Conséquences sociales et politiques des transformations démographiques dans un village des Alpes-Maritimes - article ; n°1 ; vol.42, pg 143-161
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Revue de géographie alpine - Année 1954 - Volume 42 - Numéro 1 - Pages 143-161
Résumé. — La commune de Valbonne, située au milieu des collines de l'avant-pays grassois, vouée à la viticulture (raisin de table) et à l'oléiculture, semble une unité économique et sociale traditionnelle, immobile. Dans cette région de dépeuplement rural, la chute de la population valbonnaise ne paraît même pas excessive : depuis 80 ans, le nombre des habitants se tient autour d'un millier. Mais cette stabilité est superficielle et ne peut faire illusion. Depuis le xix* siècle, Valbonne s'est profondément transformée, comme cela apparaît par l'étude qualitative de la population. Le bilan du mouvement naturel de la population est terriblement déficitaire, l'émigration est considérable depuis la fin du siècle dernier,... mais l'immigration italienne comble les vides. Cependant, cette immigration ne s'enracine pas souvent et il se forme une couche sociale nombreuse qui se différencie nettement des « indigènes ». Différenciation sociale : les « indigènes » sont propriétaires-exploitants, mais les immigrants n'ont pas de terre. Différenciation politique : rien n'attache les immigrants aux principes conservateurs de leurs hôtes. Aussi, sous des dehors traditionnels, la communauté rurale est en fait' complètement désintégrée et engagée dans une évolution qui peut être plus ou moins rapide suivant les événements extérieurs.
19 pages

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Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard Kayser
Conséquences sociales et politiques des transformations
démographiques dans un village des Alpes-Maritimes
In: Revue de géographie alpine. 1954, Tome 42 N°1. pp. 143-161.
Résumé
Résumé. — La commune de Valbonne, située au milieu des collines de l'avant-pays grassois, vouée à la viticulture (raisin de
table) et à l'oléiculture, semble une unité économique et sociale traditionnelle, immobile. Dans cette région de dépeuplement
rural, la chute de la population valbonnaise ne paraît même pas excessive : depuis 80 ans, le nombre des habitants se tient
autour d'un millier. Mais cette stabilité est superficielle et ne peut faire illusion. Depuis le xix* siècle, Valbonne s'est profondément
transformée, comme cela apparaît par l'étude qualitative de la population. Le bilan du mouvement naturel de la population est
terriblement déficitaire, l'émigration est considérable depuis la fin du siècle dernier,... mais l'immigration italienne comble les
vides. Cependant, cette immigration ne s'enracine pas souvent et il se forme une couche sociale nombreuse qui se différencie
nettement des « indigènes ». Différenciation sociale : les « indigènes » sont propriétaires-exploitants, mais les immigrants n'ont
pas de terre. Différenciation politique : rien n'attache les immigrants aux principes conservateurs de leurs hôtes. Aussi, sous des
dehors traditionnels, la communauté rurale est en fait' complètement désintégrée et engagée dans une évolution qui peut être
plus ou moins rapide suivant les événements extérieurs.
Citer ce document / Cite this document :
Kayser Bernard. Conséquences sociales et politiques des transformations démographiques dans un village des Alpes-
Maritimes. In: Revue de géographie alpine. 1954, Tome 42 N°1. pp. 143-161.
doi : 10.3406/rga.1954.993
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1954_num_42_1_993SOCIALES ET POLITIQUES CONSÉQUENCES
DES TRANSFORMATIONS DÉMOGRAPHIQUES,
DANS UN VILLAGE DES ALPES-MARITIMES '
par Bernard KAYSER
Résumé. — La commune de Valbonne, située au milieu des collines
de l'avant-pays grassois, vouée à la viticulture (raisin de table) et à
l'oléiculture, semble une unité économique et sociale traditionnelle,
immobile. Dans cette région de dépeuplement rural, la chute de la popul
ation valbonnaise ne paraît même pas excessive : depuis 80 ans, le nomb
re des habitants se tient autour d'un millier.
Mais cette stabilité est superficielle et ne peut faire illusion. Depuis
le xix* siècle, Valbonne s'est profondément transformée, comme cela
apparaît par l'étude qualitative de la population. Le bilan du mouve
ment naturel de la population est terriblement déficitaire, l'émigration
est considérable depuis la fin du siècle dernier,... mais l'immigration
italienne comble les vides. Cependant, cette immigration ne s'enracine pas
souvent et il se forme une couche sociale nombreuse qui se différencie
nettement des « indigènes ». Différenciation sociale : les « indigènes »
sont propriétaires-exploitants, mais les immigrants n'ont pas de terre.
Différenciation politique : rien n'attache les immigrants aux principes
conservateurs de leurs hôtes.
fait' Aussi, complètement sous des désintégrée dehors traditionnels, et engagée la dans communauté une évolution rurale qui est peut en
être plus ou moins rapide suivant les événements extérieurs.
Le village de Valbonne, dont nous nous proposons d'étudier ici
l'évolution sociale et démographique, occupe à peu près le centre de
la petite région de plateaux, de collines et de plaines exiguës qui
constitue « l'avant-pays grassois », limité par les rivières Siagne
et Loup à l'Ouest et à l'Est, par le rebord des plans préalpins au
Nord et par la mer au Sud.
1 Le présent article utilise les documents d'une étude approfondie menée
avec la collaboration de M. Louis Flandin, Professeur au Lycée de Cannes. 144 BERNARD KAYSER.
Cette région, région-frontière d'une part, et véritable trouée de
relief calme, de littoral accueillant, de terroirs cultivables au milieu
de montagnes sauvages, a connu une histoire démographique sur
prenante qui reste encore à écrire. Elle s'est comportée en effet
pendant de nombreux siècles et jusqu'à une date récente comme
un déversoir du trop-plein de population transalpine (généralement
génoise) et, malgré ce rôle, elle s'est le plus souvent trouvée « vide »,
et à court de main-d'œuvre. L'exemple le plus net que nous ayons
de ce phénomène est celui des xiv" et xve siècles. A la fin du
xive siècle, en effet, d'une vingtaine de villages qui existaient au
Moyen Age, il n'en reste plus que quatre, car les routiers, la peste,
la guerre civile et la guerre étrangère ont dévasté les autres, off
iciellement désignés, après ces calamités, comme « lieux inoccupés » .
Mais pendant le xve siècle, un grand mouvement de repeuplement
ranime le pays : en témoignent les contrats passés alors par les
seigneurs avec de nouveaux habitants, d'inféodation inti
tulés Actes d'Habitation et signés- entre 1438 et 1519. Les « colons »
sont généralement venus de Ligurie et se mêlent, dans les commun
autés reconstituées ou créées, aux « indigènes » redistribués par
les villes ayant résisté aux désastres (Grasse et Antibes).
La région entre alors dans une ère nouvelle, reliée à son passé
par des liens assez lâches. Et c'est particulièrement le cas du village
de Valbonne fondé en 1519 sur un terroir auparavant occupé en
ordre dispersé.
Centre géométrique de l'avant-pays grassois, Valbonne n'est en
réalité le centre géographique que de la petite zone de défrichement
entourant le village. En effet, lorsque, après le grand dépeuplement,
le moine ouvrier de l'abbaye de Lérins, seigneur de Valbonne, eut
décidé de faire remettre ses terres en valeur, le village qu'il fit
construire sur le bord de la Brague, auprès d'un ancien monastère,
n'avait pas d'autre destination que celle d'abriter les exploitants
des terres environnantes; il n'eut jamais l'occasion de dépasser cette
mission. Jamais, malgré ses ambitions nettement exprimées, la
commune ne fut appelée à jouer un rôle administratif quelconque.
Et jamais elle ne se découvrit les ressources nécessaires pour se
promouvoir à un rôle économique substantiel.
En fait, les trois-quarts du territoire de la commune sont
couverts d'une forêt pauvre mais envahissante faite de pins d'Alep
et de broussailles épaisses, rarement trouée par un domaine isolé.
On ne trouve le paysage typique des terrasses méditerranéennes que
sur les collines dont les pentes convergent vers le village. Là, l'olivier
est maître; mais d'un examen plus attentif il ressort que la vigne,
si elle est moins visible, lui dispute fréquemment la place et occupe DES TRANSFORMATIONS DÉMOGRAPHIQUES. 145
une superficie presque égale. Au hasard des parcelles, ces cultures
se côtoient, sont imbriquées étroitement; l'une et l'autre sont
installées sur des terrasses rectangulaires parsemées de petits
« cabanons » de pierre. Peu de cultures intercalaires mais, par
contre, très souvent, des friches. Enfin, au bas des collines, quelques
cultures florales ou maraîchères arrosées, mais qui sont les résidus
d'un temps de prospérité révolue et non pas les témoins d'une
expérience de richesse nouvelle. Car la seule culture spéculative
rentable est aujourd'hui à Valbonne le raisin de table à conserver;
tandis que l'ancienne primauté économique de l'oléiculture a cédé
sous les coups des crises successives.
Tel qu'il est, cet agencement du terroir n'est guère différent du
plus traditionnel, du plus ancien. Les commissaires affouageurs en
disaient, en effet, en 1609 : « le terroir est en mains endroits bon
fertile en plantureux tant en blé vignoble et arbres... et tout le
demeurant est malaisé à cultiver, soutenu par berges, raboteux,
pierreux et fort stérile... »
Valbonne est donc restée une commune asse

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