Chronique de l'immigration - article ; n°1 ; vol.35, pg 173-187

Michèle Brahimi

Description

Population - Année 1980 - Volume 35 - Numéro 1 - Pages 173-187
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: POPULATION0
• Publié le: 01 janvier 1980
• Nombre de lectures: 13
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Michèle Brahimi
Chronique de l'immigration
In: Population, 35e année, n°1, 1980 pp. 173-187.
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Brahimi Michèle. Chronique de l'immigration. In: Population, 35e année, n°1, 1980 pp. 173-187.
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CHRONIQUE DE L'IMMIGRATION
étrangère Conseil I. au L'immigration point d'Etat en un 1978.projet France. en en novembre France de Celui-ci loi visant 1978 gration tive La doit (1), politique à être et renforcer le en après soumis gouvernement France d'ensemble les le au contrôle est décisions vote toujours s'est en du de attaché matière Parlement prises la aussi population à d'immi- par mettre prole
chainement.
En ce qui concerne les mouvements proprement dits en 1978, on
constate un certain fléchissement dans le nombre des entrées; 18 356 travail
leurs permanents et 40 123 membres de familles sont entrés en France
en 1978 contre respectivement 22 756 et 52 315 en 1977. Une proportion
toujours importante est composée de réfugiés (environ 30 % des travailleurs
permanents).
Les caractéristiques de l'immigration étant cette année sensiblement
les mêmes, nous nous proposons de traiter dans cette chronique deux
sujets spéciaux :
- La fécondité des étrangères par nationalité, en France au recen
sement de 1975.
- L'effet de l'immigration sur la natalité en France.
. #* *
II. Fécondité des étrangères Cette étude suppose un rapprochement des
en France naissances selon la nationalité de la mère,
par nationalité. des effectifs correspondants des femmes en
âge de procréer. Alors que les effectifs sont
connus au recensement de 1975, les naissances ne le sont pas à cette date,
l'année la plus voisine où le renseignement est disponible étant 1974.
Finalement, pour chacune des six nationalités retenues (soit plus de 80 %
des femmes étrangères d'âge fécond (tableau 1), nous avons rapporté les
naissances en cause en 1974 à une moyenne pondérée (2> des effectifs
de femmes de 15, 16, 17, 18... 49 ans en 1975, l'application d'un facteur
<J) «Chronique de l'immigration». Population, 1, 1979.
<2> Cf. de l'immigration», 1, 1979.
Population, 1980, n° 1, Dp. 173-188 CHRONIQUE DE L'IMMIGRATION 174
Tableau 1. — Etrangères âgées de 15-49 ans par nationalité
EN 1975 (EN %)
Portugaise 30,7
Espagnole 16,7
Algérienne 14,8
Italienne 11,2
Marocaine 5,5
Tunisienne 3,3
Autres nationalités 17,8
Toutes étrangères 100,0
correctif (0,97) <3) permettant de déboucher sur une mesure de fécondité
pour l'année 1975, en l'occurence, la somme des naissances réduites cette
année-là.
Ces résultats figurent au tableau 2 et on peut dégager trois groupes
de population :
— un groupe très fécond composé de femmes maghrébines (algériennes,
marocaines, tunisiennes) qui auraient toutes en moyenne au minimum 5
enfants, et plus vraisemblablement 6;
— un groupe à relativement faible fécondité composé de femmes
ayant 2 à 3 enfants (espagnoles, italiennes);
— un groupe à fécondité intermédiaire reflétant à peu près la fécondité
moyenne des étrangères (portugaises).
L'effet du choix du calendrier de base servant au calcul de la moyenne
pondérée des effectifs varie avec la nationalité. Pour les femmes ayant
immigré récemment, c'est le calendrier des femmes algériennes en 1969-
1971 qui donne la valeur maximum de la somme des naissances réduites
et le calendrier des femmes en France, en 1975 la valeur minimum. Les bornes
sont inversées lorsqu'on s'intéresse aux femmes appartenant à des courants
plus anciens. Chez les femmes où la somme des naissances réduites atteint
au moins 5, la marge d'incertitude varie de 0,5 à 1 naissance. Pour les
groupes moins féconds ou moyennement féconds (portugais, italiens, espa
gnols) la marge n'est jamais supérieure à 0,20 enfant.
Ces nombres de naissances par femme peuvent être surestimés en raison
d'un sous-enregistrement des étrangères au recensement. Leur comparaison à
ceux calculés dans le pays d'origine à la même période peut nous donner
des indications à ce sujet. On peut penser que plus la durée de séjour en France
des femmes étrangères recensées en 1975 est longue, plus leur comportement
risque de s'aligner sur celui des Françaises et plus leur fécondité risque
d'être inférieure à celle de leurs compatriotes restées au pays. D'autre
(3) Egal au rapport des naissances de mère étrangère en 1975 aux nais
sances de mère étrangère en 1974, ce qui revient à faire l'hypothèse que la dimi
nution de naissances d'une année à l'autre a été identique pour toutes les femmes
étrangères quel que soit leur nationalité. ■
CHRONIQUE DE L'IMMIGRATION 175
- Somme des naissances réduites en 1975 Tableau 2.
et en 1968 par nationalité
1
Fécondité des étrangères Fécondité dans le
en France pays d'origine
Nationalité 1975 1968(3) 1975(4) 1968(4)
Calendrier Calendrier
étendu (1) court(2)
Portugaise 3,43 3,30 4,90 2,52 2,93
Espagnole 2,43 2,60 3,20 2,76 2,91
Algérienne 5,71 5,28 8,92 7,40(6)
Italienne 2,02 2,12 3,32 2,19 2,45
Marocaine 5,60 4,68 7,05(5)
Tunisienne 6,28 5,27 6,23(5)
Toutes nationalités étrangères 3,52 3,32 4,01
Française 1,84 2,50
Ensemble 1,93 2",57
(1) Calendrier des femmes algériennes en 1971. Negadi.
(2) des en France en 1975.
(3) S. Hémery 0. Rabut
(4) A. Monnier. "Conjoncture démographique". Population, 4-5, 1979.
(5) Y.Blayo. Calculs inédits
(6) Négadi. 1971.
part, la sélection qui s'effectue dans le pays de départ peut jouer dans
l'autre sens, dans la mesure où ce serait les plus défavorisées, en général
les plus fécondes, qui s'expatrieraient. Néanmoins, on ne devrait pas trouver
pour les femmes immigrées en France des sommes de naissances réduites
bien supérieures à celles que l'on observe chez les non-immigrées, dans le
pays d'origine.
Dans le cas contraire, c'est le signe d'un sous-enregistrement des étran
gères recensées en France. Il en va ainsi en 1975 pour les Portugaises
(tableau 2) qui représenteraient donc une part encore plus large dans la
population étrangère en France en 1975 que ne le laisse supposer le recen
sement (tableau 1). En 1968 (4), le sous-enregistrement est évident pour
d'autres nationalités encore (tableau 2). L'écart le plus important porte
sur la population algérienne qui aurait eu 8,9 naissances par femme en
France en 1968 contre 7,4 en 1971 <5> en Algérie. La comparaison des
sommes de naissances réduites des étrangères suivant la nationalité d'un
recensement à l'autre indique néanmoins une baisse de fécondité quelle
<4> S. Hemery et O. Rabut, Contribution des étrangères à la natalité en France,
Population, 6, 1973.
<5) G. Negadi. La fécondité en Algérie. Niveaux, tendances, facteurs. Paris,
Ecole Pratique des Hautes Etudes, 1975 (thèse de doctorat de 3e cycle). 176 CHRONIQUE DE L'IMMIGRATION
que soit la nationalité sans qu'on puisse en mesurer l'ampleur. En outre,
d'un recensement à l'autre, la part des étrangères les plus fécondes s'est
accrue, celle des moins fécondes a, au contraire, diminué. La baisse de
fécondité aurait donc été plus forte si la répartition par nationalité des
étrangères ne s'était pas modifiée.
** *
III. Effet* de l'immigration Mesurer l'effet de l'immigration sur l'évo-
sur la natalité française. lution d'une population et plus particuli
èrement sur révolution des naissances annuelles
suppose que l'on s'entende sur la date à partir de laquelle on prend en
compte cette immigration. Plus cette date est ancienne, plus le calcul est
difficile pour ne pas dire aventureux en raison des effets complexes qu'en
traîne l'immigration dans un pays : outre les naissances provenant direc
tement de nouveaux arrivants s'ajoutent celles de leurs enfants puis petits-
enfants, etc. desquelles peuvent découler des mariages mixtes, le tout &#