Densités de population et urbanisation de l espace rural : le cas du Delta du Nil - article ; n°121 ; vol.31, pg 29-56
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Densités de population et urbanisation de l'espace rural : le cas du Delta du Nil - article ; n°121 ; vol.31, pg 29-56

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Description

Tiers-Monde - Année 1990 - Volume 31 - Numéro 121 - Pages 29-56
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 15
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Sylvie Fanchette
Densités de population et urbanisation de l'espace rural : le cas
du Delta du Nil
In: Tiers-Monde. 1990, tome 31 n°121. pp. 29-56.
Citer ce document / Cite this document :
Fanchette Sylvie. Densités de population et urbanisation de l'espace rural : le cas du Delta du Nil. In: Tiers-Monde. 1990, tome
31 n°121. pp. 29-56.
doi : 10.3406/tiers.1990.3894
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_0040-7356_1990_num_31_121_3894DENSITÉS DE POPULATION
ET URBANISATION DE L'ESPACE RURAL
LE CAS DU DELTA DU NIL
par Sylvie Fanchette
L'Egypte fait partie des pays les plus densément peuplés de la planète.
N'habitant que 5 % de la superficie du pays, les Egyptiens se concentrent
dans la Vallée et le Delta du Nil. Cependant, ces densités sont inégalement
réparties dans l'espace, et si la moyenne du Delta (Alexandrie et Le Caire
mis à part) est de 730 habitants au kilomètre carré en 19861, les densités
rurales peuvent dépasser 1 200 habitants, voire même 1 400 au kilomètre
carré. Depuis le début du siècle, les chercheurs s'inquiètent de ce phénomène.
Des densités de 400 habitants au kilomètre carré dans le gouvernorat du
Ménoufia, cela paraissait déjà insupportable à l'époque! Depuis, ces densités
ont pourtant triplé. Les ruraux s'y sont adaptés. L'agriculture s'est intens
ifiée, mais fait vivre une proportion de moins en moins importante de la
population. Entre 1960 et 1976, la part relative de la population économi
quement active travaillant dans l'agriculture est passée de 54 à 45 %. Cette
évolution est différente d'une région à l'autre, que l'on soit dans le centre du
Delta ou à sa périphérie, que l'on se trouve ou non près d'une ville, que l'on
soit ou non à proximité des réseaux de communication (routes, canaux). Pen
dant ce temps, la population rurale continue de croître à un rythme soutenu :
2,45 % par an entre 1976 et 19862. Cela suggère que de multiples straté
gies ont été mises en œuvre par les populations rurales pour freiner l'exode
vers les villes, qui a caractérisé les années 60. Quelles ont été ces straté
gies? Quels en ont été les acteurs principaux — l'Etat, les paysans, les
ruraux capitalistes...? Dans quelles régions ces stratégies ont-elles eu le
plus d'impact? Comment l'originalité du Delta, de par la concentration de
son réseau de communication et de villes, a-t-elle permis un développement
1. capmas (Central Agency for Public Mobilisation and Statistics), Recensement général
de la population, Le Caire, 1986.
2. capmas, Recensements généraux de la population, Le Caire, 1960 et 1976.
Revue Tiers Monde, t. XXXI, n» 121, Janvier-Mars 1990 SYLVIE FANCHETTE 30
différent du reste de l'Egypte? Enfin, en quoi les transformations de l'espace
agricole et de l'habitat ont-elles agi sur les modes de vie des Baharis, les
habitants du Delta?
Nous partirons de l'hypothèse selon laquelle l'urbanisation de l'espace
rural est la réponse à la densification du Delta, à une époque où les migra
tions vers les villes ont diminué en intensité et où le taux d'accroissement de
la population rurale s'est élevé (entre 1960 et 1976, il était de 1,97 % par an,
contre 2,45 % entre 1976 et 1986) et où le pouvoir d'intégration des villes
s'est affaibli.
Par urbanisation, nous entendons l'extension de caractéristiques urbaines
à la population rurale, en terme de modes de vie, d'emploi, de façon d'habiter,
de niveau d'éducation... Nous aborderons aussi l'urbanisation « physique »
des campagnes, c'est-à-dire l'empiétement de l'espace rural par les villes, le
déclassement des communes rurales, l'extension de la construction sur les
terres agricoles.
Urbanisation des campagnes ? Mais où se trouve la limite entre la ville et
la campagne dans un pays où le statut de ville n'est attribué qu'à des centres
administratifs régulièrement espacés sur le territoire et dont le rôle est
d'encadrer — en termes policier, agricole, sanitaire, éducatif, administr
atif... — leur espace rural, et se traduit essentiellement par un certain nomb
re d'avantages sur le plan des infrastructures ? La taille n'est pas un critère
pertinent : selon les régions, on peut trouver une ville de 20 000 habitants
et un village de 25 ou 30 000 habitants.
Nous essayerons tout au long de cette étude d'analyser les différents
vecteurs de l'urbanisation en zone rurale (emploi, éducation, consommati
on...) en prenant en compte les caractéristiques spatiales de l'installation
humaine dans le Delta : concentration de la population dans le centre,
proximité des villes, densité du réseau routier, éléments qui tendent à favo
riser le développement des échanges de biens, de capitaux et la mobilité de
la population.
QUELQUES ÉLÉMENTS MÉTHODOLOGIQUES ET PRÉSENTATION
DE L'ESPACE DU DELTA
L'étude de la densification d'un espace connaissant déjà des densités
parmi les plus fortes au monde, espace en transformation permanente du fait
de l'extrême artificialisation de son milieu, pose un problème qui est avant
tout d'ordre méthodologique. Si on analyse séparément différentes variables
socio-économiques telles que le développement agricole, les marchés de
l'emploi, l'accroissement naturel de la population ou l'éducation, on risque DE POPULATION ET URBANISATION DE L'ESPACE RURAL 31 DENSITÉS
en effet de se trouver entraîné dans une impasse où les résultats obtenus
paraissent se contredire. Un espace où une population déjà extrêmement
dense tend encore à se densifier, alors même que l'économie reste à domi
nante agricole et que l'analphabétisme est toujours prépondérant peut
paraître au premier abord difficilement concevable. D'où la nécessité
d'appréhender l'espace comme un acteur de ces transformations qui peu à
peu se construit en gérant ses contradictions : la densification de l'espace,
grâce au développement d'un réseau urbain et routier, permet d'accentuer
les flux et la mobilité de la population, des capitaux, des idées et de dyna
miser les échanges commerciaux, à une époque où l'interdépendance des
secteurs économiques est une tendance « lourde ». L'espace ne sera pas
appréhendé ici en tant que territoire où se projetteraient les différentes
instances de la société, mais plutôt comme un acteur à part entière cons
truisant une structure active, productive de la société, autant qu'elle est
produite par elle.
Si le Delta du Nil, à cause de ses caractéristiques physiques intimement
liées à l'eau et aux difficultés de sa gestion, a connu une « artificialisation »
accusée du milieu, le dynamisme de sa population (croissance et mobilité
spatiale) a su produire un espace dont les éléments déterminants du milieu
physique ont perdu de leur pouvoir limitatif sur l'expansion spatiale de la
population. L'histoire de l'occupation humaine du Delta du Nil est indis
sociable du contrôle de l'eau. C'est en fonction de leur capacité à gérer les
crues du fleuve que les populations ont pu se sédentariser. On peut distinguer
grossièrement deux régions :
— le centre, très peuplé et qui connaît des densités de population rurale
dépassant, en 1986, les 1 000 habitants au kilomètre carré, est une région
où le contrôle de l'eau et la facilité du drainage naturel ont depuis la plus
haute Antiquité permis la concentration de la population en de gros
villages localisés sur des tumulus qui les mettent hors de portée de la crue ;
— à la périphérie l'habitat est dispersé : l'installation humaine date du siècle
dernier, époque où une reconquête des terres marécageuses par la bonifi
cation a été entreprise; la population y a été dispersée de façon volontaire
en une multitude de hameaux pour mieux contrôler la production
agricole.
L'habitat groupé est composé de gros villages pouvant dépasser
10 000 habitants, seuil qui en Egypte ne suffit pas à valoir la qualification
d'urbain. C'est ainsi que dans plusieurs districts, ces gros villages peuv

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