Arguments ethnométhodologiques sur l analyse du discours politique - article ; n°1 ; vol.25, pg 61-72
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Arguments ethnométhodologiques sur l'analyse du discours politique - article ; n°1 ; vol.25, pg 61-72

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Langage et société - Année 1983 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 61-72
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 24
Langue Français

Extrait

Bernard Conein
Arguments ethnométhodologiques sur l'analyse du discours
politique
In: Langage et société, n°25, 1983. pp. 61-72.
Citer ce document / Cite this document :
Conein Bernard. Arguments ethnométhodologiques sur l'analyse du discours politique. In: Langage et société, n°25, 1983. pp.
61-72.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lsoc_0181-4095_1983_num_25_1_1959Bernard CONEIN
Université PARIS VIII
Département de sociologie
ARGUMENTS ETHNOMETHODOLOGIQUES SUR L'ANALYSE DU
DISCOURS POLITIQUE
Ce texte est une version modifiée d'une communication faite au DIXIEME CONGRES MONDIAL
DE SOCIOLOGIE - CE 14 Sociologie des communications, de la connaissance et de la
culture - Session 8: analyse du discours idéologique et culturel.
La démarche exposée ici se situe dans le cadre d'un examen criti
que des recherches effectuées en France en analyse du discours sur les textes
politiques. Certaines difficultés empiriques en analyse du discours politique
(dorénavant ADP) proviennent de la façon dont les corpus sont construits.
Ce problème ne peut se résoudre par la seule découverte de nouveaux textes
qui seraient plus intéressants par leur forme, par leur contexte, par leur
contenu; car ce sont les principes mêmes gouvernant la construction, l'extrac
tion des corpus et la segmentation des fragments textuels qui sont en cause.
Nous voudrions montrer ici l'intérêt de rechercher des arguments
sociologiques à partir des questions de formation de corpus, et voir comment,
à chaque étape des opérations réalisées sur un texte politique, sont engagées
des hypothèses sociologiques sur la nature du discours et de l'action politi
ques.
Nous prendrons à titre d'exemple une forme classique de corpus
d'ADP (le disours politique d'assemblée), en montrant comment il est possible
d'utiliser d'autres procédés de construction de corpus et de segmentation
d'énoncés. Cette démarche s'appuiera sur l'examen de certains arguments des
sociologues ethnométhodologues sur le discours (Sacks, Schegloff et Jefferson,
1974). - - 62
I. La formation du corpus
II est admis, parmi les chercheurs en sciences sociales qui
pratiquent l'analyse du discours, que les opérations sur les textes engagent
des décisions théoriques sur les faits de langage, et en particulier sur les
rapports entre les différents composants de la langue ( syntaxique, lexical,
sémantique, pragmatique...)» Par contre, les décisions sociologiques sont
rarement présentées comme motivées par des liées à la procédure
d'analyse des textes.
Il reste enigma tique de savoir quelles hypothèses sociologiques
sont impliquées dans les opérations techniques que l'ADP met en oeuvre sur
les textes. Pour dégager les implications sociologiques de ces opérations,
il faudrait, à chacune des étapes de la formation d'un corpus, examiner quels
mécanismes sociaux sont dépendants des opérations empiriques effectuées.
A chacune des étapes, le texte est l'objet d'un traitement parti
culier (Courtine et Marandin, 1981):
- la construction d'un corpus discursif se fait à partir d'une sélection
de textes de référence choisis parmi des documents et des archives le plus
souvent déjà collectés par un sociologues ou un historien.
- les opérations d'extraction et de segmentation s'organisent à partir
de manipulations sur les énoncés.
1.1. Le choix des textes dans la construction d'un corpus
La première étape de formation d'un corpus est le choix d'un ensem
ble de textes de référence, d'où le chercheur extraiera un corpus d'analyse.
L'ensemble des textes de référence constitue un contexte co-textuel
pour le corpus soumis à une description. Or on peut déjà à cette étape distin
guer au moins deux manières de concevoir le contexte co-textuel:
- comme ensemble de textes collectés à partir de critères de nature théma
tique: domaine, auteur, événement.
- comme ensemble de textes ayant un contexte d'énonciation commun fondé
sur un système d'échange verbal identique: procès judiciaire, consultation
médicale, séance d'assemblée parlementaire... - - 63
Comme l'a récemment noté Emmanuel Schegloff (1981: 71), ces deux
façons d'isoler un discours comportent deux points de vue sur l'objet à décrire.
Le problème que pose la première manière de sélectionner un texte,
outre qu'elle perd une dimension centrale du discours (1 ' interlocution) , c'est
qu'elle considère qu'un texte est identifiable avant toute analyse.
On pourrait cependant concevoir autrement une ADP fondée sur des
procédés de segmentation thématique et textuelle. Rien en effet n'interdit
d'une part une prise en compte des phénomènes énonciatifs dans un texte écrit
et d'autre part de suspendre toute caractérisation typologique avant la des
cription morphologique des segments.
En ce qui concerne le texte politique, la sélection des textes de
référence demande qu'un principe de reconnaissance de la nature politique du
texte doit donné. Car attribuer un caractère politique à un texte est déjà
une opération; n'importe quel texte n'est pas susceptible de recevoir un
statut politique. Certains discours seront automatiquement éliminés, bien
qu'on ne sache pas toujours quels traits rendent pertinents une telle décision.
Qu'est-ce donc qui confère à une série de pièces de papier le caractère politique?
Pourtant, il existe un ensemble de textes, extrêmement divers,
dont on est porté à croire qu'ils relèvent du politique; soit parce qu'ils
sont reconnus et perçus socialement comme appartenant au domaine de l'action
politique, soit parce qu'ils font autorité comme source dans une discipline.
Ces motifs ont généralement des effets restricitfs. Dans un cas, le chercheur
fait confiance aux représentations ordinaires de l'action politique pour
sélectionner ses textes de référence. Dans l'autre cas, il fait confiance à
une autre discipline, en puisant dans ses fonds documentaires pour y prendre
un texte. Dans les deux cas, l'étape de construction du corpus n'est pas
conçue comme une opération de recherche propre à l'analyse de discours.
Or rendre problématique le système courant de reconnaissance
des textes devrait être une des tâches de l'analyse de discours, Une nou
velle démarche doit alors être construite où serait suspendue toute catégo
risation du discours retenu avant l'analyse. On remplacerait une désignation
typifiante par la description d'un fonctionnement.
Si l'ethnométhodologie, à ce propos, a avancé des arguments nou
veaux, c'est qu'elle ne considère pas qu'il est nécessaire de recourir à - - 64
une typologie ou une catégorisation d'un discours avant sa description morpho
logique. Mais surtout la description morphologique d'un discours n'implique
pas de renoncer à une sociologique à la condition que rentrent
dans Le champ de l'analyse les relations de locution.
1.2 La position du locuteur dans l'extraction d'un corpus
Le fait de prendre le système d'échange verbal comme dimension
du discours modifie la procédure d'extraction du corpus d'analyse. En ce
qui concerne le discours politique, il existe toute une série d'exemples où
un système d ' interlocution peut être mis en valeur si dans le texte est trans
crite la présence de plusieurs énonciateurs.
Les exemples les plus classiques en ADP sont les discours politi
ques publics (congrès, assemblée, meeting, débat...). De tels textes laissent
ouvert un choix sur la procédure de clôture du corpus:
Prendre les textes par auteur, ou un par un selon les tours de parole? L'unité
d'analyse est-elle la séance, ou l'intervention? Qu'est-ce qu'un discours
suivi? Ce que dit un locuteur pendant une période donnée à des moments diffé
rents, ou la suite des répliques dans une situation?
Ces deux conceptions du contexte produisent deux démarches d'ex
traction de corpus:
- prendre le locuteur comme "auteur" propre de son texte dans un cadre
mono logique par rapport à d'autres auteurs.
- prendre le locuteur comme énonciateur, tout à tour locuteur et audi
teur par rapport à l'interaction verbale détermin&

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents