Aquaculture littorale et mobilisations environnementales en Thaïlande - article ; n°134 ; vol.34, pg 385-403
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Description

Tiers-Monde - Année 1993 - Volume 34 - Numéro 134 - Pages 385-403
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Yves Weigel
Aquaculture littorale et mobilisations environnementales en
Thaïlande
In: Tiers-Monde. 1993, tome 34 n°134. pp. 385-403.
Citer ce document / Cite this document :
Weigel Jean-Yves. Aquaculture littorale et mobilisations environnementales en Thaïlande. In: Tiers-Monde. 1993, tome 34
n°134. pp. 385-403.
doi : 10.3406/tiers.1993.4760
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1993_num_34_134_4760AQUACULTURE LITTORALE
ET MOBILISATIONS
ENVIRONNEMENTALES
EN THAÏLANDE
par Jean- Yves Weigel*
INTRODUCTION
La mobilisation pour la défense de l'environnement en Thaïlande a
pris, au cours de ces dernières années, une ampleur qui est à la mesure
des dégâts provoqués par un développement économique impression
nant mais mal contrôlé dans le domaine de la gestion des ressources
naturelles. La réduction des pollutions industrielles urbaines ou agri
coles, la sauvegarde des parcs naturels et des espèces animales ou végét
ales, la lutte contre la deforestation ou la surexploitation halieutique
marine ou continentale, les conséquences sur l'environnement de nou
veaux aménagements tels que les barrages sont les objectifs affichés d'or
ganisations non gouvernementales1 et d'institutions universitaires ou
gouvernementales 2. Cette création spécialisées s'est
accompagnée de la promulgation de nouvelles lois visant à protéger les
ressources naturelles telles que celles relatives à l'exploitation de la man-
* Economiste orstom.
1. Citons 1'ecda (Environmental and Community Development Association), la teo (Think
Earth Organization), le pea (Project of Ecological Recovery), la wlf (Wild Life Foundation), le mi
(Local Development Institute)...
2. Tels que I'oneb (Office of National Environment Board) dépendant du ministère de la Science
de la Technologie et de l'Energie, ou bien Péri (Environment Research Institue) de l'Université de
Chulalongkorn .
n° 134, avril-juin 1993 Revue Tiers Monde, t. XXXIV, Jean- Yves Weigel 386
grove introduites en 1987 et 1989 ou bien celle relative à l'aquaculture
côtière édictée en 1991 sous la forme d'un décret royal1.
Mais ce sont évidemment les individus directement impliqués qui se
mobilisent avec le plus de conviction pour défendre leurs intérêts mis à
mal par des projets d'aménagement ou le développement de nouvelles
spéculations au nom de la sauvegarde de l'environnement. Ces mobilisat
ions, à l'origine catégorielle mais auxquelles se joignent des militants de
la sauvegarde de l'environnement, se soldent par des manifestations par
fois violentes, expression de trois types de conflits : ceux mettant aux
prises sociétés publiques ou privées chargées de grands aménagements et
cultivateurs ou pêcheurs, ceux opposant fermiers ou pêcheurs tradition
nels « protecteurs de la nature » aux grands complexes agro-industriels
« pollueurs », enfin ceux qui ont comme protagonistes des petits exploi
tants (d'un côté ceux pratiquant des « cultures traditionnelles », de
l'autre ceux adeptes d'une nouvelle spéculation). L'objet du litige peut
être la terre ou l'eau ou bien la mangrove : les griefs des « environne-
mentalistes » portent sur la deforestation, la salinisation ou l'eutrophi-
sation de l'eau destinée à la consommation ou à l'irrigation. La violente
opposition des pêcheurs et cultivateurs riverains de la rivière Mol (dans
la province d'Ubon Ratchatchani aux frontières lao et cambodgienne) à
la construction d'un barrage hydroélectrique est une illustration des
conflits du premier type. Comme exemple de conflits dont complexes
agro-industriels et petits exploitants sont les protagonistes, citons celui
ayant opposé au début de l'année les pêcheurs de la rivière Chi (dans la
province de Khon Khaen au nord-est du pays) au complexe sucrier re
sponsable d'une pollution volontaire de cette rivière. Enfin, comme un
parmi les nombreux conflits du troisième type, citons celui qui a mis aux
prises fin 1991 à Phangna sur la côte d'Andaman au sud-ouest du pays,
aquaculteurs désirant réaliser un système d'irrigation d'eau saumâtre et
exploitants de cultures traditionnelles.
Sur le plan de l'environnement, tous ces conflits sont révélateurs
d'une absence d'analyse des conséquences de nouveaux aménagements
(construction de barrages ou de ports, etc.) sur les activités existantes,
ou bien d'une incapacité à gérer à l'échelle locale ou nationale l'intr
oduction d'un nouveau système de production, et donc sa coexistence
avec les autres. A ce sujet, la colonisation aquacole sur le littoral thaï-
1. Les développements qui vont suivre sont les premiers résultats d'un travail amorcé en 1990 et
mené en Thaïlande sur la filière aquacole : celui-ci a pris entre autres la forme d'enquêtes de terrain
menées auprès des différents acteurs tout au long de la filière. Ce travail est la première phase d'une
analyse de la filière halieutique, elle-même partie d'un programme commun ORSTOM-Université de
Chulalongkorn relatif à la croissance économique thaïlandaise. Aquaculture littorale et mobilisations environnementales 387
landais, par les dégradations dont elle est responsable et les nombreux
conflits qu'elle suscite, est un cas d'école ; d'autant plus que les modalit
és et la dynamique de cette colonisation et de ses conséquences environ
nementales débordent du strict cadre thaï et peuvent être observées,
pour ce qui est de leurs traits les plus significatifs, dans le reste du Sud-
Est asiatique (Indonésie, Malaisie, Philippines et même Vietnam).
Les différentes étapes de la colonisation aquacole font référence aux
contraintes successives ayant pesé et pesant sur les systèmes de product
ion, contraintes qui sont de deux ordres : d'une part, celles ayant trait
à la préservation de l'environnement exprimées par différentes organisa
tions ou individus, d'autre part celles induites par la concurrence inter
nationale nécessitant une adaptation permanente des systèmes de pro
duction pour maintenir la compétitivité thaï. La dynamique de la
colonisation aquacole révèle les différents protagonistes, petits exploi
tants et grandes sociétés. Ces dernières ont vu leur stratégie de maîtrise
de la filière desservie dans un premier temps par le discours écologiste,
mais elles ont rapidement récupéré en partie ce pour servir
leurs desseins de conquête de parts de marché.
Enfin l'enjeu de cette connaissance doit être également mesuré à
l'aune de l'importance sociale et économique de cette activité puisque,
pour l'année 1990, on pouvait estimer le nombre d'emplois directs dans
l'aquaculture littorale à environ 80 000.
1 - LA COLONISATION AQUACOLE
ET LA DÉGRADATION DE L'ENVIRONNEMENT
L'espace colonisé par l'aquaculture littorale peut être terrestre s'il
s'agit d'anciennes terres destinées à des salines, à la riziculture ou à des
plantations pérennes, mais cet espace peut être à l'interface de la terre et
de la mer lorsqu'il s'agit de mangroves ou de marécages : c'est le cas de
l'aquaculture de crevette (pénéidés) qui occupe 98 % de l'espace aquac
ole littoral, soit 53 000 ha. Il s'agit d'une aquaculture en étang, en
pleine expansion puisqu'elle était mise en œuvre en 1990 par 15 000 uni
tés de production, soit plus du double que cinq années auparavant.
Outre le fait que cette aquaculture est très forte consommatrice et trans
formatrice d'espace (le plus souvent d'anciennes terres de mangrove
aménagées en étangs), elle est également la plus forte consommatrice
d'intrants et par là participe activement à la pollution aquatique et à la
dégradation des terres. Par cette double caractéristique, elle a une inci- Jean- Yves Weigel 388
dence sur l'environnement sans commune mesure avec la pisciculture ou
l'obstréiculture déclinante ou bien encore avec les quelques autres aqua
cultures à la marge (conchyliculture, crabes, algues, etc.). En effet, ces
dernières n'occupent que 2 % de l'espace aquacole littoral, sont généra
lement pratiquées en eaux libres (cages ou enclos en mer ou en estuaire),
nécessitent en règle générale beauco

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