L évolution de l économie éthiopienne depuis la restauration de 1941 - article ; n°2 ; vol.42, pg 377-392
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L'évolution de l'économie éthiopienne depuis la restauration de 1941 - article ; n°2 ; vol.42, pg 377-392

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Revue de géographie alpine - Année 1954 - Volume 42 - Numéro 2 - Pages 377-392
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Publié le 01 janvier 1954
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Langue Français
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E. Berlan
L'évolution de l'économie éthiopienne depuis la restauration de
1941
In: Revue de géographie alpine. 1954, Tome 42 N°2. pp. 377-392.
Citer ce document / Cite this document :
Berlan E. L'évolution de l'économie éthiopienne depuis la restauration de 1941. In: Revue de géographie alpine. 1954, Tome 42
N°2. pp. 377-392.
doi : 10.3406/rga.1954.1135
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1954_num_42_2_1135DE L'ÉCONOMIE ÉTHIOPIENNE L'ÉVOLUTION
DEPUIS LA RESTAURATION DE 1941
I. L'héritage du passé et la situation économique en 1941.
Dans ce pays pèsent encore lourdement les contraintes de la nature
et les forces de la tradition; il est indispensable, avant d'étudier l'écono
mie actuelle, de rappeler rapidement ce qu'étaient l'économie d'avant
1935 et celle de l'Ethiopie sous l'occupation fasciste.
1° L'économie d'avant 1935. — C'est une économie élémentaire, basée
presque uniquement sur l'agriculture et l'élevage vivriers, avec un
commerce extérieur presque inexistant.
L'Ethiopie est un pays de plus de 1.100.000 km2 (avec l'Erythrée) situé
dans la zone tropicale, mais formé en grande partie de montagnes et
surtout de hauts plateaux volcaniques culminant à 4.600 m. et d'une alt
itude moyenne de près, de 3.000 m. On y distingue traditionnellement trois
étages climatiques, mais du désert dancali aux neiges contestées du
Semien, on trouve à peu près toutes les combinaisons possibles de tempér
atures, de précipitations et de sols, permettant à peu près tous les genres
d'activités ayant pour but de faire vivre des hommes peu nombreux; les
estimations de population varient de 10 à 15 millions.
Un relief difficile de plateaux coupés de très profonds canons, des
distances considérables donneraient une explication simpliste de la très
faible importance des échanges avec l'extérieur. Mais aux premiers siè
cles de notre ère, Axoum était une ville commerçante, reliée au Nil et à la
Mer Rouge, qui échangeait des produits avec les Perses et les Grecs
d'Egypte (et qui, politiquement, s'alliait à Palmyre contre Rome). C'est
l'histoire qui a amené la disparition du commerce extérieur en plaçant
sur le territoire de l'Ethiopie, à partir du vii* siècle, des Chrétiens et des
Musulmans : les Chrétiens en position de défense sur les plateaux, les dans les savanes bordières. Les Chrétiens habitant les régions
recevant plus de 600 mm. de pluies ont vécu d'agriculture et d'élevage
sédentaires; les Musulmans de la savane et du désert ont vécu
nomade et semi-nomade, de commerce caravanier et, à l'occasion, de
pillage. Mais rien n'est aussi nettement tranché; les Musulmans de
l'Aoussa, vers la fin de l'Aouache, ont créé par l'irrigation une oasis dans
l'enfer dancali; les pasteurs gallas, païens, islamisés ou convertis au
christianisme se sont sédentarisés chaque fois qu'ils ont pu s'accrocher
à ид territoire recevant plus de 600 mm. de pluies.
En 1935, 98 % des Ethiopiens vivaient de l'agriculture et de l'élevage.
Dans leur « Economie Geography », Fielden Jones et Darkenval placent
l'Ethiopie tout entière dans la zone « d'agriculture primitive séden- 378 E. BERLAN.
taire » i. La qualification de primitive est très contestable. Certes, l'agri
culture éthiopienne n'alimentait pas un commerce d'exportation comme
l'agriculture de plantation des régions colonisées de l'Afrique. Mais cette
agriculture, surtout au Nord d'Addis-Abeba, n'a rien de commun avec du centre-Afrique, basée qu'elle est sur la céréaliculture à
la charrue. C'est une agriculture très ancienne, apportée sans doute
par les Sémites de l'Arabie du Sud au 1er millénaire avant J.-C. Elle est
parfaitement adaptée au rythme des saisons et à la nature des sols. Elle
a pour unique fin de faire vivre une population peu nombreuse et sobre.
Le cultivateur ne cherche pas à augmenter les surfaces labourées ni les
rendements. Il ne saurait que faire des excédents.
Au Sud d'Addis-Abeba, dans le pays non amhara conquis au xixe s.,
domine la culture à la houe de la « musa ensete » 2. Dans le pays de
moyenne altitude (1500 à 2000 m.), le café de cueillette et celui prove
nant de trois ou quatre plantations étrangères alimentait une petite
exportation. •
L'élevage, sédentaire sur les hauts plateaux, semi-nomade et nomade
dans les savanes, n'est pas lié à l'agriculture. Il ne conditionne pas les
assolements et les jachères (à cause de l'énorme extension du territoire
inculte); le fumier n'est pas utilisé dans la culture. Les bêtes trop nom
breuses sont très peu productives de viande et de lait. Les peaux et
les cuirs étaient, avant 1935, un des éléments de l'exportation avec la
cire et la civette.
Le commerce extérieur de l'Ethiopie en 1935 se montait à 2.000.000
de livres sterling par an. Il était entièrement contrôlé par une demi-
douzaine de maisons européennes, des Hindous et des Arabes.
L'industrie 3 était aussi entre les mains des étrangers et se réduisait
à quelques moulins hydrauliques, des huileries, des tanneries, des scie
ries, des distilleries, une brasserie et une fabrique de cigarettes.
2° L'occupation italienne. — L'Ethiopie, en 1935, devient le cœur
de ГА.О.1. (Africa Orientale Italiana). Les objectifs fascistes en Ethiopie
sont bien connus : il s'agit d'abord d'installer une nombreuse popula
tion italienne à qui l'on donnera des terres et du travail; il fallait amener
l'Ethiopie à l'autonomie alimentaire et la doter d'une structure indust
rielle élémentaire; développer enfin les exportations de matières pre
mières d'origine minière et surtout agricole; pour la réalisation de ce
troisième objectif, les Italiens entendaient ajouter aux produits d'exporta
tion traditionnels, café et peaux, le coton, les oléagineux, la laine et le
bois. Pour la mise en train de ce plan économique comme pour assurer
le contrôle militaire et politique du pays, la tâche la plus urgente était
la construction de voies de communication et particulièrement de routes.
Sur les 133.000.000 de livres sterling investis dans le plan de développe
ment, 90.000.000 furent consacrés aux routes.
Les Italiens durent évacuer le pays alors qu'ils en étaient encore
1 Mac Millan et Cie, éditeurs, 1941. La carte est reproduite dans Faucher,
Géographie agraire, p. 45, Librairie de Médicis, 1949, Paris.
2 Espèce de bananier dont on tire le pain, les fibres textiles et un bois de
construction très léger.
3 L'artisanat se bornait au travail du fer, à l'orfèvrerie, au tissage domest
ique et à la construction de maisons en torchis. ■
de l'économie éthiopienne. 379 l'évolution
au stade d'équipement. Le chiffre des importations avait été multiplié
par 30, celui des exportations était tombé à 0.
3° Au lendemain de la Restauration. — Le retour de l'Empereur à
Addis-Abeba, le 5 mai 1941,, inaugure la libération de l'Ethiopie. A ce
moment la vie économique de l'Ethiopie est réduite au minimum : la
guerre et la résistance ont éloigné des travaux des champs une partie
de la population; les routes sont endommagées et presque tous les ponts
(une centaine) sont détruits; toutes les industries installées ou gérées
par les Italiens arrêtées; le chemin de fer conduisant au port de
Djibouti ne fonctionne plus et l'accès au port est interdit du fait de
la fidélité à Pétain de la Côte française des Somalis.
Mais les destructions sont en partie compensées par les récupérations.
De l'occupation fasciste il reste des routes (supérieures, même endomm
agées, aux pistes de 1935), '1.500 camions, de nombreux bâtiments
administratifs, industriels et de résidence. Les Italiens laissent un barrage
et une station hydroélectrique, le téléphone automatique à Addis-Abeba.
Ils laissent surtout plusieurs milliers d'ouvriers que l'Empereur, dans
sa clairvoyante générosité, ordonne de respecter. Ces ouvriers italiens,
souvent mariés à des Ethiopiennes, jouent encore douze ans après la
libération de l'Ethiopie un rôle capital : ils so

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