Contribution à l étude de l exogamie dans la société mossie traditionnelle - article ; n°1 ; vol.36, pg 109-140
33 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Contribution à l'étude de l'exogamie dans la société mossie traditionnelle - article ; n°1 ; vol.36, pg 109-140

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
33 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1966 - Volume 36 - Numéro 1 - Pages 109-140
32 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1966
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

P. Pageard.
Contribution à l'étude de l'exogamie dans la société mossie
traditionnelle
In: Journal de la Société des Africanistes. 1966, tome 36 fascicule 1. pp. 109-140.
Citer ce document / Cite this document :
Pageard. P. Contribution à l'étude de l'exogamie dans la société mossie traditionnelle. In: Journal de la Société des Africanistes.
1966, tome 36 fascicule 1. pp. 109-140.
doi : 10.3406/jafr.1966.1406
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1966_num_36_1_1406CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE L'EXOGAMIE
DANS LA SOCIÉTÉ MOSSIE TRADITIONNELLE
PAR
R. PAGEARD.
Les Mossi occupent le centre et le centre-est de la République de
Haute-Volta, soit environ 70 000 km2 sur les 275 000 km2 du terri
toire national. Avec une densité moyenne de l'ordre de 30 habitants
au kilomètre carré, ils forment environ la moitié de la population
voltaïque. Leur nombre exact était. évalué en 1960 à 2 159 000 per
sonnes, les trois quarts vivant dans le Mossi central et le quart res
tant dans le Yatenga, au Nord-Ouest *. La densité de population
varie de 12 à 70 habitants au kilomètre carré. Elle dépasse 50 h/km2
dans les régions proches de Ouagadougou, Ouahigouya, Yako et
Kaya-Boussouma *. L'unité économique, c'est-à-dire l'enceinte dans
laquelle vit le groupe familial de travail, comprend une moyenne
de 8,4 personnes 2. La polygamie est modérée : à l'âge de cinquante ans,
le Moaga du peuple a normalement deux épouses. Cette densité et
ce morcellement du lignage agnatique imposent une agriculture que
l'on peut considérer comme intensive pour cette zone géographique.
Le climat et le sol sont de surcroît parmi les plus ingrats de ceux
de la zone soudanaise. L'agriculture reste peu diversifiée : elle repose
sur les différentes variétés de mil.
A la fin de l'époque précoloniale, le peuple mossi avait atteint un
niveau de développement vital supérieur, à celui de la plupart des
autres populations de la savane soudanaise. Son système d'alliances
matrimoniales est sans doute l'un des nombreux éléments qui
expliquent cette supériorité. C'est pourquoi nous avons cru devoir
l'étudier avec quelque précision.
Il convient de fixer quelques points d'une terminologie assez
fuyante. Le village est le plus souvent, dans la conversation courante,
1. D'après une enquête de Г1. N. S. E. E. utilisée par B. Gérakdin dans « Le développe
ment de la Haute-Volta », Cahiers de l'Insiitut de science économique appliquée, supplément au
n° 142, octobre 1963. I. S. E. A.
2. Renseignement tiré de l'enquête de FI. N. S. E. E. telle qu'elle est résumée dans Carrefour
africain, hebdomadaire publié à Ouagadougou, numéro du 6 janvier 1963. 110 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
désigné par son nom propre ; le mot tenga traduit imparfaitement
cette réalité sociale puisqu'il signifie aussi « pays », « région » et sur
tout « terre ». Le mot tenkwêka paraît être la désignation administrat
ive du village, son chef étant le tenkwèk' naba. Tout village se trouve
dans le solem (commandement) d'un kombere (chef de canton) ou
• d'un dima (souverain). Le mot usuel pour « quartier » est saka (plu
riel : sakse) ; le chef de quartier est le sak' kasma. Le quartier du
village mossi correspond souvent à un lignage agnatique (budu)
ou à un fragment de lignage ; il forme une importante entité sociale.
L'enceinte dans laquelle vit le groupe familial de travail se nomme
yiri (pluriel : yiya) et son chef, yirsoba (pluriel : yirsobadamba) :
il s'agit d'un espace circulaire clos par un mur de terre (le lalga)
sur lequel s'adossent les cases (dogo) généralement rondes et cou
vertes par un toit de paille. Le mot yiri est couramment traduit
par « concession » ; certains auteurs anciens, influencés par la termi
nologie employée à propos des pays mandingues, disent très impro
prement « carré » ou « soukala »..Le mot zaka (pluriel : zakse) devrait
être réservé pour le quartier du yiri lorsqu'il existe ou pour l'enceinte
n'abritant qu'un seul ménage. Dans l'usage populaire, le mot zaka
désigne souvent le yiri lui-même ; c'est en ce sens que l'emploient
Izard \ Dubourg 2, et de nombreux auteurs. Signalons une curieuse
extension du sens du mot yiri : il signifie « patrie » dans l'expression
ba-yiri, « résidence de nos pères ».
L'autorité familiale supérieure est exercée par le doyen du lignage
agnatique (buď kasma) dans les lignages dont le chef n'a pas la qual
ité de naba. Dans ceux dont le chef a cette qualité, qu'il tient de
sa nomination par le kombere ou par le dima, c'est le buď naba qui
prend les décisions supérieures ; le buď kasma a seulement droit au
respect de tous et conserve le privilège de faire les grands sacrifices
aux ancêtres. Le terme sug-soba pour désigner ce sacrificateur paraît
propre aux tengbisi ; il est chez eux synonyme de buď kasma. Vers
Koudougou, le budu est parfois appelé kimrogo (case des âmes des
ancêtres) et le buď kasma, yirsoba 3 ; ceci se retrouve sans doute au
Yatenga.
Le mot budu, employé seul, est imprécis car il ne permet de con
naître ni l'ancêtre commun ni les lignées auxquelles on se réfère.
s
1. Françoise Izard-Héritier et Michel Izard. Les Mossi du Yatenga. Institut des sciences
humaines appliquées de l'Université de Bordeaux, 1959.
2. Jacques Dubourg. La vie des paysans mossi : le village de Taghalla dans la revue Les
Cahiers d'Outre-Mer, octobre-décembre 1957, p. 285-324.
3. Lamoussa Kaboré. L'élevage de la poule au pays mossi, particulièrement au village de
Sourgou. Mémoire de stage, année 1961. Archives de l'École Nationale d'Administration de Oua
gadougou. ÉTUDE DE L'EXOGAMIE DANS LA SOCIÉTÉ MOSSIE 111
L'extension du budu est précisée par l'expression « descendants
de X », X pende. Si l'ancêtre commun est un simple Moaga, il sera
désigné par son yure, par exemple Noaga pende ; si c'est un naba,
il sera désigné par son zab-yure, par exemple Saga pende s'il s'agit
de Naba Saga.
Le lignage utérin paraît étranger à la réalité sociale mossie encore
qu'il joue un certain rôle dans la sélection des alliances matrimon
iales. Un dicton mossi précise : pagha ka tať buď ye « la femme n'a
pas de budu г ».
Dans la première partie de l'exposé qui va suivre, nous tenterons
de préciser la réglementation traditionnelle des alliances matrimon
iales telle que la présentent les « prudents » mossis (notamment
M. Yamba Tiendrébéogo, Larhallé Naba) et la documentation exis
tante. La seconde partie sera consacrée à l'examen de quelques
budu ; cet examen permettra de dire si, dans la région de Ouaga
dougou, la réalité est conforme aux principes.
I. LES PRINCIPES
D'une façon générale, la réglementation des alliances matrimon
iales quant au choix du futur conjoint concerne :
— l'âge ou l'initiation,
— la parenté,
— la catégorie sociale (classes ou castes),
— la race,
— l'accord des lignages intéressés.
Dans le droit européen actuel, la réglementation restrictive ne
vise plus que l'âge, la parenté, et quelquefois l'accord des proches
parents. Dans le droit africain traditionnel, qui reste en vigueur dans
le pays mossi, cette réglementation vise encore l'âge, l'initiation, la
parenté, la caste, la race et l'approbation des lignages en présence.
Nous laisserons de côté les questions relatives à l'âge et à l'in
itiation qui sont hors du sujet traité. Il suffira de mentionner qu'au
xxe siècle il n'est guère possible à un jeune homme moaga de se
marier dans la société traditionnelle sans avoir subi l'opération de
la circoncision, et cela quelle que soit sa situation sociale, ni à une
jeune fille de prendre époux sans avoir été excisée. Selon certains,
il n'en fut pas toujours ainsi 2.
1. R. P. Gustave Alexandre. La langue moré, tome II, dictionnaire moré-français, mot budu.
2. Yamba Tiendrébéogo. Histoire et coutumes royales des Mossi de Ouagadougou. Ouaga
dougou, 1964, p. 38-39. SOCIÉTÉ DES AFRICANI

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents