Autoconsommation et marchés : Chayanov, Labrousse ou Le Roy Ladurie ? - article ; n°6 ; vol.38, pg 1392-1410
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Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1983 - Volume 38 - Numéro 6 - Pages 1392-1410
Self-sufficiency and markets: Chayanov, Labrousse, or Le Roy Ladurie?
Instead of the classic opposition between self-sufficiency and the market—the starting point and the end point of change in rural society—the study of French agrarian life in the modern period points to a distinction closer to that between target produ­cers and market producers. The national dividing line of autarky effectively divided the peasantry into two camps. Above the line, a handful of larger or more specialized farming units sold their produce and regularly generated negotiable surpluses; however, faced with competition in the form of ecclesiastical and seigneurial levies, they hesitated to increase their cereal output. Below the line, the majority of peasants owned too little land to provide for their families' needs even in a normal year, and were obliged to seek out the necessary supplements—but only those supplements—in various markets (the grain, labor, credit and land markets). The violent fluctuations of these secondary markets reflected variations in supply and demand that affected only a minor share of output. This dual incentive for production units to adopt a Malthusian strategy is an even more powerful explanation than technological stagnation for the inertia of farming output, which, in the latter half of the eighteenth century, was not so much guided by price trends as durably indexed on the population.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Maurice Aymard
Autoconsommation et marchés : Chayanov, Labrousse ou Le
Roy Ladurie ?
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 38e année, N. 6, 1983. pp. 1392-1410.
Abstract
Self-sufficiency and markets: Chayanov, Labrousse, or Le Roy Ladurie?
Instead of the classic opposition between self-sufficiency and the market—the starting point and the end point of change in rural
society—the study of French agrarian life in the modern period points to a distinction closer to that between target produ-cers and
market producers. The national dividing line of autarky effectively divided the peasantry into two camps. Above the line, a handful
of larger or more specialized farming units sold their produce and regularly generated negotiable surpluses; however, faced with
competition in the form of ecclesiastical and seigneurial levies, they hesitated to increase their cereal output. Below the line, the
majority of peasants owned too little land to provide for their families' needs even in a normal year, and were obliged to seek out
the necessary supplements—but only those supplements—in various markets (the grain, labor, credit and land markets). The
violent fluctuations of these secondary markets reflected variations in supply and demand that affected only a minor share of
output. This dual incentive for production units to adopt a Malthusian strategy is an even more powerful explanation than
technological stagnation for the inertia of farming output, which, in the latter half of the eighteenth century, was not so much
guided by price trends as durably indexed on the population.
Citer ce document / Cite this document :
Aymard Maurice. Autoconsommation et marchés : Chayanov, Labrousse ou Le Roy Ladurie ?. In: Annales. Économies,
Sociétés, Civilisations. 38e année, N. 6, 1983. pp. 1392-1410.
doi : 10.3406/ahess.1983.411027
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1983_num_38_6_411027AUTOCONSOMMATION ET MARCH
CHAYANOV LABROUSSEOULEROYLADURIE
Toutes les études sur les sociétés rurales hier et aujourdhui font la part
belle au développement des échanges monétaires et au renforcement volontaire
ou imposé des rapports de la paysannerie avec le marché Explicitement Le
Roy Ladurie 1973 ou non les historiens reprennent leur compte opposi
tion classique des pays du Tiers-Monde entre agriculture de subsistance et
agriculture commercialisée Elwert et Wong 1980 Et ceci avec une net
teté toute particulière dans le cas de la France médiévale ou moderne où on
accorde volontiers reconnaître le poids précoce et durable malgré tous les
efforts des rassembleurs de parcelles une quasi-propriété paysanne enfin
libérée par la Révolution de toutes les charges qui pesaient sur elle Autocon
sommation et marché se présentent ainsi comme les deux pôles autour desquels
organisent les choix productifs de la majorité des exploitations agricoles
En fait avant le xixe sinon le xxe siècle il est pas exploitation qui
échappe totalement aux contraintes mais aussi aux avantages de autoconsom-
mation Aucune non plus qui ne puisse ou ne doive accéder même indirecte
ment des marchés ou ne soit obligée de les approvisionner ou de fournir
autant que ces marchés sont au minimum au nombre de quatre celui des
produits agricoles celui de la terre louer ou acheter et vendre celui de
la main-d uvre celui enfin de argent et du crédit Et ils interfèrent étroi-
tement les uns avec les autres et peuvent la limite fonctionner sans interven
tion directe de la monnaie ou presque celle-ci ne servira et encore sur le
papier par un jeu écritures plus souvent que sous la forme espèces métalli
ques solder les comptes de fin année au terme une chaîne complexe
échanges de biens et de services réglés pour une large part en nature et res
sentis comme tels par les principaux acteurs
Entre ces deux extrêmes idéaux de autoconsommation et de la commercia
lisation totales on évitera admettre dès le départ comme une évidence idée
trop simple une trajectoire historique linéaire qui conduirait de la première
la seconde ouverture croissante au marché entre xne et xvine siècle aurait
1392 AYMARD AUTOCONSOMMATION ET MARCH
fait sauter un après autre les anciens blocages et assuré la transformation
capitaliste de agriculture On cherchera au contraire il est possible de fixer
des seuils significatifs de définir selon leur degré indépendance ou de spécia
lisation des types différents exploitation coexistant dans espace et parfois
dans le même terroir et diversement affectés court comme long terme par
la conjoncture et de mesurer leur poids relatif leurs capacités de résistance
adaptation et de réaction et les évolutions qui viennent modifier de fa on
temporaire ou durable les rapports de force
Cette démarche devrait permettre de faire la part des deux modèles dynami
ques qui sous-tendent les analyses de la majorité des historiens de la société
rurale un influencé par Chayanov verrait les paysans moduler leurs ventes en
fonction de leurs besoins monétaires donc vendre et produire autant moins
que les prix tendent monter autre formalisé par Labrousse suppose au
contraire une réponse positive des exploitations aux sollicitations du marché et
une concordance tendancielle moyen terme au moins entre les mouvements
des prix des profits et de la production
Mais cette même démarche devrait également permettre de fixer les limites
de validité un schéma malthusien très largement admis hui encore
Celui-ci repose en effet sur une double constatation le lien ensemble attesté
notamment par les courbes décimales entre les mouvements longs de la produc
tion et ceux de la population et essoufflement une croissance agricole qui
vient buter au xvne siècle contre les mêmes maxima avant la Peste noire Il
privilégie une approche macro-économique et met accent sur inertie des tech
niques la stagnation de rendements toujours menacés de décroître et la contra
diction entre les trends du nombre des hommes et de la production Le Roy
Ladurie 1966 ou de la productivité Bois 1976 Tous facteurs dont il ne
agit pas de nier existence mais il faut replacer pour en mesurer impact
réel au niveau micro-économique des exploitations elles-mêmes car est
leur niveau que exercent les contraintes décisives et que se font les choix essen
tiels visant adapter au mieux ou au moins mal utilisation de leurs capa
cités de production terre et main-d uvre la satisfaction de leurs besoins
essentiels La terre est rare sans doute mais plus encore juridiquement
inaccessible trop chère louer ou acheter et les capitaux manquent là où elle
abonde ceux qui voudraient exploiter La majorité des exploitations fami
liales souffre ainsi surtout de la sous-utilisation de leur main-d uvre et de
impossibilité concrète de développer faute de débouchés suffisants les
réponses intensives la diminution des superficies de leurs parcelles celles-ci
sont pourtant déjà connues et pratiquées avec succès ailleurs par exemple dans
la Flandre intérieure plus densément urbanisée Dans cette perspective les pla
fonds du xrve et du xvne siècle représenteraient moins des maxima absolus et
indépassables que le résultat de interaction entre deux facteurs principaux
une part le poids majoritaire une agriculture qui travaille abord pour
satisfaire les besoins de la paysannerie et ne cherche pas accroître ses excé
dents au-delà un certain seuil De autre incapacité des marchés urbains
dont les mécanismes approvisionnement restent fondés sur la contrainte et les
prélèvements forcés autant et plus que sur incitation économique entre
tenir par le réinvestissement des profits dans la production une croissance
durable
1393 ET SOCI AGRAIRES CONOMIES
autoconsommation
autosuffisance un idéal Pour les paysans sans doute Pour les histo
riens des campagnes sûrement Tous ou presque se réfèrent au seuil de
indépendance et proposent évaluer avec des fourchettes plus ou moins
grossières la superficie minimale suffisant assurer la subsistance également
minimale une famille conjugale ou nucléaire standard Au-dessus de ce seuil
les privilégiés qui accèdent au marché pour vendre leurs seuls excédents Au-
dessous ceux qui doivent pour acheter leur complément de subsistance vendre
leur travail sur place ou en emigrant et trouver des ressources appoint dans
artisanat domicile notamment Même fixé avec optimisme des niveaux très
bas cet idéal est pourtant presque jamais confirmé dans les faits Pas
enquête un peu serrée qui ne fasse apparaître une majorité de paysans dispo
sant de trop peu de terres Poitrinea

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