Périodicité des grandes inondations et crues exceptionnelles - article ; n°2 ; vol.16, pg 499-519
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Revue de géographie alpine - Année 1928 - Volume 16 - Numéro 2 - Pages 499-519
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Publié le 01 janvier 1928
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Langue Français
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Maurice Pardé
Périodicité des grandes inondations et crues exceptionnelles
In: Revue de géographie alpine. 1928, Tome 16 N°2. pp. 499-519.
Citer ce document / Cite this document :
Pardé Maurice. Périodicité des grandes inondations et crues exceptionnelles. In: Revue de géographie alpine. 1928, Tome 16
N°2. pp. 499-519.
doi : 10.3406/rga.1928.4457
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1928_num_16_2_4457PERIODICITE DES GRANDES INONDATIONS
ET CRUES EXCEPTIONNELLES
Par Maurice PARDÉ.
Sommes-nous plus ou moins inondés qu'autrefois ?
I. — Atténuation des crues sur certains cours d'eau,
„Si nous considérons la date et l'importance des inondations
survenues en France dans les bassins de l'Isèpe, de la Garonne
supérieure et moyenne, du Tarn, de la Loire en amont de Nevers
et de Tours, on éprouve l'impression rassurante que, dans le
siècle écoulé, ou depuis 50 ans tout au moins, ces phénomènes
ont marqué une atténuation très appréciable que prouvent les
chiffres :
En septembre 1733, novembre-décembre 1740, octobre 1778,
VIsère a coté 5 m. 40 ou plus à Grenoble et inondé de 0 m. 50 à
1 m. 50 la plus grande partie de la ville; même désastre en no~
vembre 1859 avec une cote de 5 m. 35.
Depuis lors, la plus forte crue de l'Isère n'a pas dépassé 3 m. 40
(juillet 1014). Il n'y a donc plus eu depuis 70 ans d'inondation
véritable jusqu'au confluent du Drac, et les lamentations dont
retentissent les rives du Grésivaudan ne doivent pas être prises
au tragique.
Quant au Drac, « qui doit mettre tôt ou tard Grenoble en sa
von », il paraît s'être bien calmé depuis 72 ans. En novembre
1843, il atteignit, semble-t-il, 4 mètres à Fontaine et rompit sa 500 MAURICE PARDÉ.
digue sur la rive droite, en aval de Pont-de-Glaix; le 30 mai
1876, il cota 4 m. 20 et battit tous ses records. Depuis cette date,
il n'a plus atteint de niveau effrayant.
Si les maxima de novembre 1886 (3 m. 40), octobre 1889
(3 m. 40), juillet 1914 (3 m. 25) ont inspiré aux contemporains
des commentaires effrayés, c'est qu'on a perdu la notion véri
table des colères que peut éprouver l'impétueux dragon. Et si,
comme on l'affirme, le fond du Drac s'est exhaussé dans le der
nier siècle, l'avantage des débits de 1856 sur ceux de 1886 et de
1914 est encore plus éclatant. On a, d'autre part, traité de catas
trophe exceptionnelle la crue de juillet 1914 dans la cluse de
Grenoble où elle a rompu les digues, couvert et raviné les
champs et coupé le chemin de fer. Or, cette inondation de l'Isère
inférieure n'a paru horrifiante qu'à des riverains endormis dans
une molle quiétude. Que diraient-ils d'une crue semblable à
celle de mai 1856 ? En cette occurrence, les eaux ne s'arrêtèrent
à Romans qu'à 5 m. 61, tandis qu'en 1914, la cote de 3 m. 96 ftit
seulement effleurée !
Transportons-nous maintenant dans le Val de Loire, région
verte et riante où plane la menace d'un fleuve redouté pour ses
montées foudroyantes et ses débordements à perte de vue. On
sait que, de temps à autre, la Loire et l'Allier, gonflés des pluies
torrentielles qui s'abattent sur leur bassin en grande partie im
perméable et très accidenté, dévastent le Velay, le Forez, le
Roannais, la Limagne, le Bourbonnais et concentrent quelques
9.000 mètres cubes à leur confluent. Cette effroyable masse d'eau,
bien supérieure à la capacité du chenal, surmonte et rompt
toutes les digues de Nevers à Tours, Saumur ou même Nantes,
accumulant les détresses et les ruines. De telles catastrophes
ont eu lieu coup sur coup, après les alertes déjà très graves de
novembre 1790 et décembre 1825, en octobre 1846, mai-juin 1856,
septembre 1866. La première fois (octobre 1846), la Loire supé
rieure bondit à 14 m. 50 au Pertuiset, coupa presque tous ses
ponts et faillit anéantir Roanne; jusque vers Blois et Tours, le
désastre fut terrible. La seconde fois, l'inondation, moins grave INONDATIONS ET GRUES EXCEPTIONNELLES. 5ôi GRANDES
jusqu'à la sortie du Massif Central, dépassa tout ce qu'on pou
vait imaginer dans la plaine. En 1866, la crue fut supérieure à
la précédente jusqu'au Bec d'Allier et à celle de 1846 après
Gien. Bref, tous les dix ans, lés riverains de la Loire étaient
soumis aux pires angoisses. Or, depuis 1866, leur tranquillité
égale presque celle des Grenoblois. Certes, en octobre 1907, le
fleuve se livra à des exploits très coupables entre sa source et
le Roannais, mais la crue s'atténua en aval de Digoin, et, comme
en octobre 1872, la cote de 5 m. 20 fut à peine dépassée à Or
léans : une misère à côté des 7 à 8 mètres qu'on observa ou
qu'on eût enregistrés en 1846, 1856, 1866, si les digues avaient
tenu bon !
Passons maintenant au Tarn, dont le talweg bizarre, au sortir
des Gausses et des massifs primaires, s'enfonce de 20 à 25 mèt
res, formant une véritable gorge au milieu d'une vaste et fer
tile vallée plate. Si les riverains haut perchés se rient des crues
rougeâtres, rapides entre toutes, ces dernières peuvent gonfler
de façon désastreuse la Garonne aux berges moins escarpées.
Or, nous constatons qu'en novembre 1766, la rivière dépassa
largement 10 mètres à Albi et s'arrêta un peu au-dessus de ce
niveau formidable à Montauban. En décembre 1772, le record
d'Albi demeura invaincu, mais celui de Montauban fut dépassé.
On revit des cotes voisines de 10 metre's à en février
1807 (9 m. 70), en janvier 1826 (9 m. 80).
Mais là encore, depuis 1826, le Tarn est resté d'une sagesse
relative; ses maxima de janvier 1843 (7 m. 80), octobre 1872
(8 m.), septembre 1875 (7 m. 85), décembre 1888-janvier 1889
{7 m. 40) pâlissent à côté des précédents. Il faut aller jusqu'à
novembre 1907 et mars 1927 (7 m. 10) pour trouver un max
imum de 7 mètres ou plus. Nous avons peine à croire qu'un
creusement, d'ailleurs problématique, du fond suffise à expli
quer cette bienfaisante décadence du Tarn.
Sur le Lot supérieur également, les influences méditerra
néennes toutes-puissantes paraissent avoir peu sévi depuis une
cinquantaine d'années, tandis que trois fois, à intervalles rap- 502 . MAURICE PARDÉ.
proches, en septembre I860, octobre 1868 et septembre 1875, elles
s'étaient manifestées avec éclat. En septembre 1875, la Truyère
cota 12 m. 40 à Pont-de-Cadène; en octobre 1868, Lot et
réunis à Entraygues durent dépasser de 1 mètre peut-être, avec
un maximum fabuleux de 10 m. 50, le record de mars 1783.
Bien plus digne d'éloges encore est la Garonne supérieure et
moyenne, qui en juin 1875 engendra la plus grande catastrophe
que les inondations aient sans doute commise en territoire franç
ais. Même si on excepte ce paroxysme (9 m. 47 à Toulouse), la
Garonne méritait autrefois d'être assimilée pour ses coups de
force à sa voisine la Loire. Elle dépassa 7 mètres à Toulouse
coup sur coup en avril 1770, septembre 1772; puis, après une
accalmie, en mai 1827, mai-juin 1835, juin 1855. En presque
toutes ces occasions, la cote de 10 mètres fut plus ou moins dé
passée à Agen, comme cela arriva encore en février 1879.
Et depuis, la Garonne moyenne, elle aussi, est devenue presque
débonnaire ; à Agen, les crues de mai 1890 (9 m. 10), décembre
1906, mai 1918 (8 m. 80), mars 1927 (8 m. 57) ne furent pas très
dommageables. Quant à la Garonne supérieure, son apaisement
étonne ceux qui évoquent les accès de démence si fréquents
autrefois. Depuis 1875, Toulouse n'a pas vu de flot supérieur à
4 m. 87 (février 1879) 1
Ainsi donc, plusieurs cours d'eau français, et non des moind
res, manifestent depuis 100 ans ou un demi-siècle une ten
dance à la modération. Pour la terrible Garonne supérieure et
pour l'Isère, maintes fois dans le passé cauchemar des Grenob
lois, il y aurait même un changement total de régime et une
absence de crues trop étrange et trop nouvelle pour sembler
bien honnête.
• II. — Aggravation des crues en divers bassins.
Malheureusement, nous allons voir que dans d'autres bas
sins, voisins des précédents, l'at

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