Considérations sur l ethnique maure et en particulier sur une race ancienne : les Bafours. - article ; n°2 ; vol.1, pg 151-194
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Considérations sur l'ethnique maure et en particulier sur une race ancienne : les Bafours. - article ; n°2 ; vol.1, pg 151-194

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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1931 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 151-194
44 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1931
Nombre de lectures 77
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Dr A. J. Lucas
Considérations sur l'ethnique maure et en particulier sur une
race ancienne : les Bafours.
In: Journal de la Société des Africanistes. 1931, tome 1 fascicule 2. pp. 151-194.
Citer ce document / Cite this document :
Lucas Dr A. J. Considérations sur l'ethnique maure et en particulier sur une race ancienne : les Bafours. In: Journal de la
Société des Africanistes. 1931, tome 1 fascicule 2. pp. 151-194.
doi : 10.3406/jafr.1931.1508
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1931_num_1_2_1508CONSIDÉRATIONS SUR L'ETHNIQUE MAURE
ET EN PARTICULIER
SUR UNE RACE ANCIENNE : LES BAFOURS l
Dr A.-J. LUCAS,
Médecin-Capitaine des Tkoupes Coloniales.
CHAPITRE PREMÍER
TRADITIONS DANS LE TRARZA MAURITANIEN
Un séjour dans le Trarza mauritanien m'a permis de recueillir auprès
des tribus indigènes des traditions ayant trait à leurs origines et à
l'ethnique maure dans le passé ; l'objet de cette étude concerne surtout
les races aujourd'hui presque disparues ou assimilées que l'indigène désigne
sous le nom de Bafours. Les migrations, l'évolution des conditions d'habit
abilité, la poussée blanche vers le Soudan ont été les facteurs principaux
du déplacement ou du mélange des races.
La population actuelle est essentiellement constituée d éléments ber
bère» et arabes qui vivent juxtaposés, constitués en tribus maraboutiques
et guerrières. L'enquête a surtout porté auprès des premières, fixées depuis
plus longtemps dans le pays.
Les transcriptions de l'arabe au français ont été faites par Malamine
Tandia, interprète principal. Sa connaissance de la langue et du pays m'en
ont fait un auxiliaire tout à fait précieux.
La difficulté des recherches tenait aux causes suivantes :
1° Ignorance fréquente, et plus encore désaveu de la période antéis-
lamique.
2° Souci chez les Berbères de s'établir une filiation prouvant des ori-
1. C'est à Ylnstitut international pour Vêtude des langues et des civilisations afri
caines, que nous devons de pouvoir publier ce mémoire ; nous sommes heureux d'en
remercier ici le Conseil exécutif de l'Institut et en particulier l'un des Directeurs,
M. Labouret, qui a eu l'amabilité de nous transmettre cette étude.
Soc iété des Africa nistes. 1 1 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES ш
gines arabes, koréïchites si possible ; souci d'éviter que l'interlocuteur ne
vous attribue une origine bafour, donc infidèle .
3° Confusions dans la terminologie :
Les Oulad Rizg, d'origine arabe, aujourd'hui tributaires, sont compris
dans la masse zénaga : leur origine est pourtant hilalienne, non zénète.
Tout porteur de fusil s'attribue le titre de Hassane, mais parmi eux
il y a nombre de tributaires guerriers ou d'Harratins guerriers qui n'ont
rien à voir avec les Hilaliens.
Surtout depuis l'occupation française, des groupes de guerriers aban
donnent les armes et constituent sous le nom de Tiab des groupes marabou-
tiques.
Des tributaires guerriers s 'affranchissant de la horma se donnent le
titre de Hassanes.
4° Nigrifîcation d'éléments hilaliens fixés depuis longtemps au contact
des Noirs (Oulad M'Barek et Littama).
L'état social actuel : guerriers (Hassanes), marabouts (Tolbas), tribu
taires (Zénagas), forgerons (Mallemins), affranchis (Harratins), serviteurs
(Abid), ne dépeint donc en rien une origine ethnique : Hassanes ne
signifie pas forcément Hilaliens, ni Zénagas (tributaires) Zénètes ; le terme
de Zénagas, corruption probable de Senhadja a été donné à leurs vaincus
par les Kountas, sans qu'ils se soient souciés de la race de prédé
cesseurs.
La linguistique ne nous donne pas plus de renseignements : Thassania,
dialecte arabe envahissant, a peu à peu étouffé les parlers zénagas (dia
lectes berbères) et azer (voisin du mandé). Le peul d'autre part aurait été
parlé en Mauritanie.
On doit admettre que le fond de la population apparente arabe et ber
bère a été précédé d'éléments Bafours, de groupes vaincus désignés sous
le vocable Elam2 avant que les Kountas n'imposent le terme Zénagas, et
qui doivent se confondre avec eux. De plus on a souvent noté les Némadi
comme une tribu dont les mœurs très particulières faisaient une curieuse
survivance.
I. — La tradition chez les Oulad Bieri •
{D'après Sidi Mohamed Ould Daddah, Cadi).
Longtemps avant le Prophète Mohammed, la Mauritanie était habitée
\ . Tribu comprenant un nombre de fractions considérable. Quelques éléments y
revendiquent une origine arabe, sans doute réelle. Il y a également quelques apports
Kouatas. La plupart avouent leur origine berbère. Les apports Tendgha de date
récente sont berbères eux aussi.
2. Elam souvent transcrit *Lsr par un jeu de mots des Arabes (viande). La pro- CONSIDERATIONS SUR L'ETHNIQUE MAURE 153
par des Noirs et des BLancs. Leurs villages qui voisinaient se conti
nuaient du Sous à ГАоикаг. Les Blancs étaient surtout nombreux entre
le Sous et l'Adrar, leur village le plus grand était à Azougui, non loin
d'Atar1, c'est celui-là qu'on appelle en arabe Médinet el Kilab. Et voici
pourquoi : les hommes qui étaient de grands chasseurs dressaient à la
poursuite du gibier des chiens 2; ils étaient armés de flèches. C'est avec
des flèches aussi qu'ils se battaient contre leur ennemis. Une femme sur
la montagne montait la garde, et de là elle voyait jusqu'à deux jours de
marche. Gela t'étonne sans doute : mais la Mauritanie avait moins de
dunes. Toutes les régions où se trouvaient les villages des anciens étaient
fertiles et la Saguiet el Hamra était une rivière. L'Aoukar, aftout rocheux,
n'avait pas de dunes. Il y a encore quelques années, on y découvrait,
mélangées à la terre, de bien vieilles tiges de mil. Le vent, qui déplace
le sable, laisse parfois émerger l'orifice d'un vieux puits. Et, l'an dernier
(en 1926) un Oulad Bieria vu une dune de ГАоикаг disparaître laissant
à découvert un puits ancien, à l'endroit qu'on appelle Médinet LUI. Tous
les vieux Maures te diront qu'il y a plus de vent aujourd'hui qu'autrefois ;
moi, j'ai vu pendant ma jeunesse la dune de Boutilimit petite et isolée,
et derrière elle vers le Sud3 était un djehar (plateau) très boisé. C'est
cela qui cache à nos yeux bien des choses des anciens. Ainsi est la volonté
de Dieu.
Je te dirai maintenant comment ces vieux habitants noirs ou blancs
furent chassés ou dominés par des Berbères venus du Maroc.
Les Berbères s'étaient d'abord installés en Egypte près des Noirs, ils se
transportèrent ensuite dans le Maroc : ils ne laissèrent à l'est que ceux
d'entre eux qui pouvaient difficilement se déplacer.
Quand ils furent arrivés au lieu où maintenant est Marrakech, ils
apprirent que les Noirs d'Egypte infligeaient à leurs parents bien des
humiliations
Boubakar ben Amer passa alors le commandement à Youssouf ben
Tachfin, le fondateur de Marrakech ; il se porta au secours des Berbères
opprimés. Lorsqu'il revint au Maroc, il envoya à Youssouf l'ordre de
venir à sa rencontre : il montrait ainsi qu'il reprenait le commandement ;
mais Youssouf refusa, car sa seconde femme, divorcée de Boubakar, Гу
poussait. Boubakar comprend alors que la tribu de son ex-épouse sou
tiendra Youssouf et il se décide à quitter le Maroc. Il demande au Chérif
nonciation se rapprocherait beaucoup plus de *l$5î ou simplement \\ . On ei en a
aussi recherché l'origine dans lamt (de Lamta), nom de la peau dont les Berbères Berbèi
faisaient leurs boucliers : ces explications me paraissent invraisemblables.
1. Qui rappelle Athtar, divinité païenne (in Slouschz).
2. Cf. Canariens de Suetonius Paulinus et nos Némadi actuels.
3. Comprendre Sud-Ouest, voir Annexe II. 154 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
Hadraini de partir avec lui vers le Sud pour islamiser les Noirs et les
Blancs infidèles. L'expédition partit en nombre considérable et composée
des tribus suivantes : Lemtouna, Tadjakant, Ida-ou-Aich, Tendgha, Id
Ami Hadj, Djidjibat et Oulad Daiman1.
Tous marchèrent directement sur Médinet el Kilab, mais le village fut
alerté deux jours avant leur arrivée par la femme sentinelle. L'Iman
Ha

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