Changements de rôles et adaptation à la tâche dans des groupes de travail utilisant divers réseaux de communications - article ; n°2 ; vol.56, pg 411-431
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Changements de rôles et adaptation à la tâche dans des groupes de travail utilisant divers réseaux de communications - article ; n°2 ; vol.56, pg 411-431

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Description

L'année psychologique - Année 1956 - Volume 56 - Numéro 2 - Pages 411-431
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 12
Langue Français
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Extrait

G. Flament
Changements de rôles et adaptation à la tâche dans des
groupes de travail utilisant divers réseaux de communications
In: L'année psychologique. 1956 vol. 56, n°2. pp. 411-431.
Citer ce document / Cite this document :
Flament G. Changements de rôles et adaptation à la tâche dans des groupes de travail utilisant divers réseaux de
communications. In: L'année psychologique. 1956 vol. 56, n°2. pp. 411-431.
doi : 10.3406/psy.1956.8882
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1956_num_56_2_8882de Psychologie expérimentale et comparée. Laboratoire
de la Sorbonne
(École pratique des Hautes Éludes)
CHANGEMENTS DE ROLES ET ADAPTATION A LA TACHE
DANS DES GROUPES DE TRAVAIL UTILISANT
DIVERS RÉSEAUX DE COMMUNICATIONS
par Claude Flament
II est commun de remarquer que tout phénomène social
suppose communications entre les individus. Parmi les études
des divers aspects de ce « phénomène social de base », nous nous
intéresserons aux effets des restrictions que la situation matér
ielle peut imposer dans le choix des interlocuteurs, c'est-à-dire
aux effets des réseaux de communications.
Pour ce faire, il convient de se référer aux vues théoriques
de Bavelas1 et à l'expérience princeps réalisée par Leavitt2.
Considérons la figure 1 : chaque rond représente un individu ;
chaque trait reliant deux individus symbolise la possibilité
accordée à ces individus de communiquer entre eux (par exemple,
en C, ac ou bc) ; deux individus non reliés par un trait (par
exemple, ab en C) ne peuvent se communiquer directement
et doivent demander à un tiers (c) de relayer leurs communi
cations.
1. Bavelas (A.), A mathematical model for group structures, Appl.
Anthrop., 1948, 7, 16-30.
2. Leavitt (H. .1.), Some effects of certain communication patterns on
group performance, J. ahn. soc. PsychoL, 1951, 46t 38-50. FLAMENT. — CHANGEMENTS DE ROLES 413 CL.
de façon identique pour tous les réseaux (voir les valeurs portées
sur la fig. 1).
Leavitt a montré expérimentalement que :
1) La performance du groupe (rapidité, concision, exacti
tude), la rapidité de structuration, la netteté de reconnaissance
d'un leader sont fonctions directes de la centralité du réseau
utilisé, tandis que le moral moyen en est une fonction inverse ;
2) La rapidité individuelle de résolution, le nombre de mes
sages émis par le sujet, la probabilité qu'il a d'être leader, son
moral sont fonctions directes de son indice de centralité indi
viduelle.
Donc, selon ce travail, et d'autres qui le complètent, les
indices structuraux de centralité permettraient d'expliquer et
de prévoir les principaux phénomènes de la vie d'un groupe de
travail.
Cependant, il ressort d'un examen attentif de l'ensemble
des travaux de l'école de Bavelas, que les démarches concept
uelles et les expériences matérialisant la théorie relèvent d'un
point de vue trop strictement structuraliste, et négligent des
variables proprement psychologiques fondamentales.
En particulier, nous pensons, dans une perspective plus psy
chologique, concrète et dynamique, que les phénomènes doivent
s'analyser en fonction des processus d'organisation du travail,
et, donc, des rôles individuels joués par les sujets en fonction de
leurs positions dans le réseau et des nécessités de l'organisation.
Pour mettre en évidence l'importance de cet aspect des
phénomènes, nous avons réalisé une expérience où le mode
d'organisation adoptée est rigoureusement contrôlé, et où les
rôles individuels varient au cours de la vie expérimentale des
groupes, et ceci, de deux façons :
1) Dans certains groupes, le sujet ayant la plus forte central
ité individuelle (leader) change de position dans le réseau et
perd ainsi la possibilité d'être leader, au profit d'un autre sujet ;
dans les autres groupes, le leader conserve sa position et son rôle ;
2) Certains groupes utilisent successivement deux réseaux de
communications différents, tandis que les autres travaillent tou
jours avec le même réseau. Le changement de réseau corres
pond bien, en un sens, à des changements de rôles : par exemple,
lorsqu'on passe d'un réseau en X à un réseau en chaîne (v. fig. 1),
certains sujets ne peuvent plus communiquer directement entre
eux (a et e avec c) et d'autres doivent donc prendre des fonctions
de relais (b entre a et c, d entre e et c). 414 MÉMOIRES ORIGINAUX
Nous pensions que le changement de leader et le changement
de réseau entraîneraient chacun une baisse de la performance
du groupe, les efïets du de leader devant être
les plus importants, car un tel changement de rôle est plus
grand que ceux résultants d'un de réseau.
Nous pensions de plus que le détail de ces phénomènes pour
rait s'analyser en fonction des processus concrets d'organisation.
Par ailleurs, nous nous proposions d'étudier dans la même
perspective, les variations du moral du groupe, et du reflet sub
jectif de l'organisation du groupe et des changements de rôles.
Matériel expérimental
L'appareil le plus économique pour des expériences sur les
réseaux de communications est le suivant (v. fig. 2) : une grande
table pentagonale est divisée par des panneaux verticaux en
5 box identiques (à la couleur près) et contigus, où prennent
place 5 sujets, 1 par box (chaque sujet est désigné par la cou
leur de son box). De petits orifices pratiqués dans les parois
permettent à chaque sujet de communiquer, au moyen de mes
sages écrits, avec chacun des autres ; on peut obturer tels ou
tels orifices, et ainsi, empêchant certains sujets de communi
quer directement entre eux, on peut réaliser le réseau désiré.
La tâche proposée aux sujets est la suivante : chaque sujet
reçoit une carte de bristol portant 5 des 6 voyelles de l'alphabet ;
la voyelle manquante étant différente chez chacun des sujets,
une seule voyelle est commune à tout le monde. Les sujets
doivent trouver quelle est cette voyelle commune. Dans l'exemple
suivant :
Sujet Carte individuelle
Bleu AEIOU-
Vert AEIO-Y
Violet AEI-UY
Jaune AE-OUY
Rouge.... A-IOUY
La solution est A, qui se trouve chez tous les sujets.
Chaque groupe doit résoudre 2 séries de 7 problèmes de ce
genre, les voyelles manquantes et communes variant au hasard
d'un problème à un autre.
La solution est immédiate, une fois rassemblée devant un
même sujet tous les éléments du problème (les 5 voyelles man- CL. FLAMENT. CHANGEMENTS DE ROLES 415
quantes). Le groupe doit donc s'organiser pour que l'un de
ses membres (« le centralisateur ») centralise les éléments que
les autres lui envoient, trouve la solution et la transmette à
ses coéquipiers.
L'expérimentateur insiste auprès des sujets sur la possibil
ité d'une telle organisation, et son intérêt pour que le travail
Fig. 2. — La table d'expérience
soit rapide. Il induit ainsi une organisation centralisée, à l'exclu
sion de toute organisation non centralisée1
Sujets
Cent quarante garçons, élèves d'un grand collège parisien,
participent à l'expérience. Ils sont issus des classes de Bacca-
1. Dans les explications qu'il donne à ses sujets, Leavitt n'induit pas
cette centralisation de la tâche. Les groupes qui ont à travailler dans un
même réseau se répartissent spontanément en deux catégories, d'importances
variables d'une situation à l'autre ; dans certains groupes, un sujet, le central
isateur, trouve la solution et la transmet aux autres ; dans d'autres groupes,
chacun recherche la individuellement, après échange général des
éléments du problème. 416 MÉMOIRES ORIGINAUX
lauréat, lre et 2e parties. Les élèves des classes de math-philo,
d'une part, et ceux des classes de première, d'autre part, qui
ont des performances légèrement différentes, sont réparties éga
lement entre les diverses conditions expérimentales. Les 5 sujets
constituant un groupe appartiennent à la même classe1, et donc,
se connaissent assez bien ; ils sont désignés dans l'ordre alpha
bétique de leurs noms (ils ne donc pas volontaires1, mais
ils sont tous très intrigués et attirés par l

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