Au sujet des pauvres et des vulnérables : le cas argentin - article ; n°142 ; vol.36, pg 365-381
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Description

Tiers-Monde - Année 1995 - Volume 36 - Numéro 142 - Pages 365-381
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alberto Minujin
Nestor Lopez
Au sujet des pauvres et des vulnérables : le cas argentin
In: Tiers-Monde. 1995, tome 36 n°142. pp. 365-381.
Citer ce document / Cite this document :
Minujin Alberto, Lopez Nestor. Au sujet des pauvres et des vulnérables : le cas argentin. In: Tiers-Monde. 1995, tome 36 n°142.
pp. 365-381.
doi : 10.3406/tiers.1995.5767
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1995_num_36_142_5767AU SUJET DES PAUVRES
ET DES VULNÉRABLES :
LE CAS ARGENTIN
par Alberto Minujin, Nestor López1
Avant la crise du milieu des années 70, le phénomène de la pauvreté
urbaine se manifestait en Argentine surtout dans les villas miseria (villes
misère), quartiers constitués illégalement et situés dans des zones margin
ales de l'espace urbain, dépourvues d'une infrastructure minimum de
services destinés à couvrir les besoins essentiels, premières étapes d'accès
aux grandes villes pour un grand nombre d'immigrants en provenance de
zones rurales ou des pays limitrophes. Au début, une demande importante
de travail dans le secteur industriel, des salaires élevés et la possibilité d'ac
céder à des crédits au logement permettaient aux habitants des villas miser
ia de n'y séjourner que provisoirement. Mais les changements qui com
mencent dans les années 60 dans le système productif argentin et,
principalement, la crise des vingt dernières années, ôtent à ces secteurs de
la population l'espoir de vivre dans de meilleures conditions, renforçant
ainsi de grandes « poches » de pauvreté structurelle qui, ici, sont moins
étendues que dans la majorité des pays d'Amérique latine.
Les transformations économiques et sociales propres aux années 80
eurent un impact notable sur les conditions de vie de la population. Là
comme ailleurs, la forte récession, déclenchée principalement par le poids
de la dette externe, s'est traduite par une forte détérioration de la capacité
du système productif à créer des emplois. L'augmentation du chômage, le
sous-emploi, le glissement important de travailleurs vers des secteurs de
moindre productivité et la consolidation du secteur informel ont alors
conduit à une dégradation notable du niveau des revenus. Des groupes
sociaux de plus en plus nombreux au sein des couches moyennes se voient
1 . Les auteurs font partie de l'UNICEF-Argentine. Les opinions exprimées dans l'article peuvent ne pas
refléter — que еж soit entièrement ou partiellement — les points de vue de l'Organisation à laquelle ils appart
iennent.
n° 142, avril-juin 1995 Revue Tiers Monde, t. XXXVI, 366 Alberto Minujin et Nestor López
ainsi dans l'impossibilité de satisfaire leurs besoins essentiels. L'appari
tion de ces « nouveaux pauvres » constitue le signe distinctif de la crise.
Ainsi, la pauvreté s'étend et l'univers des pauvres devient plus hété
rogène. La structurelle a gardé pendant cette période sa taille
et sa localisation d'origine. Le groupe des nouveaux pauvres, au
contraire, en étant plus sensible aux variations sur le marché du travail,
varie en termes de taille et est dispersé, à des niveaux différents de
concentration, dans tout l'espace urbain.
La situation de l'emploi et celle des salaires dans les années 80 ont
été très variables. En 1983, année de retour à la démocratie en Argent
ine, un rattrapage des salaires a commencé, qui s'est intensifié l'année
suivante. Mais, dans la seconde moitié de la décennie, une période de
forte inflation et d'instabilité macro-économique s'est installée, causant
un véritable effondrement de la demande de travail et du pouvoir
d'achat des salaires. En quatre ans, la proportion des foyers1 ayant des
revenus inférieurs au seuil de pauvreté quadruple, la pauvreté atteignant
son record en 1989. A partir de là, la mise en place d'une série de
mesures macro-économiques proposées par le gouvernement péroniste
récemment élu est parvenue à stabiliser les prix, ce qui se traduit par une
lente diminution de la proportion de foyers pauvres.
L'escalade inflationniste qui a atteint son apogée en 1989 a constitué
l'un des moments les plus critiques pour Г « intégrité » des différents
acteurs sociaux et de la société dans son ensemble, l'image des pillages
de supermarchés et de la répression correspondante en étant la synthèse
la plus claire. En revanche, la stabilité des prix établie à partir de 1991 a
pris une grande importance dans le sentiment populaire ; elle forme sans
aucun doute l'un des piliers du consensus dont bénéficie le gouverne
ment de C. Menem.
Cet article se consacre à l'étude de l'évolution de la pauvreté de 1986
à 1992. Il cherche à détecter les conséquences des transformations surve
nues sur le marché du travail dans les différentes strates de la société, et
leurs implications sur la taille et l'intensité de la pauvreté. Enfin, grâce à
une analyse dynamique d'un échantillon de foyers, il tente de déterminer
de quelle façon s'articulent le rattrapage des revenus et la dynamique de
l'insertion des familles sur le marché du travail avec la diminution de la
taille de la pauvreté. La source d'information sera, au sein de l'Enquête
permanente des foyers, les relevés réalisés dans le Grand Buenos Aires
durant les mois d'octobre, de 1986 à 1992. Le Grand Buenos Aires (gba)
comprend la capitale fédérale et 19 communes qui l'entourent. Ensemble,
elles constituent un espace urbain unique et étendu qui concentre à peu
1 . Dans ce texte, les termes « foyers » et « ménages » sont équivalents (N.dT.). Au sujet des pauvres et des vulnérables 367
près un tiers de la population argentine, environ 1 1 millions d'habitants.
La croissance de sa au cours des années étudiées est réduite,
par conséquent les variations relatives dans la taille des différents groupes
de population se traduisent par son équivalent en termes absolus.
ÉVOLUTION DE LA PAUVRETÉ : 1986-1992
1 . Du Plan austral au Plan de convertibilité
Dans le but de stopper une inflation qui s'élève à plus de 300 % au
premier semestre de 1985 et qui s'accélère, le Plan austral est mis en
place en juin de cette même année, sous le gouvernement du président
Raul Alfonsin. Après un contrôle de l'évolution des prix lors du
deuxième trimestre de 1985 (graphique 1), la hausse des prix reprend et
Graphique 1. — Evolution des indices d'inflation,
de chômage et de sous-emploi, gba, 1986-1992
30 6 000T ___ inflation annuelle
— — Chômage
5 500 — — Sous-emploi
■25
■20
■15
.10
• 5
— l 1
1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 Alberto Minujin et Nestor López 368
fait passer le taux d'inflation de 81,9 % en 1986 à 174,8 % en 1987, puis
387,7 % en 1988, et enfin 4 923 % en 1989.
Evidemment l'évolution des prix, et par conséquent les indices d'in
flation, est un indicateur qui reflète les variations, aussi bien objectives
que subjectives, du contexte économique. C'est, en outre, celui qui a le
plus d'impact sur le comportement et le devenir quotidien des ménages.
Cependant d'autres indicateurs, tels que la sous-utilisation de la force de
travail, rendent compte de phénomènes plus structurels et jouent un rôle
déterminant sur les conditions de vie des ménages ; comme on peut le
voir dans le graphique 1, le chômage augmente à cette période de 4,5 %
à 7,1 % et le sous-emploi horaire de 6,1 % à 8 % .
En juillet 1989, pour la première fois dans cette seconde moitié de
siècle en Argentine, un président élu démocratiquement passe le pouvoir
à son successeur au terme de son mandat, conformément aux méca
nismes qu'établit la Constitution nationale. Le fait que la passation de
pouvoir ait dû être avancée de cinq mois, en raison de l'impossibilité de
contrôler la situation par le président en exercice au terme de son mand
at, exprime l'importance de la crise économique, sociale et politique.
L'année 1990 connaît aussi des moments de non-contrôle des prix. Bien
Graphique 2. — Variation annuelle du PIB Argentine, 1986-1992
12 y
10 -■
8,5
8 ■
6,5
6 . . 5,7
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