Autogestion : efficacité et théorie néoclassique (traduit de l anglais par J. Lautman) - article ; n°2 ; vol.30, pg 361-369
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Autogestion : efficacité et théorie néoclassique (traduit de l'anglais par J. Lautman) - article ; n°2 ; vol.30, pg 361-369

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Description

Revue économique - Année 1979 - Volume 30 - Numéro 2 - Pages 361-369
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 30
Langue Français

Extrait

Monsieur Branko Horvat
Autogestion : efficacité et théorie néoclassique (traduit de
l'anglais par J. Lautman)
In: Revue économique. Volume 30, n°2, 1979. pp. 361-369.
Citer ce document / Cite this document :
Horvat Branko. Autogestion : efficacité et théorie néoclassique (traduit de l'anglais par J. Lautman). In: Revue économique.
Volume 30, n°2, 1979. pp. 361-369.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reco_0035-2764_1979_num_30_2_408465autogestion
efficacité et théorie néoclassique
II y a longtemps déjà, un peu après la première guerre mondiale, Ludwig
von Mises a proposé une « démonstration scientifique » de l'impossibilité
économique d'un système à planification centrale : il ne peut pas être
efficace. Ainsi l'économie soviétique, contre laquelle le libelle était dirigé,
devait d'abord rester fort en arrière et finalement s'effondrer. Cette « démonst
ration » a été republiée en 1935, avec un certain nombre d'autres articles
hostiles à la planification, par F.A. von Hayek, compatriote de von Mises1.
Ce livre fit autorité dans les universités et devint lecture obligatoire pour
les malheureux étudiants. A la même époque, le taux de croissance de
l'économie soviétique arrivait à dépasser de loin celui des autres puissances.
Il fallut attendre le lancement du premier Spoutnik (1958) pour que la
preuve de von Mises glisse doucement vers l'oubli.
Dans un livre tout récent, Henri Lepage 2 redécouvre von Mises. Il
ne cherche pas à établir une preuve d'inefficacité. Cependant il cite larg
ement von Mises à l'appui d'un exercice, moins ambitieux mais plus au
goût du jour : montrer que l'autogestion, pour possible qu'elle soit, est moins
efficace que le capitalisme ; elle ne peut donc être qu'une illusion et le capi
talisme est voué à triompher.
La démonstration de Lepage a trois moments. Le premier est une ana
lyse néoclassique destinée à prouver que, dans un système autogestionn
aire, l'allocation des ressources est moins efficace que dans le capitalisme.
Deuxièmement, les conclusions théoriques s'appuyent sur l'expérience
yougoslave, et pour finir l'auteur invoque l'autorité de Milton Friedman et
de son fils pour se lancer dans une utopie comptable (computopia) per
mettant de prévoir les brillants lendemains du capitalisme. Cet exercice de
prospective ne manque pas d'intérêt, mais est hors de propos ici. La phrase
souvent utilisée : « l'expérience yougoslave montre » est plutôt malheureuse
parce que l'auteur n'a pas une bonne connaissance des faits : il amalgame
causes et processus politiques et économiques ; il ignore une grande part de
1. Hayek F.A. von, La planification collectiviste, Rotledge, Londres, 1935.
2. Lepage H., Autogestion et capitalisme, Masson, Paris, 1978.
361
Revue économique — N° 2, mars 1979. 11 Revue économique
la littérature spécialisée (études économétriques et organisationnelles) et les
travaux théoriques et empiriques yougoslaves.
On en revient aussi à ce que l'économie néoclassique peut nous appren
dre de la supériorité comparative de l'un ou de l'autre système et qui n'est
pas dénué d'enseignement.
La preuve néoclassique d'une efficacité inférieure d'une économie
à planification des ressources humaines atteignit la France avec du retard.
Elle a d'abord été dévoloppée aux Etats-Unis où elle joue maintenant le
rôle de feu la preuve de von Mises. C'est une histoire intéressante. Il y a
un peu plus de vingt ans, un jeune économiste progressiste, Benjamin Ward,
fit le voyage de Yougoslavie pour y écrire sa thèse sur l'autogestion. En
bon néoclassique, il se posa rapidement la question de la fonction d'objectif
d'une firme en autogestion. La maximisation du profit est en effet un critère
absolument inapplicable. Ward décida que les travailleurs devaient cher
cher à maximiser leurs salaires (revenu par tête). Comme il n'était pas
très sûr que les travailleurs yougoslaves se comportaient bien ainsi, il baptisa
prudemment son modèle « l'entreprise illyrienne ». Ses principaux résul
tats parurent dans un article 3 de 1958 que Lepage cite.
Il en ressort que la firme d'illyrie se comporte d'une façon assez étrange
Quoi que fasse la firme capitaliste, elle fait le contraire. Comme on sait que la
première est efficace, l'autre ne peut être qu'inefficace. L'article demeura
inaperçu quelques années. Mais les mouvements socialistes et les syndi
cats faisant pression pour l'autogestion, il devenait nécessaire de démont
rer l'infériorité du système. L'article fut redécouvert, le terme « illyrienne »
remplacé par celui « d'autogestionnaire » et on avait une preuve toute faite
de d'allocation des ressources dans une économie autogestionn
aire. La preuve trouve place dans les cours ordinaires de systèmes écono
miques comparés. Voici que l'argument réapparaît dans le livre de Lepage.
Citons les propositions principales :
« Toutes choses égales par ailleurs, le comportement de l'entreprise
autogérée sera plus malthusien que celui de la firme capitaliste. »
« Ses dirigeants se fixeront des objectifs de production et d'emploi,
ainsi que d'investissement, inférieurs à ceux de la firme capitaliste placée
dans les mêmes circonstances. »
« L'incitation à investir est moins forte dans une entreprise autogérée
que dans une entreprise capitaliste. La préférence pour la consommation
immédiate y est plus forte. »
« Le corollaire du comportement malthusien de l'entreprise autogérée
est que la logique d'une société autogérée est d'avoir un taux de croissance
inférieur à celui d'une capitaliste. »
3. Ward B., « The firm in Illyria », Am. Eco. Rev., pp. 566-589, 1958.
362 Horvat Branko
« Ce malthusianisme débouche sur toute une série de gaspillages humains
et financiers qui font que l'entreprise autogérée fait un plus mauvais usage
des ressources de la société que la firme capitaliste 4. »
Pour « prouver » ces propositions — et quelques autres tout aussi radi
cales — je vais utiliser une technique un peu plus moderne que celle de
Lepage : écriture algébrique qui, de plus, abrégera considérablement
l'exposé. Comme il y a doute sur le point de savoir si la firme capitaliste
maximise le profit5, je parlerai de «firme néoclassique». Pour la même
raison je reviendrai à l'expression originaire de Ward, « firme illyrienne ».
Considérons une firme avec une fonction de production simple, à
deux variables : le travail (x:) et les autres ressources (x2).
(1) q = f (*! , x2)
Le coût fixe étant k, le profit s'écrit :
(2) 7C = p q — (w xx + p2 x% + k)
avec
p prix de l'output,
w taux du salaire
p2 prix de l'ensemble des ressources dénotées x2.
Si le profit doit être maximisé, les conditions de premier ordre sont
les équations marginales familières :
(3) -g-^- = 0 > pqx = w
S %
= ° > "*» *
5x2
Les conditions de second ordre sont satisfaites si, comme c'est le cas,
on fait l'hypothèse d'un taux de profit décroissant.
L'analyse des équations (3) montre que :
a) une élévation du prix du produit augmente l'output et l'emploi ;
h) une des prix des facteurs diminue et ;
c) un changement dans les coûts fixes n'a pas d'effet ici (k n'apparaît
pas dans les équations) ;
d) le travail est traité comme une autre ressource, puisqu'il y a symétrie
complète.
4. Lepage H., op. cit., pp. 47-71.
5. Cf. Simon Y., Tezenas du Montcel H., Economie des ressources humaines
dans l'entreprise, Masson, Paris, 1978.
S63 Revue économique
Passons du management néoclassique au Conseil des travailleurs dlllyrie
— Faute de salaire, le profit est inassignable — Instruit par Lepage, le
Conseil calculera le revenu par membre de la collectivité des travailleurs de
façon à le maximiser.
p q — (p„ x2 + k) (2a) y =
Les conditions de premier ordre deviennent :
5 V „ . pq - (p2x2 + k)
5 xx
Les conditions de second ordre sont également satisfaites. La première
des équations (3a) peut s'éc

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