cinq dernières années du plan <4).
En 1956, donc, un accord est signé par l'Ingénieur Djuanda avec un bureau
d'études ouest-allemand, pour une étude de faisabilité <5). Deux ans après
(février 1958), les Soviétiques proposent à l'Indonésie un prêt de 35 millions
de livres Sterling pour la construction d'une usine sidérurgique (6).
Le projet allemand qui, pour un temps, avait associé Creusot-Schneider à
Krupp, n'ira pas au-delà d'études approfondies. Il prévoyait, en 1961, la
construction d'une cokerie et d'un haut fourneau d'une capacité de 100 tonnes
de fonte /jour près du port de Panjang, à Lampung. Mais les difficultés tech
niques, auxquelles les Allemands, soucieux de rentabilité, sont plus sensibles
que les Soviétiques, ainsi, sans doute, que les options politiques du régime
Sukarno dans ses dernières années, auront raison de ce projet, abandonné en
1963 (7). De plus, à partir de 1960, il devient clair que les deux projets, sovié
tique et allemand, sont concurrents et que l'un des deux est condamné. Néan
moins, quinze ans plus tard, après bien des changements, le savoir-faire et les
capitaux allemands seront à nouveau associés au développement de la sidérur
gie indonésienne.
Après les propositions de financement, le projet soviétique a rapidement
pris de l'ampleur et, en juin 1958, soit moins de cinq mois après l'offre de
prêt, un premier contrat est signé entre l'Indonésie et l'URSS pour la
construction d'une aciérie dans la région de Banten. En février 1960, à l'occa
sion de la visite de Kroutchev à Jakarta, l'URSS accorde deux prêts (117,5 et
250 millions de dollars), en partie sous forme de livraison de matériel, pour un
programme très ambitieux W.
Dans une première étape, l'URSS construira, à Cilegon (dans la région
d'Anyer) trois fours Martin (9) de 50 tonnes, d'une capacité annuelle de
100 000 tonnes d'acier et alimentés à 50 % par des ferrailles achetées sur le
marché intérieur et à 50 % par de la fonte importée. Le laminage sera effectué
sur le même site: on prévoit un train à barres et à fil machine, ainsi qu'une
installation de tréfilage et une autre de galvanisation. La deuxième étape est
celle de l'indépendance en matière d'approvisionnement en fonte: construc
tion à Lampung d'un petit haut fourneau (capacité: 50 000 tonnes de fonte /
an), alimenté en minerai de fer de Sumatra Sud et dont la production est desti
née au complexe de Cilegon. Le second site sera aussi équipé d'un laminoir.
La troisième étape doit assurer l'indépendance complète de l'Indonésie pour
les produits sidérurgiques: construction d'un haut fourneau dans le sud de
Kalimantan (capacité: 250 000 tonnes de fonte / an), approvisionné en coke de
Bukit Asam (Sumatra sud), qui devra subvenir aux besoins indonésiens en
fonte et dont l'achèvement est prévu en 1965. A terme (en 1966-67), d'après La sidérurgie d'Etat en Indonésie 35
les calculs des experts indonésiens du Plan, l'Indonésie devait produire
annuellement 1 000 000 de tonnes d'acier et économiser l'importation de
450 000 tonnes d'acier (10>.
Dès 1960, les travaux vont bon train, et on commence à procéder à un
transfert de technologie (formation d'ingénieurs indonésiens en URSS). En
1964, alors que le directeur du chantier Trikora Steel (c'est le nom qu'on a
donné au projet) est un jeune ingénieur, diplômé de l'ITB puis formé au Cana
da et dont on reparlera, Tungky Ariwibowo, une partie des infrastuctures por
tuaires, routières et électriques est en place W\ Mais le calendrier du projet a
été rééchelonné. On prévoit de commencer la production en 1967 et de produir
e 100 000 tonnes d'acier par an, qui devraient couvrir 20 % des besoins inté
rieurs. La première tranche du programme sidérurgique n'a donc pas souffert
des incertitudes politiques ni des difficultés économiques dans lesquelles
l'Indonésie se débat, mais les complexes de Lampung et de Kalimantan Sud
sont restés à l'état de plan.
Le changement de régime survenu en 1965-1966 porte rapidement un coup
d'arrêt au projet Trikora Steel: en octobre 1966, des «problèmes de finance
ment» mettent fin à la coopération avec les Soviétiques...
L'abandon du projet soviétique, malgré les retards qu'il a provoqués, a
probablement sauvé la sidérurgie de Cilegon. Ce projet ne pèche pas par les
capacités envisagées: il reste, au moins dans ses premières étapes, comparable
à ceux d'autres pays en développement soucieux de s'équiper (12\ Mais le
choix des implantations et des technologies, ainsi que les estimations sur la
capacité de l'Indonésie à produire les matières premières nécessaires laissent
sceptique. L'Indonésie est, certes, riche en charbon, qu'il s'agisse des mines
de Sumatra (Ombilin, Sumatra Ouest; Bukit Asam, Sumatra Sud), de celles

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