A Propos du mariage « arabe » Discours endogame et pratiques exogames : l exemple des Rgaybat du nord-ouest saharien - article ; n°110 ; vol.29, pg 30-49
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A Propos du mariage « arabe » Discours endogame et pratiques exogames : l'exemple des Rgaybat du nord-ouest saharien - article ; n°110 ; vol.29, pg 30-49

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Description

L'Homme - Année 1989 - Volume 29 - Numéro 110 - Pages 30-49
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sophie Caratini
A Propos du mariage « arabe » Discours endogame et pratiques
exogames : l'exemple des Rgaybat du nord-ouest saharien
In: L'Homme, 1989, tome 29 n°110. pp. 30-49.
Citer ce document / Cite this document :
Caratini Sophie. A Propos du mariage « arabe » Discours endogame et pratiques exogames : l'exemple des Rgaybat du nord-
ouest saharien. In: L'Homme, 1989, tome 29 n°110. pp. 30-49.
doi : 10.3406/hom.1989.369113
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hom_0439-4216_1989_num_29_110_369113n
Sophie Caratini
A propos du mariage « arabe »
Discours endogame et pratiques exogames :
L'exemple des Rgaybât du nord-ouest saharien
Sophie Caratini, A propos du mariage « arabe ». Discours endogame et pratiques
exogames : l'exemple des Rgaybât du nord-ouest saharien. — L'interprétation du
mariage « arabe », avec la fille du frère du père, prend ici en compte l'inégalité de la
relation entre les frères, inégalité qui repose, chez les Rgaybât, sur le rang dans la
phratrie. La mint al-'amm préférée est en fait d'abord une cousine croisée matrilatérale
qui est, certes, une cousine parallèle classificatoire. L'endogamie (relative) au niveau
tribal se traduit par une exogamie de fait entre les lignages, et les femmes circulent du
bas vers le haut de la hiérarchie, c'est-à-dire des groupes cadets vers les groupes aînés.
Ce système favorise la constitution de réseaux d'alliance à l'intérieur de la parenté et la
reproduction de factions rivales dans la lutte pour le pouvoir aux différents niveaux de
la société. L'endogamie est donc plus un discours idéologique égalitaire qu'une réalité
structurelle.
Nous avons entrepris, depuis 1972, des recherches sur les Rgaybât, grande
tribu chamelière du Sahara nord-occidental, en essayant, de prime abord, de
prendre quelque distance par rapport aux préoccupations des théoriciens de la
parenté. Le terrain, bien sûr, nous a contrainte progressivement à nous en
rapprocher ; mais nous l'avons fait avec circonspection, cherchant à analyser
ce qui, dans les faits de parenté, relève d'autre chose que de la parenté. Nous
avons pris comme point d'appui la notion de territoire, qui a constitué la pro
blématique centrale de nos travaux1.
Dans un manuscrit, heureusement découvert dans une famille de lettrés
Rgaybât de Mauritanie, nous avons trouvé des informations datées sur
l'ancêtre éponyme de la qabîla (tribu), ses fils et petits-fils, ces derniers repré
sentant les ancêtres de référence des dix principales fractions (segments) qui
constituaient des unités de nomadisation à la veille de la période coloniale.
Une série de connexions, établies entre ces données et l'organisation de
l'espace dans cette société, nous ont conduite à mettre en évidence la logique
interne du système social. Nous avons pu montrer comment, aux niveaux éco
nomique, social et politique, existaient des inégalités entre les lignages, selon
qu'ils étaient issus d'aînés ou de cadets, et que le rang de naissance de l'ancêtre
L'Homme 110, avril-juin 1989, XXIX (2), pp. 30-49. Manage arabe 31
de référence de chaque segment était une donnée indispensable à prendre en
compte dans l'analyse des faits. Ce n'est qu'après en avoir fait la synthèse que
nous nous sommes interrogée sur la signification du mariage « arabe », avec la
fille du frère du père, posant, en hypothèse, ce qui avait été au centre de nos
conclusions précédentes : le rapport entre les frères n'est pas un rapport d'égal
ité, mais un rapport hiérarchique qui se reproduit de génération en génération.
Le jeu politique consiste à construire et/ou à tenter de détruire des réseaux
d'alliance/clientèle de parents, à tous les niveaux de segmentation, afin d'al
imenter la rivalité des frères et descendants de frères. La dynamique du système
repose sur le nombre considérable des combinaisons potentielles et le fait, tou
jours possible, qu'un cadet (ou groupe issu de cadet et ses parents-supporters),
supplante, pour un temps, son aîné (ou groupe issu d'un aîné et ses parents-
supporters) dans la hiérarchie.
Nous présentons ici deux exemples représentatifs du corpus de nos obser
vations et qui nous paraissent justifier notre interprétation théorique.
Territoire et hiérarchie
Pasteurs nomades du Sahara nord-occidental, les Rgaybât forment, à la
veille de la colonisation, une qabîla qui regroupe environ 30 000 personnes. Ils
nomadisent alors sur un espace pastoral de près de 400 000 km2. Au
xviie siècle, ils n'étaient qu'un petit noyau de familles descendant d'un ancêtre
éponyme commun, Sïd Ahmad ar-Rgaybï, saint homme d'origine chérifienne
(d'après la tradition). Essentiellement moutonniers, petits^transhumants, ils
estivaient hors du désert et pratiquaient une agriculture de décrue dans les
fonds d'oueds argileux, entre la Sâgya al-Hamra' et le wad Dar'a. L'accès
aux ressources pastorales était alors contrôlé par les puissantes tribus commerç
antes des Takna du wäd Nun, dont les groupes nomades dominaient la
région (et les pistes). Par la suite, le groupe s'est élargi, tant par l'accroiss
ement naturel des populations que par l'intégration d'éléments extérieurs. Du
milieu du xvme siècle au début du xxe siècle, l'expansion démographique
s'accélère et engendre deux processus parallèles : le groupe se scinde en deux
sous-groupes ou fractions (fahad ; pi. afhad). Les aînés (Rgaybât al-
Gwâsim, descendants de Qasim, premier fils de Sïd Ahmad) restent sur la
terre d'origine (achetée en 1610 par l'ancêtre, selon les traditions écrites des
lettrés), et repoussent à la périphérie la fraction cadette (les Rgaybät Sähil,
descendants d'A'lï et d'A'mar, deuxième et troisième fils de Sïd Ahmad).
L'histoire des guerres locales montre les cadets (dont les fils d'A'li ont pris la
tête), devenus, dans le même temps, chameliers et guerriers, conquérir un terri
toire toujours plus vaste, tout en accélérant le processus d'intégration d'étran
gers à la qabîla, afin d'accroître leur nombre et, partant, leur force. Les pro
cessus de segmentation se répètent selon la même logique : on compte douze
principales fractions Rgaybât en 1934, date de leur reddition finale aux puis- I
I
i
1
I
1
1
1
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1
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I
32 SOPHIE CARATINI
sanees coloniales, réparties sur le territoire en fonction de leur rang dans la
généalogie2.
Une analyse de la répartition des fractions sur le territoire, en regard de
leurs situations généalogiques respectives, et étudiée dans le temps, met en év
idence la relation hiérarchique aîné/cadet, lignage aîné/lignage cadet, fraction
aînée/fraction cadette. La qabîla peut être conceptualisée comme un ensemble
de segments emboîtés et orientés hiérarchiquement des cadets vers les aînés
(fig. 1).
1
1.1.1 I 1 I 1.1.2 I i etc. 1.2.1 \etc. 1.3.1 etc.
I 1
1 . 1 1.2 1.3
1
r~ — 1" ■- r~ - 1 i i -, n T 51 .21 ' 2.3 i i 12.71 i 2 \2 .4 i 2.
j J _ J i L . j L _ _ J
2
- ' - r -\ r i
i . 1 13 .2 3
t_ _ _ J L. J
3
1 . Descendants du premier fils de Sid Ahmad ar-Rgaybi : Rgaybat al-Gwasim
2.du deuxième fils de Sïd ar-Rgaybï > t> h-t c-k-i *gayoat bann 3.du troisième fils de Sïd Ahmad f
Figure 1
Les éléments extérieurs qui sont intégrés — nous les appelons parents assi
milés classificatoires — sont considérés comme des cadets supplémentaires. La
cohésion du système est assurée par plusieurs facteurs, externes et internes. Les
premiers facteurs externes sont les contextes historique et géographique.
L'accès aux ressources pastorales, dans ce milieu écologiquement saturé,
dépend de la force du groupe, donc de son importance. Il y a, au Sahara nord-
occidental, à la période précoloniale, des groupes dominants et des groupes
dominés. L'importance numérique et, surtout, la coh

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