Le pont du Gard : nouvelle approche du monument et de l aqueduc - article ; n°2 ; vol.133, pg 408-426
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1989 - Volume 133 - Numéro 2 - Pages 408-426
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Jean-Luc Fiches
Monsieur Jean-Louis Paillet
Le pont du Gard : nouvelle approche du monument et de
l'aqueduc
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 133e année, N. 2, 1989. pp. 408-
426.
Citer ce document / Cite this document :
Fiches Jean-Luc, Paillet Jean-Louis. Le pont du Gard : nouvelle approche du monument et de l'aqueduc. In: Comptes-rendus
des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 133e année, N. 2, 1989. pp. 408-426.
doi : 10.3406/crai.1989.14741
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1989_num_133_2_14741COMMUNICATION
LE PONT DU GARD :
NOUVELLE APPROCHE DU MONUMENT ET DE L'AQUEDUC
PAR MM. JEAN-LUC FICHES ET JEAN-LOUIS PAILLET
Si le Pont du Gard, ouvrage majeur de l'aqueduc romain de Nîmes,
est un des monuments les plus visités en France, il faut bien
reconnaître que l'adduction d'eau à laquelle il appartient n'a jamais
fait l'objet de recherches systématiques pour comprendre le projet
de l'architecte-ingénieur romain, dater la construction et en relever
les caractéristiques techniques, analyser le mode et la durée du
fonctionnement de la canalisation, caractériser les avatars que
l'ouvrage a connus dépuis l'Antiquité. C'est pour développer un tel
programme qu'en 1984 une équipe pluridisciplinaire a répondu à
l'appel d'offres de l'ATP « Archéologie métropolitaine » et que
depuis 1986 des campagnes de fouilles sont organisées sur l'aqueduc1.
Pour témoigner de la richesse de cette approche globalisante,
fondée sur la rencontre des sciences géographiques, historiques et
naturelles, il suffit d'évoquer la question de l'eau : l'inventaire et
l'analyse des sources dans la région nîmoise ont fait apparaître que
les sources d'Eure à Uzès étaient les mieux adaptées à l'alimentation
d'un aqueduc urbain ; ces émergences karstiques fournissent, en
effet, au plus près de Nîmes* une eau pure dans les meilleures condi
tions : à une altitude suffisante, en grande quantité et selon un débit
régulier (500 1/s). Les concrétionnements carbonates qu'elle a déposés
dans la canalisation ou aux abords se révèlent de précieux indices
permettant d'apprécier l'évolution de sa qualité et de son débit, et
de définir différentes périodes dans le fonctionnement du canal2.
Les géomorphologues et les topographes ont analysé dans le détail
1. Ce programme, intitulé « Archéologie, histoire et géosystème de l'aqueduc
romain de Nîmes », a été développé par des chercheurs et des enseignants de
l'Institut de recherche sur l'architecture antique du CNRS, du Centre Camille
Jullian et du Laboratoire de géographie physique des universités d'Aix-Mar-
seille, du Musée archéologique de Nîmes, du Département génie civil de l'IUT
Nîmes-Montpellier et de la Direction régionale des antiquités, avec la collabora
tion de plusieurs associations archéologiques locales.
2. Cf. J.-C. Gilly, Étude géochimique des incrustations de l'aqueduc romain
conduisant les eaux d'Uzès à Nîmes : détermination de l'origine des eaux
d'alimentation, dans Méditerranée, 1986, 1-2, p. 131-139 ; J.-L. Guendon et
J. Vaudour, Les concrétions de l'aqueduc romain de Nîmes. Observations et
hypothèses, ibid., p. 140-151. LE PONT DU GARD 409
le tracé de l'aqueduc et montré sa bonne adaptation au milieu
naturel (fig. 1), mais ce ne sont pas seulement des contraintes phy
siques qui ont conditionné le parcours : le réseau routier antique a
joué un rôle pour les repérages et les nivellements, car l'aqueduc ne
s'éloigne guère de la route qui conduisait de Nîmes à Uzès par
l'oppidum de Marduel, situé au passage du Gardon.
Le plus souvent, le canal est implanté à flanc de colline ou en
piémont, il rencontre alors des ruisseaux habituellement à sec mais
parfois gonflés par les grosses pluies méditerranéennes. Le plus
important d'entre eux est celui de Bornègre, qui a nécessité un pont
à trois arches en grand appareil. Dans les Bois de Remoulins, les
vallons les plus profonds ont été franchis par des ponts en petit
appareil à une arche et même un pont à deux étages dont ne sub
sistent que les culées. Les fouilles ont également révélé deux pon-
çeaux à ouvertures rectangulaires, aménagés sur des ruisseaux peu
profonds et de débit modeste. Quant aux tunnels localisés à Sernhac
et à l'entrée de Nîmes, leur creusement n'est pas justifié par des
contraintes naturelles. Dans le premier cas, les trois galeries creusées
dans la molasse langhienne s'expliquent plutôt par la préexistence de
carrières dont les fronts de taille verticaux interdisaient une implan-1
tation à flanc de colline ; dans le second, ce sont vraisemblablement
l'urbanisation et la présence du rempart qui ont imposé un long
tunnel dans le calcaire dur.
Mais les contraintes majeures du tracé étaient ailleurs. En aval du
Pont du Gard, la ligne de partage des eaux entre Gardon et Vistre
imposait, au seuil de Glausonne, une cote au-dessous de laquelle il
aurait été impossible de creuser davantage en tranchée les terrains
détritiques ; il fallait aussi négocier les bas reliefs situés entre les
garrigues d'Uzès et celles de Nîmes, et particulièrement le passage
délicat du Gardon. C'est en fonction de ces deux contraintes que nous
nous proposons de présenter d'abord le Pont du Gard : elles
conduisent, en effet, à le replacer dans un ensemble architectural
plus complexe et à mieux comprendre les restaurations antiques dont
il a fait l'objet avec ses abords. Nous évoquerons ensuite les fouilles
réalisées sur la rive gauche du Gardon, la restitution complète du
dernier étage du monument et le bassin régulateur découvert à la
tête de sa culée amont. Nous terminerons par la délicate question de
la datation de l'ouvrage, pour laquelle nous disposons désormais
d'indices archéologiques.
Le Pont du Gard et les contraintes du tracé
Pour changer de versant entre les garrigues d'Uzès et celles de
Nîmes, l'aqueduc emprunte un ensellement qui sépare le bassin de la 410 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
4>
Fig. 1. — L'aqueduc M. Sintès-Aïoutz romain de Nîmes CRA, dans CNRS. son cadre physique.
Géologie-géomorphologie : 1. — Garrigue sur roche dure compacte d'âge crétacé
inférieur (U : calcaires purs urgoniens ; H : calcaires purs hauteriviens ; HB :
marnes et calcaires indifférenciés hauteriviens et barrémiens). 2. — Garrigue sur
roche dure : Burdigalien. 3. — Garrigue sur roche dure : Langhien. 4. — Bas-
plateau sur roches détritiques rhodaniennes du Pléistocène ancien. 5. — Butte
avec roches détritiques cévenoles du Pléistocène ancien. 6. — Travertins anciens.
7. — Bas niveaux et lits du Gardon avec roches détritiques cévenoles du Pléisto
cène moyen-récent-actuel. 8. — Bas niveaux et lits de l'Alzon et du Vistre avec
roches détritiques autochtones du Pléistocène moyen-récent-actuel. 9. — Pi
émont de garrigue et glacis avec roches détritiques autochtones du Pléistocène
moyen-récent. Colluvions historiques (f : dépôts colluviaux de dépres
sions internes). 10. — Travertins récents. 11. — Travertins actuels de cours
d'eau. 12. — Escarpement majeur. Hydrologie: 13. — Cours d'eau pérenne.
14. — Cours d'eau temporaire. 15. — Source pérenne. 16. — Source temporaire.
17. — Aqueduc. (Les n° 1 à 10 correspondent aux grandes unités du parcours). LE PONT DU GARD 411
basse vallée de l'Alzon et la dépression de Castillon-Remoulins. Les
points les plus hauts de ce parcours sont successivement le plateau
qui s'étend autour du village de Vers, la colline de Martian et la
colline de la Balozière ; le tracé s'appuie sur ces reliefs : le canal est
creusé en tranchée dans les grès molassiques roux du Langhien sur le
plateau de Vers et au revers est de la colline de Martian, ainsi que
dans les calcaires purs urgoniens de la de la Balozière. Entre
ces secteurs, trois ouvrages d'art de faible hauteur, et composés
d'une série d'arcades, ont suffi à maintenir le niveau du can

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