De la finance à la flexibilité en Amérique latine et en Asie du Nord et du Sud-Est - article ; n°154 ; vol.39, pg 425-450
27 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

De la finance à la flexibilité en Amérique latine et en Asie du Nord et du Sud-Est - article ; n°154 ; vol.39, pg 425-450

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
27 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Tiers-Monde - Année 1998 - Volume 39 - Numéro 154 - Pages 425-450
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Salama
De la finance à la flexibilité en Amérique latine et en Asie du
Nord et du Sud-Est
In: Tiers-Monde. 1998, tome 39 n°154. pp. 425-450.
Citer ce document / Cite this document :
Salama Pierre. De la finance à la flexibilité en Amérique latine et en Asie du Nord et du Sud-Est. In: Tiers-Monde. 1998, tome
39 n°154. pp. 425-450.
doi : 10.3406/tiers.1998.5247
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1998_num_39_154_5247LA FINANCE A LA FLEXIBILITE DE
EN AMÉRIQUE LATINE,
EN ASIE DU NORD ET DU SUD-EST
par Pierre Salama1
Cet article analyse les relations organiques existant entre le marché
financier d'une part, le marché du travail et les formes d'organisation du
travail d'autre part. Le développement des marchés financiers dits émer
gents en Amérique latine se traduit par une altération profonde des condi
tions d'emploi et de l'organisation du travail, à cause d'une insuffisance des
taux d'investissement et d'une jïnanciarisation importante des entreprises.
La flexibilité du travail est par contre surtout recherchée en Asie du Nord
et du Sud-Est pour des raisons de compétitivité menacée. Cependant, dans
les deux zones géographiques, les régimes d'accumulation butent sur des
crises financières qu 'ils provoquent par des mécanismes différents : dyna
mique de type « économie casino » d'un côté, endettement excessif des
entreprises d'un autre côté. Celle-ci a des conséquences considérables sur
les modes de gestion du travail.
La recherche d'une plus grande flexibilité du travail est d'actualité
aussi bien dans les économies semi-industrialisées latino-américaines
que dans celles d'Asie du Nord et du Sud-Est. Elle semble faire log
iquement suite à la libéralisation de plusieurs marchés, libéralisation
brutale en Amérique latine, plus contrôlée en Asie du Nord et du Sud-
Est. Selon ceux qui recommandent de telles mesures, une plus grande
flexibilité du travail2 devrait permettre à ces économies de faire face
1 . Professeur Université de Paris XIII, GREITD-CEDI. Une première version de ce texte a été discutée
dans une conférence donnée à l'UERJ (Brésil) en novembre 1997, au groupe Tiers Monde du Conseil d'anal
yse économique et au GREITD. Que l'ensemble des intervenants soit ici remercié.
2. Selon l'OCDE, la flexibilité «numérique» concerne toutes les formes quantitatives de la flexibilité,
internes ou externes à l'entreprise, et a pour objet les salaires et l'emploi. La flexibilité « fonctionnelle » est
d'ordre qualitatif et concerne l'adaptabilité de la main-d'œuvre employée, c'est-à-dire l'organisation du tra
vail et la possibilité de la modifier.
Revue Tiers Monde, t. XXXIX, n° 154, avril-juin 1998 Pierre Salama 426
«aux défis de la modernisation», de mieux mobiliser leurs ressources
en permettant à l'appareil de production d'être plus flexible et plus
apte à saisir les niches technologiques et les possibilités qu'offre l'évo
lution de l'économie mondiale. Ce faisant, l'emploi et les revenus
devraient profiter de ces capacités plus grandes d'adaptation de l'ap
pareil de production.
La flexibilité de l'ensemble des marchés paraît donc d'actualité
dans ces deux groupes de pays. Les économies latino-américaines et
d'Asie du Nord et du Sud-Est n'ont pas eu le même parcours ces
trente dernières années. Les premières se sont d'abord rapidement
industrialisées grâce à l'essor d'un marché intérieur fortement protégé
et à une intervention de l'État importante dans les secteurs lourds et
semi-lourds. Au début des années quatre-vingt elles ont subi de plein
fouet leur isolement des marchés financiers internationaux et ont dû
financer le service de leur dette externe à partir de leurs propres res
sources. Les transferts de capitaux sont devenus négatifs dans la
mesure où davantage de sortaient de ces pays qu'il n'en rent
rait. Les mesures prises pour financer le service de leur dette ont eu
des conséquences négatives sur l'accélération de l'inflation, sur la
croissance, sur la pauvreté et les inégalités de revenu, au point que la
cepal a pu qualifier cette période de « décennie perdue » pour l'Amé
rique latine. Les années quatre-vingt-dix sont celles de la reprise éco
nomique, de la fin des inflations et de l'ouverture à l'extérieur. La libé
ralisation a été brutale sur presque tous les marchés : les droits de
douane ainsi que les contingentements ont été fortement réduits, les
subventions et aides de toutes sortes de l'État supprimées, les privati
sations se sont développées et les marchés financiers ont été libéralisés
dans de très nombreux domaines, notamment et surtout dans les mou
vements internationaux de capitaux. Mais le taux d'épargne et le taux
d'investissement se sont faiblement accrus et, à l'exception du Chili, ils
sont loin des niveaux atteints dans les années cinquante à soixante-dix,
et se situant approximativement aux trois cinquièmes de ceux observés
en Asie du Nord et du Sud-Est.
Dans les économies asiatiques, la situation est profondément diffé
rente. Après avoir suivi un modèle centré vers la substitution des
importations, comme en Amérique latine, certaines d'entre elles ont
opté dès les années soixante pour un modèle extraverti, dit de substi
tution des exportations. La croissance a été continue et vive et une
seconde génération de pays a emprunté le même chemin que les pre
miers dans les années soixante-dix et quatre-vingt. Comme en Amér
ique latine, à l'exception de Hong-Kong, l'État est fortement inte
rvenu dans l'activité économique, directement et indirectement. A la De la finance à la flexibilité All
différence de la plupart des économies latino-américaines, à l'exception
du Brésil, dans les économies dites de la première génération (Singa
pour, Taiwan, Corée), l'État a devancé très souvent les évolutions de
l'économie mondiale et a cherché à imposer les inflexions nécessaires
de l'appareil de production1, tout en mettant en place une politique de
recherche et de formation ambitieuse2 et, si aujourd'hui il y a une libé
ralisation de l'économie, celle-ci est fortement dirigée et contrôlée. A la
différence des pays latino-américains, à l'exception toutefois de l'Ar
gentine, les inégalités de revenus ne sont pas très prononcées et l'amé
lioration du pouvoir d'achat a pu permettre que soit parfois relayée,
par le marché intérieur, la dynamique de la croissance lorsque les
exportations connaissaient un infléchissement. A la différence enfin des
économies latino-américaines, le taux d'épargne et le taux d'investiss
ement sont particulièrement élevés, sans commune mesure avec ceux
qui dominent en Amérique latine.
Deux parcours différents et une même contrainte : la flexibilité. On
pourrait alors penser que la recherche d'une flexibilité du travail plus
élevée serait le produit exclusif d'une contrainte d'ordre technologique,
elle-même avivée par la libéralisation des échanges extérieurs. Cette
contrainte est réelle : les nouveaux équipements imposent souvent une
réorganisation du travail. Mais le lien entre la technique et l'organisa
tion du travail est plus complexe qu'il ne paraît. Les nouvelles formes
de domination dans le travail n'ont pas pour seule origine cette
contrainte et la dépendance vis-à-vis d'elle a plusieurs degrés de
liberté. D'autres facteurs interviennent: les traditions ouvrières, le
poids et l'influence des syndicats, l'intensité de la combativité et, géné
ralement méconnue, l'influence des variables financières.
L'objet de cette étude est d'analyser l'influence des facteurs finan
ciers sur l'organisation du travail. Il convient de distinguer les
périodes d'essor de celles de crises ouvertes. En ce qui concerne les
premières, dans les économies latino-américaines, le partage des profits
entre investissement productif et investissement financier conduit

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents