Autre point de vue - article ; n°1 ; vol.16, pg 103-112
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Description

Revue française de sociologie - Année 1975 - Volume 16 - Numéro 1 - Pages 103-112
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 7
Langue Français

Extrait

Alain Darbel
Autre point de vue
In: Revue française de sociologie. 1975, 16-1. pp. 103-112.
Citer ce document / Cite this document :
Darbel Alain. Autre point de vue. In: Revue française de sociologie. 1975, 16-1. pp. 103-112.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1975_num_16_1_5777Autre point de vue
par Alain Darbel
L'ouvrage dans lequel Raymond Boudon* s'efforce de déceler les effets du
développement de la scolarisation, en particulier de la scolarisation dans l'ense
ignement supérieur sur l'évolution de la distribution des chances, met en jeu un
nombre appréciable de variables : capital culturel, position de classes, système
scolaire et universitaire, structure de la mobilité sociale et structure sociale. En
juxtaposant le raisonnement mathématique et l'interprétation sociologique, l'au
teur se donne la possibilité d'user alternativement des deux modes de légitima
tion scientifiques ou plutôt d'un mode unique de légitimation circulaire. C'est
dans le raisonnement mathématique qu'il faut rechercher l'explication des pro
positions avancées par l'interprétation sociologique: quand on interroge le
sociologue, c'est l'économètre qui répond et inversement. Aussi le lecteur qui
accordera à l'auteur l'une ou l'autre des démarches sera-t-il tenté d'accorder
le tout. Celui qui en revanche nourrit des doutes sur l'une d'elles sera enclin
à un scepticisme beaucoup plus radical sur l'ensemble. De fait, faute d'être
certain de l'impeccabilité de la démarche logique et formelle de l'auteur, on
éprouve un certain embarras pour discuter des résultats dont on ne sait plus
très bien ce qu'Us doivent à l'intuition, à l'observation ou à leur rapport logique
avec le modèle formeL Sans doute pouvons-nous admettre par exemple que le
développement de l'enseignement et notamment de l'enseignement supérieur a
laissé invariantes un certain nombre de données fondamentales de la structure
sociale, comme la position de classes. Mais il nous paraît impossible de relier
ce fait d'expérience au modèle de Raymond Boudon.
Ce qui fait problème, c'est peut-être que l'auteur est resté à mi-chemin dans
son travail de formalisation. En faisant, la plupart du temps, l'économie d'une
symbolique, il confère une lisibilité immédiate à son texte; un exemple numér
ique est certes plus accessible qu'une expression algébrique — mais il occulte
du même coup les possibilités de contrôle des étapes successives du raisonne
ment (1); et comme les variables, et plus encore les indicateurs des variables
qu'il met en jeu : capital culturel, position de classe, etc., sont conceptuellement
* Boudon (R.) : L'inégalité des chances. La mobilité sociale dans les sociétés
industrielles. Paris, Armand Colin, 1973. 239 p., fig., tabl., graph., bibliogr., index.
(.Collection U).
sur (1) un Ceci exemple ne met anglais pas à montrant l'abri de que certaines le taux illusions d'admission arithmétiques, dans les grammar telle celle schools qui,
est passé pour les ouvriers de 1 % (pour les sujets nés avant 1910) à 10 % (pour
les sujets nés entre 1930 et 1939) et, pour les cadres supérieurs et membres des
professions libérales de 37 % à 62 %, conduit à privilégier dans le commentaire le
taux de croissance des pourcentages d'admission, soit « 10 pour la classe inférieure »
et seulement « 1,7 pour la classe supérieure » (p. 92).
103 Revue française de sociologie
imbriqués, il s'expose continuellement au piège d'un raisonnement fondé sur
l'analyse de relations entre variables dépendantes les unes des autres. Et c'est
pour éviter précisément de tomber dans ces pièges que nous nous imposerons de
suivre quelques moments essentiels de la démarche au prix d'un certain
symbolisme.
Une mesure erronée du « capital culturel »
La clé de voûte de l'ouvrage repose sur une observation due aux travaux
d'Alain Girard et d'Henri Bastide sur le déroulement de la scolarité d'une cohorte
d'élèves sortant du Cours moyen deuxième année en 1962 (CM 2) (2). A réussite
scolaire égale en fin de CM 2, les enfants se sont destinés à des carrières diffé
rentes en fonction de leur milieu social. Puisque des enfants dotés d'un capital
culturel comparable, poursuit l'auteur, ont procédé à des choix différents, c'est
bien que ce capital culturel a peu de choses à voir dans la détermination de leur
cursus scolaire, ou, au-delà, de leur position sociale.
Formellement on constate que, à l'époque d'observation, les
enfants issus d'un milieu social i ayant le pronostic scolaire j à
la fin du CM2 accèdent en sixième dans une certaine proportion,
soit Pi,j. Selon la thèse de l'auteur si le capital culturel est
déterminant, alors Pi, j devrait être indépendant du milieu social
i, et Pi,j = P.,j.
Les différents milieux sociaux ne conduisent pas à une réuss
ite scolaire identique; la proportion d'enfants issus du milieu « i »
ayant la réussite «j» doit s'écrire mi, i avec:
Sur . . , j, t = 1.
j
Selon ces définitions, le taux d'entrée en sixième des enfants
issus du milieu « t » s'écrit :
i (1,9 = S Pi, JTnj,t, (1)
(2) D'une façon plus générale un grand nombre des sources auxquelles R. Bou-
don fait référence proviennent des travaux de l'Institut national d'études démog
raphiques, I.N.E.D., sur l'éducation (Travaux qui ont fait l'objet d'une réédition
partielle sous la forme d'un ouvrage — Population et enseignement — des articles
auxquels ils avaient donné lieu dans la revue Population). Les plus intéressants
d'entre eux ont été effectués souvent avec des moyens matériels assez limités, et
il est remarquable que leurs résultats se trouvent confirmés d<? nombreuses années
plus tard parfois, par des instruments d'observation statistique beaucoup plus puis
sants. Cependant les auteurs des travaux de cette période héroïque ne prétendaient
certainement pas avoir réglé définitivement les questions. Pour prendre un exemp
le, la mesure du poids respectif des facteurs « économiques » et « culturels »
dans le déroulement des études secondaires et supérieures n'est guère convainc
ante. Les imbrications des différentes variables mises en cause, niveau culturel,
statut social, niveau de revenu sont beaucoup trop complexes, leur «coli-
néarité» est trop grande, pour qu'une enquête procédant au moyen d'un question
naire plus ou moins bien adapté au propos permette une réponse autorisée. Entre
les sujets classés quant à leur origine sociale dans une même rubrique statistique
au regard de leur niveau de diplôme, celle par exemple des détenteurs d'une
licence au moins, mais de façon très différente quant à leur niveau de revenu, la
distinction n'est pas nécessairement d'ordre économique : elle peut, à l'évidence,
être d'ordre à nouveau strictement culturel, puisqu'il existe une relation entre le
revenu et le niveau de diplôme : les anciens élèves des grandes écoles sont à cet
égard privilégiés par rapport à leur homologues issus de l'université.
104 Alain Darbel
et R. Boudou généralise en écrivant que la proportion d'enfants
qui atteignent au moins le niveau x prend la forme
t(ar,i)=SP^iiwii; (2)
et il adopte comme mesure de l'effet du capital culturel sur les
disparités de scolarisation à différents niveaux la différence
t(x,ï) — ť(x,i)

ť(x,i)=SP\ynri,
i
avec
S TBj, = 1.
En posant vij, = mj, I, la classe « I » étant supposée dotée du
capital culturel le plus élevé, on mesurerait ainsi, à chaque
niveau du cursus scolaire, la responsabilité du capital culturel
initial.
Si l'on se place enfin dans l'hypothèse d'une société idéal
ement « méritocratique », le niveau social atteint par chaque sujet
est fonction et uniquement fonction du niveau scolaire «x»
atteint, soit
S(x)=t(x)_t(x + 1) (3)
où S (x) figure la proportion de sujets appartenant au milieu
social «x», la cohorte d'enfants une fois intégrée

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