Comment construire en Roumanie une identité nationale et européenne ? Les nouveaux manuels d histoire des Roumains - article ; n°3 ; vol.35, pg 5-38
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 2004 - Volume 35 - Numéro 3 - Pages 5-38
This research on the relations between the memory, history and identity of Romanians after the Communist era starts by examining the political scandal that broke out four years ago in the country's parliament about the publication of a history book for the schools. This schoolbook was part of an education reform of the sort carried out everywhere in post-Communist eastern Europe. This publication can be used to study of how Communism has affected the collective memory. The objective is to notice the continuities and the discontinuities between historical narratives and the social and political appropriation of post and pre-1989 schoolbooks. Like any other society traumatized by totalitarianism, Romanian society has a failing memory, a trait to set down to the use and abuse of power. Herein, emphasis is placed on a critical sense of history so that the travail de mémoire can be done.
Cette étude sur les rapports entre la mémoire, l'histoire et l'identité des Roumains à l'issue de l'époque communiste a pour point de départ l'examen du scandale politique ayant éclaté il y a quatre ans au Parlement roumain autour de la publication d'un manuel scolaire d'histoire. Celui-ci faisait partie du processus de réforme de l'enseignement roumain, réforme entamée par tous les pays de l'Europe orientale postcommuniste. L'événement invoqué ici pourrait être un paramètre d'étude de l'impact mnémonique du communisme sur la mémoire collective. L'objectif consiste à saisir autant les continuités que les discontinuités entre les narrations historiques et les appropriations sociales et politiques de deux types des manuels : celui d'avant et celui d'après 1989. Nous entendons démontrer que la société roumaine - comme toute autre société traumatisée par l'expérience totalitaire - fait preuve d'un déficit de mémoire dû à Vus et à Vabusus du pouvoir. Nous tentons ainsi de souligner l'importance de l'exercice critique historique pour permettre à ce que Paul Ricoeur appelle le « travail de mémoire » de s'accomplir.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Gabriel Marin
Comment construire en Roumanie une identité nationale et
européenne ? Les nouveaux manuels d'histoire des Roumains
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 35, 2004, N°3. Les identités en question. Institutions et
finances. pp. 5-38.
Abstract
This research on the relations between the memory, history and identity of Romanians after the Communist era starts by
examining the political scandal that broke out four years ago in the country's parliament about the publication of a history book for
the schools. This schoolbook was part of an education reform of the sort carried out everywhere in post-Communist eastern
Europe. This publication can be used to study of how Communism has affected the collective memory. The objective is to notice
the continuities and the discontinuities between historical narratives and the social and political appropriation of post and pre-
1989 schoolbooks. Like any other society traumatized by totalitarianism, Romanian society has a failing memory, a trait to set
down to the use and abuse of power. Herein, emphasis is placed on a critical sense of history so that the travail de mémoire can
be done.
Résumé
Cette étude sur les rapports entre la mémoire, l'histoire et l'identité des Roumains à l'issue de l'époque communiste a pour point
de départ l'examen du scandale politique ayant éclaté il y a quatre ans au Parlement roumain autour de la publication d'un
manuel scolaire d'histoire. Celui-ci faisait partie du processus de réforme de l'enseignement roumain, réforme entamée par tous
les pays de l'Europe orientale postcommuniste. L'événement invoqué ici pourrait être un paramètre d'étude de l'impact
mnémonique du communisme sur la mémoire collective. L'objectif consiste à saisir autant les continuités que les discontinuités
entre les narrations historiques et les appropriations sociales et politiques de deux types des manuels : celui d'avant et celui
d'après 1989. Nous entendons démontrer que la société roumaine - comme toute autre société traumatisée par l'expérience
totalitaire - fait preuve d'un déficit de mémoire dû à Vus et à Vabusus du pouvoir. Nous tentons ainsi de souligner l'importance de
l'exercice critique historique pour permettre à ce que Paul Ricoeur appelle le « travail de mémoire » de s'accomplir.
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Marin Gabriel. Comment construire en Roumanie une identité nationale et européenne ? Les nouveaux manuels d'histoire des
Roumains. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 35, 2004, N°3. Les identités en question. Institutions et
finances. pp. 5-38.
doi : 10.3406/receo.2004.1661
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_2004_num_35_3_1661Revue d'études comparatives Est-Ouest, 2004, vol. 35, n° 3, pp. 5-38
Comment construire en Roumanie
une identité nationale et européenne ?
Les nouveaux manuels d'histoire des Roumains
Gabriel MARIN *
Résumé : Cette étude sur les rapports entre la mémoire, l'histoire et l'identité
des Roumains à l'issue de l'époque communiste a pour point de départ l'examen
du scandale politique ayant éclaté il y a quatre ans au Parlement roumain autour
de la publication d'un manuel scolaire d'histoire. Celui-ci faisait partie du
processus de réforme de l'enseignement roumain, réforme entamée par tous les
pays de l'Europe orientale postcommuniste. L'événement invoqué ici pourrait
être un paramètre d'étude de l'impact mnémonique du communisme sur la
mémoire collective. L'objectif consiste à saisir autant les continuités que les
discontinuités entre les narrations historiques et les appropriations sociales et
politiques de deux types des manuels : celui d'avant et celui d'après 1989. Nous
entendons démontrer que la société roumaine - comme toute autre société trau
matisée par l'expérience totalitaire - fait preuve d'un déficit de mémoire dû à Vus
et à Vabusus du pouvoir. Nous tentons ainsi de souligner l'importance de l'exer
cice critique historique pour permettre à ce que Paul Ricoeur appelle le « travail
de mémoire » de s'accomplir.
Abstract: This research on the relations between the memory, history and
identity of Romanians after the Communist era starts by examining the political
scandal that broke out four years ago in the country's parliament about the publi
cation of a history book for the schools. This schoolbook was part of an education
reform of the sort carried out everywhere in post-Communist eastern Europe.
This publication can be used to study of how Communism has affected the collec
tive memory. The objective is to notice the continuities and the discontinuities
between historical narratives and the social and political appropriation of post
and pre-1989 schoolbooks. Like any other society traumatized by totalitarianism,
Romanian society has a failing memory, a trait to set down to the use and abuse
of power. Herein, emphasis is placed on a critical sense of history so that the
travail de mémoire can be done.
* Chercheur associé au CELAT (Centre Interuniversitaire d'Études sur les Lettres, les Arts
et les Traditions) et à la Chaire de recherche du Canada en histoire comparée de la
mémoire, Université Laval, Québec (gabriel.marin.l@ulaval.ca). Gabriel Marin
« Les Roumains aiment vraiment leur
passé. Comment accueilleront-ils ce livre
traitant d'un passé que beaucoup aiment
plus qu'ils ne le connaissent ? »
Irina LiVEZEANU, Cultural Politics in
Greater Romania (1995)
« La lutte de l'homme contre le pouvoir
est la lutte de la mémoire l'oubli. »
Mirek, personnage du Livre du rire et de
l'oubli de Milan Kundera (1997, Paris,
Gallimard)
La construction identitaire nationale chez les Roumains d'aujourd'hui
est intimement liée aux changements politiques intervenus après la chute
du communisme en 1989. Dans les sociétés postcommunistes en transition
de l'Europe orientale, l'on assiste à un changement de paradigme d'un
modèle social et culturel marxiste, imprégné d'un nationalisme extrême, à
un civique et politique qui valorise davantage les valeurs du multi
culturalisme !, de la tolérance et de l'ouverture entre les nations
européennes. L'histoire des peuples européens ou, surtout, le désir de
construire une histoire commune des nations européennes partageant les
mêmes valeurs constitue l'ingrédient de base de l'identité européenne sur
lequel se sont appuyés les projets politiques, culturels et économiques
d'une Europe moderne. Dans ce sens, le manuel d'histoire destiné aux
écoles est essentiel car, avec les autres moyens d'éducation et d'(in)forma-
tion, il aide à bâtir la conscience identitaire et contribue à structurer la
mémoire des futurs citoyens de l'Europe. De plus, parallèlement à la
tentative de réaffirmer le besoin politique de construire une identité
commune dans le nouvel édifice européen, surgit le désir d'un travail de
démystification du passé. À cet égard, le Conseil de l'Europe a
suggéré, dans sa Recommandation n° 1283 :
« Une attention particulière devrait être accordée à la problématique de
l'Europe centrale et orientale qui a tant souffert de la manipulation de l'histoire
jusqu'à tout récemment et qui, dans des cas d'espèce, est encore assujettie à une
censure politique. » 2
1. Pour une analyse de l'approche du multiculturalisme au sein de l'éducation nationale
roumaine après 1989, voir Culic, Horvath & Stan, 1999.
2. Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, session ordinaire de 1996,
Recommandation n° 1283 (1996) relative à l'histoire et à l'apprentissage de l'histoire en
Eurorje(http^/eurccMdglaaauk/rranaiis/CoE/Reconimandations/CoE_Recl283(FR).htm). Les nouveaux manuels d'histoire des Roumains
D'ailleurs, ce n'est pas un hasard si la discussion sur l'identité des
Roumains après 1989 débute par un effort de réécriture de leur histoire.
Une attention particulière est d'abord accordée à l'enseignement de l'his
toire à l'école. Or en Roumanie, le processus de redéfinition identitaire se
révèle difficile. L'absence de changements politiques graduels (comme ce
fut le cas dans les autres pays ex-communistes) ne permet pas de débats
ouverts sur le fardeau du passé com

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