Albanie : succès d une politique alimentaire - article ; n°72 ; vol.18, pg 849-860
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Description

Tiers-Monde - Année 1977 - Volume 18 - Numéro 72 - Pages 849-860
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 11
Langue Français

Extrait

Catherine Regnault Roger
Albanie : succès d'une politique alimentaire
In: Tiers-Monde. 1977, tome 18 n°72. pp. 849-860.
Citer ce document / Cite this document :
Regnault Roger Catherine. Albanie : succès d'une politique alimentaire. In: Tiers-Monde. 1977, tome 18 n°72. pp. 849-860.
doi : 10.3406/tiers.1977.2763
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1977_num_18_72_2763ALBANIE : SUCCÈS D'UNE
POLITIQUE ALIMENTAIRE1
par Catherine Regnault Roger*
L'Albanie, petit pays aux confins des Balkans, reste trop largement ignorée.
Pourtant ce pays mérite l'attention de tous ceux qui s'intéressent aux problèmes
de la sous-alimentation et de la malnutrition dans le monde : en trente ans,
l'Albanie a subi une véritable mutation et assure désormais un niveau de vie
satisfaisant à l'ensemble de sa population. Aujourd'hui, les jeunes Albanais ne
connaissent plus la signification du mot « faim ».
Cependant, dans le passé, la situation était catastrophique. Contrée agraire
très arriérée en 1939, l'Albanie est marquée par un très bas niveau des forces
productives et la prédominance de rapports sociaux de type féodal dans l'agri
culture. L'industrie n'existe quasiment pas, à l'exception de l'extraction de
quelques minerais pour l'exportation et la fabrication d'objets artisanaux. Le
capital étranger, en particulier italien, contrôle le commerce extérieur tandis
que les paysans vivent dans une économie d'autosubsistance, fabriquant ce
dont ils ont besoin (vêtements, chaussures, outils simples), n'achetant en ville
que l'indispensable. Les villes sont peu développées : Tirana, la capitale, compte
25 000 habitants. Ainsi l'Albanie du roi Zog2 se révélait non seulement un
paradis pour les agents infectieux (paludisme, tuberculose et syphilis y engen
draient 60 % des décès), mais également une terre de disette qui inspira au
poète Midjeni ces vers :
« Un grain de mais est un grain de douleur,
Là où il y a beaucoup de faim
Et point de mais... »
* Assistante à l'Université de Constantine.
1. Cet article est tiré d'un mémoire de IIIe cycle de l'option « Nutrition et Santé publique
dans le processus de développement » soutenu à I'iedes.
2. Indépendante en 1912, occupée de 1913 à 1919, l'Albanie se dota en 1919 d'un gouver
nement démocratique qui fut renversé par Zog, représentant de la féodalité (1924-1939). Son
règne se caractérisa par une colonisation de fait de par l'Italie.
Revue Tien-Monde, t. ХУШ, n° 72, ootobre-déoembre 77 849 CATHERINE REGNAULT ROGER
En Albanie, comme ailleurs, le statut nutritionnel reflète la situation socio-
économique du pays : pays du Quart Monde avant la deuxième guerre mondiale,
encore classée en 1970 parmi les pays sous-développés, l'Albanie figure aujour
d'hui dans les rangs des contrées développées (rapport fao8, Rome, 1975).
Les progrès accomplis sont d'autant plus sensibles que la plus-value réalisée
par le peuple albanais n'est pas accaparée par une minorité, mais est redis
tribuée dans l'ensemble de la population de façon à diminuer les écarts régnant
encore entre les différentes classes sociales : actuellement, des mesures visent à
élever le niveau de vie de la paysannerie (pendant le dernier plan quinquennal,
le revenu réel des habitants des villes a augmenté de 8,7 % tandis que, dans le
même temps, celui des villageois était relevé de 20,5 %). En effet, l'immense
effort accompli par le peuple albanais pour assurer le fameux « décollage »
de son économie, dont rêvent toujours la plupart des pays du Tiers Monde,
ne peut être compris s'il n'est pas rapproché des principes qui dirigent, depuis
la libération, le « Pays des Aigles » (Shiperia) : en 1946, l'Albanie, qui s'est
libérée toute seule des occupants italiens et nazis, puis a repoussé les manœuvres
anglo-américaines, devenait une république populaire. Le Parti du Travail
albanais (рта), Enver Hoxha à sa tête, s'est appuyé pour promouvoir le déve
loppement du pays sur la théorie marxiste-léniniste au premier chef de laquelle
figurent le concept ď « indépendance nationale » et к notion « compter sur
ces propres forces ». Et c'est dans ce cadre qu'il faut analyser la politique
alimentaire mise en œuvre en 1945 et les succès qu'elle a rencontrés.
AXES FONDAMENTAUX DE LA POLITIQUE ALIMENTAIRE ALBANAISE
Trois orientations la définissent :
— Créer une base matérielle nécessaire à la production des denrées alimentaires,
au sein même du pays. Au sortir de la guerre, il était impératif de recons
truire le pays et de transformer l'agriculture archaïque en agriculture
moderne, intensive et socialiste, capable d'assurer un approvisionnement
régulier et de bonne qualité à l'ensemble de la population.
— Encourager la consommation des produits de première nécessité par la
mise sur pied d'un réseau de distribution permettant une large circulation
des marchandises dans tout le pays et adopter une politique tarifaire dans
laquelle les prix ne doivent pas constituer un obstacle à la consommation
des produits.
— Modifier le comportement alimentaire en combattant contre les
3 . Classification selon une évaluation calorique de la ration quotidienne.
850 ALBANIE : SUCCÈS D'UNE POLITIQUE ALIMENTAIRE
aspects rétrogrades légués par le passé, en luttant contre les préjugés
et l'ignorance et en les remplaçant par de nouvelles habitudes plus
saines physiologiquement.
UNE AGRICULTURE MODERNE ET INTENSIVE
i / Transformation des structures
Dans les pays où régnent encore des rapports féodaux, l'accélération de la
croissance agricole passe en tout premier lieu par un changement de l'organi
sation de l'agriculture, le plus souvent par un contrôle de la terre par la pay
sannerie. En Albanie, la réforme agraire débuta dès 1945; c'est sur ce mot
d'ordre que les masses paysannes avaient rejoint le Front de Libération National
antifasciste, pendant la guerre, elles entendaient bien le voir réalisé rapidement.
Les terres furent attribuées jusqu'à concurrence de 5 ha par famille de six per
sonnes qui cultivait elle-même la terre. Au terme du processus, 90 % des terres
étaient redistribuées, 50 % des oliviers et 100 % des bêtes de somme, l'Etat
gardant pour sa part 10 % des terres et 50 % des oliviers qui constituèrent la
base matérielle des fermes d'Etat.
Mais, si la réforme agraire reste, en général, une étape nécessaire — réclamée
par le niveau idéologique de la paysannerie qui s'est forgée au sein du système
féodal — et indispensable pour l'inciter à développer immédiatement les
forces productives en l'intéressant à son travail, elle ne constitue pas en régime
socialiste l'ultime phase de restructuration de l'agriculture : en effet, un secteur
privé fondé sur une multitude de petites exploitations individuelles ne peut
assurer le même rythme de développement des forces productives et la même
rationalisation de l'agriculture qu'un secteur socialiste dans lequel organi
sation et production sont planifiées en fonction des besoins du pays. La
coexistence de ces deux secteurs entraîne un déséquilibre entre les branches
nationalisée (industrie, fermes d'Etat) et privée, et compromet le dévelop
pement harmonieux du pays. C'est pourquoi une deuxième étape doit suivre :
la collectivisation.
Le déroulement de cette dernière en Albanie est à cet égard riche d'ense
ignement. Dès 1950, l'Etat albanais encouragea par des mesures fiscales la
constitution des coopératives. Cette politique, cependant, demeura sans effet.
L'analyse de cet échec fit ressortir deux causes principales :
— la rémunération des paysans au sein des coopératives se fondait pour 40 % sur
l'importance des terres apportées à la coopérative par le paysan et pour 60 %
sur le travail fourni. D'autre part, le paysan coopéré pouvait détenir un
cheptel illimité et un enclos de o, 5 ha. Ces statuts favorisaient les paysans
851 CATHERINE REGNAULT ROGER
les plus riches et, loin de diminuer les écarts régnant entre les différentes
catégories de paysans, les amplifiaient.
— le Premier Plan quinquennal (195 1-19

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