Une région karstique d Irlande : le Burren - article ; n°1 ; vol.27, pg 21-33
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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1952 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 21-33
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1952
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Corbel
Une région karstique d'Irlande : le Burren
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 27 n°1, 1952. pp. 21-33.
Citer ce document / Cite this document :
Corbel Jean. Une région karstique d'Irlande : le Burren. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 27 n°1, 1952. pp. 21-33.
doi : 10.3406/geoca.1952.1054
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1952_num_27_1_1054UNE RÉGION KARSTIQUE D'IRLANDE
LE BURREN
par J. Corbel
« Ce sont des surfaces de roches nues, stériles et désertes, débitées en
blocs* rugueux par des crevasses et des ravins : un paysage de Causse ou de
garrigue sans la lumière de notre Midi ». A ces quelques lignes de
Demangeon auxquelles se joint une photo (Les Iles Britanniques, Colin,
1927), se limite, ou à peu près, la bibliographie française sur le Burren.
E. A. Martel n'y alla pas, trouvant les moyens de communication trop
invraisemblables. Les géologues anglais ont fourni une carte géologique
rudimentaire et quelques indications surtout paléontologiques ; quelques
spéléologues amoureux d'aventure s'y sont risqués et y ont découvert la
plus grande grotte d'Irlande; quelques enquêteurs officiels pressés l'ont
traversé et c'est tout. Aucune description morphologique, aucune étude
humaine.
LE PAYSAGE
Le Burren (fig. 1) couvre la plus grande partie du Comté de Clare sur la
côte Ouest de l'Irlande. Il forme un rectangle de 30 X 25 km, ou 35 km
en ajoutant le bas pays de Gort-Corrofin. C'est une double région de pla
teaux calcaires tabulaires, chapeautés de schistes et dominant la mer de
plus de 300 m. {fig. 2). La plaine de Gort-Corrofin, absolument plate au
Nord, devient un peu plus ondulée au Sud, mais dépasse rarement 30 m.
d'altitude. Au delà, à l'Est et au Sud, commencent les régions gréseuses,
argileuses ou schisteuses, au Nord et à l'Ouest ce sont les flots grisâtres
de l'Atlantique.
Ce relief se dressant brusquement au-dessus de l'Océan est sans cesse
balayé par les vents d'Ouest chargés de lourds nuages. L'humidité y est
extraordinairement forte, en particulier sur les hauteurs. Il n'existe là aucune
station régulière. D'informations sporadiques et de mes propres observations,
il résulte que: au crachin et au brouillard qui sont le lot de chaque jour,
se mêlent des averses très violentes, aux gouttes énormes, tombant durant
des heures, sans ralentissement. Certains jours, sur Slieve Elva, on reçoit
plus de 15 cm. de pluie. En août 1950, il tomba rarement moins de 10 cm.
par jour. Il est vrai que cette année est considérée en Irlande comme part
iculièrement pluvieuse. On peut vraisemblablement estimer entre 2 et 3 m. J. CORBEL 22
la masse d'eau qui s'abat annuellement sur les hauteurs les plus à l'Ouest.
Cette quantité décroit rapidement vers l'intérieur. Dans le bas pays de
Gort, il ne tombe que de 100 à 120 cm. de pluie par an, et le nombre de
jours de pluie avoisine 250.
BAIE DE GALWAY
CARTE
SCHÉMATIQUE
BURREN &
X1NVARA- PL AT PAYS CORROFIN. DE 0
-*— — Limite des principales zones tabulaires.
л и r Vallée glaciaire de Ca rran et verrou . Limite de la zone siliceuse.
î^f# Zone aes marais et lacs "iTir ^ Zone des marais seuls
ЛГ Zone á drainage mixte . ^ Lacs~~^0- Hauteurs de vieux grès rouges.
Fig. 1. — Carte schématique: Burren et plat pays de Kinvara Corrofin.
L : Lisdoonvarna. 1 : Poulsallagh. 2 : Cloghanulk. 3 : Craggah. 4 : Pollnagollum :
5: Feenagh. 6: Bealaclugga. 7: Gortaclare Mts. 8: Doomore Mts. 9: polie de Carran.
10: Lough Aleenaun. II: Elmvale Ho. 12: Killinaboy. 13: Glencolumbkille. 14: Coole.
15: Caherglassaun lough.
Sur les placages de schistes se développent des tourbières acides, gorgées
d'eau dans les parties plates. Dès que la pente s'accentue on voit se multi
plier les ruisselets. Sur les placages argileux, des étangs en nombre infini
donnent naissance à des rivières larges et peu profondes. Tous ces cours
d'eau se perdent dès qu'ils atteignent le calcaire: les ruisselets du schiste
dans des dolines en cratère, les rivières de l'argile dans des fissures LE BURREN 23
impénétrables. Toute la région calcaire, c'est-à-dire pratiquement tout le
pays, n'est que dalles nues descendant en escalier et gercées de lapiés, dans
lesquels s'accrochent à grand peine quelques ronces ou quelques orties. Il
pleut à torrent et sous ce ciel gris on ne voit que dos de calcaire blanchâtre
ondulant à l'infini. Un officier de Cromwell disait déjà : pas d'arbre pour pen
dre les gens, pas d'eau pour les noyer, pas de terre pour les enterrer, et cette
5LJEVE _ ELVA 3 FEENAGH 4
W.
FiG. 2. — Schéma de l'Ouest du Burren.
Noter le soulèvement de Knockausmountain et la fissuration du calcaire. On a schémat
isé la corrélation supposée avec un horst cristallin (le calcaire repose en discordance sur
le granit)
— la vallée sèche de la Caher dirigée vers le Nord, alors que l'écoulement souterrain
se dirige vers le sud;
— les pertes de la Feenuach.
1: Poulsallagh. 2: Knockausmountains. 3: Pollnagollum. 4: baie de Ballyvaghan.
définition est resté rigoureusement vraie. Le vent arrête totalement la crois
sance des arbres ; quant à l'eau et la terre, elles sont sous terre. C'est un pays
d'une pauvreté effrayante. Sur des dizaines de km. au long des hauteurs, on ne
trouve pas un seul champ. Il n'y a pas 100 habitants sur toutes les parties
hautes du Burren. C'est une région qui contraste profondément avec le reste
de la « Verte Erin » . C'est un des coins les plus humides et les plus nus
de toute l'île. C'est probablement la partie la plus sauvage de la sauvage
Irlande de l'Ouest.
MORPHOLOGIE
Structure et mouvements récents
Dans le Burren et le bas-pays nous nous trouvons en présence d'une simple
masse de calcaire carbonifère de quelque 600 m. de puissance, reposant direc
tement sur le granit (comme le montre la coupe du Collège de Galway). Çà
et là s'intercalent de larges nodules de schistes, peu épais. Tous ces cal
caires et ces schistes appartiennent à une seule « zone » et aucune strati
fication fine n'est possible. De part et d'autre de formidables escarpements 24 J, CORBEL
de failles, on ne note aucune différence de faciès ou d'horizon géologique.
L'ensemble du Burren n'est qu'un énorme banc calcaire, à peu près hori
zontal à l'Ouest, légèrement ployé en son centre et un peu plus redressé au
voisinage de la faille orientale. La plaine de Gort tranche une structure un
peu plus complexe, surtout dans sa partie Est, au voisinage de la cuesta de
Vieux Grès Rouge qui la limite de ce côté.
L'érosion a découpé dans le Burren de remarquables hauteurs tabulaires,
aux sommets absolument plats, parfois coiffés d'un lambeau schisteux, et
descendant en larges gradins jusqu'à la mer. Généralement chaque replat
important correspond à l'affleurement d'une nodule de schiste. Les vallées,
le plus souvent sèches, sont des auges très larges, présentant longitudinale-
ment des séries de bassins séparés par des « verrous ». Les dépôts morai-
niques qui colmatent les fonds, les formes, tout concourt à indiquer le rôle
capital de la glaciation. Sauf pour la vallée de Ballyvaghan, le tracé de ces
dépressions est absolument indifférent à la structure. Sur les hauteurs on
trouve accidentellement des sables argileux aux grains émoussés, plus rare
ment, des roches cristallines arrondies, et sur les replats les plus bas quelques
galets calcaires.
A l'Ouest, au Nord, à l'Est, le Burren est limité par des failles. L'esca
rpement est à peine entaillé par l'érosion à l'Ouest, beaucoup plus au Nord
où le synclinal de Ballivaghan a fourni une zone d'attaque aisée. La cour
bure de l'escarpement oriental a facilité le dédoublement de la cuesta par le
grand glacier venu du Nord, et par l'érosion marine probablement. De toute
façon, la fraîcheur de la faille dont le môle tectonique domine de près de
300 m. le fossé de Gort, est absolument remarquable. Le soulèvement du
calcaire coïncide avec un soulèvement du granit, comme le montreraient les
mesures gravimétriques qui ont été faites. Il n'y a rien d'étonnant à cela.
Nous retrouvons là un phénomène bien connu dans nos montagnes fra

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