Les établissements humains de la dépression subcarpathique d'Oneçti Du IVe millénaire av. J.-C. à l'époque féodale - article ; n°402 ; vol.74, pg 160-174

Ion Sandru

Description

Annales de Géographie - Année 1965 - Volume 74 - Numéro 402 - Pages 160-174
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié le: 01 janvier 1965
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Ion Sandru
Les établissements humains de la dépression subcarpathique
d'Oneçti Du IVe millénaire av. J.-C. à l'époque féodale
In: Annales de Géographie. 1965, t. 74, n°402. pp. 160-174.
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Sandru Ion. Les établissements humains de la dépression subcarpathique d'Oneçti Du IVe millénaire av. J.-C. à l'époque
féodale . In: Annales de Géographie. 1965, t. 74, n°402. pp. 160-174.
doi : 10.3406/geo.1965.16810
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1965_num_74_402_16810Les établissements humains
• 1
de la dépression subcarpathique d'Oneçti
Du IVe millénaire av. J.-C. à l'époque féodale*
par Ion Sandru
La région subcarpathique d'Oneçti qui fait l'objet de notre étude, est
située à la courbure des Garpatb.es orientales, dans le bassin supérieur de la
rivière du Trotuç. Depuis des temps très anciens, elle présentait un intérêt
économique à cause de la richesse de ses ressources naturelles et, surtout,
de sa position géographique. C'est par cette région que passait l'ancienne voie
transcarpathique de l'Oituz, laquelle, durant des millénaires, a assuré les
échanges de produits entre les communautés humaines établies dans les
zones intracarpathiques et péricarpathiques.
Les matériaux découverts dans les stations archéologiques nous autorisent
à affirmer que le col d'Oituz fut utilisé, dans des buts économiques, au moins
depuis le 111e millénaire av. J.-G. Par ce col se sont déplacés dans les deux
sens, en commençant par le ine millénaire av. J.-G., des groupes de popul
ations des époques suivantes : Néolithique (culture de Gucuteni), du Bronze,
du Fer, de la période correspondant à la province roumaine de Dacie, et de la
période de transition vers la féodalité. A l'époque de La Tène par la voie de
Trotuç-Oituz se sont également répandus chez les autochtones les produits
grecs. La voie est plus fréquentée dans la période romaine, étant surveillée par
le castrum Augustin de Bretou (district de Tirgu-Sâcuaso) et la petite forte
resse de Poiana (district de Tecuci). Elle faisait officiellement partie de la
* Le matériel archéologique utilisé ici a fait l'objet d'une communication faite le Ю-ш-1946
à la Filiale de Jassy de l'Inst. de rech. géogr.. (Revista Geograficâ, an-III, fasc. 1-3, Bucarest,
1946, p. 11) ; de même, il a été utilisé dans le chapitre respectif de notre thèse de doctorat [Seconde
partie, p. 226-235, Jassy, 1949 (manuscrit)]. La carte est établie d'après nos recherches per
sonnelles. LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS D'ONESTI 161
grande voie qui commençait en Gaule, passait par la Jazygie et la Dacie et se
dirigeait vers le Sud-Est à Tyras et de là à Olbia [(30) p. 405] К
Aussi, par le col d'Oituz passait le chemin le plus direct entre la Dácie
transcarpathique et les Bouches du Danube et la Dobrogea (24, 30).
Les particularités du milieu géographique ont joué un rôle important dans
le développement des établissements humains. La région subcarpathiqué
d'Onefti a en général l'aspect d'une dépression attachée aux Carpathes,
mais sa cloison Est a été détruite par l'érosion du Trotuç qui a morcelé là
haute plaine piémontane de la courbure en ouvrant une large vallée vers lé
Sirét. Les formes du relief modelées dans les formations pétrographiques
mio-pliocènes de la dépression se développent en forme d'interfluves à
orientation radiaire. Dans les vallées de 4 rivières principales carpathiques
de la région (Trotuç, Oituz, Casin et Tazlàu), les terrasses de confluence qui
se déploient en larges gradins d'amphithéâtre dans la zone du noeud hydro
graphique d'Oneçti, sont fort étendues. '■
Les terrasses ont de larges surfaces variant entre 0,3 km et 4 km ; elles
sont constituées par d'épaisses couches de gravier et de lehms jaunâtres,
recouvertes par de fertiles sols bruns de forêts ; leur altitude relative varie
entre 7 et 100 m ; leurs rebords du côté des rivières sont escarpés. Des pro
montoires et des éperons se détachent des terrasses offrant des sites naturelle-1
ment bien fortifiés (Cetàtui = « petites forteresses »).
La région subcarpathiqué d'Oneçti est riche en eaux, forêts, sel, marnes
et sols fertiles propres aux cultures. Elle possède un climat plus doux que
celui des régions avoisinantes : une température moyenne annuelle de 9°G
(la moyenne de juillet étant de 19,9 °G et celle de janvier de —2,2 °C), une annuelle des précipitations de 618 mm, des vents prédominants
(44,4 p. 100) du secteur Ouest (19).
Les conditions climatiques et pédologiques ont favorisé l'extension des
quercinées jusqu'à la zone montagneuse et le maintien, dans la partie centrale
de la région, d'un considérable îlot de sylvosteppe (5, 1, 22) à nombreux él
éments floristiques subméditerranéens (le groupe de stipeto-festucion-pseudo'
ovinœ)2. Sur les chicots rocheux déboisés (perchiuri en roumain), au Nord du
Trotuç, I. D. Tàtàranu (22) signale la présence d'une végétation de steppe
typique qui s'est conservée inaltérée.
Nous considérons que les particularités du milieu géographique et la
position de la région ont constitué des éléments d'attraction pour les groupe
ments de la population et ont été favorables au développement de nombreuses
cultures matérielles dès la période de Tordre primitif.
1. Les chiffres entre () se rapportent à la bibliographie placée à la fin du présent article.
2. Quercus pubesccns Willd, Quercus virgiliana Ten., Tilia tomentosa Mônch., Prunus fruticosa
Pali., Prunus папа (L.) Stoxes, Stipa capillata L., Andropogon ischsemum L., Adonis eernalis L.,
Aster-omellus L.
Аня. dk Oioo. — txznr* awnuk. 11 ANNALES DE GÉOGRAPHIE 162
I. LA RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE
DES ÉTABLISSEMENTS
Pour avoir une image exacte du processus de peuplement, dans le temps
et dans l'espace, de la région subcarpathique d'Oneçti, il est nécessaire de
suivre les établissements humains en commençant par l'époque de la com
munauté primitive. Bien entendu, cela ne doit pas nous faire remonter l'or
igine des actuels à une époque aussi ancienne. L'instabilité du
climat et la répartition des formations floristiques durant les époques quater
naire et post-quaternaire ont eu des répercussions sur le développement de
la vie matérielle et sur la vie économique et sociale et ont provoqué d'impor
tants mouvements de population.
Les vestiges de vie matérielle découverts dans cette région nous ont
permis d'identifier 21 établissements humains préhistoriques1. Il résulte de
l'analyse de la carte (fig. 1) que la majorité des établissements était groupée
dans la partie centrale de la dépression, où ils étaient attirés par la disposi
tion en amphithéâtre des terrasses de confluence dans la zone de l'îlot de
sylvosteppe, par l'abondance de l'eau, la facilité de la communication et de
la cohésion entre les groupes. Dans le choix des sites pour les établissements,
un grand rôle revient aux sources d'eau salée, slatině, près desquelles sont
situés 7 établissements : Marginea, Podiac, Varnita, Viisoara, Podeiu,
D. Chiorului et Bielci.
Pour ces sites, les établissements préhistoriques ont utilisé en premier
lieu les surfaces plates des terrasses. Aussi, sur 24 stations, 22 sont-elles
situées sur les terrasses et 2 seulement (Cosuri et Ghichilâu) émergent sur des
formes de relief plus élevées que la dépression.
Dans les terrasses, les établissements ont préféré les hautes terrasses de
50-90 m d'altitude ; sur 22 sites de terrasses, 6 seulement sont situés à une
altitude de 6-20 m. Les hautes terrasses ont des surfaces étendues (de 1 à
4 km) pouvant être utilisées pour les cultures, tandis que leurs escarpements
sont raides, voire abrupts.
La répartition presque uniforme des éléments géographiques de la région
a eu comme effet le développement d'un nombre d'« établissements doubles » :•■.
Podiac-Balicei, Malul-D. Chiorului,