De la religiosité et des religions au point devue anthropologique - article ; n°1 ; vol.6, pg 581-605
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Description

Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris - Année 1865 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 581-605
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1865
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Letourneau
De la religiosité et des religions au point devue anthropologique
In: Bulletins de la Société d'anthropologie de Paris, I° Série, tome 6, 1865. pp. 581-605.
Citer ce document / Cite this document :
Letourneau . De la religiosité et des religions au point devue anthropologique. In: Bulletins de la Société d'anthropologie de
Paris, I° Série, tome 6, 1865. pp. 581-605.
doi : 10.3406/bmsap.1865.9512
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bmsap_0301-8644_1865_num_6_1_9512— SDR LA RELIGIOSITÉ. 584 LETOURNEAU.
LECTURE
De la religiosité et des religions au point de vue
anthropologique
Par M. Letourneau.
Répondre, après une simple audition, à un mémoire
aussi remarquable par le fond et la forme que celui de
l'honorable M. Pruner-Bey est une tâche difficile. Se sou--
venir de tous les faits, de tous les détails d'une argument
ation aussi savante, aussi érudite, est presque impossible.
On est donc obligé de se borner aux idées principales, aux
tendances générales, c'est ce que j'ai dû faire. M. Pruner-
Bey a voulu prouver que l'homme est un être à part dans
l'univers. Je vais tâcher d'établir le contraire en appuyant
spécialement sur le côté psychologique de la question.
Si l'on veut déterminer le rang que doit occuper l'homme
dans la hiérarchie des êtres organisés, il faut l'étudier sous
trois aspects principaux : au point de vue de l'anatomie
générale, à celui de l'organologie, à celui des fonctions
cérébrales ou psychologiques. Que nous apprend cette triple
enquête ?
L'anatomie générale nous montre que l'être organisé,
quel qu'il soit, n'est qu'un composé d'éléments simples,
fibres ou cellules, divers par la forme, les dimensions, les
fonctions, et qui jamais ne se rencontrent dans la matière
brute. C'est là une différence de valeur primordiale et qui
nous autorise à distinguer dans le monde deux grands
règnes : le règne inorganique et le règne organique. Si
maintenant nous bornons notre observation au règne orga
nique, nous trouvons des groupes d'éléments assez diffé
rents par la forme, l'aspect, la dimension pour nous
autoriser à établir encore deux grandes divisions, et
ne répugnons pas à admettre que le monde organisé soit
divisé en deux règnes : le règne végétal et le règne animal. 582 SÉANCE BU 2 NOVEMBRE 186S.
Notons cependant que ces deux règnes sont déjà beaucoup
moins distincts, que leurs frontières se touchent et que
certains êtres organisés embarrassent assez le cîassificateur
pour qu'il les dénomme zoophytes. « II y a, dit Carus, une
» série entière d'êtres organiques dans lesquels la nature
» végétale et la nature animale sont encore si peu distinctes
» l'une de l'autre que le nom d'animal ou de plante, qu'on
•» leur donne par pure convention, ne saurait leur être
» attaché d'unô manière absolue, et que le mieux est d'efl
» faire un règne intermédiaire entre les végétaux et les
» animaux y en les désignant sous le nom de corps vivants
» primaires, ou protoorganismes » (1)i (Carus, Traité été*-
mentaire d'anaiomie comparée) traduction Jourdan* t. Ier,
p. <2)« Ainsi, à vrai dite, on ne devrait établir rigoureu
sement que deux règnes, l'organique et l'inorganique,
mais enfin admettons les trois règnes classiques : minéral,
végétal, animal, et occupons-nous seulement de ce dernier.
Ici, au point de vue de l'histologie, toute distinction pr
imordiale devient irrationnelle. L'animal, quel que soit son
rang dans la série, n'est qu'un agrégat d'éléments simples
partout identiques. Dans chaque espèce considérée isol
ément, les formes élémentaires sont plus ou moins nomb
reuses, mais elles sont semblables dans tous les organes
analogues. Partout le tissu glandulaire est le même ; dès que
le tissu musculaire apparaît, il est composé de fibres et de
cellules identiques dans toute la série ; dès qu'apparaît un
système nerveux, quelque rudimentaire qu'il soit, les cel
lules et les fibres qui le constituent se ressemblent. Chez
les animaux les plus inférieurs, les tissus sont moins nomb
reux, mais dès qu'un tissu spécial se montre, il est
identique à celui qu'on observe chez les animaux les plus
(1) Prdt&cttlÉ, éScBtetdii'efe, tes génfé§ Vtôvéfx et Gfrfritfft», ffes gefrfés
et UrshwHa de Béry de St-Vincent, tous voisins àm Algues, éM. -*~ SUR LA RELIGIOSITÉ. 583 LETOOSNBAU.
perfectionnés, sans fen excepter l'homme tfui est siniple-
ment le Fésumé du règne, un être plus complexe, plus
luxueusement- doué, mais ne possédant ni éléments anato-
mique8, ni fonctions essentielles à sa nature et le distinguant
des autres êtres animés. Pour trouver des différences il
faut donc abandonner le champ de l'organisation générale,
intime, pour étudier le mode de groupement des éléments,
leur nombre, c'est-à-dire l'organologie.-
Si Tort observe alors que même cet arrangement ofgàiid-
logique se ressemble plus ou moins à mesure que l'en
parcourt toute l'échelle «jologiqtie et que, du polype à
l'homme, ou au moins du vertébré le plus inférieur à on peut établir une chaîne sériaire dont sans doute
bien des anneaux manquent, où quelquefois même on peut
constater de légères oscillations en sens inverse, mais où
cependant il est impossible, eh testant dans la généralité des
cas, de rie pas voirufle loi de progrès1 gradué et corîstant,
oh est de moins en moins porté à établir entré les divers
groupes et individus du règne animal une diffêrenée de
premier ordre. Mais, s'il s'agit d'êtres identiques au point
de vue de l'anatomie générale, et très-ânalogtteé au
de vtte de l'organologie, comme les singés anthropoïdes et
l'homme, alors une distinction radicale est impossible, en
se tenant du moins sur le terrain solide de l'histologie et
de l'organologie. Certes, il y a de nombreuses différences
de détail. La main, les membres, presque tous les organes,
offrent des dissemblances d'autant plus grandes que l'on
prend pour terme de comparaison des races humaines plus
parfaites, mais le plan général est le même. Giet le singe
le cerveau est moins volumineux, moins Compliqué (Jue
chez l'homme ; les circonvolutions sont moiriS sinueuses,
moins tourmentées, mais elles sont comparables groupe
par groupe. Certaines dents sont plus ou moins grosses,
leur ordre d'apparition diffère ; chef lé singé encore les 584 SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1865.
poches thyroïdiennes sont placées au-devant du larynx, etc.
Ce sont là des dissemblances sans doute, et personne ne les
nie, mais si tout était identique, le singe serait un homme,
ce que personne n'a jamais prétendu. Les novateurs les
plus hardis disent seulement que l'homme descend d'un
vertébré simien.
Ce qu'il importe de déterminer, c'est la valeur de ces
différences. Elles suffisent évidemment pour faire du singe
anthropomorphe le plus parfait, comparé même aux races
humaines les plus inférieures, une espèce, un genre à part.
Veut-on y voir des caractères de famille ou d'ordre, la thèse
devient déjà fort difficile à soutenir. Mais pour placer le
singe et l'homme dans des classes, des embranchements ou
des règnes différents, il faut mettre absolument de côté
l'anatomie, l'organologie et invoquer des différences psycho
logiques que j'examinerai bientôt.
En résumé, les différences anatomiques que M. Pruner-
Bey a détaillées avec un soin, une exactitude, une érudition
si remarquables, sont partielles, secondaires. Elles portent
sur l'ordre de développement, sur le volume des parties,
sur la complication plus ou moins grande d'organes ana
logues. Au contraire, les analogies sont générales, de pre
mier ordre, et elles ne permettent pas de creuser un abîme
entre l'homme et le reste du monde animé.
Au point de vue anatomique,du moins, le règne humain
est insouten

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