De la perfectibilité organique de l homme comme caractéristique naturelle - article ; n°1 ; vol.1, pg 307-316
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1866 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 307-316
10 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1866
Nombre de lectures 17
Langue Français

Extrait

Defert
De la perfectibilité organique de l'homme comme caractéristique
naturelle
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, II° Série, tome 1, 1866. pp. 307-316.
Citer ce document / Cite this document :
Defert . De la perfectibilité organique de l'homme comme caractéristique naturelle. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de
Paris, II° Série, tome 1, 1866. pp. 307-316.
doi : 10.3406/bmsap.1866.4573
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1866_num_1_1_4573DEFERÏ. PERFECTIBILITÉ ORGANIQUE DE L'HOMME. 307
L'animal est doué d'abstraction dans certains cas; mais
rien ne prouve qu'il en fait application à l'idée du bien et
du mal dans ce qu'elle a de général.
Nous leur apprenons à cbasser, c'est un progrès que
nous faisons faire aux parents et qu'ils transmettent à leurs
descendants. Je crois aussi, avec M. Broca, aux modifications
de l'instinct suivant les circonstances. L'instinct n'est pas
aussi aveugle qu'on le croit; il n'est pas purement mécan
ique. Parfois il se trompe. La mouche de viandes se
trompe et va sur l'arum. La guêpe, qui taille la feuille, se
trompe, et alors elle recommence. Pour le castor du Rhin,
il n'y a aucun doute. Pendant l'hiver'il pétrit son mur du côté
du vent. De bâtisseur il est devenu terrier; il vivait en so
ciété, il est devenu solitaire. L'instinct peu! aussi se modif
ier, se perdre ; il peut aussi se réveiller. II se relie, dans
beaucoup de cas, aux facultés proprement dites d'intell
igence, c'est-à-dire de raisonnement. <>
Dp la perfectibilité organique de l'homme comme
caractéristique naturelle.
Par M. Defert.
« Au milieu des deux courants d'opinions si tranchées
qui se sont produits dans cette discussion, vous avez pu
voir se manifester des oppositions absolues et d'une force
telle que tout compromis semble impossible. L'homme
n'est qu'un animal, disent? les uns. — L'homme forme un
règne à part, disent les autres.
Quelque singulier que cela puisse paraître au premier
abord, je ne suis de l'avis ni des uns ni des autres, et si
vous voulez bien m'aeeorder quelques instants, je vais
vous dire pourquoi.
Il m'est bien difficile de'me ranger du côté des premiers
en voyant le gouffre qui sépare l'animal le mieux doué de 30S SÉANCE DU O AVRIL 1866.
l'homme le plus inférieur; il m'est tout aussi difficile d'ac
cepter un règne humain dans les termes où la question a
été posée et avec la caractéristique que l'on a donnée.
Ce mot de Rdigiosité est 1res -embarrassant, et l'on ne
sait en vérité ce qu'il veut dire; c'est là son premier dé
faut. Séduisant au premier abord, l'analyse et la critique
en laissent subsister bbn peu de chose : Veut-on dire par
là que tout homme ou tout groupe humain possède l'idée
religieuse? C'est une chose impossible à soutenir (Living
stone. Anthropological Review, n° 6, c. xvn, etc.) Veut-on
dire que l'homme seul a l'idée du surnaturel? L'analyse
psychologique nous montre son Identité avec la crainte de
l'inconnu et les deductions que l'imagination humaine peut
en tirer; en somme, ce barbarisme, pris comme fait Irut,
est impossible à démontrer, quant à son universalité.
La moralité ne me parait pas avoir plus de poids que
la religiosité pour établir un règne,
En définitive, si l'on veut faire un règne humain, c'est
une question de classification. Mais alors il nous faut exa
miner ce que sont les classifications et quelle est leur
valeur.
Les classifications d'histo're naturelle sent pour moi
conventionnelles. Je m'explique : Des hommes d'un grand
mérite ont, par suite de leurs méditations et de leurs étu
des, cru devoir établir de grandes divisions qu'ils ont suc
cessivement coupées en d'autres plus petites, puis
ils y ont fait entrer toute la matière organique et inorga
nique.
Le premier résultat de leurs études a été, en effet, de
partager le monde en deux groupes, l'un où la vie n'exis
tait pas, l'autre où elle existait. Ce second groupe a été
lui-même. divisé en végétal et animal, et, en tin de compte,
on a inventé trois noms pour caractériser trois états de la
matière; on a donné à chacun un titre, et l'on a dit : Règne DEFF.UT. PERFECTIBILITÉ OliGAMQUE DE L'HOMME., 309
minéral, Règne végétal, Règne animal. Ce mot de Règne
a-t-il la valeur exacte qu'on veut lui donner aujourd'hui
en créant le Règne humain? Je ne le crois pas, et l'on pourr
ait se contenter des deux Empires déjà signalés par Aris-
tote, l'Empire organique et l'Empire inorganique.
Sînousnous contentons d'examiner la série des divisions
successives dans lesquelles on a fait entrer tous les indi
vidus qui ont la vie, ne voyons-nous pas ces individus
s'élever graduellement depuis la cellule jusqu'à l'agréga
tion de tous les tissus complexes dont l'histologie nous fait
1 expose.
Eh bien, toutes ces divisions que l'on a constatées et éta
blies n'ont eu, ce me semble, d'autre but que de mettre un
peu d'ordre et de classer administrativem^nt chaque indi
vidu et chaque groupe sous des appellations successives
qui en rendent l'étude plus facile et les rattachent aux
groupes voisins.
Mais enfin, Messieurs, sans être un fougueux et absolu
partisan de M. Darwin, il est permis, je le pense, d'ad
mettre scientiliquement que les races, les espèces, lesgenres,
les classes, les ordres et les familles, etc., se touchent
de si près, qu'à un moment donné les plus habiles sont
très-embarrassés pour placer tel individu ici plutôt que
là; et pourquoi? Parce que si nous examinons les êtres
vivants nous constatons une suite non interrompue de per
fectionnements qui conduisent les espèces des types les
' plus simples aux types les plus complexes et 'les plus
perfectionnés.
M. Gaudry, qui a reconstruit te singe de la Grèce, nous
dit : « Cette restauration est très-intéressante parce qu'elle
nous montre une forme intermédiaire entre les animaux
vivants appelés macaques et ceux qu'on nomme semnopi-
thèques. On dirait que les semnopithèques ont emprunté 310 SÉANCE DU 5 AVRIL 1866.
au. singe de la Grèce son crâne et que les macaques lui ont
emprunté ses membres. »
L'Hippaiïon paraît être aussi le chaînon de transition
entre les pachydermes et les solipèdes.
Enfin, plus loin, il dit : « L'étude des formes interméd
iaires entraîne naturellement à supposer qu'un grand
nombre d'êtres regardés ' autrefois comme ayant eu des
origines distinctes, sont descendus les uns des autres et
que Dieu leur a fait subir peu à peu des transformations
pendant le cours des âges géologiques. »
Malgré la faiblesse des connaissances actuelles en géo
logie et en paléontologie, le peu que nous en savons nous
permet d'affirmer qu'il n'y a pas deux moyens de com
prendre la création des espèces.
Ou bien, comme le voulaient les cosmogonies anciennes,
je prends celles des Grecs, par exemple, les espèces sont
sorties toutes formées du sein de la terre, sous l'influence
du chaud et de l'humide (kvhtote, Histoire des animaux,
1. 1, page 313, Paris, 1783). C'était la doctrine d'Épicure
qui soutenaitque la terre avait tout produit; et je ne sais quel
auteur ancien raconte qu'on avait vu des moitiés de rats
arrachés tout vivants du limon du Nil, lorsqu'on ne leur
laissait pas le temps de se parfaire.
Ànotre époque, Burdach, Dugès, Lamarck, Otton-frédéric
Muller, etc., se sont montrés partisans des générations
spontanées. Buffon (t. IV, page 335, supplément) dit : « 11
y a peut-être autant d'êtres, soit vivants soitvcgétants, qui se
reproduisent par l'assemblage fortuit des molécules orga
niques, qu'il y a de végétaux ou d'animaux qui peuvent .ce
reproduire par une succession constante de générations. »
il faut, dans ce cas, accepter une série de créations, se
produisant à chaque époque et à chaque âge de la terre, et
marchant indéfiniment en vertu de lois naturelles que nous
ignorons; ou bien il faut admettre une

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