A la recherche du français populaire - article ; n°1 ; vol.31, pg 7-38
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Description

Langage et société - Année 1985 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 7-38
Searching for popular french
The notion of popular French, commonly used even by some linguists, holds a certain sort of obviousness, but is it a relevant notion in linguistics ?
Questions relating to that notion in fifteen recent linguistic texts raise the following problems of: data-gathering, variation spotting, defining the norm, articulation between social and stylistic variation, defining a variety, the building of a sociology, defining causality, consideration of the listener's competence, the integration of speech into a larger field of communicative behavior.
Through these problems, it would appear that the notion of popular French is not one that has been scientifically founded, but it remains that it reflects in a somewhat confused manner a reality that is not very well known, possibly linked with social dialects.
The questions put forward allow us to spot the terms in order to carry out a deeper research into this subject.
La notion de français populaire, communément utilisée même chez des linguistes, a pour elle une sorte d'évidence, mais est-elle une notion linguistique pertinente ?
Le questionnement d'une quinzaine de textes linguistiques récents à ce sujet soulève les problèmes suivants : l'établissement des données, le repérage de la variation, la définition de la norme, l'articulation entre variation sociale et variation stylistique, la définition d'une varitété, la construction d'une sociologie, la recherche de causalité, la prise en compte de la compétence d'auditeur, et l'intégration du linguistique dans un domaine langagier.
A travers ces problèmes, il apparaît que la notion de français populaire n'est pas fondée scientifiquement, mais il reste qu'elle renvoie confusément à une réalité aujourd'hui mal connue, liée à d'éventuels dialectes sociaux. Les questions soulevées permettent de dégager les termes d'une recherche plus approfondie sur ce sujet.
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Michel Eloy
A la recherche du français populaire
In: Langage et société, n°31, 1985. pp. 7-38.
Abstract
Searching for "popular french"
The notion of "popular French", commonly used even by some linguists, holds a certain sort of obviousness, but is it a relevant
notion in linguistics ?
Questions relating to that notion in fifteen recent linguistic texts raise the following problems of: data-gathering, variation spotting,
defining the norm, articulation between social and stylistic variation, defining a variety, the building of a sociology, defining
causality, consideration of the listener's competence, the integration of speech into a larger field of communicative behavior.
Through these problems, it would appear that the notion of "popular French" is not one that has been scientifically founded, but it
remains that it reflects in a somewhat confused manner a reality that is not very well known, possibly linked with "social dialects".
The questions put forward allow us to spot the terms in order to carry out a deeper research into this subject.
Résumé
La notion de "français populaire", communément utilisée même chez des linguistes, a pour elle une sorte d'évidence, mais est-
elle une notion linguistique pertinente ?
Le questionnement d'une quinzaine de textes linguistiques récents à ce sujet soulève les problèmes suivants : l'établissement
des données, le repérage de la variation, la définition de la norme, l'articulation entre variation sociale et variation stylistique, la
définition d'une "varitété", la construction d'une sociologie, la recherche de causalité, la prise en compte de la compétence
d'auditeur, et l'intégration du linguistique dans un domaine "langagier".
A travers ces problèmes, il apparaît que la notion de "français populaire" n'est pas fondée scientifiquement, mais il reste qu'elle
renvoie confusément à une réalité aujourd'hui mal connue, liée à d'éventuels "dialectes sociaux". Les questions soulevées
permettent de dégager les termes d'une recherche plus approfondie sur ce sujet.
Citer ce document / Cite this document :
Eloy Jean-Michel. A la recherche du français populaire. In: Langage et société, n°31, 1985. pp. 7-38.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1985_num_31_1_2014& S u9 31 - mars 1985 L
A LA RECHERCHE DU "FRANCAIS POPULAIRE"
Jean-Michel ELOY
Amiens
1 QUESTIONS
1.1 Cette recherche a pour origine une pratique profession
nelle, celle d'un enseignant de français en collège, et les
interrogations que suscite cette pratique . Le problème est
très concret : quelle est langue que parlent nos élèves
de ZUP ? N'est-elle que le lieu de toutes les "fautes" , sous
produit dégradé ou imparfait de "La Langue Française" que le
professeur doit "enseigner"?
Labov écrivait en 1974 aux Etats-Unis :"L'un des pro-
-blèmes principaux dans l'enseignement d'aujourd'hui tient à
l'ignorance de l'enseignant envers la langue de l'élève aussi
bien qu'à l'ignorance de l'élève envers la langue de l'ense
ignant ." Cette réflexion vaut-elle pour les conditions con-
-crètes où nous vivons et travaillons ? (1)
1.2 Une notion du sens commun semble adéquate pour analy-
-ser cette situation : il y aurait, à côté ou en face du
"français correct", un "français populaire" vivant de sa vie
propre, identifiable, traduisible, localisé dans des couches
sociales définies, sinon précises, bref : une langue autre (2) ,
qu'on pourrait étudier, décrire, pour traiter avec elle à la - - 8
manière d'une langue étrangère ."Les ouvriers, ils parlent cru
Ils pensent et ils parlent de la même façon. . .Pour moi, c'est
un beau langage" . (Josyane, soudeuse, citée par Frémontier) .
Cette notion du sens commun a pour elle une sorte d'é-
-vidence : tout sujet francophone reconnaît le "français p
opulaire" et le distingue du français correct ; en d'autres
termes, il est évident que la compétence linguistique s'accom-
-pagne (ou inclut) d'une compétence sociolinguistique , dans
la langue maternelle tout au moins .
Elle a aussi la rentabilité : cette compétence socio-
-linguistique trouve à s'exercer souvent et avec des profits
directs dans la vie en société, puisqu'elle est un des pri
ncipaux éléments d'identification sociale et même de jugement
sur l'interlocuteur .
Surtout, elle est investie d'enjeux cruciaux : "popu-
-laire" est l'étiquette qui qualifie le langage du locuteur
peu instruit, peu éduqué , donc souvent peu fréquentable ou
inférieur (par rapport à la "bonne société cultivée") ; cette
étiquette sert aussi, dans notre démocratie fondée sur le
suffrage universel, à donner à certains, qui en étalent
quelques traits parmi les plus voyants, un brevet d'origines
populaires .
L'importance de ces enjeux est manifeste dans la
passion des jugements de valeur portés sur le parler des uns
et des autres, en particulier dans les institutions scolaires
et à propos de la presse écrite et audio-visuelle .
Mais est-ce ainsi que l'entendent les linguistes ?
Cette notion de "français populaire" a-t-elle cours
dans les ouvrages de linguistique, thèses, livres, articles
de revues spécialisées ou non ? Dans quels contextes, au
sein de quelles problématiques, avec sens ...La question
est vaste, même si nous la saisissons ici d'une façon étroite .
1.3 La notion de "français populaire" (désormais F. P.),
par les problèmes qu'elle soulève (et non par sa validité),
apparaît d'une certaine manière centrale dans la linguistique - - 9
sociale ou sociolinguistique . Une première définition nous
permettra de dégager quelques-unes des difficultés de cette
notion .
Le F. P. serait la variété de langue parlée par les
couches ou classes populaires .
- Quelle délimitation donner aux "classes pop
ulaires"? Est-ce une communauté, un ensemble de groupes ?
Quelle est l'unité de ces groupes entre eux et avec le reste
de la communauté linguistique (éventuelle)? Y a-t-il strat
ification ou antagonismes ?
- Quel est le statut de la "variété de langue"
par rapport à la langue ? (3) Est-ce une langue différente ?
Est-ce un sous-système, un "dialecte"? Est-ce une collection
hétéroclite de traits distinctifs, classants ?
- En admettant, a priori, que le F. P. soit un
objet linguistique légitime, comment le situer par rapport
au français officiel ? Le F. P. est-il une variété dégradée,
ou "avancée", ou divergente, ou conservatrice ?
- Si l'on peut parler de "dialectes sociaux",
forment-ils un continuum (4) le long d'une échelle sociale
ou socio-culturelle des locuteurs ? Y a-t-il une multipli-
-cité de dialectes sociaux stratifiés, ou au contraire n'y
a-t-il que deux termes dans cette co-variance, une "langue
populaire" et une "langue of f icielle" (ou correcte, ou stan
dard)?
1.4 Nous ne prétendons pas, bien sûr, apporter des ré-
-ponses , ni même faire état de toutes les réponses apportées
par les linguistes à toutes ces questions .
L'objet de cette étude est de rechercher, dans quel
ques textes, sous quelle forme, dans quels termes, se pose
la question de l'existence d'un F. P. pour les linguistes .
Cette notion circule-t-elle , est-elle utilisée, évitée, cri-
-tiquée, précisée ? Y a-t-il des champs où elle se trouve
et d'autres d'où elle a été éliminée ? En bref, est-ce
aujourd'hui une notion pertinente ? - - 10
II faudrait, pour traquer cette notion de façon ex-
-haustive, une étude bien plus importante que celle-ci . A
quels critères répond le choix de textes que nous avons ex
amines ? Situons-le dans le temps .
Les implications sociales de la linguistique étaient
singulièrement occultées depuis Saussure par l'orientation
qui vouait les linguistes à l'étude de la langue plutôt que
de la parole . Cette orientation se prolonge avec vigueur ,
en particulier dans la grammaire generative . Certes, quelques
uns n'ont pas manqué de se préoccuper de cette question &

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