A propos de la mesure de l intelligence - article ; n°1 ; vol.11, pg 69-82
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Description

L'année psychologique - Année 1904 - Volume 11 - Numéro 1 - Pages 69-82
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1904
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alfred Binet
A propos de la mesure de l'intelligence
In: L'année psychologique. 1904 vol. 11. pp. 69-82.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred. A propos de la mesure de l'intelligence. In: L'année psychologique. 1904 vol. 11. pp. 69-82.
doi : 10.3406/psy.1904.3667
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1904_num_11_1_3667IV
A PROPOS DE LA MESURE DE L'INTELLIGENCE
II est arrivé bien souvent aux psychologues de la génération
actuelle, à ceux du moins qui font de l'expérimentation, de
chercher s'il ne serait pas possible d'arriver à une mesure des
intelligences.
M. Biervliet, notre collègue de l'Université de Gand, vient de
publier un intéressant article, dans lequel il donne de bonnes
suggestions. J'ai moi-même fait dans les écoles primaires, il y
a quelques mois, des constatations qui permettront de préciser
certains points. Je réunis ici ces divers renseignements, et je
vais les discuter. Il est bien entendu que, pour le moment, il
serait prématuré d'envisager le problème dans son ensemble.
L'article de Biervliet1 a un titre ambitieux. En réalité, ce
n'est qu'une note, faite d'après des expériences. L'auteur nous
expose des mesures de l'acuité visuelle et tactile prises sur
10 sujets (élèves d'université) que l'auteur considère « d'après
ses relations avec eux et leurs succès subséquents dans leurs
études et leur carrière », comme les plus intelligents sur un
nombre de 300, et 10 autres sujets qu'il considère pour des
raisons analogues comme les moins intelligents. La sélection
1
est donc de ôk, assez sévère. Pour chaque sujet l'auteur tient
compte de : 1° son acuité visuelle, mesurée par la distance
maxima à laquelle il voit le test, et 2° de son attention, mesurée
par la variation moyenne de cette distance, dans des expé
riences successives. Ainsi un sujet voit distinctement à 5 m.
en moyenne du tableau; sa distance au tableau varie suivant
les épreuves, et la moyenne de cette variation est de 10 cm. On
construit avec cela la fraction xr^, 10 où le numérateur est fourni
par la variation moyenne et le dénominateur par la distance.
i. Van Biervliet, La mesure de l'intelligence, Journal de Psychologie
(Alcan), 1™ année, n° 3, niai-juin 1904, p. 225-235. 70 MÉMOIRES ORIGINAUX
Si la distance du sujet au tableau augmente, si la variation
moyenne décroît, ce qui correspond à une augmentation de
l'acuité de perception et de l'attention, la fraction décroît; par
conséquent, avec ce système de calcul, le résultat est d'autant
meilleur que la fraction est plus petite. Or, la fraction moyenne
pour les dix plus intelligents a été de täaäi 19 et pour les moins
intelligents de täkt», 62 5 soit triple. Il y aurait donc là un moyen
de mesurer l'intelligence, non pas individuellement, mais par
groupes de 10 sujets.
J'ai relu et refait avec soin ces calculs, et j'ai trouvé que la
combinaison inventée par l'auteur pourrait être simplifiée avec
avantage. Ses 10 sujets intelligents diffèrent beaucoup plus par
leur pouvoir d'attention que par leur acuité visuelle. La moyenne
de leur variation moyenne, que j'ai calculée, est de 11 cm. 6
pour les plus intelligents et de 39 cm. 3 pour les moins
intelligents; le rapport de ces chiffres, qui est du simple au
quadruple, accuse mieux la différence que la fraction de
Biervliet. ,
J'ajoute que si je calcule encore, toujours d'après les chiffres
de l'auteur, la distance moyenne où les deux groupes voient le
test, j'obtiens 5 m. 902 pour les plus intelligents, et 6 m. 427
pour les moins intelligents; ceux-ci ont par conséquent une
acuité supérieure. Tout ceci revient donc à dire que ces intell
igents ont une attention supérieure et ces inintelligents une
acuité visuelle inférieure. Ne vaut-il pas mieux signaler ces
deux faits à part, que de les combiner dans une synthèse qui
en dénature le sens? Cette raison majeure nous dispense
d'insister sur la critique que mériterait l'établissement même
de la fraction.
L'auteur fait un autre calcul pour l'acuité tactile; il prend la
plus petite distance des pointes perçues doubles comme la
mesure de la finesse du toucher, et la plus faible variation
moyenne comme la mesure de, la force d'attention. Il multiplie
ces deux valeurs l'une par l'autre et trouve un produit moyen
de 17,7 pour les plus intelligents et de 27,6 pour les moins
intelligents. Je n'arrive pas à me rendre compte de la manière
dont ces données sont établies expérimentalement; je ne sais
pas ce que signifie « la plus faible variation moyenne », je
trouve l'expression contradictoire; la définition même de la
variation moyenne me paraît obscure dans de telles expé- BINET. — A PROPOS DE LA MESURE DE ININTELLIGENCE 71 A.
riences ; et puis, je ne devine pas comment l'auteur utilise les
réponses erronnées. Peut-être tout cela est-il expliqué dans un
autre mémoire. Toujours est-il que si je fais l'analyse des
résultats pour la sensibilité tactile, comme je l'ai fait pour
l'acuité visuelle, je constate ici encore que c'est par la variation
moyenne, c'est à-dire par l'attention, que les deux groupes se
distinguent le mieux. En effet, la variation moyenne des intel
ligents est de 0,92, celle des moins intelligents est de 1,31,
supérieure d'un tiers; le minimum de distance est de 19,36
pour les plus intelligents, de 20,86 pour les moins intelligents
par conséquent supérieur d'un quinzième chez ces derniers, ce
qui pratiquement ne signifie pas grand'chose.
Cette conclusion pourrait être mise sous la forme suivante,
à laquelle M. Biervliet n'a point songé : on distingue mieux
l'in tejligen£e_desjn-Jiy^us en tenant compte de leur attention
que de l'état d'acuitéjde leurs organes sensoriels. Je ne sais pas
si des recherches plus vastes confirmeraient ou non cette
conclusion. C'est à voir, et il faut attendre. Pour le moment,
il semble bien que cette conclusion est en harmonie avec les
idées que j'ai soutenues avec V. Henri : c'est par l'étude des
processus supérieurs, avons-nous dit, qu'il faut établir la
psychologie individuelle.
Il y a dans l'article de M. Biervliet une remarque très ingé
nieuse, qui est à conserver. Il dit que l'attention se marque
dans la variation moyenne d'une expérience; c'est tout à fait
juste, dans beaucoup de cas. On le savait, mais personne
jusqu'ici ne l'avait dit avec cette netteté.
Je reprends maintenant l'étude pour mon compte, et je vais
examiner la question suivante : Comment dans une école,
trouvera-ton les enfa_nts les glus intelligents?
Il arrive fréquemment que les pédagogues qui font des
études expérimentales de psychologie dans les écoles ont besoin
qu'on range les élèves d'une classe approximativement d'après
l'ordre d'intelligence. Une foule d'observations et d'expé
riences sont subordonnées à l'exactitude de ce classement.
Pour en donner une idée, il suffit de citer les cas si nom
breux où l'on désire chercher la relation qui existe entre le
développement général de l'intelligence et le développement
particulier d'une fonction mentale ou physique, ou d'un
organe; par exemple : la mémoire, la richesse du vocabulaire,
la finesse de perception des couleurs, la force musculaire, le W"
72 MÉMOIRES ORIGINAUX
développement volumétrique de la tête, etc. Le nombre de
recherches statistiques qui ont été poursuivies jusqu'ici dans
cette voie est véritablement immense. Et cela pour plusieurs
raisons. Le procédé est d'une simplicité qui tente beaucoup la
paresse de nos esprits. Il n'y a pas grand effort d'imagination
à faire pour rechercher si telle propriété physique ou mentale
se développe parallèlement à l'ensemble de l'intelligence. Et
puis, ces questions présentent vraiment un intérêt pratique
considérable- Si on arrive à mettre la main sur une épreuve
facile à répéter, et bien précise, qui montre un développe
ment bien parallele à celui de l'intelligence, on aura rendu à la
pédagogie un service très grand, en lui fournissant un test
d'intelligence, un critérium

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