Dans l Ouest : politique et enseignement primaire - article ; n°3 ; vol.9, pg 356-367
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Dans l'Ouest : politique et enseignement primaire - article ; n°3 ; vol.9, pg 356-367

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales. Économies, Sociétés, Civilisations - Année 1954 - Volume 9 - Numéro 3 - Pages 356-367
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Paul Bois
Dans l'Ouest : politique et enseignement primaire
In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 9e année, N. 3, 1954. pp. 356-367.
Citer ce document / Cite this document :
Bois Paul. Dans l'Ouest : politique et enseignement primaire. In: Annales. Économies, Sociétés, Civilisations. 9e année, N. 3,
1954. pp. 356-367.
doi : 10.3406/ahess.1954.2296
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahess_0395-2649_1954_num_9_3_2296DANS L'OUEST :
POLITIQUE ET ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
Au cours d'une enquête sur les origines et l'évolution de l'opinion poli
tique des classes populaires, il est fréquent de recueillir des jugements
attribuant une large influence à l'action de l'instituteur et de l'enseignement
primaire. L'enseignement, d'abord congréganiste, puis simplement libre,
mais toujours d'inspiration religieuse, expliquerait le caractère conserva
teur de certaines régions, dans l'Ouest surtout ; au contraire, l'action de
l'instituteur laïque aurait conquis aux idées «avancées» d'autres populations,
dans d'autres régions, surtout dans les campagnes. Cette façon de voir ne
date pas d'hier. Qu'on songe aux discussions qui s'engagèrent, dès la Restaur
ation, autour de l'enseignement mutuel, plus tard à propos de la loi Falloux, .
enfin, sous la troisième République, pour ou contre la laïcité, le monopole
ou la liberté de primaire. Querelles toutes engagées avec la
conviction que, de la solution adoptée, dépendrait largement l'opinion des
masses, décisive en régime de suffrage universel.
Le problème mérite une étude méthodique1. Les difficultés sont nomb
reuses. La plus gênante consiste à faire la part de cette influence éventuelle
et celle des actions de nature très diverse, qui ont pu s'exercer simultané
ment, pour en amoindrir ou en renforcer les effets. De toute façon, les résul
tats ne pouvant avoir qu'une valeur relative, les conclusions seront forcément
nuancées, саг Д serait téméraire de prétendre doser avec précision, dans
une analyse psychologique, même collective, les éléments déterminants des
actes humains.
Pour que ses conclusions aient quelque valeur, il est nécessaire de
limiter cette recherche à une région où les autres facteurs d'évolution sociale
n'ont eu qu'une importance réduite. Il est évident qu'une forte immigrat
ion d'éléments allogènes, surtout adultes, modifiant le milieu humain,
risquerait de masquer l'influence éventuelle de l'école sur l'orientation poli
tique des jeunes générations. Il serait vain aussi de tenter cette recherche
* Cet article résume une partie du chapitre consacré à l'influence de l'enseignement primaire
dans une étude d'ensemble, en préparation sur Les Origines et les facteurs d'évolution de l'op
inion politique au XIXe siècle, dans un département de l'Ouest, la Sarthe.
1. Les ouvrages consacrés à l'histoire de l'enseignement primaire ne traitent pas la question de <
son influence politique éventuelle ou se contentent de l'effleurer. Tels sont : Gréard, Education
et instruction, 1887 ; — Levàsseur, V Enseignement primaire dans les pays civilisés, 1897 ; —
Michel, La Loi Falloux, 1906; — Glay, L'Instituteur, 1928 ; — ЬвмошЕ.Ха Loi Guizot, son
application dans le département de la Somme, 1933 ; — Thab ault, Mon Village, 1945 ; — Duveau ,
La Pensée ouvrière sur Véducation pendant la deuxième République et le second Empire, 1948. POLITIQUE ET ENSEIGNEMENT PRIMAIRE 357
pour une société dont la structure professionnelle aurait été profondément
transformée dans le même temps. Non que il'action de l'école n'ait pu
s'y exercer - comme ailleurs, mais il serait alors impossible de vouloir
tracer une limite entre ses résultats propres et ceux qui - proviendraient
d'une transformation plus spectaculaire.
Il faut donc adopter pour une telle étude un cadre assez limité pour
n'englober que des populations analogues par la stabilité de leur structure
sociale, mais assez étendu pour noyer les cas particuliers, les annuler par
d'observation" la loi des compensations. Une commune serait un champ
insuffisant, trop soumis à des contingences locales à peu près indiscernables.
Le département peut constituer un cadre suffisant et il offre l'avantage de
présenter des conditions administratives identiques, les autorités départe
mentales ayant joué un rôle très notable dans le développement et l'orga
nisation de l'enseignement primaire. Les différences régionales (par cantons,
ou groupes de cantons) qui pourront apparaître n'en seront que plus signi
ficatives. problème' l'influence Ces conditions préliminaires étant réalisées, le de
de l'enseignement primaire sur la formation de l'opinion politique reste
complexe et il faut d'abord en discerner les éléments1.
*
Tout d'abord, et même dans l'hypothèse d'un enseignement absolument
neutre et dénué de tout arrière-pensée politique de la part des programmes
comme du personnel, il n'est pas impossible que l'acquisition de ce qu'on
est convenu d'appeler l'instruction primaire puisse exercer une certaine
action sur le comportement de l'électeur, action indirecte qui ne l'orienterait
pas nécessairement vers certaines croyances politiques, mais qui, en facilitant
le développement de sa personnalité, lui permettrait plus d'indépendance
d'esprit vis-à-vis des autorités jusqu'alors respectées et des influences tradi
tionnelles. Dans le même sens, par l'usage désormais possible du livre et
du journal, la pénétration d'idées jusque-là étrangères au milieu peut contre-
battre l'influence de la tradition orale, seul moyen de transmission des idées
aux époques d'analphabétisme dominant. Les tendances politiques anté
rieures (quand il y en a). peuvent s'en trouver modifiées, sans qu'il soit
possible de prévoir a priori dans quel sens.
Cette influence indirecte de l'acquisition des connaissances dépend
aussi de la nature, du programme de cet enseignement. Limité aux indi
spensables rudiments, lecture, écriture, calcul, il se prête évidemment moins
bien à une formation, à une orientation politique que s'il est enrichi des
éléments plus en contact avec la vie sociale et nationale, tels que l'histoire,
l'instruction civique, l'enseignement religieux.... Il y a là une source notable
de difficultés pour l'historien de l'opinion, car, si ces programmes se sont
largement enrichis au cours du xixe siècle, ils l'ont fait, d'une façon très
1. Les sources utilisées sont surtout d'ordre administratif (universitaire et militaire). Leur
utilisation est délicate et leur critique trop longue pour être reproduite ici. 358 .ANNALES
inégale suivant les temps et les lieux. En effet, une certaine liberté était
laissée, en fait, aux instituteurs : l'enseignement de l'histoire et de la géo
graphie a été longtemps facultatif et dépendait des goûts, et surtout des
aptitudes du maître. De même, les rapports d'inspection antérieurs à la
laïcisation des écoles publiques signalent une extrême inégalité dans les
soins consacrés aux leçons de catéchisme : zèle en quelques points, mais
le plus souvent, négligence extrême, quasi-sabotage parfois.
Et l'on touche ici au facteur le plus important pour une orientation
éventuelle des jeunes esprits : l'action personnelle du maître. Les programmes
ne valent que suivant l'esprit dans lequel ils sont enseignés, soit sponta
nément et malgré tous les soucis d'objectivité, soit à plus forte raison
lorsque l'instituteur a pris position et considère comme de son devoir d'in
culquer à ses élèves un idéal dont il est lui-même pénétré. Quelle tentation,
d'ailleurs, pour un homme, tentation légitime au fond, que d'élever ainsi
à ses propres yeux l'intérêt et la dignité d'une tâche apparemment et maté
riellement modeste, que de devenir l'artisan d'une société meilleure et,
plus immédiatement, de jouer un rôle que sa condition sociale paraît lui
refuser! Sacerdoce de l'instituteur congréganiste, mais sacerdoce aussi de
l'instituteu

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents