L industrie de la soierie dans le département de l Isère - article ; n°4 ; vol.15, pg 615-625
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Revue de géographie alpine - Année 1927 - Volume 15 - Numéro 4 - Pages 615-625
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Publié le 01 janvier 1927
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Langue Français

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J. B. Moreau
L'industrie de la soierie dans le département de l'Isère
In: Revue de géographie alpine. 1927, Tome 15 N°4. pp. 615-625.
Citer ce document / Cite this document :
Moreau J. B. L'industrie de la soierie dans le département de l'Isère. In: Revue de géographie alpine. 1927, Tome 15 N°4. pp.
615-625.
doi : 10.3406/rga.1927.5055
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1927_num_15_4_5055,
ACTUALITÉ
L'INDUSTRIE DE LA SOIERIE
DANS LE DÉPARTEMENT DE L'ISÈRE
Si la ville de Lyon a toujours été le grand marché des soieries,
si, depuis un temps immémorial les métiers à tisser, à bras d'abord,
mécaniques ensuite, ont fait -entendre leur battement dans la cité
lyonnaise et ses environs immédiats, si le commerce reste toujours
dans la grande ville où les maisons ont leur siège et leurs magasins,
où se traitent toutes les affaires, la fabrication, au contraire, tend
de plus en plus à se répandre dans les campagnes et nous allons
examiner au cours de cet article l'importance de cet exode et tenter
d'en expliquer les causes.
L'exploitation d'une industrie dans une ville présente évidemment
certains avantages : commodités diverses pour les approvision
nements, transports réduits, main-d'œuvre abondante et permettant
un choix. Par contre, les inconvénients sont nombreux; on doit tenir
compte du voisinage et si les tissages ne figurent pas sur la liste
des établissements dangereux, incommodes ou insalubres, il n'en est
pas moins vrai que le bruit assourdissant des métiers rend dans la
pratique cette industrie inconciliable avec la vie urbaine.
D'autre part,, dans les villes les terrains sont chers, la construction
des usines est assez onéreuse. On en crée cependant lorsque l'éc
onomie que présente l'installation en ville est suffisante ou lorsque
l'industrie a besoin pour fonctionner de certains éléments qu'elle
ne peut trouver ailleurs.
Tel n'est pas le cas de la soierie. Peu d'industries peuvent comme
elle s'installer indifféremment en n'importe quel endroit. En effet,
elle n'a pas besoin d'eau pour ses fabrications, ni de rivière pour
évacuer ses déchets; le tonnage est infime comparé à la valeur de
la marchandise, donc peu lui importe d'être ou non à proximité
des gares; la force motrice employée est insignifiante, les chutes
ti J. MORBAU. 616
d'eau ne l'intéressent pas, elle ne consomme que peu de charbon
pour le chauffage des ateliers en hiver; il lui suffit de trois fils la
reliant au secteur pour avoir les quelques chevaux qui lui sont
nécessaires.
Un seul élément présente pour elle de l'intérêt : la main-d'œuvre.
Chaque métier à tisser occupe une ouvrière, soit pour le métier
lui-même, soit pour la préparation. Une usine de quelque impor
tance doit donc fonctionner avoir à proximité une agglomér
ation où elle puisse trouver en qualité et en quantité le personnel
qui lui est nécessaire.
Or, là quantité peut' être considérée. comme étant fonction de la
population, la qualité dépend du temps depuis lequel l'industrie
s'est implantée dans la localité. Toutefois le fait qu'elle n'existe pas
encore n'est pas un obstacle insurmontable, car il n'est pas difficile
de créer de la main-d'œuvre qualifiée* avec des éléments quel
conques. Ce n'est qu'une question de patience de. la part de l'i
ndustriel et, en réalité, il suffit de peu de temps pour former une
ouvrière; le tout dépend de son intelligence et du goût qu'elle
apporte à son travail.
Il y a longtemps que cet exode de la ville à la campagne a débuté,
environ quatre-vingts ans. Au fur et à mesure que les villes aug
mentent d'importance, elles rejettent l'industrie à leur périphérie
d'abord, dans leur banlieue ensuite. C'est un phénomène constant
et des plus explicables, d'autant plus que la nécessité de produire
toujours davantage oblige constamment l'usine à accroître ses
moyens.
Il arrive parfois encore, et ce fut le bas pour la soierie lyon
naise, que des conflits du travail ajoutent un motif supplémentaire.
Combien d'industries ont émigré des villes et parfois même de
régions entières, à la suite de grèves rendues insolubles par l'acha
rnement des deux parties !
La fabrication lyonnaise déborda donc sur les départements voi
sins, le Rhône, la Loire, l'Ardèche, la Drôme, l'Ain, mais princ
ipalement l'Isère. Au début (il s'agit de 1850 à 1870), nous voyons
l'installation se faire sous forme d'usines assez rares, mais de
quelque importance. Les secteurs électriques n'existent pas encore,
on recherche les chutes d'eau ou, à défaut, on emploie la vapeur,
seules forces motrices utilisables, d'où nécessité, soit d'être assez
près d'une gare pour le transport des charbons, soit de posséder une
chute d'eau assez puissante.
A ce moment, les conditions d'existence de l'industrie et du per
sonnel sont toutes différentes des - conditions actuelles et la com
paraison est indispensable pour comprendre quelle formidable
transformation s'est opérée.
La nécessité d'avoir une force motrice aussi économique , que
possible oblige à créer d'assez grosses usines, donc à personnel l'industrie de la soierie dans l'isère. 617
assez nombreux. Il faut des capitaux importants et seuls les gros
négociants en soieries peuvent les -immobiliser. S'il existe dès le
début quelques façonniers, ils sont extrêmement rares.
Pour la facilité des transports et le recrutement de< la main-
d'œuvre, certains usiniers se sont installés dans d'assez gros centres,
tels Voiron, Vizille, La Tour-du-Pin; les autres se sont placés en
campagne, attirés par une chute d'eau, mais les uns comme .les
autres ont dû se préoccuper de la vie matérielle de leur personnel.
De là l'installation de ces immenses dortoirs et de ces réfectoires
que l'on croirait construits sur un modèle uniforme.
A cette époque, la vie de l'ouvrière se passe entièrement à l'usine;
elle y travaille, elle y mange et elle y couche. Elle arrive le lundi
matin, apportant de chez ejle une partie de ses provisions pour la
«emaine, .provisions qu'elle arrangera et qu'une surveillante ap
pointée par l'usine se chargera de faire mijoter sur une immense
cuisinière pendant que l'ouvrière sera à son travail. Elle couche
au dortoir les cinq jours et le samedi soir elle reprend ordinaire
ment le train pour aller passer le dimanche en famille. Lorsque
l'usine est assez éloignée du chemin de fer, d'immenses chars à
bancs transportent toute cette joyeuse jeunesse à la station voisine
et vont l'y rechercher le surlendemain matin. Celles dont les fa
milles sont trop éloignées ne font le voyage que tous les mois, par
fois plus rarement encore.
Les journées de travail sont longues, 10 heures normalement,
parfois 11 et 12 heures; l'ouvrière se lève, travaille, mange et dort
au commandement, d'autant plus qu'une discipline sévère — et il
faut le reconnaître, indispensable — régit ces organisations.
Cette situation a été modifiée radicalement par la diffusion de
l'électricité dans les campagnes, facteur auquel il y a lieu d'ajouter
une transformation de la mentalité de la population. Ce qui, il y a
vingt ans, était accepté sans difficultés par le personnel, ne l'est
plus aujourd'hui.
Les conditions de l'industrie sont devenues tout autres, car les
raisons qui ont justifié la création des tissages aux abords des voies
ferrées ou des rivières n'existent plus; ils peuvent s'installer par
tout où ils pourront trouver un noyau d'ouvrières suffisant. Au
début, on se cantonne dans des centres assez importants; il est inu
tile de chercher la difficulté; mais petit à petit, au fur et à mesure
que le réseau devient plus dense, il s'étend sur de plus petites
agglomérations. #
Corrélativement, nous voyons une extension considérable du tra
vail à façon. L'usine moins importante nécessite des capitaux plus
faibles, d'autant plus que le façonnier n'a pas à se préoccuper de
la vente du tissu et de l'achat de la matière prem

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