C.-E. Seashore Mesure des illusions et hallucinations de l état normal - compte-rendu ; n°1 ; vol.3, pg 522-528
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C.-E. Seashore Mesure des illusions et hallucinations de l'état normal - compte-rendu ; n°1 ; vol.3, pg 522-528

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Description

L'année psychologique - Année 1896 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 522-528
7 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1896
Nombre de lectures 20
Langue Français

Extrait

Alfred Binet
C.-E. Seashore Mesure des illusions et hallucinations de l'état
normal
In: L'année psychologique. 1896 vol. 3. pp. 522-528.
Citer ce document / Cite this document :
Binet Alfred. C.-E. Seashore Mesure des illusions et hallucinations de l'état normal. In: L'année psychologique. 1896 vol. 3. pp.
522-528.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1896_num_3_1_1913522 ANALYSES
à des lésions centrales de l'encéphale. Joffroy complète heureu
sement cette idée en établissant les 3 points suivants, par simple
raisonnement: l°le centre sensoriel doit être intact ou très légè
rement troublé (lésion de voisinage, sang vicié, trouble vaso-
moteur, etc.), car, s'il n'était pas intact, il ne pourrait pas don
ner lieu à un phénomène aussi complexe qu'une hallucination ;
2° l'irritation produite par une lésion des sens ne provoque pas
à elle toute seule l'hallucination, elle en fournit simplement la
matière, en donnant des sensations brutes de fourmillement, de
bruit, de bluettes lumineuses sur lesquelles l'esprit des malades
construit; 3° pour que cette construction ait lieu, il faut une
prédisposition vésanique, héréditaire ou acquise.
On trouve, en outre, dans cette leçon, l'observation d'un cas
d'hallucination unilatérale de l'ouïe avec lésion de l'oreille du
même côté, et une étude de la littérature du sujet.
A. BlNET.
C.-E. SEASHORE. — Measurements of Illusions aud Hallucinations
in Normal Life (Mesure des illusions et hallucinations de l'état nor
mal). — Studies f. the Yale Psych. La6.,pp. 1-67, Jale, 1895, III.
Ce travail se compose de deux parties distinctes ; la première,
la moins originale, et qui ne se recommande que par beaucoup
de conscience dans l'étude de petits détails, a trait aux illusions
de poids étudiées dernièrement par Charpentier, Dresslar,
Flournoy, Gilbert, Philippe et Clavière, Biervliet, Griffing,etc. ;
la seconde a pour objet des illusions et hallucinations qu'on
peut provoquer chez des sujets normaux. Nous passerons rap
idement sur la première partie, nous insisterons davantage sur
la seconde.
L'illusion du poids dont il s'agit dépend de l'influence que la
perception du volume d'un corps exerce sur l'appréciation du
poids. Voici, d'après Seashore, par quelle suite d'opérations
mentales nous apprécions le poids d'un corps ; nous commençons
par le regarder, et la vue de son volume, de sa surface, de sa
couleur, l'idée de sa matière et d'autres idées associées venant
de nos expériences antérieures nous amènent à un jugement
semi-conscient sur le poids probable qu'il présente: en saisis
sant le corps avec la main pour le soulever, nous avons avant
de le soulever des sensations de toucher, de température et de
volume qui s'ajoutent aux perceptions susdites, peuvent les ILLUSIONS ET HALLUCINATIONS 523
modifier, les préciser ; bref, nous nous faisons une idée du
poids du corps, de la résistance que allons rencontrer en
le soulevant, et c'est cette idée qui règle notre effort ; si nous
supposons que le poids sera très lourd, nous préparons un effort
de soulèvement très considérable ; si nous jugeons le con
traire, nous mobilisons une force musculaire beaucoup plus
petite. Maintenant nous soulevons le poids, et trois cas peuvent
se produire ; l'effort préparé était juste ce qu'il fallait pour sou
lever le poids, il n'y a point d'illusion ; l'effort était trop grand,
le poids est soulevé brusquement, et on a conscience qu'il faut
diminuer l'effort de soulèvement; l'attention se portant sur
cette diminution inattendue, on l'exagère, et on conclut que le
poids réel est plus léger qu'une l'est en réalité; enfin, troisième
cas, l'effort préparé était trop petit; le poids est plus lourd
qu'on ne l'avait prévu; l'attention se portant sur l'effort addi
tionnel devenu nécessaire, on l'exagère, et on a l'illusion que
le poids est plus lourd qu'il ne l'est en réalité; c'est la surprise,
l'attente déçue qui produit l'exagération, et, par conséquent,
l'illusion. Voilà l'explication générale de Seashore.
L'auteur a non seulement étudié, mais mesuré l'influence du
volume sur le poids : il arrive à la formule que des augmentat
ions proportionnelles du volume produisent des illusions d'aug
mentations absolues, égales de poids; ni l'exercice longtemps
continué ni même la connaissance de l'illusion n'altèrent les
résultats. L'illusion dépendant de la connaissance du volume
est surtout forte quand on regarde directement, par vision
directe, le poids à soulever ; elle est moins forte dans la
indirecte, quand l'objet est vu du coin de l'œil, moins forte
quand le sujet ferme les yeux, après avoir regardé l'objet, et n'en
conserve qu'une image visuelle (il y a là un moyen bien curieux
d'étudier l'effet de l'image visuelle sur certains sujets) ; le sens
musculaire, en activité quand on embrasse l'objet avec les
doigts, donne lieu à une illusion bien plus forte que lorsque
l'objet repose en pressant sur la main ; enfin l'idée que le corps
est fait d'une certaine matière très lourde peut également exercer
une influence sur l'illusion. Tous ces points sont étudiés par
l'auteur avec beaucoup de conscience.
La seconde partie du mémoire est certainement plus origi
nale, et nous retiendra plus longtemps. L'auteur a repris une
idée déjà indiquée par Scripture et Gilbert, comme mental
test, la production et la mesure d'illusions et d'hallucinations
chez des sujets sains. Nous avons eu simultanément, M. Henri 524 ANALYSES
et moi, l'idée de recherches pareilles; nous les avons com
mencées et publiées partiellement H .
Peut-être est-il utile de reprendre les idées que les expér
imentateurs récents cherchent à réaliser, pour montrer à quel
point de vue nouveau on envisage maintenant la question.
Il n'a pas manqué d'expérimentateurs ayant cherché à pro
duire des illusions et hallucinations chez des sujets sains.
Yung, par exemple, le distingué professeur de zoologie à
l'Université de Genève, rapporte dans son livre sur le Sommeil
normal et pathologique diverses expériences d'hallucinations
qu'il a faites sur ses élèves ou dans des réunions mondaines.
Par exemple, il montrait à ses élèves au laboratoire une prépa
ration, la regardait lui-même au microscope en la décrivant; il
décrivait des formes imaginaires, et les élèves les voyaient après
lui, quelques-uns même les ont vues avec assez de netteté pour
en faire un dessin. Ces expériences sont curieuses; nous ne
dirons pas qu'elles ne sont pas scientifiques, mais nous dirons
qu'elles contiennent un élément qui échappe à toute mesure,
c'est l'action personnelle, morale de l'expérimentateur; si les
hallucinations provoquées se sont réalisées, c'est à cause de
l'ascendant du maître sur ses élèves : l'affirmation d'une autre
personne, d'un élève par exemple, n'aurait probablement pas
produit le même effet. Scripture, Gilbert, Seashore, et nous-
mêmes avec V. Henri, nous avons cherché sinon à supprimer
l'action morale, du moins à l'éliminer autant que possible, en
faisant dépendre la suggestion non d'un geste, d'une affirma
tion, mais du dispositif même de l'expérience; sans doute, l'e
xpérimentateur est toujours là, et, quoi qu'on dise, il agit tou
jours par sa présence, mais il ne fait que favoriser l'illusion, ce
n'est pas lui qui la produit. Voilà le point de vue nouveau.
Maintenant, que se propose-t-on dans ces recherches? Ce
n'est évidemment pas de prouver que, dans les conditions
décrites, les gens sont susceptibles de s'halluciner. Ce serait une
conclusion bien banale, en vérité, et il n'est pas nécessaire
d'expériences de laboratoire pour la démontrer ; la vie journal
ière en fourmille d'exemples ; qui ne s'est pas trompé, atten
dant un ami avec impatience et n'a cru le reconnaître dans un
étranger? N'insistons pas. Le but qu'on se propose peut être
double : mettre e

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