130 années de statistique pénitentiaire en France - article ; n°2 ; vol.10, pg 107-128
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Déviance et société - Année 1986 - Volume 10 - Numéro 2 - Pages 107-128
L'objet de ce travail est de proposer à partir des rapports statistiques de l'administration pénitentiaire française, une série reconstituée des effectifs de la population carcérale en France, au 1er janvier de 1852 à 1985. Après avoir défini la population prise en compte, nous présentons les tableaux assortis de remarques méthodologiques. La dernière partie est consacrée à une analyse démographique de l'évolution de la population carcérale masculine complétée par une analyse des entrants. Enfin nous en déduirons les tendances passées de l'évolution de l'indicateur de durée moyenne de détention.
This article presents the series of prison population in France on January 1st from 1852 to 1985 as it can be reconstituted from the statistical reports of the French correctionnal administration. After defining the population to be included in the series, the author presents the tables along with methodological remarks. The last part is devoted to demographic analysis of male population : detention rates and reception rates. Inferences, then, are made from these data on the probable historical evolution of the average length of prison stay.
Op grond van statistische verslagen van de franse gevangenis-administratie (1 januari 1852-1985) biedt dit artikel een weergave van een samengestelde reeks van de effectieve gevangenisbevolking van Frankrijk. Eerst wordt de inachtgenomen bevolking voorgesteld. Nadien volgen de tabellen, voorzien van methodologische bemerkingen. Het laatste gedeelte is gewijd aan een demografische analyse van de evolutie van de mannelijke gevangenisbevolking, aangevuld met die van de intredenden. Tenslotte ontleedt de auteur de voorbije tendenzen op grond van de evolutie van de gemiddelde duur van de opsluiting.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Marie-Danièle Barré
130 années de statistique pénitentiaire en France
In: Déviance et société. 1986 - Vol. 10 - N°2. pp. 107-128.
Résumé
L'objet de ce travail est de proposer à partir des rapports statistiques de l'administration pénitentiaire française, une série
reconstituée des effectifs de la population carcérale en France, au 1er janvier de 1852 à 1985. Après avoir défini la population
prise en compte, nous présentons les tableaux assortis de remarques méthodologiques. La dernière partie est consacrée à une
analyse démographique de l'évolution de la population carcérale masculine complétée par une analyse des entrants. Enfin nous
en déduirons les tendances passées de l'évolution de l'indicateur de durée moyenne de détention.
Abstract
This article presents the series of prison population in France on January 1st from 1852 to 1985 as it can be reconstituted from
the statistical reports of the French correctionnal administration. After defining the population to be included in the series, the
author presents the tables along with methodological remarks. The last part is devoted to demographic analysis of male
population : detention rates and reception rates. Inferences, then, are made from these data on the probable historical evolution
of the average length of prison stay.
Op grond van statistische verslagen van de franse gevangenis-administratie (1 januari 1852-1985) biedt dit artikel een weergave
van een samengestelde reeks van de effectieve gevangenisbevolking van Frankrijk. Eerst wordt de inachtgenomen bevolking
voorgesteld. Nadien volgen de tabellen, voorzien van methodologische bemerkingen. Het laatste gedeelte is gewijd aan een
demografische analyse van de evolutie van de mannelijke gevangenisbevolking, aangevuld met die van de intredenden.
Tenslotte ontleedt de auteur de voorbije tendenzen op grond van de evolutie van de gemiddelde duur van de opsluiting.
Citer ce document / Cite this document :
Barré Marie-Danièle. 130 années de statistique pénitentiaire en France. In: Déviance et société. 1986 - Vol. 10 - N°2. pp. 107-
128.
doi : 10.3406/ds.1986.1471
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ds_0378-7931_1986_num_10_2_1471Déviance et Société. 1986, Vol. 10. No 2, pp. 107-128
130 ANNÉES DE STATISTIQUE
PÉNITENTIAIRE EN FRANCE
M.D. BARRÉ *
L'objet de ce travail est de proposer une série reconstituée des effect
ifs de la population carcérale en France de 1852 à nos jours. 1852 en effet
est la première année pour laquelle l'administration pénitentiaire publie une
«Statistique des prisons et établissements pénitentiaires» '.
La longue période couverte par cette statistique, même si elle engen
dre des difficultés d'interprétation, en fait aussi toute la force. L'approche
proposée ici de cette série, sera essentiellement démographique.
Une statistique d'effectifs...
Toute statistique a les objectifs assignés par l'institution qui en fait la
commande. La sur laquelle nous nous appuyons étant par nature
une statistique de gestion, c'est la connaissance des effectifs et non celle des
flux qui s'y trouve privilégiée. S'agissant donc d'une série d'effectifs et non
pas d'entrants en prison, nous mesurons bien une population prise en
charge à une date donnée par l'administration pénitentiaire. Par contre une
connaissance des flux d'entrants permettrait de donner une meilleure image
de l'impact du phénomène de l'incarcération dans une population. Nous
donnerons, par conséquent, avec les nombreuses réserves qui s'imposent à
propos de ces données, quelques éléments d'information sur les flux, à la fin
de ce travail.
».. cohérente dans le temps
Très prosaïquement, la reconstitution d'une série procède de choix
successifs qui ont pour but de respecter une cohérence dans le temps. Le
critère retenu, essentiellement institutionnel, ne doit pas faire oublier que
d'autres critères, pour d'autres lectures, même sur des périodes plus
réduites, auraient pu être souhaitables. En effet, la règle que nous nous
sommes donnée n'a pas permis de respecter d'autres cohérences 2 : d'abord
celle des âges ; la majorité pénale est passée en 1906 de 16 à 18 ans, ce qui a
soustrait à l'effectif des prisons départementales en particulier, une partie
de la population qu'elles prenaient jusqu'alors en charge. Ensuite celle des
catégories pénales : les condamnés aux travaux forcés 3 et à la relégation 4
Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (C.E.S.D.I.P.),
C.N.R.S., Paris.
107 selon les périodes, relevé de l'administration pénitentiaire ou d'autres ont,
administrations.
Enfin la cohérence institutionnelle n'a pas été systématique, puisque,
et nous nous en expliquons plus loin, la population des établissements
d'éducation correctionnelle qui est jusqu'à la deuxième guerre mondiale
sous la responsabilité de l'administration pénitentiaire et passe en 1945 sous
celle d'une direction spécifique, celle de l'éducation surveillée, n'est pas
prise en compte.
Malgré ces réserves, l'intérêt de ce travail reste l'obtention d'une série
la plus cohérente possible sur longue période, inédite à ce jour. Encore
convient-il d'en expliciter la construction.
I. Méthode et définitions
La série présentée ci-dessous a été reconstituée en s'appuyant d'une
part sur les rapports publiés annuellement par l'administration pénitentiaire
à partir de 1852, d'autre part sur les travaux de J. Papail, F. Nabucet, G.
Sagnier et P. Tournier. Travaillant à partir de ces rapports de l'administra
tion pénitentiaire, notre premier critère consiste nécessairement à nous limi
ter à la population détenue de façon continue sur la période, sous sa res
ponsabilité. Nous sommes donc amenés, avant de définir la population prise
en compte, à préciser ceux qui en sont exclus, à savoir deux grandes catégor
ies de détenus : la population des établissements d'éducation correction
nelle et celle des bagnes.
1. La population des établissements d'éducation correctionnelle
C'est la Loi du 5 avril 1850 qui pose les bases de l'organisation des
établissements d'éducation correctionnelle. Ces établissements dont la
dénomination varie au cours du temps, sont alors du ressort de l'adminis
tration pénitentiaire ; ils en seront détachés en 1945 avec la création au sein
du ministère de la Justice de la Direction de l'Education Surveillée. Ils
reçoivent les jeunes détenus 5.
Recensée par l'administration pénitentiaire, la population de ces éta
blissements était en pratique, au début de la période, assez souvent prise en
charge par des établissements privés. Le rapport pour l'année 1852 donne à
ce sujet les précisions suivantes : 6443 jeunes étaient détenus au 31.12.1852
dans les établissements d'éducation correctionnelle, dont 53% dans des éta
blissements privés, 96% de ces jeunes détenus avaient été acquittés, car
ayant agi «sans discernement» et placés sous tutelle de l'administration
(art. 66 du C.P.), 3% étaient des condamnés et 1% étaient détenus par « cor
rection paternelle».
Il ressort de ce qui précède, qu'aussi bien pour des raisons de cohé
rence dans le temps que pour des raisons tenant à la nature même de la
détention, à vocation essentiellement éducative à l'encontre de jeunes
108 l'exclusion de cette catégorie de population se justifie entière«acquittés»,
ment.
2. La population des bagnes
La des bagnes métropolitains (dont le dernier, Toulon,
sera fermé le 1er janvier 1874) et de ceux de Guyane et de Nouvelle-
Calédonie était administrée par le ministère de la Marine et des Colonies.
Elle se trouve donc exclue, de fait, de la série présentée ici. Si l'exclusion de
la population purgeant une peine dans un bagne est homogène sur la
période, celle de la population condamnée aux travaux forcés et à la reléga
tion ne l'est pas. Ces peines ont en effet survécu aux bagnes où elles s'exé
cutaient. Généralisée aux condamnés aux travaux forcé

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