Croyances relatives à l organisation politique du royaume Lagouane - article ; n°1 ; vol.23, pg 7-34
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Description

Journal de la Société des Africanistes - Année 1953 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 7-34
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1953
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

A. Masson Detourbet
Croyances relatives à l'organisation politique du royaume
Lagouane
In: Journal de la Société des Africanistes. 1953, tome 23. pp. 7-34.
Citer ce document / Cite this document :
Masson Detourbet A. Croyances relatives à l'organisation politique du royaume Lagouane. In: Journal de la Société des
Africanistes. 1953, tome 23. pp. 7-34.
doi : 10.3406/jafr.1953.1849
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1953_num_23_1_1849,
CROYANCES RELATIVES A L'ORGANISATION
POLITIQUE DU ROYAUME LAGOUANE
(Котоко du Nord-Cameroun)
par
Annie MASSON DETOURBET
La présente étude relate les résultats d'une enquête générale — en
cours — menée, sur la structure politique traditionnelle des états
kotoko, recherches qui ont déjà fait l'objet de publications x.
Ces renseignements furent recueillis par J.-P. Lebeuf et l'auteur
en janvier et février 1952 à Logone-Birni, auprès de Marouf III,
souverain du royaume lagouané, et de ses principaux dignitaires.
Nous insistons sur le fait que cette étude aborde un ensemble
extrêmement complexe car cette organisation transcende sans cesse
le plan politique pour chercher à résoudre le problème que posent les
rapports entre l'Homme et l'Univers. Nous touchons ici à un aspect
de la cosmogonie kotoko qui, en fait, dicte aux hommes leur compor
tement. Celui-ci se traduit par un ensemble de signes qui, pour être
déchiffrés, demandent autant d'enquêtes particulières. Dans l'état
actuel des travaux nous ne pouvons que signaler l'existence d'un
système cohérent où le rôle de chacun assure l'équilibre de l'ensemble
sans pouvoir encore le reconstituer dans son unité originelle.
* *
Les Kotoko divisent leur territoire en deux grandes régions : le
pays mândage, au Nord, le pays lagwanç, au Sud. La rivière uzurgubwa*
1. Cf. J.-P. Lebeuf et A. Masson-Detourbht, La Civilisation du Tchad, Payot, 1950 ; M.
Griaule et J.-P. Lebeuf, Fouilles dans la région du Tchad (III), « J. Soc. Africanistes », XXI,
pp. 1-95, 1951.
2. En kanouri : uzur, affaire, gubwa, beaucoup ; ce nom fut donné par les Kanouri à la suite d'un
différend qui opposait leur roi, Chekou-Omar (1835-1880), au roi du Ouadaï, Mohammed-ech-Che-
rif. (Cf. Urvoy, Histoire de l'empire du Bornou, « Mémoires de TI.F.A.N. •, 7, Paris, Larose, 1949,
p. 110). Bien que les Kotoko aient adopté cette dénomination, l'établissement de cette limite est
bien antérieure. SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES 8
qui se jette dans le Logone à deux kilomètres en amont de Kousseri
(Fort-Foureau) constitue la limite, тгэдэ, entre les mia Halaka,
gens du Nord, et les mia Alagç, gens du Sud. Cette frontière se pro
longe dans le Madiago x par un petit cours d'eau, le kurungulle.
qui partage en deux le village de Boutouloum 2 et rejoint les eaux
du Chari.
Au point de vue politique, le pays màndage est divisé en quatre
principautés, Makari, Woulki, Afadé et Goulfeil, le pays lagwanç,
entre Logone-Birni 3, Houlouf 4, Kala-Kafra 5 et Kabé. Makari,
au Nord, Logone-Birni, au Sud, jouissent d'une sorte d'hégémonie
sur l'ensemble de chaque région. Au centre, la petite principauté
de Kousseri constitue la limite entre ces deux vastes territoires.
Nous n'aborderons ici que l'étude du pays lagouané, les enquêtes»
en cours, ne nous permettant pas encore d'établir un parallélisme
certain avec l'organisation des états du Nord.
Cette répartition territoriale et politique correspond à une division
mythique du monde. La terre 6 est divisée en deux parties, le Nord,
Halaka, et le Sud, Alage par une rivière au bord de laquelle s'élève
un arbre, le mahçlagi7, qui est considéré comme étant l'axe de l'univers.
Les Kotoko disent également que cette limite est semblable à un
homme étendu sur le dos dont la droite serait le Nord, la gauche, le
Sud, et cet arbre, le sexe.
Le Nord est le jumeau (rdlinrwa) mâle du Sud qui est féminin et,
de même que tout individu possède un double (sahe) de sexe opposé
au sien et complémentaire du premier, l'Est, Rsevdni 8, et l'Ouest,
Mazç 9, sont considérés comme les doubles des deux principales
directions de l'espace.
A l'origine de tout se trouve un couple de jumeaux et leurs doubles,
soit deux couples de jumeaux. Cette division binaire et quaternaire
1. Région septentrionale du territoire compris entre le Chari et le Logone. Partie intégrante
des états kotoko, elle fut coupée de sa capitale lors de la Convention Franco-Allemande du 4 no
vembre 1911 qui érigeait le Logone en frontière entre les territoires administrés par ces deux pays.
2. Les habitants de la partie nord du village payaient un impôt au souverain de Kousseri tandis
que ceux du Sud dépendaient de Logone-Birni. Actuellement cet emplacement est occupé par des
Kanouri.
3. Mot arabe ; Lagwan (ton bas) en lagouané. Ce dialecte utilise en général le ton bas pour indi
quer que le mot est féminin, le ton haut, pour le masculin. Pour plus de commodité, nous avons
adopté les noms de ville utilisés couramment.
4. En arabe ; Alfu, en lagouané.
5. Litt. : kala, abri, en lagouané, kafra, païen, en arabe ; juxtaposition de l'ancien nom et de
celui donné par les Arabes.
6. Suivant les informateurs, la terre est soit ovale, soit carrée ; sa représentation graphique est
toujours un carré.
7. Cet arbre a la particularité d'être vert en saison sèche et sans feuilles en saison des pluies.
8. Litt. : rsf, derrière, vgni, maison ; à l'origine les maisons kotoko s'ouvraient face à l'Ouest.
8. litt. : milieu. POLITIQUE DU ROYAUME LAGOUANE 9 L'ORGANISATION
du monde se retrouve dans toutes les conceptions kotoko et, en
particulier, dans leurs institutions politiques.
ORIGINE ET CONSTITUTION DE L'ÉTAT
Les Lagouané font remonter l'origine de leur état à la fondation
même de leur capitale, Logone-Birni. Des récits mythiques à tendances
historiques très diverses s'y rapportent.
Cette ville aurait été élevée sur les indications du chef de la prin
cipauté de Houlouf 1. Alors qu'il était venu guerroyer dans la région,
il perdit sa coiffure qui resta accrochés dans un épineux :
— Le lieu où ma coiffure demeure, dit-il, commandera désormais
à Houlouf.
Il fut tué peu après et son chien, blessé, vint mourir au lieu même
où la coiffure demeurait suspendue. L'animal fut inhumé sur place
et quelques gens de la suite du chef défunt s'établirent alentour à '
l'emplacement du futur Logone-Birni.
D'après d'autres informateurs, la cité aurait été fondée par deux
hommes, un pêcheur, nommé Roudama, et un chasseur Saldoma.
Ils étaient établis au bord du Logone, sur deux termitières 2, et
ignoraient réciproquement leur présence. Un jour, le chien du chasseur
alla voler les poissons de Roudama et les rapporta à son maître.
Surpris de n'être pas seul, il suivit les traces de l'animal et découvrit .
le pêcheur établi vers le Nord. Les deux hommes défrichèrent le
terrain qui les séparait, leurs familles s'allièrent et ils fondèrent un
village unique. Saldoma prit le commandement de la partie sud de
cette agglomération, tandis que Roudama eut au Nord la même quelque* autorité. A de là, arrivèrent deux frères, hommes riches, temps
suivis d'une nombreuses famille 3. Après s'être entendus avec les
deux premiers occupants, l'aîné prit le commandement de la ville
et devint le premier miarre lag wan (litt. : souverain [de] Logone-
Birni).
Le premier soin des habitants fut d'élever une muraille d'enceinte
pour protéger la nouvelle cité des invasions extérieures et pour dél
imiter la zone réservée aux habitations. Cette muraille est considérée
comme étant l'ancêtre, le gamu 4, de la cité, ancêtre dont les épouses
1. Selon la tradition, cette ville lut en effet fondée bien avant Logone-Birni.
2. Sk?mi, plur. : sakami, en lagouané.
3. Ceci semble correspondre à l'arrivée d'une invasion venue du Nord.
4. Gcunu signifie ancêtre, souche, enclume. Ce mot ne doit pas être prononcé, on le remplace
par le mot raga qui signifie natte. 10 SOCIÉTÉ DES AFRICANISTES
sont les filles des deux fondateurs, le pêcheur et le chasseur, emm

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