La géographie physique comme science et les lois géographiques générales de la Terre - article ; n°363 ; vol.67, pg 385-403

S. V.Kalesnik

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Annales de Géographie - Année 1958 - Volume 67 - Numéro 363 - Pages 385-403
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié le: 01 janvier 1958
• Nombre de lectures: 26
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S.V. Kalesnik
La géographie physique comme science et les lois
géographiques générales de la Terre
In: Annales de Géographie. 1958, t. 67, n°363. pp. 385-403.
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Kalesnik S.V. La géographie physique comme science et les lois géographiques générales de la Terre. In: Annales de
Géographie. 1958, t. 67, n°363. pp. 385-403.
doi : 10.3406/geo.1958.16983
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1958_num_67_363_16983363. — LXVIIe année. Septembre-Octobre 1958. №
ANNALES
DE
GÉOGRAPHIE
LOIS LA GÉOGRAPHIQUES GÉOGRAPHIE PHYSIQUE ET GÉNÉRALES LES GOMME DE LA SCIENCE TERRE1
Quoique la géographie existe depuis bien des siècles déjà, son sujet et ses
buts sont encore partiellement indéterminés et donnent lieu à de nombreuses
discussions. Cette absence de point de vue unique sur les problèmes de la
géographie est une entrave au développement de notre science.
En étudiant la littérature mondiale, on peut facilement se rendre compte
qu'il n'y a malheureusement qu'un très petit nombre de géographes s'inté-
ressant aux questions théoriques générales, c'est-à-dire aux problèmes
méthodologiques de la géographie. La plupart d'entre eux préfèrent s'adon
ner à des recherches géographiques concrètes ou à des descriptions géogra
phiques de régions et de pays différents. Ces problèmes sont, naturellement,
d'une importance toute spéciale, d'autant plus que les sciences ne peuvent
exister et se développer avec fruit sans être basées sur une conception théo
rique. C'est ainsi, par exemple, que jusqu'à présent les biologistes n'ont pas
réussi à donner une définition unanimement admise de « l'espèce » et les
climatologues ne peuvent définir d'une manière satisfaisante la notion du
« climat », ce qui n'empêche pourtant pas ni la biologie ni la climatologie
d'évoluer en faisant de grands progrès. Mais ces progrès seraient encore
plus évidents et rapides si les définitions étaient plus précises. La géographie
de même ferait de nos jours des progrès encore plus effectifs si elle possédait
une conception théorique généralement admise. Les sciences ne deviennent
des sciences véritables que lorsqu'elles sont en état d'élaborer leurs propres
théories. La plupart des géographes soviétiques s'accordent, au sujet de
la géographie, sur quelques points de vue essentiels.
1. Cet article est le texte de deux conférences données par M. le Professeur Kalesnik à
l'Institut de Géographie de l'Université de Paris et prononcées en français. Le texte n'en a presque
pas été modifié afin que les idées exprimées soient fidèlement reproduites. Nous pensons que les
conceptions des géographes soviétiques peuvent provoquer d'utiles réflexions. (Note de u
Rédaction.)
ann. de géog. lxvii* année. 25 ANNALES DE GÉOGRAPHIE 386
I. — La géographie physique comme science
Son objet et ses buts
Et d'abord la géographie est-elle une science unique, ou forme-t-elle tout
un système de sciences ?
Comme le mot s'emploie au singulier, on pourrait croire qu'il
ne désigne qu'une science unique, mais en réalité, depuis longtemps déjà,
ce terme s'emploie pour définir tout un groupe de sciences naturelles et
sociales. Les premières sciences de ce ont pour objet l'étude des
particularités naturelles de la surface du globe terrestre, et les secondes,
l'étude des conditions et des particularités de la répartition et du dévelop
pement de l'activité économique de l'homme dans les différentes régions et les
différents pays de la Terre. C'est pourquoi le terme la géographie, au singulier,
correspond à la notion de sciences géographiques, au pluriel. On donne les
noms de faculté de géographie, ď institut de géographie, de société géographique
aux organismes visant à l'enseignement, au développement ou à la diffusion
de connaissances liées à tout le système des sciences géographiques, et non à
l'une de ses branches prises à part.
Voici l'énumération des sciences naturelles faisant partie de la famille
géographique : la géographie physique, la géomorphologie, la climatologie,
l'océanographie, l'hydrologie continentale, la pédologie, la géographie
botanique, la zoogéographie, etc.
Quant aux sciences sociales, elles sont représentées dans la
par les diverses branches de la géographie économique. Dans cette enumerat
ion, la géomorphologie, la climatologie, l'hydrologie sont mises sur le même
rang que la géographie physique. Ces sciences sont directement- liées à la
géographie, mais elles ne sont pas des parties intégrantes ou des chapitres
de la géographie physique. Il en résulte aussi que la science que nous appelons
la physique ne représente pas du tout la somme totale de sciences
telles que la géomorphologie, la climatologie, l'hydrologie et autres. Un cer
tain nombre de géographes français ont sur ce sujet une opinion contraire à
celle des géographes soviétiques. Pour ceux-ci, la géographie physique est
une science aussi indépendante que la géomorphologie, elle-même science
indépendante.
Une question se pose : comment, à l'aide de quel critérium peut-on
évaluer la valeur intégrale d'une science?
Cette est donnée par l'objet même des recherches de la science en
question. Si cet objet donne lieu à des recherches totalement différentes de
celles des autres sciences, s'il possède une qualité nettement distincte, et son
propre caractère d'étude, la science qui s'en occupe prend une valeur indé
pendante complète. Donc la science est considérée comme indépendante
quand elle étudie des problèmes qui ne sont pas étudiés par d'autres sciences.
Chaque science géographique est une science indépendante, puisque
chacune d'elles a un objet d'étude qui lui appartient en propre et qui ne
coïncide pas avec les objets des autres sciences. Ainsi l'objet des GÉOGRAPHIE PHYSIQUE COMME SCIENCE 387 LA
recherches de la géomorphologie se trouve être le relief ; le climat, les océans
du monde, les bassins hydrologiques de la terre ferme, les sols sont autant
d'objets particuliers des sciences qui s'en occupent exclusivement. Quoique
toutes ces sciences soient liées au groupe des sciences géographiques, les
méthodes de leurs recherches n'en sont aucunement limitées et elles peuvent,
chacune, employer non seulement les procédés établis déjà depuis longtemps
en géographie physique par exemple, mais ceux aussi qui s'emploient dans
n'importe quelle autre science, comme les mathématiques, la physique, la
géologie, etc.
Ayant donc établi que la géographie physique est une science indépen
dante, il nous faut maintenant définir l'objet de ses recherches.
Si nous jetons un coup d'œil sur l'histoire des sciences géographiques,
nous pouvons aussitôt nous rendre compte que toute l'attention des physico-
géographes a été portée des siècles durant sur le même objet d'étude, c'est-
à-dire sur la surface du globe terrestre. Il faut donc en conclure que l'objet de
la géographie physique se trouvait être toujours la surface de la Terre.
Quel est le sens intrinsèque de la notion la surface de la Terre?
Il y a longtemps que l'on a remarqué que la Terre en tant que planète
est composée de plusieurs sphères s'enveloppant l'une l'autre. La première
de ces enveloppes extérieures est l'enveloppe de gaz, l'atmosphère, sous
laquelle se trouvent l'hydrosphère et la lithosphère. L'intérieur de la Terre
est de même composé d'enveloppes possédant différentes propriétés phys
iques. Quelques-unes de ces enveloppes sont disposées si loin l'une de
l'autre qu'elles ne peuvent avoir réciproquement aucune influence immédiate.
Mais sur la surface de la Terre l'eau, l'air, les organismes et les substances
minérales entrent non seulement en contact direct, mais se pénètrent les uns
les autres, sont influencés les uns par les autres et se trouvent ainsi dans des
rap