Descartes « presque » galiléen : 18 février 1643 - article ; n°1 ; vol.39, pg 3-16
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Description

Revue d'histoire des sciences - Année 1986 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 3-16
RESUME. — En 1643, Descartes écrit à Constantin Huygens une très longue lettre dans laquelle il affirme que la vitesse de l'eau qui s'écoule d'un réservoir est proportionnelle à la racine carrée de la hauteur de charge (v x √h). Avant de donner la loi, Descartes rappelle et accepte l'explication galiléenne du mouvement naturellement accéléré. Cette adhésion à Galilée est inédite chez Descartes, car ses pages précédentes témoignent d'une opinion assez peu favorable. Il est pourtant singulier que dans la même lettre Descartes s'éloigne de Galilée sur un point décisif : il établit une relation entre la vitesse et le poids du corps en chute. Aristote finit-il par se glisser entre les lignes ? La démarche de la pensée cartésienne n'abonde pas dans le sens d'une telle problématique. L'auteur de cet article estime plutôt que Descartes, en évoquant implicitement son explication de la pesanteur, souligne l'exigence légitime relative à la mise en place d'un fondement dynamique de la loi d'écoulement.
SUMMARY. — In 1643, Descartes wrote Constantin Huygens a long letter in which he maintained that the speed of water flowing from a water tank is proportional to the square root of the distance fallen (v x √h). Before stating the law, Descartes recalled and approved the Galilean explanation of naturally accelerated motion. This support for Galileo is new in Descartes work, for the preceeding pages of the letter display an opinion scarcely favorable of Galileo. It is remarkable, however, that in this same letter Descartes deviated from Galileo concerning a crucial matter. He established a relation between the speed and weight of a falling body. Did Aristotle end up slipping in between the lines ? Cartesian thought makes little room for such a philosophical problem. In the author's opinion, it is more likely that in implicitly evoking his explanation of a body's weight, in the course of establishing the relation just mentioned, Descartes stressed the need for a dynamical foundation for the law of water flow.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M ANTONIO NARDI
Descartes « presque » galiléen : 18 février 1643
In: Revue d'histoire des sciences. 1986, Tome 39 n°1. pp. 3-16.
Citer ce document / Cite this document :
NARDI ANTONIO. Descartes « presque » galiléen : 18 février 1643. In: Revue d'histoire des sciences. 1986, Tome 39 n°1. pp.
3-16.
doi : 10.3406/rhs.1986.4015
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1986_num_39_1_4015Résumé
RESUME. — En 1643, Descartes écrit à Constantin Huygens une très longue lettre dans laquelle il
affirme que la vitesse de l'eau qui s'écoule d'un réservoir est proportionnelle à la racine carrée de la
hauteur de charge (v x √h). Avant de donner la loi, Descartes rappelle et accepte l'explication galiléenne
du mouvement naturellement accéléré. Cette adhésion à Galilée est inédite chez Descartes, car ses
pages précédentes témoignent d'une opinion assez peu favorable. Il est pourtant singulier que dans la
même lettre Descartes s'éloigne de Galilée sur un point décisif : il établit une relation entre la vitesse et
le poids du corps en chute. Aristote finit-il par se glisser entre les lignes ? La démarche de la pensée
cartésienne n'abonde pas dans le sens d'une telle problématique. L'auteur de cet article estime plutôt
que Descartes, en évoquant implicitement son explication de la pesanteur, souligne l'exigence légitime
relative à la mise en place d'un fondement dynamique de la loi d'écoulement.
Abstract
SUMMARY. — In 1643, Descartes wrote Constantin Huygens a long letter in which he maintained that
the speed of water flowing from a water tank is proportional to the square root of the distance fallen (v x
√h). Before stating the law, Descartes recalled and approved the Galilean explanation of naturally
accelerated motion. This support for Galileo is new in Descartes work, for the preceeding pages of the
letter display an opinion scarcely favorable of Galileo. It is remarkable, however, that in this same letter
Descartes deviated from Galileo concerning a crucial matter. He established a relation between the
speed and weight of a falling body. Did Aristotle end up slipping in between the lines ? Cartesian
thought makes little room for such a philosophical problem. In the author's opinion, it is more likely that
in implicitly evoking his explanation of a body's weight, in the course of establishing the relation just
mentioned, Descartes stressed the need for a dynamical foundation for the law of water flow.Descartes « presque » galiléen :
18 février 1643
lettre de est RESUME. donner proportionnelle dans la laquelle — loi, En Descartes il à 1643, la affirme racine Descartes rappelle que carrée la écrit et vitesse de accepte à la Constantin de hauteur l'eau l'explication qui de Huygens charge s'écoule galiléenne une (v d'un a très y/h). réservoir du longue Avant mou
vement naturellement accéléré. Cette adhésion à Galilée est inédite chez Des
cartes, car ses pages précédentes témoignent d'une opinion assez peu favorable.
Il est pourtant singulier que dans la même lettre Descartes s'éloigne de Galilée
sur un point décisif : il établit une relation entre la vitesse et le poids du
corps en chute. Aristote finit-il par se glisser les lignes ? La démarche
de la pensée cartésienne n'abonde pas dans le sens d'une telle problématique.
L'auteur de cet article estime plutôt que Descartes, en évoquant implicitement
son explication de la pesanteur, souligne l'exigence légitime relative à la mise
en place d'un fondement dynamique de la loi d'écoulement.
SUMMARY. — In 1643, Descartes wrote Constantin Huygens a long letter
in which he maintained that the speed of water flowing from a water tank is
proportional to the square root of the distance fallen (v a. л/h). Before stating
the law, Descartes recalled and approved the Galilean explanation of natur
ally accelerated motion. This support for Galileo is new in Descartes work,
for the preceeding pages of the letter display an opinion scarcely favorable of
Galileo. It is remarkable, however, that in this same letter deviated
from Galileo concerning a crucial matter. He established a relation between
the speed and weight of a falling body. Did Aristotle end up slipping in bet
ween the lines ? Cartesian thought makes little room for such a philosophical
problem. In the author's opinion, it is more likely that in implicitly evoking
his explanation of a body's weight, in the course of establishing the relation
just mentioned, Descartes stressed the need for a dynamical foundation for the
law of water flow.
Les interprètes de la pensée cartésienne n'ont jamais remarqué
d'incohérence entre la démarche ou la structure de la pensée de
Descartes éprise d'explication fondamentale et son attitude intellec
tuelle — ses réserves, ses critiques souvent tranchantes — à l'égard
Rev. Hist. Sci., 1986, XXXIX/1 4 Antonio Nardi
des propositions, des arguments ou des conclusions de Galilée (1).
Il faut avouer pourtant que la possibilité d'expliquer cette att
itude grâce à la nécessité interne d'une philosophie si déterminée —
et si solide dans la construction de toutes pièces d'une tradition du
savoir tout à fait nouvelle — n'a pas exclu tout à fait un certain
regret de ne pas pouvoir situer ipso facto les pages de Descartes
dans le tableau de la physique du XVIIe siècle, structuré a posteriori
suivant le point de fuite newtonien. C'est ce tableau de la physique
qui a connu le succès. C'est dans une perspective trop liée à un point
de vue positiviste et partial que le Galilée méconnu par Descartes
semble troubler l'éclat et l'ordre de ce tableau. Il s'agit de toute
évidence d'un tableau dans lequel bien des choses participent du
silence exigé par une reconstruction parfaite. Descartes ne pose plus
de problèmes en ce qui concerne le rôle qu'il a joué sur la scène
principale de la science nouvelle. C'est un rôle que les travaux de
Milhaud, de Tannery, de Koyré et de Costabel ont éclairci et que,
sous des aspects très importants, ils ont rétabli dans son autonomie
aussi bien que dans la perspective de la science galiléenne (2).
Si peu motivé qu'il soit, demeure pourtant chez l'historien le
regret de ces pages tranchantes que Descartes consacre aux grands
ouvrages de Galilée (3). Lorsque nous relevons dans les Principia de
Newton le nom de Galilée comme référence abrégée des théorèmes
du Dialogo ou des Discorsi, nous regrettons que le nom de Descartes
n'obtienne pas le même rôle de point de repère reconnu désormais
par tous les savants, dans la construction deductive de nouvelles
propositions : « ideoque per theoremata Galilaei », « ut Galilaues
(1) Je remercie M. Armand Beaulieu pour avoir accepté de lire ces pages et
pour les conseils qu'il a bien voulu me donner. Je remercie également le P.
Pierre Costabel, qui a lu cette étude et m'a proposé son titre actuel.
(2) P. Démarches originales de Descartes savant, in Descartes sa
vant (Paris : Vrin, 1982), 9-13 (texte publié en 1978) : un bilan des auteurs et des
textes consacrés à l'œuvre scientifique de Descartes. Pour les travaux de
P. Costabel, consulter tout le volume.
(3) II s'agit des deux lettres à Mersenne du 14 août 1634 et du 11 octobre
1638 : Œuvres de Descartes, Adam-Tannery (Paris, 1897-1913), I, 303-306, et II,
379-402. Dans la lettre de 1638, Descartes avoue que « Galilée philosophe beau
coup mieux que le vulgaire, en ce qu'il quitte le plus qu'il peut les erreurs de
PEsçhole, et tasche à examiner les matières physiques par des raisons mathé
matiques » ; mais, dans la suite, il nie la vérité de plusieurs points décisifs de
la doctrine galiléenne du mouvement : « Tout ce qu'il dit de la vitesse des cors
qui descendent dans le vide etc., est basti sans fondement, car il aurait du
auparavant determiner ce que c'est que la pesanteur ; et s'il en sçavoit la vérité,
il sçauroit qu'elle est nulle dans le vuide ; ... il suppose que la vitesse des
poids qui descendent, s'augmente tousjours esgalement, ce i'ay autrefois
creu comme luy ; mais ie croy maintenant sçavoir par demonstration qu'il
n'est pas vray. » Suivent des remarques aussi négatives à propos du mouve
ment sur un plan incliné. « presque » galiléen 5 Descartes
demonstravit », etc. Il faut tenir compte pourtant de la présence
très forte et très féconde du philosophe dans le

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