Alexandre Ier et le problème slave pendant la première moitié de son règne - article ; n°1 ; vol.7, pg 94-111
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Description

Revue des études slaves - Année 1927 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 94-111
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1927
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

G. Vernadskij
Alexandre Ier et le problème slave pendant la première moitié
de son règne
In: Revue des études slaves, Tome 7, fascicule 1-2, 1927. pp. 94-111.
Citer ce document / Cite this document :
Vernadskij G. Alexandre Ier et le problème slave pendant la première moitié de son règne. In: Revue des études slaves, Tome
7, fascicule 1-2, 1927. pp. 94-111.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/slave_0080-2557_1927_num_7_1_7375ALEXANDRE Г
ET LE PROBLÈME SLAVE
PEľVDAľNT
LA PREMIÈRE MOITIÉ DE SON RÈGNE,
PAR
G. AERNADSKIJ.
I
L'époque du règne d'Alexandre Ier a été celle d'une grande
effervescence dans la vie des peuples de l'Europe. Les principes
d'égalité et de liberté formulés par la Révolution française, dès la
fin du xviiie siècle, avaient commencé à pénétrer bien avant vers
ľOrient, devançant les masses des troupes françaises, au début
républicaines, par la suite impériales. Celui qui venait de monter
au trône de l'Empire russe était, en la personne d'Alexandre 1er,
un admirateur de la déclaration des droits de l'homme et du
citoyen et l'élève d'un républicain suisse. Bientôt après son avè
nement, il se formait autour de lui un cercle intime de partisans
des conceptions politiques nouvelles : le célèbre « Comité intime »
ou « Comité du salut public », qui comprenait Novosil'cev, le prince
Czartoryski, le comte Stroganov, Koèubej.
Ces conceptions nouvelles se manifestent non seulement dans
la politique intérieure, mais aussi dans la politique extérieure.
Le remarquable document de la diplomatie russe du début du
xixe siècle, contresigné par le prince Czartoryski, à savoir l'i
nstruction de ľempereur Alexandre à Novosil'cev en tant qu'envoyé
en Angleterre comme ambassadeur plénipotentiaire, en septembre
Revue des Eludes slave», tome VII, 1927, fasc. 1-2. í*r ET I.K PROBLEME SLAVE. Oo ALEXANDRE
de l'année i So h (1), présente un exposé des principes de la nouvelle
politique internationale.
Cette instruction était donnée à l'ambassadeur en face d'une
situation internationale très complexe, à ľépoque d'une âpre lutte
diplomatique avec Napoléon, au moment où Alexandre se pré
parait à porter un coup décisif. Le tsar estimait que la force prin
cipale de Napoléon, du point de vue international, provenait de
l'étroite association qu'il avait su établir entre son programme mili
taire et son programme politique. Or ce programme politique était
ľhéritage de la révolution : organiser la société sur les nouveaux
principes du code civil, à savoir l'égalité sociale et la liberté. A cet
objectif Alexandre s'efforçait d'opposer des principes non moins
généraux : « L'arme la plus puissante dont se soient servis jusqu'à
présent les Français, et avec laquelle ils mènent encore tous les
pays, est l'opinion universelle, qu'ils ont su répandre, que leur
cause est celle dn la liberté et de la prospérité des peuples. 11 serait
honteux pour l'humanité qu'une cause aussi belle dût être consi
dérée comme le propre d'un gouvernement qui ne mérite sous
aucun rapport d'en être le défenseur; il serait dangereux pour
tous les Etats de laisser plus longtemps aux Français l'avantage
marquant d'en conserver l'apparence. Le bien de l'humanité, l'i
ntérêt véritable des autorités légales, et la réussite de l'entreprise
que se proposeraient les deux puissances exigent qu'elles arrachent
aux Français celte arme formidable, et qu'en se l'appropriant elles
la fassent servir contre eux-mêmes » (2).
L'instruction à Novosil'cev présentait le projet d'une réorgani
sation complète de la vie politique de l'Europe : « Ce n'est point le
rêve de la paix perpétuelle qu'il s'agit de réaliser; cependant on se
rapprocherait sous plus d'un rapport des résultats qu'il annonce,
si dans le traité qui terminerait la guerre générale on parvenait à
fixer sur des principes clairs et précis les prescriptions du droit
des gens. Pourquoi ne pourrait-on pas y soumettre le droit positif
des nations, assurer le privilège de la neutralité, insérer l'obl
igation de ne jamais commencer la guerre qu'après avoir épuisé les
moyens qu'une médiation tierce peut offrir, avoir de cette façon
mis au jour les griefs respectifs, et tâché de les aplanir? — ■ C'est
sur de semblables principes que l'on pourrait procéder à la paci
fication générale, et donner naissance à une ligue dont les stipu-
W Voir les Mémoires du prince Adam Czarloryski et correspondance avec l'em
pereur Alexandre l'r, préface de Ch. de Mazade, t. II, Paris, 1887, pp. 27-/15.
W Mémoires du prince Adam Czartoryski, II. pp. 28-99. G. VKKNADSKIJ. 96
lations formeraient, pour ainsi dire, un nouveau code du droit des
gens, qui, sanctionné par la plus grande partie des Etats de ľEu-
ľopo, deviendrait sans peine la règle immuable des cabinets, d'au
tant que ceux qui prétendraient l'enfreindre risqueraient d attirer
sur eux les forces de la nouvelle union (1) ». Ce projet d'Alexandre
en 180Ä a été comparé non sans raison avec le de 1918 du
président Wilson (2).
Outre les idées générales concernant l'organisation fédérative
des peuples, l'instruction à JNovosil'cev de 180a présentait encore
une façon intéressante et neuve de poser une question toute récente,
la question slave. 11 est vrai que cette façon est encore quelque peu
obscure; les bases ethniques de l'organisation future de ľEurope
sont en effet confondues dans l'instruction avec les bases pure
ment géographiques : «11 n'est pas douteux que, pour rendre
un tel arrangement encore plus solide, et si en le traçant on pou
vait n'avoir en vue que le bien de la généralité des Etals et le
bonheur de chaque nation en particulier, il faudrait en y procédant
fixer aussi aux différents pays les limites qui leur sont les plus
propres. Il faudrait alors surtout s'attacher à suivre celles que la
nature elle-même a indiquées, soit par des chaînes de montagnes,
soit par des mers, soit enfin par des débouchés qui doivent être
assurés à chacun pour les productions de son sol et son industrie.
Il serait nécessaire en même temps de composer chaque Etat de peuples
homogènes, qui puissent se convenir entre eux, et s'harmoniser avec
le gouvernement qui le régit. Les commotions que l'Europe éprouve
continuellement depuis tant de siècles ont pour cause, en grande
partie, que l'on s'est totalement écarté de cet équilibre natu
rel Ч »
La même question se trouve exposée avec plus de clarté dans
les articles sur la réorganisation de l'Europe en cas de guerre vic
torieuse que Czartoryski avait rédigés sans doute en même temps
que l'instruction donnée à Novosiľcev (Ч Le problème slave ap
paraît là comme se divisant naturellement en deux parties. D'une
part il est traité de la Pologne, d'autre part des Slaves du Sud.
De la Pologne, il est dit : « L'empereur de Russie, prenant le
:1) Czartoryski , Mémoires, H, pp. 34-35.
(*> K. Waliszewski , La Russie il y a cent ans. Le règne d'Alexandre I", Paris,
1 93З, I, p. 1 66.
W Czartoryski, Mémoires, II, p. 36.
(*' t Article pour l'arrangement des affaires de l'Europe à la suite d'une guerre
heureuse (і8о4)л, cf. Czartoryski, Mémoires, II, pp. 62-66. fr ET LE PROBLEME SLAVE. 97 ALEXANDRE
titre de roi de Pologne, aura tous les pays qui appartenaient ù la
Pologne avant le premier partage, avec le pays appelé royaume (sic)
de la Prusse, de manière que cette nouvelle frontière ira depuis
Danzig jusque vers les sources de la Vistule et de là en longeant
les Karpacks (sic) jusqu'aux sources du Dniester W. »
Quant aux Slaves du Sud, nous lisons, à la fin de la notice, ce
qui suit : « Je n'ai pas fait mention de la Turquie, qu'il vaut mieux
peut-être, avec le rétablissement des anciens traités, laisser pour le
moment dans son état actuel, excepté le changement projeté pour
la Servie, le Monténégro réuni à Cattaro et la République

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