Les doctorats dans les disciplines scientifiques au XIXe siècle - article ; n°4 ; vol.43, pg 401-426

Nicole Hulin

Description

Revue d'histoire des sciences - Année 1990 - Volume 43 - Numéro 4 - Pages 401-426
Summary. — By studying scientific doctoral theses it is possible to tackle the important problem of the specialization of scientific studies and the interdisciplinary nature of science while emphasizing the specificity of each scientific discipline which is too often overlooked by historians of education. A statistical analysis shows the development that took place during the 19th century (the number and the lengths of theses, the ages of doctoral candidates...) and gives prominence to the unique behavior of the normaliens. I pay particular attention to theses in the physical sciences; physics clearly appears to be separated into two parts: experimental physics, which is linked to chemistry, and mathematical physics.
Résumé. — Par l'étude des thèses de doctorat on aborde l'important problème de la spécialisation des études et des couplages entre disciplines scientifiques tout en soulignant la nécessité de prendre en compte la spécificité de chacune d'elles. Une analyse statistique montre l'évolution dans le temps : nombre et longueur des thèses, âge des candidats... et met en évidence le comportement particulier de la population normalienne. Une attention particulière est accordée aux thèses de sciences physiques et à la place de la physique coupée en une physique mathématique rattachée aux sciences mathématiques et une physique expérimentale qui a sa place aux côtés de la chimie.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sciences et techniques

Informations

• Publié par: REVUE_D-HISTOIRE_DES_SCIENCES
• Publié le: 01 janvier 1990
• Nombre de lectures: 14
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

MME Nicole Hulin
Les doctorats dans les disciplines scientifiques au XIXe siècle
In: Revue d'histoire des sciences. 1990, Tome 43 n°4. pp. 401-426.
Abstract
Summary. — By studying scientific doctoral theses it is possible to tackle the important problem of the specialization of scientific
studies and the interdisciplinary nature of science while emphasizing the specificity of each scientific discipline which is too often
overlooked by historians of education. A statistical analysis shows the development that took place during the 19th century (the
number and the lengths of theses, the ages of doctoral candidates...) and gives prominence to the unique behavior of the
normaliens. I pay particular attention to theses in the physical sciences; physics clearly appears to be separated into two parts:
experimental physics, which is linked to chemistry, and mathematical physics.
Résumé
Résumé. — Par l'étude des thèses de doctorat on aborde l'important problème de la spécialisation des études et des couplages
entre disciplines scientifiques tout en soulignant la nécessité de prendre en compte la spécificité de chacune d'elles. Une analyse
statistique montre l'évolution dans le temps : nombre et longueur des thèses, âge des candidats... et met en évidence le
comportement particulier de la population normalienne. Une attention particulière est accordée aux thèses de sciences physiques
et à la place de la physique coupée en une physique mathématique rattachée aux sciences mathématiques et une physique
expérimentale qui a sa place aux côtés de la chimie.
Citer ce document / Cite this document :
Hulin Nicole. Les doctorats dans les disciplines scientifiques au XIXe siècle. In: Revue d'histoire des sciences. 1990, Tome 43
n°4. pp. 401-426.
doi : 10.3406/rhs.1990.4503
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1990_num_43_4_4503Les doctorats
dans les disciplines scientifiques
au xixe siècle (*)
RÉSUMÉ. — Par l'étude des thèses de doctorat on aborde l'important pro
blème de la spécialisation des études et des couplages entre disciplines scientif
iques tout en soulignant la nécessité de prendre en compte la spécificité de chacune
d'elles. Une analyse statistique montre l'évolution dans le temps : nombre et lon
gueur des thèses, âge des candidats... et met en évidence le comportement parti
culier de la population normalienne. Une attention particulière est accordée aux
thèses de sciences physiques et à la place de la physique coupée en une physique
mathématique rattachée aux sciences mathématiques et une physique expériment
ale qui a sa place aux côtés de la chimie.
SUMMAR Y. — By studying scientific doctoral theses it is possible to tackle
the important problem of the specialization of scientific studies and the interdis
ciplinary nature of science while emphasizing the specificity of each scientific
discipline which is too often overlooked by historians of education. A statistical
analysis shows the development that took place during the 19th century (the number
and the lengths of theses, the ages of doctoral candidates...) and gives promi
nence to the unique behavior of the normaliens. I pay particular attention to
theses in the physical sciences; physics clearly appears to be separated into two
parts: experimental physics, which is linked to chemistry, and mathematical physics.
(*) Pour cette étude nous avons utilisé le Catalogue des thèses de sciences 1810-1890
d'Albert Maire. Les thèses n'y sont pas classées par discipline, elles le sont chronologique
ment. Il y figure quelques thèses refusées ou ajournées. Grâce à la Revue décennale des
thèses (1891-1900) d'E. Estanave nous avons pu rassembler les informations jusqu'à la fin
du xixe siècle. Ici le classement par discipline a été effectué. A partir de ces documents
on peut connaître le titre des thèses, la date de la soutenance, l'origine du candidat (en
particulier s'il est normalien, mais il y a des lacunes; ceci impose des vérifications dans
Y Annuaire de l'Ecole normale). Il convient d'ajouter la liste des mémoires de thèses de
physique expérimentale et physique mathématique établie par E. Estanave (Journal de
Physique théorique et appliquée, 4e série, t. II (1903), 573-591) pour la période 1811-1900;
quelques erreurs sont à noter à propos de la nature de thèses de physique mathématique,
par exemple pour Marcel Brillouin et Pierre Duhem. Les questions posées par la Faculté
ne figurent pas dans ces catalogues; elles sont parfois indiquées dans le Bulletin administ
ratif (des sondages que nous avons effectués nous ont permis d'avoir des renseignements
pour les années 1874, 1889 et 1890 alors que nous n'avons rien trouvé pour les années
1873, 1885, 1887, 1888 et 1900.
Pour la comparaison générale de l'évolution du nombre des thèses de sciences et de
Rev. Hist. ScL. 1990, XLIII/4 402 Nicole Hulin
Les thèses scientifiques au xixe siècle constituent un champ
d'investigation tout à fait adéquat pour mettre en évidence la nécess
ité de tenir compte de la spécificité des différentes disciplines scien
tifiques et, au sein des sciences physiques, de distinguer les cas
de la physique et de la chimie. Lors de notre étude de l'enseign
ement secondaire (1) nous avions déjà insisté sur la distinction néces
saire des différentes composantes de l'enseignement scientifique
(mathématiques, sciences physiques, histoire naturelle) bien souvent
rassemblées sous le terme général et non explicite de sciences. Certes,
il existe des liens entre ces trois branches.
La physique mathématique lie les mathématiques et la physique.
P. Duhem, premier à l'agrégation de sciences physiques, deviendra
titulaire d'une chaire de physique après avoir soutenu une thèse
de physique mathématique et obtenu le grade de docteur es sciences
mathématiques (2). Un autre cas est celui de Marcel Brillouin (3)
qui soutient une thèse de mathématiques sur les phénomènes d'induc
tion, puis deux années plus tard une thèse de sciences physiques
sur ce même thème. Notons que les thèses de physique avaient
lettres nous avons utilisé le Répertoire des thèses de doctorat es lettres 1810-1900 d'Albert
Maire.
Notre étude a porté uniquement sur les thèses soutenues devant la faculté des sciences
de Paris; le pourcentage des thèses passées en province reste faible et ne peut changer
nos conclusions générales. Par exemple, dans son Histoire de la faculté des sciences de
Bordeaux (1838-1894), G. Rayet indique que pendant cette période six docteurs ont été admis.
Les documents des Archives nationales analysés sont d'une part les rapports de thèses,
d'autre part les registres des procès verbaux de la faculté des sciences de Paris.
Dans les Registres des procès de la faculté des sciences de Paris on trouve
la mention de tous les grades qui ont été décernés; la recherche des thèses se complique
au fur et à mesure que le nombre des baccalauréats augmente; ce phénomène commence
en 1825 et va en s'accentuant. Nous les avons donc utilisés pour la première moitié du
siècle, les renseignements fournis étant la date de naissance du candidat, la date de la
soutenance, la profession, la date de la licence, le titre de la thèse et le jury. L'augmentat
ion du nombre des registres à consulter pour un laps de temps donné montre bien la
croissance du nombre des diplômes délivrés. Après le 1er registre AJ16 5322, le deuxième
AJ16 5323 commence en novembre 1823; en prenant trois registres successifs AJ16 5330
à 32, on note que le premier commence le 9 juillet 1842, puis on passe au 16 mai 1843
et le troisième registre commence le 1er avril 1844; les quatre registres AJ16 5336 à 5339
commencent respectivement en février 1848, juin 1849, janvier 1850 et août 1850.
A partir de 1850, on dispose des rapports de thèses; nous avons analysé AJ 16 5532
à 5534, pour les périodes successives 1850-1866, 1866-1880 et 1880-1889.
(1) Nicole Hulin- Jung, L'organisation de l'enseignement des sciences (Paris : CTHS,
1989), 33.
(2) Au xixe siècle les thèses de physique mathématique sont des thèses de mathématiq
ues. Citons une exception : la première thèse de physique soutenue en 1811.
(3) La liste de ses travaux montre sa constante préoccupation pour les problèmes de
physique théorique. Les doctorats scientifiques 403
une forte orie