Brésil : modernisation agricole et restructuration alimentaire dans la crise internationale - article ; n°104 ; vol.26, pg 879-898
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Tiers-Monde - Année 1985 - Volume 26 - Numéro 104 - Pages 879-898
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 58
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Pierre Bertrand
Brésil : modernisation agricole et restructuration alimentaire
dans la crise internationale
In: Tiers-Monde. 1985, tome 26 n°104. pp. 879-898.
Citer ce document / Cite this document :
Bertrand Jean-Pierre. Brésil : modernisation agricole et restructuration alimentaire dans la crise internationale. In: Tiers-Monde.
1985, tome 26 n°104. pp. 879-898.
doi : 10.3406/tiers.1985.3526
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1985_num_26_104_3526BRÉSIL : MODERNISATION AGRICOLE
ET RESTRUCTURATION ALIMENTAIRE
DANS LA CRISE INTERNATIONALE
par Jean-Pierre Bertrand*
La relation régime d'accumulation-endettement-approvisionnement al
imentaire n'est pas simple. Que la croissance de l'endettement externe puisse
désormais conduire, dans certains pays dépendants sur le plan alimentaire,
à des phénomènes de pénurie, voire de disette urbaine, parce que les capacités
d'importation alimentaire baissent, n'est plus une simple hypothèse d'école
(Salama P., 1983). Des phénomènes nouveaux apparaissent en effet : cer
tains pays peuvent accroître simultanément leur production alimentaire et
voir se creuser leur déficit « vivrier » couvert par des importations. Le Brésil,
où la crise économique globale se combine avec un boom du commerce
extérieur agro-alimentaire et une « crise alimentaire », présente de ce point
de vue un caractère exemplaire.
Le Brésil est souvent choisi comme exemple de pays « semi-industrialisé »
ayant réussi sa percée sur les marchés mondiaux, notamment agro-alimentaires.
De pays agro-exportateur traditionnel (de café, de sucre ou de cacao), il est
devenu un des leaders de l'exportation mondiale du soja, et plus récemment
de la viande de poulet et du jus d'orange. Il est, en même temps, un des
tous premiers importateurs mondiaux de blé. Mais il reste surtout un pays
à « problème alimentaire ». Outre les famines endémiques du Nordeste, il
connaît aujourd'hui des phénomènes de pénurie alimentaire urbaine. Les pillages
de grands magasins, et même parfois de cantines scolaires, témoignent de
cette nouvelle situation.
Comment expliquer de tels paradoxes ? Un certain nombre d'auteurs
avancent les idées suivantes :
— Le déficit « vivrier », qui comme nous le verrons est récent et concerne
certains produits seulement, serait dû à l'exportation excessive, soit parce
que les alimentaires disponibles seraient détournés de la consom
mation locale (par l'exportation), soit parce que les produits d'exportation
feraient concurrence aux produits « vivriers » pour l'accès aux ressources
rares, la terre et le crédit notamment (Homem de Melo, 1983).
* Chargé de recherches au Laboratoire d'Economie et Sociologie rurales de I'inra, Paris.
Tient à remercier ici Pierre Salama, Léna Lavinas et Martine Droulers pour les discus
sions menées pour cette contribution.
Revue Tiers Monde, t. XXVI, n» 104, Octobre-Décembre 1985 88o JEAN-PIERRE BERTRAND
— Dans ce mécanisme, le responsable ultime serait la firme transnationale
qui viendrait piller les ressources du Tiers Monde : « prendre le grain des
pauvres pour nourrir la vache des riches » (Terre des Hommes, Frères des
Hommes, 1981). Dans les explications plus fines, la délocalisation des capac
ités de transformation pour accéder à des matières premières bon marché
et profiter d'une main-d'œuvre abondante et sous-payée, permettrait
aux firmes d'exporter vers les marchés solvables dans de meilleures condi
tions et, dans certains cas, de développer des stratégies de conquête des
marchés intérieurs en formation dans les pays « semi-industrialisés ».
Nous allons voir que dans le cas brésilien la réponse n'est pas aussi simple.
En effet, les substitutions de cultures au profit de cultures d'exportation
s'accompagnent d'une restructuration profonde, mais incomplète, du modèle
de consommation, d'un changement de l'aliment de base. Or, ce changement a
été permis grâce à une baisse du coût réel de ces aliments « nouveaux ». Cette
dernière conditionne l'évolution à long terme du modèle de consommation.
Dans cette perspective, il est intéressant de comparer l'évolution dans les
pays développés (nous choisirons le cas de la France) à celle que connaissent
les pays semi-industrialisés comme le Brésil.
Le décalage entre l'évolution extrêmement rapide de la consommation,
notamment en milieu urbain, et les possibilités de transformation concomitante
de la production, tel est le trait caractéristique de l'évolution en cours au Brésil.
Elle n'est pas indépendante des modalités d'insertion de ce pays sur les marchés
internationaux des marchandises, des capitaux et des techniques.
Le modèle de production-consommation en France :
évolution sur longue période
Les caractéristiques de l'évolution récente du modèle de production-
consommation dans les pays développés sont relativement connues. Par
contre, on connaît moins bien les tendances longues qui ont conduit les pays
développés à cette situation de relative « abondance » et surtout les raisons
fondamentales qui expliquent cette évolution.
En France, la consommation a évolué de la manière suivante (tableau 1) :
Tableau i
Evolution de la consommation quotidienne de 1820 à 1979 en France
(en g/personne/ jour)
1820 1890 1979
Céréales, pommes de terre et légumes secs 531 1 008 485
Fruits et légumes 140 490 279
Viande, poisson, œufs et produits laitiers ЗЗ8 690 193
Graisse 62 24 13
Sucre 82 3 33
Source : A partir des données rassemblées par P. Combris, 1982. MODERNISATION AGRICOLE AU BRÉSIL 88 1
P. Combris expose très clairement le mécanisme économique qui est
à la base de cette transformation en longue période : c'est la baisse du coût
réel de l'aliment de base, permise par l'accroissement de la productivité du
travail. Mais cette évolution suppose des conditions sociales favorables
(Combris P., 1982).
En France, l'abandon de la politique de la jachère et son remplacement
par des cultures fourragères ont permis d'accroître simultanément la pro
duction de céréales et les productions animales. Or si cette « technique »
est connue depuis longtemps (dès 1600, Olivier de Serres en expose le principe),
sa mise en œuvre supposera des bouleversements sociaux considérables :
la Révolution de 1789, avec la suppression des usages communautaires et la
clôture des champs, ouvre un espace favorable au développement du modèle
de polyculture-élevage qui va se généraliser entre 1800 et 1850 (Gervais M.,
1977)-
Entre 1800 et 1900, le coût réel du kilo de pain s'abaisse de moitié, tandis
que celui de la viande reste stable. La consommation maximale de céréales
(et de tubercules et légumes secs qui ont la même fonction) est atteinte au
tournant du siècle, au moment où la ration calorique globale devient elle-
même suffisante, en moyenne bien sûr. La diversification du régime aliment
aire peut réellement commencer. L'abaissement du coût réel de la viande
(et des autres produits animaux comme le lait) va se réaliser surtout après
les années 30-40, grâce à une utilisation accrue des grains « excédentaires »
dans l'alimentation animale (tableau 2).
Tableau 2
Hvolution du coût réel Q) de certains aliments en France de 1800 à 1980
1800 1900 1980
Pain 2 h 3° i IO mn h r5
Viande de bœuf 6 h 6 h h 4 Illustration non autorisée à la diffusion mn de poulet 12 h 12 h 40
Q) II s'agit du nombre d'heures de « travail social moyen » permettant d'acheter un kilo
d'aliment. En général, par commodité, on choisit la rémunération horaire salariée minimale.
On obtient donc des estimations « hautes ».
Source : P. Combris, 1982.
L'intensification de l'élevage signifie ceci : on cherche à produire le plus
possible de viande (ou de lait) en économisant relativement les ressources
disponibles. L'industrialisation touchera d'abord les espèces à cycle court
(les volailles plutôt que les bovins), et meilleures transformatrices ou, pour
une espèce donnée, la production à cycle court qui accélère la rotation du
capital engagé dans la produc

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